"L’effet de Serge, c’est un tsunami d’incompétence !"
Second volet de notre rencontre avec les Verts, composante de la Gauche Unie, conduite par Irène Félix. Les Verts s’interrogent sur la posture, en matière d’écologie du maire sortant Serge Lepeltier (UMP) et ancien ministre de l’environnement. Insouciance ou incompétence ? La question n’est pas tranchée. Seule certitude aux yeux de Frédéric Terrier, Joëlle Chauveau et Joël Crotté : Serge Lepeltier n’a rien fait pour l’écologie dans sa ville, c’est un opportuniste.
– L’agitateur : Les pistes cyclables... elles ne vous conviennent pas ?
Joëlle Chauveau : Il y a 2,6km de pistes cyclables ! En gros il y a l’avenue de Parassy et le Boulevard de Lahitolle. Et quand tu débouches sur ces deux carrefours, tu te fais écraser ! (rires)
Joël Crotté : Il y a un exemple chargé de non-sens sur ce sujet : la piste cyclable, rue de Parassy (qui arrive presque au Lycée Alain Fournier et qui débouche sur la Rue de Saint-Michel). C’est bien comme piste cyclable. Sauf que ça ne part de rien et que ça n’arrive sur rien ! C’est sa vision du déplacement en vélo. On peut comparer Bourges à La Rochelle et Grenoble. A La Rochelle, il y a aussi un ancien ministre de l’environnement. Il a construit des choses, il y a de vraies pistes cyclables. La problématique de l’environnement est intégrée à la population de manière éducative. Et puis Grenoble, qui a mis en place une réflexion globale sur les déplacements (Grenoble est une cuvette, donc sujette à beaucoup de pollution). Il y a des parkings en périphérie, des navettes de bus... Les entreprises, lorsqu’elles s’implantaient négociaient des places de parking. Celles qui diminuaient leur emprises en favorisant notamment le co-voiturage pouvaient être exonérées de la taxe professionnelle. Quand les gens se déplacent à vélo, il y a des garages à vélos, des douches (pour ne pas arriver en sueur au boulot), et pendant que tu bosses, il y a une boite d’insertion qui fait le tour des garages et qui répare ton vélo. Si Serge Lepeltier avait un peu d’amour propre, il aurait cherché des informations comme celle-là. Il cite souvent Denis Baupin (adjoint au maire de Paris Verts), qui a bossé sur les couloirs de bus à Paris, qui a mis en place le Vélib...
Frédéric Terrier : ... Quand tu vois ce qu’il a réussi à mettre en place à Paris, tu te dis qu’à Bourges, qui est une ville tellement plus simple à vivre, il aurait pu y avoir des choses de faites !
Joël Crotté : Denis a de la famille dans la région et il vient en train à Bourges. Je le connais parce que l’on a monté les Verts ensemble. Et un jour, il m’a dit : « mais il ne fout rien, Lepeltier. Il est écolo mais il ne fait rien ! »
Frédéric Terrier : Il n’est pas écolo. Il se donne l’étiquette, c’est tout.
Joël Crotté : On voit bien que Serge Lepeltier essaye de surfer sur des supports ou des individus qui lui donnent de la valeur. Mais finalement, il pratique une écologie insipide. Il essaye de convaincre avec des phrases clés qu’il a fait quelque chose. Mais il n’a rien fait. L’effet de Serge, c’est un tsunami d’incompétence.
Joëlle Crotté : Il n’y a qu’à voir l’élargissement des lotissements !
– L’agitateur : Dans certaines villes, les immeubles collectifs sont équipés de capteurs solaires. Serge Lepeltier dit que c’est trop cher...
Frédéric Terrier : Lors d’un déjeuner, des architectes ont fait remarquer à Serge Lepeltier que son Plan de Renouvellement Urbain consistait à construire encore moins cher que dans les années 60-70 où l’on avait construit les Gibjoncs et la Chancellerie un peu vite. Il a répondu qu’il en avait bien conscience, mais que c’était maintenant qu’il fallait dépenser l’argent. Donc, il n’en avait rien à faire que dans vingt ans ces constructions soient détruites. Si c’est pour reconstruire les mêmes taudis, je ne vois pas l’intérêt. Cette vision politique c’est quoi !? Cela veut dire qu’il gaspille de l’argent public alors qu’officiellement, il est contre les impôts ! En Suisse ou en Allemagne, les gens logent dans des habitats semi-collectifs à énergie positive. Ils construisent de manière intelligente. Il ne payent plus de chauffage, qui est offert par le soleil...
Joëlle Chauveau : Ce qui est possible ailleurs n’est pas possible à Bourges, c’est bizarre !
Joël Crotté : Donner 300 euros à un particulier pour installer des capteurs solaires, c’est bien. Mais ces mécanismes que Serge Lepeltier met en place visent à aider de manière égoïste la population. Les co-listiers de la liste de la Gauche Unie sont sur le terrain, ils apportent tous quelque chose. Serge Lepeltier, lui, plane au-dessus de Bourges ! Il est sur « google-earth » et il atterrit de temps en temps sur un quartier pour aller dire bonjour ! (rires)
Frédéric Terrier : Il ne regarde des films de cinéma que quand il est dans un avion ! (rires)
Joël Crotté : Ses billets d’avion sont prêts pour aller faire de la plongée au bout du monde. C’est bien. Mais on peut faire aussi de la plongée un peu plus près et apprendre aux enfants à s’intéresser à leur environnement. Même dans le domaine de l’éducation il n’y a rien. Quand on sera aux affaires, je pourrai réunir cinquante personnes, du jardinier au chef de service en passant par le technicien, de tous les services de la mairie pour parler de l’éducation à l’environnement. Au lieu d’écouter ses employés municipaux qui ont bien intégré la notion d’éducation à l’environnement, Serge Lepeltier préfère passer par des bureaux d’études ! A ses yeux les employés municipaux ne sont pas compétents ! Il y a pourtant une richesse humaine qui est extraordinaire. Des gens qui ont véritablement une notion de service public. Mais Serge Lepeltier a stérilisé tout ça. Du coup, les gens sont aigris, vexés... ils sont davantage en phase d’être en arrêt de travail parce qu’ils en ont marre.
