Deuxième conseil municipal mensuel

Assaisonné fortement poivre et sel...
dimanche 22 février 2009 à 21:02, par Cyrano

Y fait chier le Berry Républicain : dans le journal de samedi, y’en a deux pleines pages, comme d’hab, mais y’a surtout un excellent article de Bertrand Philippe : faut que je le relise sérieusement pour ne pas faire trop de redites (une remarque : dans le B.R. Jean-Luc Julien est catalogué LCR, ce n’est pas tout à fait ça).
La Nouvelle République est plus laconique : une petite demi-page, en page 12, pour parler du conseil municipal de Bourges – à peine plus que l’article en page 18 qui rapporte le conseil municipal d’Aubigny-sur-Nère.

Speedy Point1-Point2

Ça commençait pourtant bien, ce conseil. Monsieur le maire semblait avoir l’intention d’aller très vite : Le point 1 (futile par rapport à la suite) est avalé en une minute et le maire embraye vroaaaoumm le point 2. Sauf que... le point 1 n’avait même pas été voté. Est-ce un "acte manqué" du maire, symptôme d’une volonté de se débarrasser au plus vite de cette corvée qu’est le conseil municipal de Bourges, une séance d’enregistrement de décisions déjà prises ?

Monsieur le Maire fait du rentre-dedans, l’opposition fait du sort-dehors

Le point 3 s’annonçait paisible : "Convention de mise à disposition d´agents municipaux auprès de la Caisse des écoles.". Pierre Dedet (opposition, socialo) prend la parole et y va d’un couplet sur l’état qui baisse ses subventions et laisse les collectivités locales se dépatouiller. Certes, c’était un tantinet longuet (peut-être une minute ? même moins ?), certes ça semblait être un petit texte préparé à l’avance (dont on ne voyait pas vraiment le bout), mais comme l’écrit la N.R. on eut droit au « recadrage brutal » par le Maire.

Sans précaution oratoire, le maire coupe la parole à Pierre Dedet : «  Ce n’est pas le sujet. » et dans sa lancée il coupe le micro. Tollé depuis "les bancs de l’opposition" : Yannick Bedin (opposition, coco), interloqué : « C’est incroyable ! On ne peut avoir de débat sur les sujets nationaux qui concernent Bourges ! »

Irène Félix (opposition, socialo) veut dire son sentiment. Elle commence : « Monsieur le maire... » Aïe-aïe, le maire la coupe illico : « Vous prenez la parole sans que je ne vous l’ai donnée. » Ho la la ! L’impertinente femelle voulait causer sans que sa mâle majesté ne l’ait autorisée ! Faut lever le doigt, Irène, comme à l’école, et attendre... Dans un brouhaha général, le maire, sans autre forme de procès demande le vote du point 3. L’opposition demande une suspension de séance. Le maire daigne accorder cette suspension : 5 minutes – bon, allez, 10 minutes.

L’opposition sort sur le palier, elle conciliabule, puis revient. Irène Félix parle au nom de l’opposition : « Nous tenons à siéger pour combattre vos choix. Nous remarquons que vous êtes mal à l’aise lorsque on fait allusion à la politique nationale que vous soutenez. » The end. Attendons la joute suivante...

C’est la population qui le demande...

Déjà le point 10... (on en est au quart des points) : "Projet de Renouvellement Urbain. Ilots du secteur Chancellerie Merlattes. Création et requalification des voies du quartier des Merlattes. Bilan de la concertation". Irène Félix fait une longue intervention sur la ville de Bourges qui aurait tendance à consommer trop d’espace, à s’étaler horizontalement. Monsieur le maire n’est pas d’accord : Bourges s’étale verticalement, mais pas trop. Madame Fenoll comptabilise : il y avait 330 logements sur cet espace, maintenant y’en a 130 (petits immeubles, pavillons).

Monsieur Lepeltier conclut : « De toute façon, ce type de logements est une demande de la population. » Ça provoque une remarque perfide de Colette Cordat (opposition, trotsko Lutte Ouvrière) : « Vous parlez beaucoup de la demande de la population... Mais la demande de la population c’était l’entretient de l’habitat existant. » et non sa démolition... Bing !

Un Lycée de l’église catholique se fait offrir beau portail motorisé...

On va piétiner un peu sur le point 11 : "Avenue de la Libération. Acquisition des parcelles BC 400, 403 et 404. Aménagement de l´entrée du Lycée Saint Jean-Baptiste de la Salle".

