Omission
Notre journal préféré, dans un article du 17/11/2016, rendait compte de la Conférence de l’Enseignement supérieur dans le Cher qui avait lieu la veille au soir dans les locaux de l’Insa Bourges-Centre Val de Loire.
Animée par Patrick Barnier [1] l’assemblée s’est félicitée de l’approche imminente du chiffre de 5000 étudiants dans le Cher. Nombre qui dans les années passées faisait l’objet de marquage de singularités politiques entre l’ancien Conseil Général et Bourges Plus. Or, dans le dernier article du Berry, il semblerait que tout à coup ce chiffre fasse bizarrement l’unanimité entre tous les représentants de l’enseignement supérieur du Cher. Pas d’opposition. Normal, me direz-vous, puisque Bourges Plus et le Département, c’est la même équipe. Oui, certes. Mais pourquoi cette équipe s’est-elle donc soudainement alignée sur les aspirations de l’ancien CG, c’est-à-dire 5000 étudiants dans le Cher et non uniquement sur Bourges Plus ? Qu’est-ce qui a donc bien pu piquer la majorité locale pour calmer ses ardeurs en matière d’enseignement supérieur ?
C’est ce que ne nous dit pas le Berry, ni le Conseiller Départemental en charge de l’enseignement supérieur etc... et ni le Directeur académique d’Orléans-Tours des services de l’Éducation Nationale. La conférence sur l’enseignement supérieur fait juste une totale abstraction des gros soucis financiers de l’Université d’Orléans dont Bourges est une antenne pour certains établissements. Information de notoriété publique dans le Loiret et au-delà depuis début octobre 2016 mais toujours pas parvenue dans le bocage, selon toute apparence. Plusieurs articles de presse et reportages sont pourtant parus courant octobre sur ce déficit très important classant l’Université d’Orléans comme la plus déficitaire de France. Rien que ça.
Le montant de 12 millions d’euros a été annoncé médiatiquement. Mais c’est un chiffre à prendre avec précaution dans la mesure où l’inspection générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche n’a pas terminé son audit. L’actuel Président de l’Université charge principalement son prédécesseur de la responsabilité de cette insuffisance budgétaire mais les choses sont plus compliquées. Les raisons essentielles de la dégringolade du budget de cette université, cas qui n’est pas isolé et ni nouveau, sont la loi sur l’autonomie des universités et le passage aux responsabilités et compétences élargies. Les personnels et étudiants de l’IUT, l’Espé, l’Insa de Bourges et la quasi défunte Faculté de Sciences (déménagée aujourd’hui en partie sur le site de l’IUT et dont les anciens locaux sont désormais occupés par une nouvelle formation) s’étaient inscrits dans la mobilisation nationale contre cette réforme sous le gouvernement Sarkozy, en 2009. Faut-il préciser que l’actuel gouvernement n’est pas revenu sur cette loi ?
Donc, plus bas, quelques articles parus sur le budget de l’Université d’Orléans qui n’ont toujours pas trouvé écho ici, ce qui ne peut que questionner sur les raisons de ce silence ; situation budgétaire qui est non seulement à ramener au contexte national des Universités mais également à celui de son étendue géographique : Loiret, Eure-et Loir, Indre, Cher ainsi que le Loir-et-Cher et l’Indre-et-Loire pour ce qui est de l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation. Il faut aussi la replacer dans le cadre non négligeable de la Comue Léonard de Vinci qui n’en a plus que le nom :
On comprend peut-être mieux alors la subite modestie des ambitions annoncées pour le Cher : 28 étudiants seulement en plus pour la rentrée prochaine. Ce qui ressemble plus à une restriction, un point final qu’une prolongation. Même retenue en matière d’explications puisqu’il faudrait donc savoir lire entre les lignes du Berry et les déclarations du représentant académique lors de cette conférence. Y entrevoir des signes seulement déchiffrables par un microcosme local envoyés en direct de l’Académie, du Rectorat, de l’Université, de la Région, du Ministère de l’Education Nationale : "les études, c’est un marché comme les autres, non ? alors il y a des tensions, des indicateurs, des évaluations, des révisions à la baisse, de la compétitivité, des morcellements des connaissances, des enseignements à des fins productives hyper-spécialisées, des productions spécialisées hyper-enseignées, des morceaux produits spécialement finis, des finitions jamais produites spécialement, des spécialisations auto-produites à des fins enseignantes pour développer les compétences de tous sur le marché de l’emploi selon un processus et maillage territorial et national clairement déterminé par la prochaine lettre de cadrage et la feuille de route en cours d’élaboration qui nécessiteront de fait une montée en puissance de la rationalisation des structures protéiformes horizontales ainsi qu’une approche conjoncturelle et alternative des rapports verticaux qui ne peuvent qu’engendrer progrès, réussite, insertion, formation performative de tous nos étudiants et réduire au maximum les points aveugles des restructurations et mutualisations associées. Tout en pérennisant les équilibres déjà existants, bien entendu."
Thème d’une prochaine conférence sur l’enseignement supérieur et la recherche ? : "On peut appeler puce un éléphant mais il vaut mieux prévenir" (Jean Paulhan).
[1] 1. 8e Conseiller départemental du Cher à l’Enseignement Supérieur, la Recherche, l’Innovation- 2. 6e Vice Président de la Communauté d’Agglo Bourges Plus, à l’Enseignement Supérieur, La Recherche, L’innovation, et politique de la ville- 3. Président de la Société d’Economie mixte Territoria- 4. Président du syndicat mixte Touraine Cher- 5. Maire de Plaimpied Givaudin.
L’enseignement supérieur à Bourges :
– du management par une école privée prévue pour septembre 2018 : Berry du 15/12/2017
– une filière Staps pour la rentrée 2018, peut-être, et des suppressions de licences toujours peut-être :
Berry du 11/01/2018
Berry du 13/01/18
– de l’art, de l’architecture ?
