Tolérance zéro ?

dimanche 17 mai 2009 à 17:49, par Miss J

Vous souvenez vous des années 2000 ? Messieurs Julien Dray et Nicolas Sarkozy prônaient le succès de la méthode de Giuliani qui, appliquée à New York, aurait fait des miracles. Le nom de cette méthode : la tolérance zéro. Derrière cette méthode, une logique : Punir sévèrement la petite délinquance, c’est asphyxier la grande délinquance. Cette théorie, certes élégante au premier abord, ne tient malheureusement pas la route.

Contexte

Noël 1989, la psychose s’installait aux USA ; les crimes violents avaient augmentés de 80% en 15 ans. Dans les années 90 à New York le taux d’homicide est de 30,7 pour 100 000 habitants, en 2000 il n’est plus que de 8,4. Entre ces deux périodes, un maire est à la tête de New York : Rudolph Giuliani, partisan et premier à appliquer la théorie de la tolérance zéro.

Cette théorie consistait à punir sévèrement les petits crimes pour empêcher les petits criminels de devenir des grands.

Seulement, que faut-il à cette théorie pour être valide ?

Comme tous les USA étaient touchés, pour que la tolérance zéro ait eu un effet, il aurait fallu que la décrue de la délinquance à New York ait été significativement plus grande qu’ailleurs. Or la décrue de la criminalité a été constatée dans toutes les villes américaines ayant ou non appliqué la tolérance zéro dans les mêmes ordres de grandeur. Donc scientifiquement et intellectuellement tous les zélateurs de la tolérance zéro sont malhonnêtes : la tolérance zéro appliquée à New York n’a eu aucun impact significatif sur la délinquance [1].

Donc mon article se termine normalement ici : Messieurs Dray et Sarkozy ont prôné cette méthode de la tolérance zéro, par pure démagogie, en brandissant l’exemple de New York qui n’en était pas un.

Tentative d’explication

Tout un tas de variables éliminées (voir référence), on trouve seulement une théorie intéressante comme explication : l’impact de l’arrêt Wae vs Rose (1972), c’est à dire la légalisation de l’avortement sur la baisse de la criminalité.

Ailleurs, en Roumanie, suite à l’interdiction de l’avortement par Ceaucescu en 1966, on avait déjà pu mettre en évidence une baisse des conditions de vie pour tous les enfants de cette génération dans tous les domaines mesurables : santé, éducation, travail, et augmentation des comportements criminels. Ironie de l’histoire, ce sont majoritairement eux qui ont participé au renversement de Ceaucescu.

De la même manière, aux Etats-Unis au début des années 1990, la baisse inexpliquée et subite de la criminalité est très certainement liée à la non-naissance d’enfants qui auraient été élevés dans des conditions criminogènes (foyer mono parental féminin pauvre sans éducation). Ces femmes ont pu grâce à l’avortement poursuivre leurs études et donner naissance au moment le plus adéquat pour elle et donc pour leurs enfants...

La différence entre l’impact de la tolérance zéro et de l’avortement c’est que l’un peut expliquer ce qui c’est passé, l’autre pas. La tolérance zéro tient en d’autres termes de la croyance religieuse, les effets de l’avortement d’une explication cohérente avec les faits.

En conséquence, en ce qui me concerne, l’Homme politique que je respecte le plus en France est et restera toujours Simone Weil.

L’exemplarité, une autre approche

Avec un président faisant fi par deux fois (affaires François Pérol/Natixis et Stéphane Richard/France Telecom) de l’article 432-13 du code pénal, que peut-on penser ? Avec une loi Hadopi contraire au principe constitutionnel de l’Etat de droit (on ne peut pas être juge et partie comme les ayant droits des « artistes » qui constatent les infractions et de fait font couper la ligne dans la foulée), quel exemple voit-on ? Certainement que les institutions et les lois peuvent être interprétées et contournées...

