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SANTA BARBARA AU PS-CHER / EPISODE 3

La bataille du Oui-Non

samedi 23 avril 2005 à 12:02, par festen

Troisième épisode de notre feuilleton de printemps sur les clans du Partis Socialiste dans le Cher. Et là, ça devient vraiment pimenté et drôle entre les partisans du Non et ceux du Oui à la Constitution Européenne. Où l’on apprend que Yann Galut, l’ancien jeune premier relégué en un éclair, vieux ringard, milite pour un « Non sympathique », préférant laisser le sale boulot à Irène Félix qui commence à se rendre compte qu’elle est tombée dans un piège d’où elle aura du mal à s’extirper. Quant à Alain Rafesthain, dernier des mohicans du Oui socialiste dans le Cher, il se garde bien d’une campagne active pour éviter le clash - de toutes façons inévitable, de l’après référendum.

Donc répétons-le, depuis juin dernier, le parti socialiste s’est décomposé, recomposé autour du Conseil Général et le rapport de force issu du dernier Congrès s’est notoirement transformé. Arrivent les Universités d’été du Parti et comme on le sait, Hollande a oublié de bien préciser que ce devait être Fabius qui serait le candidat à la présidence de la République. Fabius n’était pas content, il était même tout triste.

La légende veut que Irène Félix (qui est de la garde rapprochée de Fabius, conçue sur le modèle de celle de Khadafi) a été une de celle qui l’ont convaincu de réagir.

Allons vite sur les péripéties qui suivent :

Irène déclarera avec tous les seconds couteaux de Fabius dans Le Monde que, pour sa part, elle est résolument pour le NON, une semaine avant que Fabius se prononce lui aussi pour le Non. S’impose alors l’idée du référendum interne et tout d’un coup se déclenche dans le Cher une série de réactions internes qui n’on pas fini de se déployer.

Premièrement, une bonne partie des militants très proches d’Irène, l’ayant soutenu dans toutes ses campagnes depuis dix ans, pas même mis au courant de sa prise de position avant qu’elle soit rendue publique la trouve mauvaise et se mettent à s’engager résolument pour le OUI. Commence alors une guerre de tranchée en particulier à la section de Bourges où les plus fidèles alliés d’hier commencent à s’écharper. Petites mesquineries de séance. Grandes rafales de coups de téléphone, de gros mensonges, de pressions diverses et de désinformations.

Deuxièmement, Galut qui se morfondait après ses deux derniers échecs voit une fenêtre, un boulevard s’ouvrir. Il sera bien sûr pour le Non, mais un Non sympathique, un Non qui ne cherchera pas à faire campagne. Il laisse les mauvaises manières à Irène Félix, une fois n’est pas coutume et commence déjà à se poser en rassembleur.

Son Non n’est pas un Non fabiusien et si Fabius se présente à la candidature interne des socialistes pour la présidence de la république à la fin de l’année et prend une claque, il se retrouvera presque sûrement maître de la fédération. Pourquoi ? Parce que le congrès où va se prendre la décision de désigner le prochain candidat à l’élection présidentielle, sera aussi celui où dans tous les départements vont être réélus les instances dirigeantes et ce, sur les positions de force et sur les partages qui seront ceux de la désignation du candidat président.

Or ceux qui de l’équipe d’Irène ont fait scission d’avec elle et votent Oui au référendum ne risquent plus de suivre Fabius les yeux fermés. Combien sont-ils ? Il suffit de prendre les votes du Oui dans le Cher. Ils forment à peu près trente cinq pour cent et quasiment la moitié à la section de Bourges. Si l’on ôte des votes pour le non tous les votes gauche socialiste, les forces d’Irène, acquis à une candidature Fabius, ne représentent plus que vingt pour cent des militants du Cher et beaucoup moins de la moitié à la section de Bourges.

Troisièmement, Saulnier, en bon Chevènementiste, ex Ceres, républicain, va pendant toute la campagne interne du référendum coller à Irène et être son grand soutien puisque, répétons-le, tous les premiers couteaux d’Irène ont déserté dans le camp du Oui.

Dans le Cher, il ne suffit pas de claquer des doigts pour trouver des cadres et ceux-ci vont bientôt manquer cruellement. Pourquoi Saulnier fait-il la campagne du Non ? Parce que c’est une divine revanche pour un élu que beaucoup de militants accusaient d’être, par ses positions lors de l’élection présidentielle, un de ceux qui avaient sabordé Jospin et accusaient les Occultes (oui ceux-là) de peser sur le parti d’un poids maintenant insupportable.

D’autre part, parce qu’il favorisera toujours, parce qu’il a toujours favorisé, une solution alternative à Félix, qu’il ne l’a jamais soutenue que du bout des doigts. Devenant son plus gros support, celle-ci chutera comme un yaourt trop mur quand il s’écartera.