Irène Felix du 6/11/2017
pub de Loïc Kervran de la future école privée de management sur son facebook : https://www.facebook.com/LoicKervran18/
Voir aussi le site internetde cette école dénommée "Collège de Paris", située à la Défense : " A partir d’échanges avec le Député Loïc Kervran, Olivier de Lagarde a souhaité investir dans sa région d’origine et déployer plusieurs programmes de formation dans le Berry. Avec le soutien de Bourges+, le Collège de Paris a donc ouvert un bureau à la pépinière d’entreprises Bourges Technopole à Lahitole au mois d’octobre." etc...
Le Berry républicain du 15/12/2017 affirme que cette "école"relève de l’enseignement supérieur. Ce qui est faux. Le "Collège de Paris "est une "école" qui délivre des titres et non des diplômes. Des titres professionnels de niveau à I à V reconnus dans le Répertoire National des Certifications professionnelles. (RNCP). Au mieux il "relève" du Ministère du Travail et de la formation professionnelle. Mais comme c’est privé, il ne relève d’aucun ministère directement. Ce "collège" joue lui-même avec les mots sur son site internet : il parle de Facultés, d’étudiants, de "Collège" donc, montre des jeunes gens avec le couvre-chef traditionnel des diplômés de fin d’études, etc... Mais c’est un institut privé de formations professionnelles. C’est 6000 euros l’année sauf si en alternance : "Coût de la formation (financement individuel) : 12 000 € sur deux ans. Financements possibles : prêt bancaire, dispositifs de financement de la formation continue, contrat de professionnalisation sous réserve de trouver une entreprise d’accueil." C’est sur leur site internet. Trois frères sont à la tête de cet institut : Olivier, Eric, Nicolas de Lagarde. Comment est-ce financé au delà des 6000 euros à l’année par les inscrits ? aucune idée. Des entreprises, certainement et notamment. Loic Kervran affirme dans un de ces twitters que l’arrivée de cet institut est bon pour je cite "le rayonnement" de Bourges. A vrai dire, on ne voit pas pourquoi : ce "Collège de Paris" est totalement méconnu, n’a aucun "rayonnement" particulier. A vrai dire on s’en fout totalement. Il ne s’agit pas du Collège de France, hein. Dans l’article du Berry Républicain, un des ses dirigeants dit être préoccupé par la vie étudiante à Bourges. Sauf que son école ne forme pas des étudiants mais des personnes en formations professionnelles.
Bien sûr, comme les universités publiques elles-mêmes ne parlent plus d’études mais de formations professionnelles, d’alternance, de formation continue on finit par pouvoir tout mélanger.
Un des points communs (en dehors du fait d’avoir fait Sciences Po et d’évoluer dans le monde de la finance) entre Loic Kervran et Olivier de Lagarde est le Liban : sur la fiche Linked de ce dernier on peut lire qu’il a été au Liban de 1998 à 2000 au sein de l’Agence Universitaire de la Francophonie. Certes, L. Kervran avait 16 ans à ce moment-là et devait certainement se trouver à Contres. Mais plus tard il sera co-auteur d’un livre en 2013 : Après leurs études à SciencesPo et à la London School of Economics, Olivier Marty et Loïc Kervran ont débuté leurs carrières dans le secteur financier. Ils suivent de près les questions internationales, qu’Olivier Marty enseigne à SciencesPo, les enjeux du Proche-Orient, et le Liban, auquel Loïc Kervran est particulièrement attaché." Il est donc actuellement en tant que député LREM : " Président du Groupe d’amitié France-Liban" et "membre de la section française de l’assemblée parlemantaire de la francophonie" au delà de sa mission principale qui est donc la Défense. La Défense, qui est donc toujours le "fleuron" industriel de Bourges et où le papa d’Olivier, Eric, Nicolas de Lagarde travaillait : Michel de Lagarde. Ancien ingénieur à la DGA qui fait actuellement des recherches sur l’armée américaine lors de la première guerre mondiale : Berry Republicain du 2/07/17. Lui-même fils de Hubert de Lagarde dont une rue porte son nom à Bourges. Donc un des autres points communs entre Loic Kervran et Olivier de Lagarde c’est la guerre.
Et Bourges+.
Correctif : Olivier de Lagarde n’a pas fait Sciences Po mais l’IEP de Paris.
sauf que l’IEP de Paris et Sciences Po c’est la même chose !
Loic Kervran : " Monsieur le délégué général pour l’armement, deux questions concernant DGA Techniques terrestres. Actuellement, les qualifications respectives des composantes feu et mobilité se déroulent sur des sites géographiques différents. Budgétairement et techniquement parlant, est-ce optimal ?
Par ailleurs, les tests de qualification dans le polygone de tir de Bourges semblent assez largement suspendus. Pouvez-vous faire le point sur cette situation ?"
Joël Barre, délégué général pour l’armement : "[...] J’en viens à la question concernant DGA Techniques terrestres. Nous avons en effet des difficultés à Bourges : il nous faut reprendre certaines analyses effectuées dans le cadre de nos études de sécurité du travail pour les rendre conformes vis-à-vis de la réglementation pyrotechnique. C’est ce qui a conduit mon prédécesseur à suspendre la réalisation des essais il y a déjà quelques mois. Nous avons cependant suffisamment avancé dans le réexamen des études en question pour pouvoir reprendre progressivement notre activité à partir de la mi-novembre. Un plan de convergence d’une durée de deux ans a été mis en place et permettra une remise à plat de l’ensemble des études de sécurité du travail de sorte que le centre de Bourges retrouve un niveau d’activité de pleine puissance.