– L’agitateur : Bourges est-elle une ville polluée ?
Joël Crotté : Je surveille deux à trois fois par semaine la pollution de l’air. Serge Lepeltier est adhérent à Lig’Air (Surveillance de la qualité de l’air en Région Centre), dont le président est actuellement Roland Narboux... C’est un outil relativement intéressant pour informer la population du niveau de pollution. Or, le 22 janvier, il y a eu un pic de pollution, la couche d’Ozone était au plus bas et il manquait un-centième pour que l’on atteigne le seuil d’alerte. S’il était écolo, Serge Lepeltier aurait trouvé des solutions – avec des panneaux lumineux aux entrées de ville par exemple - pour informer la population et demander aux automobilistes de lever le pied. Il ne le fait pas. Et lorsque l’on lit qu’à Avaricum ceux qui habiteront à l’est du site risquent de subir des pics de pollution, que va faire Serge Lepeltier ? Une personne âgée qui va faire sa promenade est gazée !
Joëlle Chauveau : Et il nous traite de ringards alors que l’on a simplement lu le dossier de sa propre enquête publique ! On n’a rien inventé.
Frédéric Terrier : L’enquêteur public nous a reçu très gentiment. On lui a demandé s’il y avait des panneaux solaires dans le projet d’Avaricum. Il nous a répondu que non. Et voilà que Serge Lepeltier nous en sort des kilomètres carrés ! Ce projet, c’est son Arche de la Défense.
Joëlle Chauveau : C’est emblématique d’une incompétence totale !
Joël Crotté : Serge Lepeltier, à la fin de son mandat – il n’en aura plus d’autres – aura marqué Bourges. Par des constructions comme François Mitterrand a marqué Paris avec les tours de la Défense, notamment. Il aimerait bien avoir une « rue Serge Lepeltier ». Il a un égo extraordinaire.
Joëlle Chauveau : Il aura des ronds-points !
Frédéric Terrier : : L’argent qu’il met dans le béton avec de grands trucs vides comme Le Hublot, il ne le met pas ailleurs. Il faut arrêter de faire des trucs funéraires ! La terre aux vivants ! Regardez, en centre-ville, il n’y a plus de boulangers - plus assez en tout cas. Pareil pour les bouchers. Il y a deux ou trois trucs chics... on a une marchande de fruits et c’est tout. Tout est misé sur les grandes surfaces. Il n’y a déjà pas beaucoup de soutien à la vie locale, et Avaricum va encore tuer cela.
– L’agitateur : Il y a un vrai problème des transports en commun à Bourges. Serge Lepeltier a allongé la fréquence de passage des bus par soucis d’une meilleure rentabilité mais du coup, il a perdu encore plus d’usagers qui ne voient pas l’intérêt d’attendre trois quart d’heure un bus. Comment comptez-vous inverser la tendance ?
Joël Crotté : Il faut faire un maillage de bus entre quartiers sans être obligé de passer par le centre-ville. J’ai fait l’essai, pour aller de la rue Charlet au Val d’Auron. Il faut 47 minutes pour s’y rendre. Je prend ma bagnole, je mets dix minutes. Cela est très dissuasif. Il faut mettre les bus aux bons horaires et là où c’est nécessaire. Un truc tout bête : il y a 400 salariés sur le site de Bouygues Télécom et il n’y a pas une ligne de bus ! Et Roland Chamiot a dit en pleine réunion d’Agglo « Ah ben oui, ce serait peut-être intéressant que l’on se penche sur cela » ! On voit bien que la liste sortante n’a pas de bon sens ! Alors il peut faire le fier avec les bus au gaz. Sauf que le gaz est aussi une ressource épuisable. Le contrat avec Véolia est renouvelable en 2009. Ce sera l’occasion de dire ce que l’on veut. Il faut que le réflexe de monter dans la bagnole pour aller faire ses courses s’arrête. Et puis il n’y a pas que les zones commerciales. Imagine : tu vas au restaurant en centre-ville à 19h, tu sors à 22h et tu peux rentrer chez toi en bus. L’ami Borloo de Serge Lepeltier a élaboré le « plan climat de territoire » qui permet d’analyser comment réduire son empreinte écologique sur la ville. Serge Lepeltier ne sait pas ce que c’est ça. C’est un rapport de douze pages, je pense que je vais lui envoyer. Serge Lepeltier roule en Vel Satis. C’est l’équivalent d’un 4x4, 270miligrammes de CO2...
Frédéric Terrier : Oui mais c’est plus chic !
Joël Crotté : Je sais bien que quand on a eu un statut on essaye de garder le même standing (rires).
Frédéric Terrier : Ah, le ministère lui manque !
Joël Crotté : Mais s’il avait un peu de bon sens, il aurait acheté une Lexus, les voitures avec les fameux moteurs hybrides. Il n’a pas ce réflexe. Ce n’est pas un écolo. C’est un opportuniste.