Avec un président qui veut "faire revenir la richesse en France" en d’une part en dépénalisant en partie la fraude fiscale, et d’autre part en faisant potentiellement des cadeaux fiscaux à ces mêmes délinquants en col blanc, quel signal perçoit-on ? Fraudes et cadeaux coûtent largement plus que l’ensemble de la fraude au ticket de trains et autres incivilités. Que doit-on penser ? [2]

On peut penser « tolérance totale pour ceux d’en haut », que le crime paie, et qu’enfreindre la loi, la constitution sont l’exemple à suivre pour ceux et celles qui veulent avoir leur rolex avant 50 ans, et donc réussir leur vie...

Si par contre ce ne sont pas vos valeurs à l’instar des 53% de la population qui a voté pour notre pétitsident [3], il serait donc temps d’élire des édiles sans casseroles. Il serait temps de trouver anormal qu’un élu accorde des passes-droits à ses clients/électeurs.

La tolérance zéro, si on veut lui donner un sens, devrait s’appliquer à tout le monde. Et si la justice ne fait pas son travail sous la pression du pouvoir politique, alors c’est aux électeurs de faire leur boulot en arrêtant d’élire des délinquants notoires.

À moins que nos élus soient à l’image de ce que nous sommes...

Poursuivre

http://anticor.org/la-lettre-danticor/

[1On peut éventuellement aller chercher une amélioration de 20%, mais elle n’est pas significative au regard des ordres de grandeur en jeu

[2Dans la même veine, je pourrai prendre l’exemple de l’affaire Julien Dray, mais ce serait jusqu’à preuve du contraire, injuste, puisque à ce jour, il a seulement fait l’objet d’un signalement Tracfin, a fait l’objet d’une enquête préliminaire, qu’il n’est donc pas mis en examen et donc présumé innocent sans avoir été accusé. Julien Dray est pour l’instant, une victime du viol du secret de l’instruction.

[3Petit président

commentaires
Tolérance zéro ? - Momo - 19 mai 2009 à 00:16

"une personne ayant été chargée, en tant que fonctionnaire ou agent d’une administration publique, dans le cadre des fonctions qu’elle a effectivement exercées, soit d’assurer la surveillance ou le contrôle d’une entreprise privée, soit de conclure des contrats de toute nature avec une entreprise privée ou de formuler un avis sur de tels contrats, soit de proposer directement à l’autorité compétente des décisions relatives à des opérations réalisées par une entreprise privée ou de formuler un avis sur de telles décisions, de prendre ou de recevoir une participation par travail, conseil ou capitaux dans l’une de ces entreprises avant l’expiration d’un délai de trois ans suivant la cessation de ces fonctions."

Message à l’apprenti juriste qui a rédigé cet article :

le fondement du droit pénal repose sur la preuve. Je vous conseille donc de prouver que Monsieur PEROL est coupable de prise illégale d’intérêt (c’est à dire qu’il bénéficie directement ou indirectement d’un avantage quelconque en rapport avec les fonctions qu’il a effectivement exercées) dans les 3 ans qui suivent la cessation de sa responsabilité publique.
A défaut, il s’agit au moins de dénonciation calomnieuse, sinon de diffamation compte tenu de ces allégations par voie médiatique.


#23138
Tolérance zéro ? - 19 mai 2009 à  08:48

Ne vous inquiétez pas, momo, ça va venir : déjà deux membres de la Commission de déontologie de la fonction publique, et qui ont eu à se prononcer sur la nomination de François Pérol, ont démissionné fin avril. En tant que fonctionnaires, ils sont soumis l’obligation de réserve et ne peuvent s’exprimer. Mais dans quelques temps, vous en saurez plus, d’autant que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour prise illégale d’intérêts.

#23140 | Répond au message #23138
Tolérance zéro ? - Mister K - 19 mai 2009 à  08:50

A défaut, il s’agit au moins de dénonciation calomnieuse, sinon de diffamation compte tenu de ces allégations par voie médiatique.