Intervention du 18/10/2017 à la Commission de la Défense Nationale et des forces armées sur le site del’Observatoire citoyen de l’activité parlementaire.
d’où la question : comment se fait-il qu’un député dont la Commission permanente est la Défense soit intervenu en faveur de l’installation d"une institution privée de formations professionnelles en management ? habilement intégrée et comptée idéologiquement dans l’enseignement supérieur par les élus locaux, nationaux et par elle-même.
Quel rapport entre ce député et la formation professionnelle ? Quelles entreprises locales et au delà ont besoin des formations de cette x ième boîte à bachelors et titres, certificats +5 à 6000 euros l’année ? qui financent l’installation de cet établissement privé curieux ? et pour qui ? Pour les relégués de Parcoursup ? Pour ne pas financer les universités publiques et accélerer le développement de ces boites à faux masters ? A noter que le site internet du Collège de Paris prend bien garde à ne pas employer le mot Master, mais Ms : les dirigeants d’établissements privés qui emploient le terme de Master sans autorisation de l’Etat sont passibles d’un an de prison et d’une amende. Ms ne signifie rien. Mais embrouille tout de même les esprits. Par contre, ce "collège de Paris" n’hésite pas à se dénommer Université d’Excellence. Alors, employer le mot Université quand on en est pas une, c’est pas illicite ça ? ou ça serait i pas se foutre de la gueule du monde ? ça frôlerait-i pas l’escroquerie ça ? Mais non, mais non, notre député Loïc Kervran est un gars honnête d’HSBC, de LREM, gages d’intégrité, un jeune qu’a jamais fait de politique, un de la société civile, un petit lapin bien attentionné qui ne veut que le bien du Cher dont il est fan (de carottes) autant que du Liban. Il oserait jamais ramener des pipeurs de l’enseignement supérieur dans le coin.
Sur Bourges, dans ce qui est considéré être de l’enseignement supérieur (puisque l’Etat lui- même reconnaît ces boîtes à fric et/ ou à diplômes, certificats, titres, etc... comme faisant partie du système de l’ens. sup) on compte déjà un certain nombre d’écoles privées :
Hubert Curien (Centre de Formation Supérieure d’Apprentis) , qui a été initiée par la CCI en 1990 : qui passe par l’Insa pour pouvoir délivrer le diplôme d’ingénieur dans le Risque, la Qualité, l’Energétique. Elle donne également dans le management divers et varié à bac + 5. Mais sans Master puisqu’elle n’a pas la capacité à délivrer le diplôme. Ses foramtions sont gratuites et rémunérées puisqu’en apprentissage. Collège de Paris Vs Hubert Curien ? ou le "Collège" compte t-il racheté Hubert Curien ? une partie de leurs formations ?
Estacom (fondé par la CCi en 1990 et au même endroit qu’Hubert Curien, sur le dit "campus" de la CCI du Cher) qui donne dans le Bac+2 BTS, le Bachelor, du marketing et de la communication et du digital. 3900 euros.
Le Collège de Paris a donc d’ores et déjà installé à Lahitolle, sur la pépinière Bourges+technopole , un truc de bac+ 2 à bac + 5 qui s’appelle donc le Digital Collège dirigé par Eric de Lagarde, le frère des deux autres.
le CFA géré par la CCI et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat : qui va du CAP au Bac +3 dit Bachelor des CCI. En passant par le Bac Pro, le Diplôme Professionnel, le Brevet professionnel, la Mention Complémentaire, le certificat d’aptitude professionnelle, le certificat de qualification professionnelle, le Brevet Technique des Métiers, le BTS, le Diplôme professionnel Bac+2 dans des secteurs de métiers divers et variés. (+ la formation pour adulte).
l’IFSi institut de formation de la Croix Rouge : école d’infirmières et autres formations sanitaires et sociales.
+ les BTS des écoles privées confessionnelles.
Quant à Pigier, je crois qu’il n’y en a plus à Bourges.
Et j’en oublie peut-être. Ou ne les connait pas. Il n’y a aucun site sur Bourges qui répertorie tout le dit enseignement supérieur de Bourges et du Cher selon qu’il est public, privé, les statuts des établissements, ce qu’ils coûtent, par quels organismes, entreprises, procédés financiers et fiscaux ils sont financés ; la distinction et explication des titres, diplômes, certificats, etc... auxquels ces différents établissements préparent.
Tout ce qui est sûr c’est que quand les élus locaux parlent de chiffres en matières "d’étudiants" à Bourges ou dans le Cher, qu’ils situent donc proche des 5000 il faut se méfier de quoi ils parlent. Il n’est pas garanti du tout qu’il s’agisse uniquement de réels étudiants, c’est à dire, de personnes ayant le statut d’étudiant mais ausi de personnes en formations professionnelles. Et, il n’est pas garanti du tout qu’il parlent d’"étudiants" du public uniquement. Ceci dit au même titre que le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. De belles confusions sont entretenues à dessein et certainement aussi parce qu’ils n’en savent rien eux-mêmes. Ils s’en foutent. La preuve : quand une auto-proclamée Université de l’Excellence privée est annoncée à Bourges à 6000 euros l’année, à part Loic Kervran qui salue son arrivée parce que "ça rayonne", (le fric oui, on a compris, à LREM et HSBC c’est la manifestation du rayonnement universel par excellence) pas un seul élu ou politicien-ne locale ne s’en étrangle. Donc, il est fortement envisageable que tous les politiciens locaux aient agi d’une façon ou d’une autre en faveur de l’arrivée cette école qui fait encore plus financière et privée de chez privée (c’est à dire holding) que celles de la CCI : c’est le pompon celle-ci. Et bien sûr, très certainement avec l’aval de la Région Centre Val de Loire, le Rectorat, etc....
