L’était chouette ma centrale du bord de mer !
Ça ne fait pas le "buzz" sur fesse-bouc, et ça passionne moins les foules que les exploits sudoripares de nos basketteuses aux jeux olympiques : nos amis belges ont de sérieux ennuis avec leurs centrales nucléaires. À la suite de banals contrôles, on vient de s’apercevoir que les cuves de plusieurs centrales nucléaires, qui abritent leurs réacteurs, sont affectées de défauts graves. La révélation vient de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire belge le 7 aout 2012. Ces constatations ont été faites sur la centrale de Doel, près d’Anvers. Mais d’autres centrales sont sur la sellette, comme celle de Tihange. Par ailleurs, comme il s’agirait d’un défaut de fabrication, toutes les centrales nucléaires équipées de ce type de cuves — 22 dans le monde au total, dont 10 aux USA — sont potentiellement concernées.
On apprenait ainsi, dans La Libre Belgique du 18 aout, que Willy de Roovere, directeur général de l’AFCN, portait des soupçons sérieux sur Tihange 3 : "Il y a plus de 50% de chance que l’on découvre les mêmes écarts à Tihange. Je serais surpris que ce ne soit pas le cas", a-t-il déclaré à De Morgen. "Il craint les pires conséquences et estime donc que les 20 centrales ayant le même constructeur, le Hollandais Rotterdam Drydocks, réparties dans le monde, doivent absolument être fermées si des fissures y sont découvertes." Le 20 aout, c’est Eric van Walle, du Centre d’étude de l’énergie nucléaire (CEN), qui en remet une couche : "En réalité, tous les réacteurs de cette génération, dans le monde entier, peuvent présenter des anomalies."
Du côté du gouvernement belge, on s’agace et on peste contre ces Cassandre qu’on accuse de créer la panique. Des fissures par milliers dans les cuves qui protègent les réacteurs des centrales nucléaires, y a t-il de quoi s’affoler, j’vous l’demande ! D’ailleurs, au fait, à qui s’adresser pour le service après vente ? Rotterdam Drydocks a mis la clé sous la porte en 1996. Et maintenant : « Demerdeden sie sich ! » De toutes façons, une cuve de réacteur nucléaire n’est ni réparable, ni remplaçable. Pour l’instant, Doel 3 est arrêté.
Et chez nous ? Bah, il y a bien quelques petites fissures qui traînent par-ci, par-là, comme révélé par Greenpeace, à Tricastin par exemple. L’origine ne semble pas être la même, et le constructeur est différent. Du point de vue des conséquences, ça ne change pourtant rien : une cuve d’acier de réacteur nucléaire fissurée, c’est pas terrible pour la sécurité. Mais ce qui inquiète les Belges nous laisse de marbre. Le Français ne sait certes pas davantage réparer les fissures des cuves de ses centrales nucléaires que le Belge, mais il sait rester digne. Y a bien un Denis Baupin (EELV) qui s’interroge. S’il a cinq minutes, il pourrait en causer à Cécile Duflot. La cheftaine des Verts français n’est certes pas en charge du ministère de l’environnement, mais elle a quand même quelques responsabilités dans l’actuel gouvernement Ayrault.
Sources :
Soupçons sur les cuves de 22 réacteurs nucléaires, Le Monde, 09.08.2012.
Doel passera-t-elle l’hiver, La libre Belgique, 17.08.212.
"Plus de 50% de chance de fissures à Tihange", La libre Belgique, 18.08.2012.
van Walle : "Tous les réacteurs de Doel et Tihange sont potentiellement à risque", La libre Belgique, 20.08.2012.
Alerte de Greenpeace sur des fissures à Gravelines, site de France 3.
Nucléaire belge : les doutes d’un élu EELV sur les cuves françaises, L’usine nouvelle, 17.08.2012.