Cher Momo, vous n’êtes certainement pas sans savoir qu’une polémique publique a lieu sur ce sujet à tel point que l’on parle d’une affaire. Cet article fait référence à cette affaire. Votre "menace" est plus que déplacée et montre comment, en France en 2009, on cherche à museler la liberté d’expression. Si on ne peut même plus faire référence à des choses qui semblent pour le moins litigieuses, cela devient grave.

Même si c’est hors sujet, et même si je ne suis pas juriste, ni même apprenti juriste, je veux bien répondre au fond de l’affaire. Je vous cite :

Je vous conseille donc de prouver que Monsieur PEROL est coupable de prise illégale d’intérêt (c’est à dire qu’il bénéficie directement ou indirectement d’un avantage quelconque en rapport avec les fonctions qu’il a effectivement exercées) dans les 3 ans qui suivent la cessation de sa responsabilité publique.

Dans votre phrase, il y a la preuve de l’absurdité de votre raisonnement. Personne n’a accusé M. Perol de "prise illégale d’intérêt". Mais un truc est sûr, sauf à voir dans l’avenir, personne ne pourra prouver ceci "dans les 3 ans à venir" (il vient juste de prendre son poste). Ce qui fait polémique, cher Momo, c’est que M. Perol a travaillé à la fusion Natixis/Banque Populaire/Caisse d’Epargne au plus haut niveau de l’état. Et que, sans transition (une transition de 3 ans justement aurait été souhaitable) il se retrouve à la tête de la dite société. Moi, sans être génial, je pense qu’à la tête de l’état, il a forcément travaillé indirectement pour lui puisqu’il s’est positionné (volontairement ou involontairement), dans le cadre de son poste au sommet de l’état, en position favorable pour ce poste de dirigeant de Natixis.

Et pour preuve qu’il y a vraiment un sujet, c’est que deux membres de la commission de déontologie de la fonction publique viennent de démissionner (A lire par exemple dans le journal Le Monde).

Donc, cher "Momo la menace", je vous invite, au minimum, à la réflexion et au respect de la liberté d’expression.

#23141 | Répond au message #23138
Tolérance zéro ? - Miss J - 19 mai 2009 à  09:59

Vous avez raison je ne suis pas juriste, j’invoque donc l’avis d’un juriste sur ce sujet qui dans la formulation est plus prudent, mais dans le fond tout aussi affirmatif
http://maitre-eolas.fr/2009/03/28/1...

Mais monsieur le lecteur tatillon, à ma décharge, je manie mieux la langue française que Mr Le Président ou ses ministres qui eux sans preuves ne s’embarrassent pas à montrer à la vindicte populaire l’inefficacité des fonctionnaires sans en avoir de preuves, À évoquer des fraudeurs dont ils ne connaissent pas le nombre, à parler de « ces jeunes » qui s’organiseraient pour faire des émeutes, à parler d’une ultra-gauche saboteuse dont l’existence semble pour le moins irréelle, à annoncer des coupables et victimes avant même que l’enquête commence (émeutes de Clichy ss Bois) ...

Monsieur le lecteur, reconnaissez que j’ai un faisceau de présomption autrement plus parlant que ce qu’il a fallu pour embastiller un épicier à Tarnac.

Feriez vous preuve d’une tolérance à géométrie variable ? Commencez-donc par regarder les poutres dans l’oeil du gouvernement avant de vous intéresser à la paille qui est dans le mien. Soyez critique mais ayez la pudeur d’être critique envers tous à la même aune, à défaut de vouloir passer pour un fanatique religieux du gouvernement.

#23142 | Répond au message #23138
Tolérance zéro ? - momo - 19 mai 2009 à  22:21

La loi, rien que la loi, et l’objectivité. Je vous rejoindrai si Monsieur PEROL est davantage rémunéré dans les trois ans qui viennent que le montant de ses émoluments et autres avantages statutaires de haut fonctionnaire. EOLAS aurait du commencer sa note par cette appréciation objective de la ligne de partage entre mission de service public (redresser un groupe bancaire adossé à la caisse des dépôts, c’est à dire le trésor des français)et prise illégale d’intérêts.