"Quant à Pigier, je crois qu’il n’y en a plus à Bourges." : Eh si, suite a une liquidation judiciaire en 2016, elle a repris . Tiens ? on y enseigne le management. Comme c’est original.
Et pour conclure sur le business model (et agile) de l’enseignement supérieur privé :
" La quête de la taille critique, et les dividendes des lois d’échelle sont devenus les axes directeurs de ces nouveaux acteurs. Economiste spécialisée dans ce secteur, Anne Vinokur livre son diagnostic : “L’enseignement supérieur privé offre un modèle économique intéressant pour les fonds d’investissement. Il fait partie des secteurs qui se placent en haut de fourchette en termes de retour sur capitaux investis. Vous en connaissez beaucoup, vous, des activités qui garantissent une rentabilité à deux chiffres ?” Cette spécialiste propose d’ailleurs une lecture toute personnelle de l’activité M&A de ce domaine ces derniers mois : “si Américains et Britanniques investissent en France, c’est avant tout parce que leur propre marché, déjà très structuré, est saturé. Alors qu’ici, il existe encore de nombreuses affaires à faire”
Le nouvel économiste du 19 octobre 2017.
Le contraire aurait été étonnant.
Enfin conclure sans citer la boss du secteur serait discourtois : Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur, en novembre 2017 à l’occasion d’un colloque de l’Union des Grandes écoles indépendantes (UGEI) : "Je compte sur vos écoles pour jouer un rôle important dans la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur. Le travail accompli par les EESPIG est bien éloigné de la caricature dans laquelle on met parfois le travail de l’enseignement supérieur privé ».
Pauvres écoles privées caricaturées, c’est trop injuste.
Le Média vient de publier un texte d’universitaires : Le Chat de Schrödinger, la tour d’ivoire et la marée de merde.
Extrait : " L’ère néolibérale ébranle tous les fondements de l’Université. Les savoirs disparaissent au profit de compétences, segmentées, découpables, évaluables ; les étudiants, devenus entrepreneurs d’eux-mêmes, sont supposés faire l’acquisition d’un stock de compétences grâce aux investissements consentis dans leur formation ; les universités se doivent en conséquence de devenir des usines à diplômer, garantissant la valorisation de ce capital de compétences ajustées à des filières préformatées par une fructification à venir sous forme d’avenir professionnel et des statuts et revenus correspondants. Le raisonnement, l’exigence intellectuelle et les savoirs sont alors frappés d’obsolescence puisqu’il s’agit d’acquérir technicité (l’archétype de la compétence technique : et compétences comportementales (“savoir être” et autres soft skills) théorisées par le néomanagement : confiance, empathie, intelligence émotionnelle, communication, gestion du temps et du stress, audace, motivation, présence, vision, etc. Le stock de compétences constituant l’individu lui-même en capital humain inclut, en plus de ces acquis, les aptitudes innées, le capital culturel hérité du milieu familial, le capital physique dûment entretenu par la pratique sportive, la capacité de prédation sexuelle, etc. Si la mutation de l’Université est aujourd’hui un tel enjeu politique, c’est que s’y joue la formation de l’individu social, intégrant les mécanismes de perpétuation du système."
Sur Orléans, appel intersyndical étudiant contre la sélection à l’université, la réforme du bac et du lycée. Dansles limites de l’appel national pour le 1er février.
Une autre façon de se faire du fric avec Parcoursup : 320 euros la prestation..
Pour ceux-celles que la réforme de l’entrée dans l’enseignement supérieur intéresserait, un texte de deux sociologues qui démontent les lieux communs, chiffres, méthodes, conceptions utilisés par le gouvernement (tous les gouvernements) pour justifier la sélection à l’université : qui démonte des constructions individuelles et collectives au nom d’un destin scolaire conçu comme écrit par avance. Parcoursup une réforme conservatrice ? de Sophie Orange et Romuald Bodin.
"au nom d’un destin scolaire conçu comme écrit par avance" : comme par exemple aller vers l’alternance plutôt qu’à l’Université, une fois refoulé de la sélection de Parcoursup, ou bien avant dès le lycée.
Le gouvernement, les syndicats, les régions, le Medef, la CPME sont en discussion actuellement sur la réforme de la formation professionnelle à venir dont l’accent est mis sur l’alternance (apprentissage et contrat de professionnalisation), chère aux Minsitres Pénicaud, Vidal, Blanquer (ayant été lui-même directeur de l’Essec, école privée pratiquant l’alternance depuis 1993) ainsi qu’au Medef, CCI, CFA Régions, etc.... ; cela permet aux Régions de créer des CFA qui sont les établissements qui gèrent l’apprentissage et les contrat de professionnalisation avec les CCI, les Chambres des Métiers et artisanat etc.... et accessoirement avec l’Education Nationale et l’Enseignement supérieur (il existe des CFA d’universités publiques, comme par exemple celui de la Région Centre Val de Loire) , tout comme il existe également des CFA d’établissement privé, comme par exemple à l’Essec).
Les financements de l’alternance (par le biais de la taxe d’apprentissage, de financement de l’Etat, autres) sont difficilement compréhensibles pour qui n’est pas dans la spécialité : mais ce qui est facilement compréhensible c’est que déployer des formations en apprentissage ne coute pas un rond à l’établissement de formation puisque c’est la Région et le CFA qui financent ; par exemple, dans le cas du Collège de Paris- ECEMA, ses frais de scolarité sont gratuits (au lieu de 6000 euros ) si l’inscrit se trouve une formation en alternance : ce serait donc la Région Centre Val de Loire et le CFA (lequel ? celui de la CCI de Bourges ou celui des Universités Centre Val de Loire ? ) qui financerait l’alternance de cette école privée. Ainsi que l’entreprise qui "emploiera" donc la personne en apprentissage. Mais qui bénéficie d’exonérations sociales, etc... "pour l’inciter à prendre des personnes payées en apprentissage. " A savoir que les entreprises choisissent également les établissements de formations en alternance avec lesquelles elles veulent faire de l’apprentissage (et des contrats de professionnalisations, dont la certification est celle de l’entreprise et non un diplome de l’education nationale, enseignement supérieur, etc... contrairement aux formations en apprentissage)
Autre exemple : Madame Felix propose que pour maintenir une Licence Pro à l’IUT elle soit fiancée par l’alternance afin de ne pas faire débourser l’Université pour le maintien de la licence pro en question : "Enfin, nous proposons : – que cette licence soit maintenue en formation par alternance pour ne rien coûter (ou très peu) à une université que nous savons en très grande difficulté financière."
