« Quel est le candidat à la présidentielle qui à ce jour remplit les salles les plus grandes ? Et bien il ne s’agit pas forcément d’un de ceux auxquels on pense et qu’indiquent peut être les sondages, c’est Jean-Luc Mélenchon » C’est pas moi qui le dit, c’est… Pujadas ! Et d’ajouter : « Ses meetings tonitruants font vibrer les foules » Il a fallu se pincer mercredi soir au 20 heures de France 2 pour être sûr qu’on ne rêvait pas. La preuve en images :
Quand on connaît l’inimitié qui oppose Pujadas à Mélenchon depuis cette fameuse vidéo, on imagine ce qu’il a dû en coûter au plus zèlé des chiens de garde pour cracher cette phrase ! Et le meilleur, c’est quand même le reportage : que des louanges, même pas une peau de banane à la fin. Et tout ça devant des millions de téléspectateurs.
Et bien évidemment, par un réflexe pavlovien, la presse papier enchaîne : « Mélenchon roi des meetings » pour Le Parisien. « Mélenchon progresse à coup de meetings » pour le Nouvel Obs. « Jean-Luc Mélenchon fait salle comble à Villeurbanne » pour 20 Minutes Quant à Alain Duhamel, celui qui n’avait pas vu venir Ségolène Royale en 2007, il veille à ne pas refaire la même connerie en 2012 : « Aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon, il est grandiloquent, il est provocateur, il est outrecuidant, même très souvent méprisant, mais c’est le meilleur orateur de la scène politique française. Et je n’ai pas le souvenir d’un orateur tout droit sorti du milieu du XIXe siècle comme lui, mais qui arrive à emballer littéralement non seulement les salles, mais même les studios de télévision. » N’en jetez plus, la cour est pleine. Y’a guère que Calvi qui résiste encore. Mais ma main à couper que ça ne va pas durer…
Mais il ne faut pas oublier que tous ces chiens de garde du système font là où on leur dit de faire. Et qu’un tel unanimisme ne peut être le fruit du hasard ou d’une conversion aux thèses du Front de Gauche. Ils font ça parce qu’ils en ont reçu l’ordre. Il ne vous est pas étranger que Sarko est au plus mal dans les intentions de vote, et qu’il est donné battu à plate couture en cas de second tour contre Flambi. Jusque là, la stratégie de Sarko consistait à favoriser un score canon du Front National pour refaire le coup de 2002, avec un second tour idéal Sarko-Le Pen, ce qui lui garantissait la réélection. Sauf qu’entre temps le FN s’est dégonflé. N’est pas Jean-Marie qui veut, et Marine n’arrive pas à la cheville de son père. Les fachos n’apprécient pas du tout d’être dirigés pas une femme, et les coups de boutoir de Mélenchon qui déconstruit meeting après meeting l’imposture Le Pen portent leurs fruits.
Bref, Marine Le Pen devient le mauvais cheval de la division pour Sarko, il est temps de la lâcher. C’est simple, il suffit de l’empêcher d’avoir ses 500 signatures. C’est en bonne voie. Et récupérer les voix du FN n’est pas difficile, il suffit d’envoyer Claude Guéant. Reste à semer la division dans le camp d’en face. Et qui est à même de pouvoir le faire ? Ben… y’en à qu’un : Mélenchon. Il faut donc tout faire pour que Mélenchon progresse. Je serais pas étonné qu’il grimpe dans les sondages dans les jours qui viennent.
Voir le candidat du Front de Gauche progresser dans les sondages sur ordre de l’Elysée ne manquerait pas de sel. Ca ne ferait que rétablir la probable réalité des choses : Mélenchon est bien au dessus que ce que lui promettent les sondages jusque ici. Sauf qu’empêcher Le Pen de se présenter peut avoir des conséquences imprévisibles et pas forcément sympa. Empêcher le FN de se présenter à la présidentielle par un artifice de bas étage devrait provoquer un élan de colère fort peu contrôlable. Sarko devrait bien réfléchir avant d’allumer la mèche. Ca pourrait bien lui péter à la gueule, et à nous aussi par conséquent. Transformer le FN en martyr serait une catastrophe. Mieux vaut le laisser se prendre une tôle dans les urnes…
Mélenchon roi des meetings
- Mister K
- 11 février 2012 à 15:57
Bon, on continue de bouffer du Mélenchon en lisant l’Agitateur :-) Je crois que l’on va finir par avoir une indigestion...
Bon, autant le dire, je n’adhère absolument pas à ce qui est dit dans cet article. Mélenchon a du succès, tout le monde le reconnait, y compris les journalistes. Rien de scandaleux.
