Bourges numérique

Du pipeau dans les tuyaux

jeudi 30 avril 2009 à 03:53, par Mister K

Même si le titre de cet article semble un brin négatif, commençons par accorder des bons points à la mairie de Bourges. Premier bon point, les choses bougent : une annonce [1] d’un plan "Bourges, ville numérique" a été effectué. On peut en lire les détails sur le site internet de la ville de Bourges. Ce plan est constitué de trois points majeurs : infrastructures, contenus...et plus surprenant, mais qui rassurera peut-être les plus inquiets, un observatoire des ondes. Dans ce plan, il y a donc à boire et à manger ...

Les infrastructures : du pipeau en veux-tu en voilà !

C’est dans ce domaine que le pipeau du plan "Bourges, ville numérique" est le plus flagrant. On nous annonce, rien de moins que de "mettre Bourges à la norme WEB 3.0. grâce à la fibre optique". A la mairie, il ne savent pas trop peser les mots. Une norme, cela à un sens. Et entre autre, il n’existe aucune norme du web 3.0 puisque le web 3.0 n’existe pas... sauf dans la bouche d’incompétents du marketing qui vendent l’informatique comme des produits de lessive. D’ailleurs, le web 2.0 auquel fait référence ce fameux web 3.0 est tout autant sujet à polémique [2]. Mais on retrouve bien là, la marque de notre adjoint au maire aux NTIC, Philippe Bensac, pas avare de pipeau pour mettre en avant ses actions, c’est de bonne guerre. Outre ce problème de vocabulaire, il y a un problème de fond : "le miracle" doit être réalisé par la fibre optique. Pour ceux qui ne le sauraient pas, la fibre optique n’est pas une technique nouvelle puisqu’elle est déjà utilisée pour relier les centraux téléphoniques. L’idée, c’est d’amener la fibre optique chez les particuliers. Les principaux opérateurs téléphoniques ont lancé l’idée en 2005. En France, environ 550 000 foyers sont éligibles pour le "très haut débit" et à fin 2008, il y avait 170 000 foyers abonnés selon les chiffres de l’ARCEP dont seulement 40 000 reliés directement à la fibre optique. Pour ce qui est de l’hypothèse de Bourges, "ville pilote sur la fibre optique", il faudra repasser puisque 40 communes sont déjà couvertes dont une dizaine hors d’Ile-de-France. Et ce sont clairement des investissements privés qui attendent un retour (rapide) sur investissement. Clairement, les zones denses avec un fort potentiel économique seront avantagées. A Bourges, on ne voit guère que France Télécom ou à la limite Numéricable capables de prendre ce pari...mais il faudra que la municipalité de Bourges soit convaincante. Bon, on devrait avoir la fibre optique avant le TGV. Mais il n’est pas certain que cela ait énormément d’intérêt : le gros avantage, c’est que les tuyaux seront plus gros, les débits plus élevés, mais pour quels usages ? C’est là la question ; pour le moment, à part l’image, pas de gros besoins dans ce sens là... sauf peut-être si il faut faire passer le pipeau de la communication municipale par les tuyaux numériques, la forcément, il faudra de gros tuyaux numériques !

Rions un peu

Là où ce plan devient drôle, c’est quand le communiqué de la mairie de Bourges évoque l’équipement en ordinateurs portables de deux écoles, comme une première étape vers "la convergence numérique". Ou encore quand il annonce le Wifi en centre-ville "avec une première étape fin avril 2009, dans un rayon d’environ 200 m autour de la mairie. Cette expérimentation fera appel au routeur Wifi communautaire FON". Pas trop tôt ! Il aura fallu un an pour mettre en place ce que la plupart des villes de France ont depuis plusieurs années ! On passera sur le terme "expérimentation" pour une technique plus qu’éprouvée à travers le monde, là aussi, c’était pour nous faire rire...Mais il faut saluer le choix de FON et de sa communauté qui a une longue expérience dans la mutualisation des accès Wifi y compris avec les collectivités locales comme la région Ile-de-France depuis 2007 [3]. Espérons qu’il ne faudra pas encore des mois pour installer des routeurs dans les jardins et places publiques berruyères [4]. On suggérera à la mairie de proposer dans le même temps des bornes électriques sur les zones équipées de wifi, afin de permettre de recharger les ordinateurs portables des berruyers ou des touristes...

Quand l’Agitateur fait avancer le schmilblick...

Il y a environ un an, en Mai 2008, dans un article qui n’avait pas l’air d’avoir plu à Philippe Bensac, nous avions mis sur le devant de la scène, le retard de l’administration au niveau de l’accès aux données publiques en ligne, avec, comme exemple pour le moins emblématique, l’impossibilité d’accéder en ligne aux délibérations du conseil municipal de Bourges. Le communiqué nous annonce que cela sera désormais faisable à partir de Septembre 2009. On attend de voir, mais on peut déjà se féliciter de ce progrès. Dans le même temps, on nous annonce un début de e-administration. Dans un article d’Octobre 2008, on suggérait d’améliorer la communication et l’information des usagers du bus à Bourges. Le communiqué envisage "D’expérimenter de nouveaux usages comme le Bluetooth" avec comme application possible "une communication de proximité comme les temps d’attente pour les bus…". Bon, on demande à voir [5]...mais l’intention est là. On signalera simplement que le temps d’attente des bus s’affiche depuis des années dans de très nombreuses villes de France et que cette fonctionnalité ne nécessite pas de technologies révolutionnaires...

Un observatoire des ondes qui nous inondent

Sûrement pour anticiper les protestations qui ne manqueront pas de naître contre la multiplication des ondes prévisibles à Bourges et ailleurs, le communiqué parle "d’un observatoire des ondes" censé informer, mesurer et dialoguer. Rien que par le choix des mots, on devine aisément que la mairie de ne se place pas du coté des "anti-ondes"...cela rappelle le comité d’éthique pour les caméras vidéos.

Et le budget ?

Une bonne partie du plan ne coûtera vraisemblablement rien puisque nécessitant des investissement privés. Seule, la partie e-administration devrait nécessiter un investissement. Les choix techniques et éthiques de la mairie seront déterminant afin de savoir si ces investissements seront durables (via l’utilisation de logiciels libres) ou jetables à travers le recours à des produits propriétaires non pérennes.

En conclusion, on ne peut pas dire que ce plan propulse Bourges dans le révolution numérique. A peine prévoit-il de rattraper le retard immense qui frappe la ville berruyère dans ce domaine. Toujours est-il que les choses bougent légèrement. Espérons que ce ne soit qu’un début et que les prochaines annonces seront, elles, réellement ambitieuses.

[1C’est un bon début

[2Si on veut aller par là, on fait du web 2.0 depuis 2001 à l’Agitateur...

[3A noter que FON, en France, est associé à Neuf Telecom (SFR désormais)

[4Avant l’été 2009, ce serait pas du luxe...

[5Si il faut que les usagers soient équipés en appareils Bluetooth, ce n’est pas la bonne solution

commentaires
Du pipeau dans les tuyaux - 16 juin 2009 à 15:56

Bensac pourrais remercier celui qui lui a souffler l’idée pour le wifi en centre ville, juste un petit merci histoire d’être poli


#23339
Du pipeau dans les tuyaux - 16 juin 2009 à  21:14

ça aurait été mieux s’il l’avait fait gratuit comme un peu partout dans les villes de France...

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