En somme, les réformes du lycée, du bac, parcoursup, et celle de la formation professionnelle sont forcément articulées les unes aux autres : pour le(s) gouvernement(s) et patronat il n’y a pas de destin scolaire écrit qui tienne sans formations par alternance, que ce soit dans le privé ou le public, le secondaire ou le supérieur. Voire peut-être dès la fin du collège jusqu’au delà de 26 ans.
François Bonneau (Président de la Région Centre Val de Loire et Vice Président de l’Association des Régions de France, PS) dans "ce que demandent les régions" concernant l’apprentissage :
"Nous voulons que les choix soient faits avec une connaissance meilleure de l’entreprise et de la vie économique. Les jeunes ont souvent encore une vision à la Zola de l’entreprise alors que chaque emploi fait appel à plus d’autonomie et qu’une nouvelle organisation du travail est en place."
Les jeunes ont une vision à la Zola de l’entreprise ?!!!! mais quelle mouche peut bien les piquer ? quelle idée saugrenue ! où vont-ils chercher cela ? Le rapport Brunet qui définit la réforme de l’apprentissage préconise que les mineurs puissent travailler de nuit et + de 35h par semaine. On appelle ça une "levée d’obstacles juridiques au travail des mineurs" dans la nouvelle organisation du travail. Et "apprentissage, voie d’excellence".
Courroucée contre ses ennemis jurés le Medef et le gouvernement, la Région fait tourner une pétition titrée : "pour que nos apprenti.e.s ne deviennent pas une marchandise en Centre-Val de Loire !" Hyper crédible.
Et au passage, cette pétition a beaucoup recours aux adjectifs possessifs : nos, notre.
"pour les jeunes de notre territoire"
"C’est aussi la « première entreprise de notre région ».
"Dans notre région"
"nos jeunes"
"Nos grandes agglomérations et métropoles"
"TPE et PME de notre région"
"Parce que nous ne pouvons accepter que l’avenir de nos jeunes soit demain le fruit d’une marchandisation par le MEDEF " (notre loi travail)
et là, c’est l’apothéose :
"Mobilisons-nous pour défendre nos jeunes, nos CFA et nos MFR, nos entreprises et nos territoires."
Poignant.
Université ça doit être légal... rien que les partis politiques ont chaque année leur université d’été. Les universités de n’importe nawak pullulent...
oui, c’est certainement légal. Mais je ne trouve pas d’autres noms d’écoles privées du supérieur qui s’autoproclament université en dehors de cette "Université" "Collège de Paris". (et en dehors des écoles privées catholiques.) Le précédent gouvernement a publié une loi vers 2013 reconnaissant des établissements du supérieur privé, dits "non lucratifs" et "d’intérêt général" (subventionnés en partie+ frais de scolarité) en les labellisant par ce sigle vu dans un précédent post "EESPIG" (Enseignement supérieur privé d’intérêt général"
Ce qui questionne sur la définition, notion de "non lucratif" et "intérêt général" vues par l’Etat. Avec cette loi, l’Etat réussi à persuader qu’il y aurait des écoles privées à but lucratif et d’autres non. Comme si le privé était gratuit, public.
Le "Collège de Paris" appartient donc lui au réseau des écoles privées non labellisée EEPSIG par l’Etat (ca viendra sûrement un jour). Lorsqu’on va dans sa rubrique "partenaires" (qu’il divise en 4 sous-rubriques de façon très... disons... personnelle ) on en compte en tout 25 : des institutions privées complètement inconnues du grand public, des sigles à consonance en majorité anglo-saxonnes de l’Irlande au Maroc, en passant par le Vietnam, les Etats- Unis et j’en oublie + 36 enseignes commerciales bien connues. Ca épate la galerie. Mais qu’est-ce que c’est au juste que tous ces partenaires ? De quel(s) réseau(x)de groupe(s) commercial(aux) s’agit-il au juste ? Je ne sais pas. Sa vitrine est très complexe, très opaque. C’est vraiment du business avec tout ce qui va avec. On est bien en Macronie.
" Lorsqu’on va dans sa rubrique "partenaires" (qu’il divise en 4 sous-rubriques de façon très... disons... personnelle ) on en compte en tout 25 : des institutions privées complètement inconnues du grand public, des sigles à consonance en majorité anglo-saxonnes de l’Irlande au Maroc, en passant par le Vietnam, les Etats- Unis et j’en oublie + 36 enseignes commerciales bien connues"
+ 11 écoles membres dudit "Collège""Université". Qui se trouve donc à la Défense. Comme cette bonne vieille fac Pasqua....
quel bordel....
Alors, comme ça, le Collège de France va donc installer à Bourges en septembre 2018 une de ses écoles membres : l’ ECEMA (avec l’appui de Loic Kervran) qui existe déjà depuis 2003 à Lyon puis St Etienne.
