Rencontre avec Blier dans un vestiaire

dimanche 25 septembre 2011 à 11:28, par Mercure Galant

Voici près de quinze ans que l’atelier du Grand Chariot trace son chemin de théâtre à Bourges. Cette fois c’est dans un vestiaire que la troupe a souhaité entraîner son public. Non pas pour évoquer - coupe du monde oblige - une éventuelle troisième mi-temps de match de rugby, mais plutôt avec l’intention de faire découvrir sous un jour nouveau, les dialogues du réalisateur Bertrand Blier.

Le décor est sobre : un fond noir, une table, un banc et quelques chaises avec, en guise d’introduction, le tube de Scorpion, « Still loving you », en fond sonore …

Rencontre avec Blier dans un vestiaire

Un groupe de femmes assises fait des commentaires en contemplant les hommes qui passent dans une rue imaginaire.

Dans la scène suivante, alors que Mike Brant se met à chanter Laisse-moi t’aimer, une femme acariâtre invective son mari qui reste silencieux et abattu mais semble toujours éperdument amoureux.

Peu à peu, dans le vestiaire d’une entreprise, l’intrigue se dévoile à travers les discussions que les ouvrières engagent au moment de la pause… La femme de la dispute veut éliminer son mari. Ses collègues de travail se cotisent pour payer cet assassinat. Après négociation, deux tueurs acceptent la besogne. Les paroles de la chanson J’attendrai ton retour de Rina Ketty, résonnent comme un douloureux rappel pour certaines de ces filles qui - étant jeunes - attendaient au bal « les mecs les plus cons », avaient « hâte d’être en cloque », puis se faisaient « larguer avant de passer le reste de leur temps à payer l’ardoise de la connerie ! » Chacune de ces ouvrières envie, au fond, celle qui a décidé de passer à l’acte. Une fois le crime accompli, toutes voudront participer au partage macabre du corps qui doit disparaître…Franche rigolade, lorsqu’il s’agit d’attribuer à chacune d’entre-elles les morceaux de choix...

Dans la scène finale, un homme d’humeur maussade (l’un des tueurs ?) est assis à une table face à son épouse qui le questionne : « On dirait que tu es en visite ! »
 « On est tous en visite. On fait tous un peu de tourisme ! », rétorque-t-il avant de partir. Il quitte sa femme, tandis que Mike Brant se remet à chanter …

Dans cette pièce, les répliques choisies de Bertrand Blier, sont souvent truculentes et savoureuses, notamment la reprise du célèbre dialogue surréaliste extrait de « Préparez vos mouchoirs » sur Mozart et « le mec à la clarinette » : Gervase de Brumer. Mais sous l’apparente drôlerie, force est de constater que les thèmes abordés sont terriblement sérieux : la routine du quotidien, la condition ouvrière, la condition féminine, le couple…

Le metteur en scène, Dominique Tchoryk, de la compagnie des transports imaginaires, admet volontiers que les amateurs qui fréquentent l’atelier jouent avant tout ce qu’ils sont. Ces comédiens occasionnels présentent ici avec simplicité - mais non sans fierté - le fruit d’un an de travail et de répétitions. Et peu importe si le jeu des acteurs n’est pas parfait. Peu importe si certaines répliques sont parfois bredouillées, oubliées ou transformées. La plus grande qualité du projet réside ailleurs. Le public ne s’y trompe pas, qui vient pour partager un instant d’émotion véritable. C’est bien de rencontres humaines dont il s’agit. De ce genre de rencontres qui font la force du théâtre du Grand Chariot depuis quinze ans.

Les répétitions de l’atelier de théâtre du Grand Chariot ont lieu tous les lundis au centre social de la Chancellerie. Elles sont gratuites et accessibles à toutes les personnes sans emploi ou en situation précaire qui souhaitent y participer, grâce au soutien du conseil général du Cher.

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