La ville aménage l’avenue de la Libération et veut créer un p’tit bout de place. Elle acquiert donc des petites du parcelles du Lycée pour arrondir cette place. Elle va payer 17.000 € à la Fondation de la Salle et à l’Association Diocésaine de Bourges pour 482 m2. Pour faire bonne mesure, la ville va payer, en plus, à ce Lycée une belle entrée avec un portail motorisé.

Le sujet à peine exposé, Jean-Luc Julien (opposition, gauche-gaucho) est le premier à demander la parole : « Nous voterons "oui" pour cette délibération. » et il expose la nécessité d’aménager aussi l’entrée du Lycée Jean-de-Berry qui ne dispose que d’un bout de trottoir de 1m30 de large.

Irène Félix lui succède : elle trouve pertinente l’intervention de Jean-Luc Julien, mais... elle trouve que le Lycée privé Saint Jean-Baptiste de la Salle qui va déjà toucher des sous pour la vente des petites parcelles pourrait aménager lui-même ce qui est sur son sol : son entrée. La procédure utilisé par le maire serait plutôt une façon de contourner la loi. Et si la ville aménage cette entrée, les parcelles devraient être payées par 1 euro symbolique à minima. Yannick Bedin trouvera que on fait même de l’excès de zèle en offrant un portail motorisé.

On passe on vote : l’opposition vote contre. Le maire : – « Et vous monsieur Julien, donc, "pour" ? » – « Non, nous nous abstenons sur ce point. » – « ah mais, vous... » – « Avec ce que j’ai entendu de la discussion, j’ai décidé finalement de ne pas voter pour. Sur ce point, je m’abstiens. » Eh bien, il se bonifie de mieux en mieux le Jean-Luc, il n’a pas eu peur de se déjuger. Autant dire que les membres de la majorité (et qui sait : de l’opposition ?) ne semblent pas pratiquer ce genre d’attitude honnête.

"C’est du brutal !"

Voilà un gros morceau, le point 12 : la vente de l’IMEP au promoteur immobilier Jaldi : " IMEP. Rue Joyeuse. Parcelles HX n° 76, 77, 78, 80 et HX n°114. Vente Ville / SARL JALDI IMMOBILIER"

Attention, Irène Félix le dit d’entrée : « Notre opposition à ce projet sera frontale, tout à fait frontale. » Ah bin ça, alors ! menace-t-elle le maire de lui mettre un coup d’boule ? Ou bien cataloguait-elle la décision de vendre l’IMEP comme une décision relevant de « La Bêtise au front de taureau », comme disait Baudelaire ? La presse quotidienne a parlé longuement de cette vente de l’IMEP. Il y a aussi des messages postés sur l’Agitateur au sujet de Jaldi. Je ne trouve rien à rajouter, sinon ceci...

On nous jure les grands dieux que l’affaire est limpide, que personne ne fut favorisé. Au départ, 5 prétendants à l’acquisition. Ensuite, après étude, 3 furent nominés. Et the winner est Jaldi. Colette Cordat dira qu’elle trouve choquante le choix du maire argumentant toujours avec son même refrain : des frais de réhabilitation trop élevés. Jean-Pierre Saulnier (opposition, socialo) insista sur ce point des "réhabilitations", sur l’amphithéâtre et sur la bibliothèque de l’IMEP : car ces locaux sont neufs ! – on ne peut pas invoquer des frais de réhabilitations coûteux ! Eh non, ils feront malgré tout partie du lot vendu...

On va résumer brutalement les éléments qui ont permis à la municipalité de faire son choix. Une question toute simple de Jean-Pierre Saulnier : « Pour votre décision, est-ce que les projets ultérieurs des cinq prétendants sont connus ? » Une réponse toute laconique de madame Fenoll : « Non... » Tout un programme...

On vote, mais ça ne servira à rien

Le point 29, c’est juste pour de rire : "Enseignement du 1er degré. Participation de la Ville aux dépenses de fonctionnement des écoles privées signataires de contrat d´association avec l´Etat. Régularisation". Oui, c’est pour de rire, car quel que soit le vote, ça se fera, c’est prévu par la loi. Monsieur le maire le dit « Votre vote "contre", je le respecte. Mais si nous votions "contre", ça ne servirait à rien ». Du coup, logique, Jean-Luc Julien décide de ne pas prendre part au vote, puisque ça ne sert à rien.