L’Ecema a pour Président fondateur un certain Francis Marfoglia. Francis Marfoglia est ou était selon son CV sur internet : " professeur agrégé en philosophie au Lycée Demotz de la Salle", privé et catholique, dans le 74. Il a écrit un livre en 2004 "La modernité face au Christ »
Il est également, selon son CV, "chercheur associé à l’l’IRIé". L’Irié est l "’institut de recherche indépendant en éducation" de SOS Education. SOS Education est un lobby proche de l’extrême droite, Sens commun, etc....
J.M Blanquer leur avait accordé une interview lors de sa nomination mais qui a mystérieusement disparu du site de SOS Education. Lire l’article des Inrocks du 19 mai 2017 à ce sujet : "En cachette, la sulfureuse association SOS Education efface tous ses liens avec le nouveau ministre de l’Education nationale. Article toujours bien d’actualité.
Donc, l’ECEMEA, le Collège de Paris s’inscrivent bien dans cette mouvance d’installations d’écoles privées sur Bourges et ailleurs dont les réseaux financiers, financements, liens politiques sont puants. Et m’est avis qu’elles ont beau être privées et indépendantes, nous payons nous aussi pour leur installations. Bourges + les accueille à bras ouverts . Une part des deniers publics va forcément les aider à s’installer et à vivre.
J’ai pas trop peiné à trouver ces informations. En 5 minutes à peu près. J’ai mis longtemps à y arriver parce que je me suis d’abord intéressée à ce Collège de France qui n’est référencé nulle part, à part par lui-même (et un petit article du Parisien d’août 2017 qui annonce son installation à la Défense) Alors forcément, en 5 mn si un clampin comme moi peut trouver qui est à la tête de l’ECEMEA, les politicien-nes du coin en savent certainement plus. Mais toujours aucune réaction lisible sur l’arrivée annoncée de cette école.....
Lire Collège de Paris, pas Collège de France !
Et lire ECEMA et pas ECEMEA.
Sur la filière staps :
c’était sûr, ensuite pas gagné, et ouf, si, ça y’est, c’était certain. Puis finalement, non :
Berry des 11/01/et 13/01/2018
Puis :
29/01/2018 :
https://www.leberry.fr/bourges/education/2018/01/29/la-creation-de-la-premiere-annee-de-staps-a-bourges-officialisee_12718154.html
03/02/2018 :
https://www.leberry.fr/bourges/education/2018/01/29/la-creation-de-la-premiere-annee-de-staps-a-bourges-officialisee_12718154.html
Faut pas être cardiaque.
Article du 3/02 du Berry : le bon lien
Un an après, le landernau politique et journalistique berruyer commencent à "réagir" :
Irène Felix :
6/11/17 Enseignement supérieur à Bourges, une indispensable vigilance
11/11/17 : Menaces sur l’IUT de Bourges
Ca décoiffe.
Le Berry Républicain :
– 18/11/17 : La licence de droit à Bourges menacée (article rédigé par une journaliste de la République du Centre, Orléans) :
L’article du 6/11/17 sur l’ordre du jour du conseil communautaire du lendemain se concluait par : "Préparation d’une nouvelle convention avec l’université d’Orléans en 2018, la précédente étant arrivée à son terme (2014-2017), afin notamment de pérenniser l’antenne droit, économie, gestion.".
– 7/11/2017 : Bourges Plus, conseil communautaire, l’enseignement supérieur un sujet majeu : "Une ambition commune que Patrick Barnier perçoit, pour sa part, comme bien vivante et actuelle. « Je ne pense pas que l’engagement des collectivités ait diminué sur la question de l’enseignement supérieur. Mais nous entrons dans une période compliquée. Nous savons bien que l’Université d’Orléans connaît des difficultés ».
S’il n’y avait qu’elle...
Oui, tout cela est surréaliste. Le développement de l’enseignement supérieur, même s’il a connu quelques accélération dans les années 90, a toujours été très (trop) limité à Bourges et dans le Cher. Depuis les années 2000, ça stagne voir cela régresse. La crise de l’Université d’Orléans ne va pas aider. Le malheureux objectif de 5000 étudiants n’est toujours pas atteint. Rien n’a vraiment été réalisé pour les étudiants à Bourges. Des choix abracadabrantesques n’ont pas permis de créer une vie étudiante digne de ce nom. Des choses de base comme les transports en commun, resto ou bibliothèque universitaire sont trop limités. Qu’on le veuille ou non, les villes dynamiques en France sont obligatoirement universitaires avec l’esprit qui va avec. À Bourges, on n’a pas l’esprit qui va bien. On n’investit pas, on ne prend pas d’initiatives. Il ne faut pas s’étonner du résultat. Et on pourra toujours reporter la faute sur l’État comme n’arrête pas de le faire Pascal Blanc. La vérité, c’est qu’à Bourges, ça dort.
Bonjour Mister K,
Non, comme vous dites la situation financière de l’Université d’Orléans ne va pas aider. Par contre, elle aide beaucoup le gouvernement, ou les gouvernements successifs qui mettent les universités en concurrence et les gèrent comme des entreprises et veulent les voir fonctionner et les font fonctionner avec les entreprises, que ce soit au niveau de la recherche, des études (mot qui n’existe plus dans le vocabulaire universitaire, on ne parle plus que de formations, comme dans le vocabulaire du marché du travail. C’est à se demander pourquoi on emploie encore le mot "étudiant" puisqu’"études" n’existe plus) .
Un récent rapport de l’HCERES, créée à l’occasion de la LRU, rapport de mai 2017 sur l’Université d’Orléans, se réjouit, tout en la déplorant, de la dégringolade financière de cette université (des esprits mal tournés, dont je fais partie, pensent que cette dégringolade a été "laissée-faite" intentionnellement, par le Ministère, le Rectorat, etc... afin de pouvoir achever le projet de destructuration et restructuration de l’Université et ses antennes dénommés Centres universitaires (Indre, Eure, Eure et Loir, Cher, Indre et Loire pour un des établissements de l’Espé).
