Les vieux, « combien ça coûte ? » Trop cher !

Personnes dépendantes : vers la solution finale
lundi 27 septembre 2010 à 10:22, par bombix

Vous avez aimé l’agonie du système de retraites par répartition ? Vous allez adorer l’hallali de la Sécurité Sociale. Prochain épisode du démontage du système de protection sociale mise en place à la Libération : la libéralisation totale du système d’assurance maladie. Un récent rapport d’une députée UMP de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale, Valérie Rosso-Debord, lâche le morceau et dresse de réjouissantes perspectives pour des assureurs privés déjà pleins aux as. La loi nous faisait solidaires. Le contrat nous rendra de plus en plus solitaires. Malheur aux faibles, aux malades, aux « dépendants » ... Malheur surtout aux pauvres !

Les vieux, « combien ça coûte ? » Trop cher !

Vous avez aimé l’agonie du système de retraites par répartition ? Vous allez adorer l’hallali de la Sécurité Sociale. Pendant que Chérèque et son pote Thibault programment une énième journée d’unité d’action qui ne servira à rien, dans trois petites semaines, histoire de bien vider de sa sève le mouvement social et d’épuiser toutes les énergies qui pourraient s’opposer encore à la politique de Sarkozy, pendant que nos bouffons patentés se préparent à négocier quelques miettes de la contre réforme des retraites à la table de Woerth, le prochain épisode est déjà prêt. Denis Kessler l’avait affirmé sans ambage : il faut déconstruire pièce par pièce le système mis en place par le CNR [1]. Pourquoi se gêner, quand en face c’est si mou ? Allons-y gaiement.

Ensemble pour une santé solidaire publie un communiqué [2] qui dénonce un rapport de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale, présenté en juin 2010 par Mme Valérie Rosso-Debord, députée UMP, et qui traite de la prise en charge des personnes dépendantes.
La crise ne sévit pas pour tout le monde. Les sociétés d’assurances accumulent les profits. On se goinfre grave de ce côté-là. « En 2009, les assurances affichaient une bonne santé financière : 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires : 155 milliards en assurances de personnes (+ 12%) et 45 milliards en assurances de biens et responsabilité.  » Et ce n’est qu’un début. En effet, comme le note Mme Rosso-Debord, dans le style inimitable de notre élite technocratique : les Français ont « une perception mature  » (sic !) du « risque que fait peser la dépendance des futures personnes âgées sur les jeunes générations – constituant pour ces dernières une charge financière insupportable.  »
Les vieux vieillissent (j’vous jure !) et s’attardent un peu au lieu de clamser rapidos. S’ils n’étaient qu’encombrants ! Mais ils coûtent cher ! Bon, en les usant jusqu’à la corde jusqu’à 70 balais et en les faisant crever de faim, on devrait déjà en éliminer une partie, c’est sûr. Mais quand même, il en restera toujours assez pour nous emmerder et m’empêcher d’acheter tous les six mois mon nouveau téléviseur couleur-écran-plat-à-LED ou mon séjour low-cost aux Antilles, parce que je le vaux bien.
Le technocrate se gratte la tête. Il s’appuie sur des « constats partagés  » (un technocrate est un type intelligent, sérieux et objectif, surtout quand il bosse pour les potes de Sarko), et parmi ces fameux « constats partagés », outre le vieillissement de la population il y a le bien connu « contexte des finances publiques exangues  » Que faire, mais que faire ? Bon sang, mais c’est bien sûr ! transformer le problème en chance !

La « perception mature des Français du risque que fait peser la dépendance des futures personnes âgées […] est une chance qu’il nous faut saisir immédiatement . Elle rend en effet possible, aujourd’hui, la construction à moindres frais d’un dispositif d’assurance universelle obligatoire…  »

Et voilà. Une lumière s’est allumée dans la petite tête de l’expert et des milliards d’euros clignotent maintenant dans ses yeux. Il n’y va pas par quatre chemins. C’est ce qu’il y a de bien avec les thuriféraires du capitalisme moderne. A l’aise, sans véritables adversaires déterminés et organisés, ils se paient le luxe de la franchise. Parfois jusqu’au cynisme [3]
Ainsi, dans un rapport de 128 pages traitant de vieillesse et de maladie, pas une fois la Sécurité Sociale [4] n’est évoquée. Non, car on a une idée bien plus moderne, bien plus efficace, et surtout beaucoup plus juteuse pour les patrons d’Axa, et autres Méderic Prévoyance : (Proposition n° 12 ) « Rendre obligatoire dès l’âge de cinquante ans, la souscription d’une assurance perte d’autonomie liée à l’âge et assurer son universalité progressive par la mutualisation des cotisations et la création d’un fonds de garantie » en maintenant « à titre transitoire une prise en charge publique, en attendant que l’assurance dépendance puisse se substituer au régime actuel de l’allocation personnalisée d’autonomie. »

En bref, il s’agit d’organiser ni plus ni moins que le racket des salariés — supposés dans le futur vieillir plus que de raison — par les assureurs.