EOLAS est un fantasme, celui du donneur de leçon qui oublie les principes de la pédagogie, un manipulateur de la conscience collective, un zorro sans altruisme.

#23151 | Répond au message #23142
Tolérance zéro ? - Mister K - 20 mai 2009 à  00:54

Vous êtes vraiment génial, momo. Vous êtes vraiment le meilleur, aucun doute. Vous distribuez les mauvais points, comme ça, tranquille. Parce que vous, vous n’êtes vraisemblablement pas juriste, mais à votre discours, on est à peu près sûr que vous êtes engagé coté UMP, d’où votre formidable objectivité.

Justement, la loi, rien que la loi. Si ce M. Perol avait l’esprit tranquille, pourquoi n’a t-il pas fait la démarche de passer devant la fameuse commission d’éthique de la fonction publique ? Ce n’était pas si difficile que ça, non ?
Après, vous posez le problème à l’envers. Si il gagne désormais bien plus dans le privé, c’est ***peut-être*** parce qu’il a gagné son poste suite à son activité à la tête de l’état. Et ça ne vous pose aucun problème, vous ? Vous ne croyez pas que les administrateurs de Natixis, en choisissant Pérol, n’avaient pas idée que ce serait plus confortable d’avoir quelqu’un qui a plus ou moins le chef de l’état dans sa poche ? Surtout qu’il va falloir renflouer la bête à coups de milliards... Croyez-vous qu’il a été choisit parce que ce serait le meilleur pour ce poste ou parce qu’il aurait le meilleur carnet d’adresse pour le poste ? Vous pouvez quand même concevoir qu’il y a un doute, là, non ? Natixis, c’est du 100% privé.

Bref, vous pouvez toujours vous permettre de donner des leçons à des gens qui ont prouvé des choses...vous, sauf preuve du contraire, vous n’avez rien prouvé. Votre crédibilité, cher Momo, c’est zéro. Momo, le zéro sent la truite.

#23154 | Répond au message #23151
Tolérance zéro ? - momo - 20 mai 2009 à  10:24

Vous me semblez touché dans votre petit orgueil.OLA EOLAS ! OLE.

#23157 | Répond au message #23154
Momo, je te vois ! - Mister K - 20 mai 2009 à  10:31

Pauvre Momo... vous avez une vraie réponse, sur le fond ? Parce que le fond, là, vous le touchez. Et mon orgueil supposé, c’est hors sujet (et en plus, je ne me prend pas pour un juriste, moi...ni pour Eolas d’ailleurs).

#23158 | Répond au message #23157
Tolérance zéro ? - miss j - 20 mai 2009 à  12:02

Donner des leçons, exprimer son opinion (appelez ça comme vous voulez Momo) est un exercice normale dans une démocratie. Ça s’appelle la liberté d’expression.Si vous n’êtes pas content de l’article, c’est votre droit, ainsi que celui de l’exprimer.

C’est mon droit de dire ce que je pense. Et je vous propose d’en rester là.

Votre style grandiloquent m’ennuie, vos attaques personnelles me lassent. Non seulement vous ne dites rien, mais en plus vous le faîtes sans style. Je prends donc la liberté de ne pas répondre à vos vaniteuses tirades.

Adieu triste sire

#23159 | Répond au message #23151
No future - Jean-Michel Pinon - 20 mai 2009 à  12:33

Donner des leçons, exprimer son opinion (appelez ça comme vous voulez Momo) est un exercice normale dans une démocratie. Ça s’appelle la liberté d’expression.Si vous n’êtes pas content de l’article, c’est votre droit, ainsi que celui de l’exprimer.

Non, mais à Bourges les élus - on en a encore ici une illustration - défendent surtout les "libertés du Printemps de Bourges". En dehors de ça, c’est "ferme ta gueule, t’y connait rien, je sais mieux que toi, et pis si tu veux qu’on t’écoute, t’as qu’à être gentil avec nous !".

pas de brosse à reluire !

FUCK !

#23160 | Répond au message #23159