Extraits de ses conclusions et recommandations qui ne sont pas sans rappeler les phrases des politiciens, économistes, experts, journalistes, etc..... qu’on entend à longueur de journées, d’années sur les économies que la France fait en matière de service public, entreprises, salaires, salariés, charges patronales, etc... :
"Le défi majeur auquel est aujourd’hui confrontée l’UO n’est ni scientifique, ni pédagogique, il concerne
principalement son pilotage. L’établissement ne travaille pas encore totalement dans les logiques implicites aux RCE qui imposent de faire des choix, souvent difficiles, pour arriver à fonctionner et à se développer dans le cadre des ressources dont on dispose. Mais ce qui manque aujourd’hui à cet établissement c’est peut-être moins la capacité à faire des choix que celle de les éclairer par des données et des prévisions fiables sans quoi ceux-ci deviennent vite inacceptables."
RCE=Responsabilités compétences élargies=LRU=Universités=entreprises=pilotage, rationalisation, système d’information centralisé, etc...
"L’UO est aujourd’hui dans une situation financière préoccupante qui freine son développement et compromet
son avenir. Placé face à ses responsabilités dans le cadre des RCE, l’établissement doit faire face à plusieurs défis pour lesquels il devra trouver des solutions, principalement en interne, s’il souhaite retrouver des marges de manœuvre. Les leviers sur lesquels l’établissement peut agir aujourd’hui sont les suivants :
L’offre de formation par une indispensable mise en cohérence entre les moyens dont il dispose et la demande
sociale. Une réflexion sur le sens et la nature de l’offre de formation dans les antennes délocalisées paraît
incontournable.[...]
Le recentrage de la Comue sur la seule région Val-de-Loire et l’affirmation de l’axe Orléans-Tours, portent en germe de belles perspectives si toutefois les rapprochements s’approfondissent et si le soutien régional est maintenu.
La construction d’une l’identité commune et du sentiment d’appartenance à une même communauté, qu’elle
soit propre à Orléans ou plus largement régionale : Ce travail en interne, dans un établissement où l’esprit
facultaire est encore très présent n’est sans doute pas facile à réaliser. [...]. "
Le terme de faculté ayant également disparu du langage universitaire.
"II – Les points faibles :
● Une situation financière critique.
● Un système d’information très perfectible et un pilotage central balbutiant, résultant notamment d’une
culture « facultaire » encore très marquée et de données insuffisamment partagées.
● Une dépendance forte aux collectivités locales du fait de la multiplication des antennes.
● Une résistance à l’évolution des pratiques pédagogiques.
● Un lien formation-recherche beaucoup trop ténu pour guider une politique d’emploi et susciter des
synergies." [...]
"Simplifier l’offre de formation dispensée sur les sites hors campus principal et utiliser davantage les
ressources de l’enseignement à distance afin de réduire la dépendance aux aides locales."
"Encourager les personnels à porter des regards vers l’extérieur, à parangonner et à s’approprier de
bonnes idées et de bonnes pratiques inspirées d’autres établissements, français ou étrangers."
Parangonner. :-)
"Un parc immobilier conséquent et multi-sites qui doit être rationalisé
Le parc immobilier 55 de 233 770 m 2 réparti en 61 bâtiments 56 sur 7 campus 57 , s’il est actuellement dans un état satisfaisant, répondant aux critères de sécurité, représente une charge importante en dépense de fonctionnement. La nécessité de diminuer le nombre de locaux est une analyse partagée par l’ancienne et l’actuelle direction de l’établissement. Le schéma directeur immobilier prévoit une concentration des activités sur les sites par le regroupement de formations, la rétrocession des bâtiments libérés aux collectivités territoriales ou par la mutualisation de locaux avec des partenaires extérieurs. Cependant, le contrat de Plan Etat Région 2015-2020 ne reflète pas ce schéma directeur, mais prévoit au contraire de nouvelles surfaces (IUT, extension de bâtiment pour les activités sportives, etc.). Aucune fermeture de site n’est prévue dans ce schéma. Il serait pourtant raisonnable de s’interroger sur la pertinence du maintien de l’ensemble des sites.
L’implantation de sites d’enseignement supérieur représentant un enjeu de politique territoriale fort, les
collectivités contribuent directement en mettant à disposition des bâtiments et des personnels (24 au total), pour maintenir une offre sur leur territoire. La fermeture d’antenne est donc, dans ce contexte, un sujet sensible. Il apparaît à ce stade indispensable d’impliquer l’ensemble des partenaires dans la stratégie de regroupement des lieux de formations. En particulier, l’académie d’Orléans-Tours, en qualité d’autorité de tutelle, devrait accompagner l’université dans la recherche d’un modèle économiquement soutenable pour l’Espé, pouvant aller jusqu’à la fermeture de certaines antennes isolées et à faible effectif."
Chacun des établissements des centres universitaires des départements visés et pas forcément nommés par ce rapport s’y reconnaissent certainement. Tout comme les politiciens locaux les reconnaissent également.
Ensuite, chacun essaie de tirer son épingle du jeu de la mise en concurrence sur les territoires. Tout comme au niveau national les universités le font entre elles. Rien de bien nouveau. C’est un modèle économique. Un parangon.
La République du Centre du 25/11/17 : "Polytech et l’Université cherchent un terrain d’entente "
" Nous sommes dans un contexte très concurrentiel, donc si on avance moins vite, les autres passeront devant ".
"Si l’université reste sourde, ce serait l’expression de sa politique de ne pas soutenir son école d’ingénieurs et de privilégier d’autres formations."