La solidarité générationnelle : vieille lune ! La solidarité tout court, c’est dépassé ! Fini. Soyons modernes. Le slogan de Thélem assurances, une société d’assurances récente implantée dans le Loiret est au diapason du nouvel état d’esprit de tous ces braves gens : « Pourquoi payer comme un malade quand je ne suis pas malade ? » demande un jeune crétin, l’air pas content. Pourquoi payer pour les vieux alors que je suis jeune ? Hein ? Les vieux, qu’ils se démerdent. « Mon assurance santé comme je veux ! »

Et quant aux vieux pauvres, qu’ils crèvent.

[3cf. P. Le Lay déclarant que le métier de TF1 est de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau disponible. On ne peut guère être moins dissimulateur.

[4Dont on dit qu’elle va mal. Pour noyer son chien, Sarkozy lui inocule d’abord la rage. Exemple : la seule exonération de cotisations des heures supplémentaires a représenté un manque à gagner de 5 milliards pour la Sécu. On estime à 200 milliards d’euros la perte, pour les caisses de la Sécurité Sociale, suite aux diverses mesures d’exonérations mis en place par les gouvernements de droite et de gauche depuis 1991. Source : Jacques Cotta, Riches et presque décomplexés, , Fayard, 2008


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commentaires
Les vieux, « combien ça coûte ? » Trop cher ! - Eulalie - 6 novembre 2010 à 00:15
Les vieux, « combien ça coûte ? » Trop cher ! - Eulalie - 5 novembre 2010 à 23:31

Après Sevriena, Kalivia


Santé, travail - Eulalie - 6 novembre 2010 à  14:34

Ah ben oui, avec des lunettes Kalivia, c’est vrai, ça va beaucoup mieux, j’y vois juste un peu plus clair. Merci Guillaume. Alors, Malakoff-Mederic investit également dans la santé au travail. Ca s’appelle " l’approche 360 degré, Mesure management Santé".

Ben oui, parce que faudrait quand même pas que les travailleurs continuent à se suicider les uns après les autres. Le mieux, c’est de les soigner psychologiquement de l’intérieur de l’entreprise " Tu es malade, parce que tu n’adhères pas complètement au projet. Adhère et tu verras, tout ira mieux. La liberté qui sommeille en toi est contre-productive, elle te fait du mal. C’est ça qui te rend malade, te fait souffrir. C’est parce que tu résistes que ça ne va pas. Regarde les autres comme ils vont bien, ils adhèrent, ils ne contestent pas, ils ont bien compris que ce n’est dans leur intérêt, ni dans celui de la société. Ainsi, ils sont compétents. Toi, je trouve qu’en ce moment, tu as une petite baisse de compétences. Il faudrait que tu reconnaisses cette baisse de compétence par écrit, que tu t’auto-évalue, sur une lettre, qui bien sûr, ne restera qu’entre nous, dans le service psy-santé au travail. Tu verras, ça fait du bien, et ça te permettra de mieux cerner ta problèmatique. Réfléchis-y bien, et ramène la moi, disons, la semaine prochaine. On en discutera. Allez, courage, à la semaine prochaine Machine. "

Répondre à ce message #30002 | Répond au message #29997
Santé, travail, fonds de pension - Eulalie - 7 novembre 2010 à  07:56

Patrick Harlay, administrateur CFDT de Malakoff Mederic ", sur l’épargne retraite : «  soit c’est nous qui le faisons, soit ce sont des assurances privées. Pourquoi on laisserait le terrain à d’autres ? »

C’est vrai ça, pourquoi ? après tout, la retraite, la santé, le travail, ce sont des parts de marchés comme les autres ! Pourquoi don qu’on s’gênerait ?! disait le syndicaliste.

Répondre à ce message #30003 | Répond au message #30002
Les vieux, « combien ça coûte ? » Trop cher ! - Eulalie - 5 novembre 2010 à 22:18
Les vieux, « combien ça coûte ? » Trop cher ! - Eulalie - 5 novembre 2010 à 21:10
Les vieux, « combien ça coûte ? » Trop cher ! - B. Javerliat - 27 septembre 2010 à 21:14

Cette technique qui consiste à faire payer les vieux plus que les jeunes est en fait très répandue dans les mutuelles. Autant "Thélem assurances" y va franco avec son slogan « Pourquoi payer comme un malade quand je ne suis pas malade ? », d’autres sont plus pervers en essayant de faire croire que « c’est pour le bien de la collectivité ». La pub de France Mutuelle, qui passe actuellement à la télé, propose exactement la même chose, c’est à dire un remboursement partiel de votre cotisation si vous n’êtes pas malade dans l’année. Dans le film, la "jeune" se fait rembourser un maximum, le "vieux" l’a dans l’os et paye plein pot, et celle entre deux ages ne se fait rembourser qu’une partie. Et de conclure « quand on fait attention à ses dépenses de soin, on contribue à leur maîtrise, au profit de tous ». Bref une pub de droite (chacun pour sa gueule), une pub de gauche (il faut penser aux autres), mais le même résultat : abandon de la mutualisation qui consite à ce que chacun cotise en fonction de ses moyens et que chacun reçoive en fonction de ses besoins. Une espèce de bonus-malus sur la santé est en train de se mettre en place...

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