Expérimenter les usages ou les technologies ?
Dans son dernier plan « Bourges, ville numérique », la municipalité révélait la grande ambition de nous « mettre à la norme Web 3.0 », d’expérimenter le wi-fi ou encore le bluetooth, des normes qui ne nécessitent plus aucune expérimentation à ce jour. De l’autre coté de l’Atlantique, la ville de Boston a lancé une application pour l’iPhone pour être à l’écoute de ses citoyens.
Cette application disponible sur le téléphone mobile d’Apple permet aux habitants de faire remonter aux autorités municipales les problèmes rencontrés au quotidien.
« Chaussée abîmée, ampoule grillée, graffiti, dégradation quelconque...à la moindre constatation, les habitants de Boston peuvent désormais prendre une photo, qui grâce à cette application sera datée, géolocalisée puis envoyée, accompagnée d’un commentaire, aux services municipaux. Mais ce n’est pas tout, les habitants pourrons suivre l’état d’avancement de la plainte qu’ils auront ainsi fait remonter à l’hôtel de ville, et voir comment la municipalité à traité le problème : derrière le coté hype, c’est un véritable exercice de transparence auquel se livre la municipalité » [1].
Voilà un exemple d’une municipalité qui se concentre sur les usages que la technologie peut apporter et non sur la technologie elle-même.
Financer une application iPhone est très faible par rapport à un investissement matériel qui sera dépassé dans un an. Mais c’est surtout la puissance sociale d’Internet qui se met en action aux yeux de la municipalité. Le web est un espace public qu’elle ne maîtrise pas et c’est par ce biais, à mon avis, qu’elle découvrira son aspect démocratique.
De plus, les possesseurs d’iPhone, jeunes généralement, sans aucune présence politique et sans intérêt locaux vont se réapproprier une ville qu’ils délaissent progressivement…et tenter, peut-être, de la faire évoluer différemment.
En ce concentrant sur les usages, les institutions devraient financer des applications et non du matériel. Mais ce défi nécessite une autre organisation et une autre mentalité. Expérimenter, se corriger, analyser et évoluer ne sont pas des actions prisés des hommes politiques et pourtant ces actions sont indispensables à la vie de tout organisme vivant.