De Jean-Jacques Rousseau à Jean-Macé

Le point 29, sur les subventions sera l’occasion de sortir du sujet. Colette Cordat en profitera pour rappeler les problèmes des parents de Jean-Jacques Rousseau : « On devrait parler des inquiétudes des parents pour le transport de leurs enfants [vers les nouvelles écoles choisies] » Mais ce qu’on retient de la disgression c’est comme le dit la Nouvelle République, un fait « suffisament rare pour être souligné. » : le maire va s’insurger contre la fermeture de l’école Jean-Macé (voir la presse quotidienne).

C’est une façon de dire du maire qui retient l’intention : la municipalité avait décidé de la fermeture de Jean-Jacques Rousseau et malgré cette décision, le maire confie : « l’éducation nationale ne joue pas le jeu en décidant de fermer l’école Jean-Macé ». L’éducation nationale qui « ne joue pas le jeu »... Quel jeu ? Monsieur le maire serait-il en train de nous dire qu’il avait flingué l’école Jean-Jacques Rousseau, en bon petit soldat, et qu’en échange... on lui tire dans le dos, en lui flinguant une autre école ?... On dirait un larbin bien appliqué qui s’étonne d’être traité en larbin.

55 minutes de plus...

20H10, c’est fini ? non... On se paye le luxe de terminer sur une question diverse : Yannick Bedin propose une motion contre la fin programmée des IUFM. Le maire qui trouvait « inacceptable » la fermeture de l’école Jean-Macé refusera cette motion. Le conseil se terminera à 20H25, soit 55 minutes de plus que le premier conseil municipal. Madame Viviane Siméon s’était réjouie, à la fin du premier conseil municipal mensuel, que ça se soit passé relativement paisible et cool. Le Berry Républicain qualifiait le premier conseil municipal de « soft, apaisé ». Autant dire que ça n’a pas duré. Pour l’ambiance de ce vendredi 20 février, patatras !

commentaires
Deuxième conseil municipal mensuel - Jean-Michel Pinon - 27 février 2009 à 13:20

Les comptes rendus de Conseil municipal nous manquaient vraiment sur l’agitateur, car ils sont beaucoup trop résumés dans la presse locale et parfois même totalement indigents comme dans la Nouvelle République. De plus, on découvre un Serge Lepeltier assez éloigné de l’image d’épinal d’ouverture et d’écoute qu’il essaye de faire passer. Merci à Cyrano, donc.


#22393
Deuxième conseil municipal mensuel - 27 février 2009 à 11:33

Concernant colette cordat... on se demande bien pourquoi l’entretien des logements n’a pas ete fait et qu’il a bien fallu reconstruire sur les logements qu’il n’etait pas possible de rehabilité il faut se souvenir de la gestion précédente quant meme. Pour la ruine du système elle est pas mal non plus... je voudrai pas l’avoir comme gestionnaire de mon entreprise


#22390
Deuxième conseil municipal mensuel - Jean-Michel Pinon - 27 février 2009 à  13:18

Argument classique et purement politicien : "c’est de la faute des cons qui étaient au pouvoir avant".

Il est à la mairie de Bourges depuis combien de temps Serge Lepeltier ?

13 ans ?

Et il a fallu attendre deux mandats pour qu’il se pencher sur le mal-logement ?

La dernière fois que mon immeuble a été rénové, c’était... sous la municipalité Jacques Rimbault (ou Jean-Claude Sandrier qui lui a succédé). Depuis ? Plus rien. Alors bon...

Et puis détruire 2200 logement pour n’en reconstruire que 1600, c’est pas terrible.

Je me souviens d’ailleurs d’une polémique où les critiques concernant le PRU avaient porté sur les reconstructions moins nombreuses que des destructions. La droite locale avait hurlé au menssonge, faisant une démonstration fantaisiste et manipulatoire pour affirmer le contraire. Aujourd’hui, dans les documents officiels, sur les affiches, sur les tracts, sur les films institutionnels de présentation, la mairie annonce plus de destructions que de reconstruction. Très amusante cette mauvaise foi !

#22392 | Répond au message #22390
Deuxième conseil municipal mensuel - 23 février 2009 à 11:08

On ne vous remerciera jamais assez Cyrano, merci de nous faire vivre le conseil municipal !


#22372