Mais il ne faut pas oublier que tous ces chiens de garde du système font là où on leur dit de faire. Et qu’un tel unanimisme ne peut être le fruit du hasard ou d’une conversion aux thèses du Front de Gauche. Ils font ça parce qu’ils en ont reçu l’ordre.
Est-ce qu’il est forcément obligatoire d’être insultant avec les journalistes ? Ok, comme dans toutes les professions, il y a du bon et du moins bon. Mais globalement, les journalistes tentent de faire leur boulot honnêtement. La thèse du complot est grotesque. Les journalistes ont simplement trouvé un bon client donc ils le montrent, rien de plus. C’est un réflexe professionnel, les journalistes radio ou télé préfèrent donner la parole à des gens qui sont à l’aise pour s’exprimer plutôt qu’à des gens qui ont du mal à aligner une phrase correcte. Ok, si Mélenchon fait un bon score, cela peut potentiellement arranger Sarko. Mais bon, c’est une élection, chacun joue sa partition. Voir des complots partout est absurde. Et si Mélenchon progresse dans les sondages, c’est que son discours passe et qu’il y a adhésion à son discours à gauche, rien de plus. Il suffit de discuter autour de soit pour constater qu’à gauche, il a la côte. Ce n’est ni grâce, ni à cause de Sarko ou des journalistes, c’est seulement lié à sa campagne qui pour l’instant est très bonne, il faut le reconnaître.
Ce qui me dérange dans cette insulte permanente au journalistes, c’est que c’est le même discours qui est ou a été tenu coté FN. Ce sont les mêmes ressort. Le système (journalistes compris) serait contre Mélenchon comme il aurait été ou serait contre le FN et Le Pen. Il faut arrêter avec cela. Les journalistes font partie de notre démocratie, ils en sont un élément important. Et si Mélenchon a la parole aussi largement, c’est grâce au supposé système...dont d’ailleurs il est issu.
Quand à Le Pen, on sait tous qu’elle finira par avoir ses signatures si elle ne les a pas déjà. Le contraire serait grave. Donc, pas la peine de jouer son jeu en relayant un discours déjà entendu.
Mélenchon roi des meetings
- bombix
- 11 février 2012 à 09:13
Plusieurs remarques :
1. si les médias disent que Mélenchon est le "roi des meetings", n’est-ce pas parce qu’ils le constatent d’abord ? Le grand art de la propagande, c’est de mentir en disant la vérité. Ce n’est pas de cacher systématiquement ce que tout le monde peut voir ou constater. Donc la démonstration fait un peu plouf, et relève d’une certaine paranoïa un peu pénible.
2. Au mois de janvier j’écrivais : « Il plaît aussi à Sarkozy qui a bien besoin d’un Mélenchon pour tailler des croupières à Hollande. A cet égard, les médias sous contrôle lui font jouer le rôle qu’ils faisaient jouer à Besancenot auparavant. La question qui se pose est de savoir s’il pique des voix à Sarkozy ou à Hollande ; s’il est un concurrent du candidat de droite ou du candidat de "gauche" (les guillemets sont ici nécessaires) [...] Il me semble que le pari de Mélenchon, c’est de se rendre incontournable en dépassant les 10 pions. Alors, la "gauche" devra compter avec lui. Le problème, c’est : est-ce que la "gauche" aura alors gagné ou non le pouvoir ? Si non, Mélenchon aura pt être gagné son pari, mais sa victoire aura l’amer goût des victoires à la Pyrrhus. » A cette époque, je fus taxé de propagandiste du vote futile. Satisfait quand même de voir mes arguments recyclés aujourd’hui.
3. On a l’habitude dans le parti d’extrême droite de ce genre de cirque, même si là ça semble un peu plus sérieux que d’habitude. Par ailleurs, il faut souligner aussi que si Le Pen n’a pas ses signatures, c’est aussi un problème du côté du FN. Une bonne partie de la vieille garde en veut à « l’héritière », et ne l’aide pas trop, ne fait pas jouer ses réseaux. Comme souvent en politique, le comploteur a de sérieux alliés dans le camp de son adversaire ; ou pourrait on dire, de son compétiteur, tant le discours de Sarkozy s’est rapproché de celui du Front National.
4. Parier sur l’effondrement de Le Pen, et voir en Mélenchon son principal artisan, c’est aller un peu vite en besogne. C’est d’autre part souligner la gémellité des candidats qui chassent sur les mêmes terres (et avec le même style ?) Jeu dangereux.