Quatrièmement, Rafesthain qui a des comptes à rendre, et qui d’ailleurs est un Européen convaincu, ne peut que s’engager dans le camp du Oui au référendum interne mais il va le faire avec toute la mesure qui le caractérise, c’est à dire qu’il laissera tous ceux qui s’engagent pour le Oui se dépatouiller des attaques d’Irène et de son gentil toutou flingueur en disant seulement que c’est bien triste tout cela, que c’est pas gentil.

On connaît le résultat du référendum interne au national. L’immense majorité du parti soutient Hollande et le camp du Oui. Ainsi, cette décision devrait s’imposer aux militants du Cher. Est-ce que la situation va changer sur le Cher ?

Pas du tout, car Irène refuse de se soumettre à l’arbitrage national, elle votera non pour sa part et les proches de Galut et de Saulnier décident de braver la discipline du parti et de continuer à militer contre le vote des militants.

Et là apparaît un comité du Non avec bien sûr Saulnier, bien sûr Galut qui commence à dégueuler dans la presse sur les militants du Oui. Quelques fortes déclarations mériteraient d’être relevées.

Où est Irène ? Elle ne peut pas prendre le risque d’apparaître trop ostensiblement faisant la campagne du Non (qu’elle fait quand même mais pas dans la presse) sans ruiner toutes ses chances de continuer à s’imposer sur la section de Bourges, ayant enfin compris le piège qui se préparait - et il lui a fallu du temps, forcément elle est butée et elle n’écoute personne, absolument personne.

La seule personnalité qui se soit prononcée pour le Oui est Rafesthain. On attendrait donc dans le référendum national qu’il prenne la tête du comité de campagne. Pas du tout. Bien sûr, il va s’engager devant le public. Mais tout se passe comme s’il refusait de s’engager et de protéger les militants qui d’ores et déjà (les militants du Non usent de toutes les armes) sont menacés et attaqués (dans leur travail et personnellement) par le camp du NON. Lui, pour sa part, ne sera pas attaqué et il n’attaquera pas le camp du Non. Forcément, la plupart des élus aux Conseil Général sont pour le Non. Il faut bien gérer... air connu...

A qui fera t-on croire que ce n’est pas en tant que président de gauche du Conseil Général que Rafesthain s’engage dans la campagne mais comme personne publique privée ? On s’y perd. C’est illisible. Quand aux militants qui se font flinguer, ils peuvent crever. Merci pour eux.

Voilà où l’on en est.

J’oubliais de dire qu’autour de Rafesthain, une équipe alternative à Irène pilotée par Dugois ne peut manquer de se mettre en oeuvre et que sa conjonction avec les communistes et/ou avec Galut risque d’être tout à fait déterminante pour les candidatures aux prochaines élections municipales à Bourges.
Même si la Gauche n’a aucune chance de les remporter, à moins que Chirac dans la nuit flingue Lepeltier en le prenant pour Sarkozy.
Cela nous promet du beau temps pour après le Référendum...

commentaires
> PS-Cher (3) : la bataille du Oui-Non - 29 avril 2005 à 13:54

selon Jospin, la constitution n’est pas libérale ! On comprend mieux maintenant sa politique lorsqu’il était 1er ministre. Un conseil Lionel : arrête la politique, et devient chef d’entreprise ou actionnaire.


#2109
> PS-Cher (3) : la bataille du Oui-Non - 26 avril 2005 à 10:55

Tout à l’air bien compliqué au PS de Bourges !!!


#2091
> PS-Cher (3) : la bataille du Oui-Non - 27 avril 2005 à  23:18

Un comble ! La honte ! les responsables socialistes et une petite minorité d’adhérents (les autres ont enfin compris........)vont voter pour une constitution ultra libérale.....avec ça ils veulent que l’on vote pour eux en 2007 ????? Ah que non !!!!!

#2104 | Répond au message #2091
> PS-Cher (3) : la bataille du Oui-Non - 29 avril 2005 à  11:27

Jospin m’a convaincu qu’il faut voter NON !

#2108 | Répond au message #2104
> PS-Cher (3) : la bataille du Oui-Non - pivert - 30 avril 2005 à  15:01

Faut pas dire ça, il y a des dirigeants socialistes honnêtes comme Martine Aubry, qui avait rudement vu juste dans sa défense du traité de Maastricht :

" C’est peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les inquiets sur ces contrevérités. [...] Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. "

Martine Aubry 12 septembre 1992, quelques jours avant le référendum sur le Traité de Maastricht, Béthune

#2111 | Répond au message #2104
> PS-Cher (3) : la bataille du Oui-Non - Jean-Michel Pinon - 30 avril 2005 à  15:52

Pour le moment, pour ce qui concerne le "plus (davantage) d’emploi", ça semble mal barré.

#2112 | Répond au message #2111