5. "L’artifice de bas étage" (500 signatures publiques d’élus) n’a jamais été remis en cause par la gauche quand elle était au pouvoir, quand M. Mélenchon était au pouvoir, ou y participait. D’autre part, comme républicain, Mélenchon respecte la loi. Mais alors toutes les lois, pas seulement celles qui l’arrangent au moment où ça l’arrange. Si Sarkozy profite de l’iniquité des institutions — après tout, il joue sa carte, et en toute légalité —, on devra s’interroger aussi sur ceux qui lorsqu’ils en avaient le pouvoir, n’ont rien fait pour corriger ces iniquités.
Mélenchon roi des meetings
- B. Javerliat
- 11 février 2012 à 10:36
1. Evidemment que les medias ne diraient pas que Mélenchon remplit les salles si c’était pas vrai. Sauf que ça n’est pas nouveau, et que l’on peut s’interroger sur la simultanéité de cette découverte tardive par les médias. Si on est optimiste, on peut se dire que ça vient du côté moutonnier de la presse, où chacun s’empresse de dire la même chose, de peur de passer pour un con en ne racontant pas la même connerie que les autres. Sauf que la mèche est partie du service public. Dire que ce qui se dit au journal de Pujadas est “suggéré” par la direction de la chaine n’est pas de la parano. Pas plus de rappeler que depuis 2010, les directeurs des services publics audivisuels sont nommés directement par Sakozy, justement en prévision de l’élection de 2012.
2. Pour moi, il n’y a pas dilemme. Mélenchon est un concurrent de Sarkozy ET de Hollande, qui sont l’envers et l’avers de la médaille néolibérale. Quand Hollande dit que son ennemi c’est la finance, et quand dans le même temps, loin du regard des électeurs au parlement européen, ses amis du Parti Socialiste Européen ne votent pas contre le Mécanisme Européen de Stabilité, on en a une nouvelle preuve.
3. C’est ce que j’ai dit
4. Pour pouvoir “souligner la gemellité” il faudrait qu’elle existe. Et elle n’existe pas ailleurs que dans “les médias sous contrôle” Et Melenchon est bien le seul candidat de la gauche républicaine a attaquer de front l’imposture du FN
5. Je ne comprends pas « comme républicain, Mélenchon respecte la loi. Mais alors toutes les lois, pas seulement celles qui l’arrangent au moment où ça l’arrange. »
Concurrent ET concurrent
- bombix
- 11 février 2012 à 12:53
Il ne faudrait pas non plus que l’arbre de la presidentielle qui cache la foret des legislatives cache l’arbre des municipales de 2015
Mettre ensemble, pour la compréhension du jeu électoral, les présidentielles et les législatives, qui ont lieu à quelques semaines d’écart, et qui sont conçues expressément pour fonctionner ensemble pour éviter une nouvelle cohabitation (merci Jospin/Chirac), ce n’est ni gratuit, ni inepte. D’ailleurs, à lire les forums ça et là, il me semble que M. Camuzat y pense un peu ...
Je ne suis pas un farouche opposant au FdG. Je ne suis pas afficionado, c’est tout. Quant à savoir ce que je ferai le 22 avril, ma foi, ça ne regarde que moi, et je n’ai pas besoin de conseils à ce sujet. Quant au discours "Qui n’est pas mon ami est mon ennemi", il exhale des remugles un peu nauséabonds ...
Concurrent, mais fraternel
- Eulalie
- 11 février 2012 à 15:21
Concernant les Assemblées Citoyennes, je me rappelle qu’au moment des manifs des retraites, ça existait déjà sur le net. Politiquement, ça faisait le lien entre les manifs contre les retraites, la constitution d’Assemblées citoyennes pour la constitution d’une VIe République. Monsieur Javerliat, vous aviez trouvé le site et vous ne saviez pas d’où ça venait, car ce n’était pas "signé. Et moi non plus d’ailleurs, et je m’en méfiais, car je ne vois pas le rapport direct entre les retraites et la VIe république. Toujours aux manip les stals. Ca, de l’education populaire ? mon cul.
Monsieur Javerliat, vous dites que ce sont les gens de gauche qui critique le plus Mélenchon. Je sais que personnellement dès qu’un "truc" de gauche me "plait" je m’en méfie, parce que justement je suis de gauche, et que je suis donc la plus à même à être béate, lou ravi..... Je crois "par expérience", (hum... toute proportion gardée) que c’est surtout de son propre camp qu’il faut se méfier, donc critiquer. Bien plus que de l"ennemi", car la cause de la "guerre" est acquise depuis longtemps. Les stals ne sont pas mes ennemis (j’en respecte bien des hommes et femmes) , mais je ne supporte pas leur méthodes. Et ils sont là, toujours là, avec leur petites pratiques bien rôdées....
merci Bombix pour votre lien " Coquerel est à la manoeuvre", je m’en doutais un peu.....