Chacun voit midi à sa porte. "L’être humain a toujours vu midi à sa porte. Pourquoi est-ce gênant pour un scientifique ? Parce que ce « midi » empêche de connaître l’heure" Cédric Gaucherel, chercheur à l’Inra.
Que faire ? 1/4 d’octobre 2017
Billet d’une série de 4 du Groupe Jean-Pierre Vernant ( à propos : "Le groupe Jean-Pierre Vernant réunit 59 universitaires proches de la gauche de gouvernement, et exerçant les fonctions de Biatss, d’enseignant-chercheurs et de chercheurs dans les universités Paris 1 Panthéon Sorbonne, Paris 2 Panthéon Assas, Paris 3 Sorbonne Nouvelle, Paris 5 Paris Descartes, Paris 7 Denis Diderot, Paris 8 Vincennes Saint-Denis, Paris 10 Nanterre, Paris 12 Paris-Est Créteil, Paris 13 Nord et Paris-Est Marne-la-Vallée. ")
Extrait " Le néolibéralisme procède à un décalage fondamental dont tout découle : le marché n’a rien de spontané et seule la concurrence est à même de garantir la rationalité économique. L’essence du néolibéralisme, c’est donc la mise en concurrence des individus et des structures de sorte à créer du marché partout où cela est possible, dans chaque recoin de la société qui portait de la vie. Mettre en concurrence pour créer du marché, cela suppose incidemment de détruire méthodiquement toute structure collective, toute coopération entre les individus, au nom d’un rejet viscéral de toute planification raisonnée, saint-simonisme compris [7]"
D’autres réflexions sur l’Université.
Par exemples :
De Daniel Bensaïd :
"Faut-il défendre l’Université ? Entre contraintes marchandes et utopies académiques" de juillet 2009, dans la revue Contretemps.
Extraits :
Après l’adoption durant l’été 2007 de la loi LRU, dite d’autonomie des universités, nombre d’universitaires, choisissant d’ignorer le caractère orwellien de la rhétorique sarkozyste, ont complaisamment confondu le mot et la chose : en Sarkozie, l’autonomie, c’est l’hétéronomie ; et la loi Pécresse, l’autonomie contre l’autonomie : moins de pouvoir pédagogique aux enseignants, plus de pouvoir bureaucratique et administratif, plus de dépendance envers les financements privés et les diktats du marché. Il y a plus de dix ans, l’Areser dénonçait déjà la confusion entre autonomie concurrentielle et liberté académique : « L’invocation de l’autonomie des universités est devenue aujourd’hui une arme administrative pour justifier le désengagement global de l’État et pour diviser les établissements concurrents entre eux du point de vue de la distribution des moyens financiers »1.
...
Au lendemain de Mai 68, les ministères Faure et Guichard détournaient l’aspiration du mouvement contestataire au profit d’une « adaptation de l’université aux besoins de l’économie capitaliste » : « Les mots clefs de cette reconversion sont l’autonomie et l’autogestion. Il s’agit de réduire le “corps dans l’État”, qu’était l’université traditionnelle nantie de ses franchises, à une série d’unités associées aux économies régionales et de ramener le mouvement étudiant à un corporatisme provincialisé.
...
Le juriste Olivier Beaud a bien résumé le sens du texte ministériel : il contribue « à réaliser une lente mise à mort de l’université française parce qu’il aspire à transformer les universitaires en employés de l’université et en sujets des administrateurs professionnels »5. Sous couvert d’autonomie s’institue ainsi, comme dans la réforme hospitalière, une double hétéronomie autoritaire de l’université, envers l’encadrement administratif et envers la commande des marchés.
...
Guy Debord était catégorique : « Nous sommes bien d’accord : il n’y a pas pour nous d’étudiant intéressant en tant qu’étudiant ; son présent et son avenir planifié sont également méprisables »6
...
La plupart des étudiants ne se vivent plus aujourd’hui comme des « intellectuels en devenir », accumulant à l’université du capital symbolique. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles la mobilisation étudiante a été beaucoup plus massive en 2005 contre le contrat première embauche (CPE) qu’au printemps 2009 contre les mesures d’application de la LRU. Selon un collectif d’étudiants italiens, l’évaluation des études selon une unité de mesure du temps (le crédit européen ECTS) configurerait, un « idéal-type » d’étudiant7.
L’accélération et l’intensification des rythmes d’étude, l’introduction de classes obligatoires et la multiplication des cours, séminaires et examens, viseraient ainsi à « l’assujettissement disciplinaire au marché du travail et la réduction de la condition étudiante au statut de précaire en formation »8
...
Le processus d’assujettissement des études et des étudiants aux commandes du marché du travail s’est amorcé dès les années 1960 avec la première massification de l’université. La logique des métamorphoses universitaires est alors clairement perceptible : « Le rythme d’innovation technologique, la croissance constante des besoins de main-d’œuvre qualifiée mettent en relief le rôle de l’université et de l’école dans le développement des forces productives
...
« À mesure que se développe la grande industrie, la création de la richesse réelle dépend moins du temps de travail employé que de la puissance des agents mis en mouvement au cours du temps de travail, laquelle n’a elle-même aucun rapport avec le temps de travail immédiatement dépensé pour les produire, mais dépend bien plutôt du niveau général de la science et du progrès de la technologie, autrement dit de l’application de la science à la production »
...
Les réformes gouvernementales ont habilement essayé de présenter la loi sur l’autonomie comme l’émancipation d’un enseignement supérieur traditionnellement soumis à la tutelle d’un État jacobin centralisateur
...
La liberté académique, de ceux qui enseignent comme de ceux qui sont enseignés, ne se confond pourtant pas avec l’autonomie. Il peut y avoir autonomie sans liberté, et liberté sans autonomie.
...
Si la défense des franchises universitaires, parties prenantes d’un espace public critique, fait pleinement partie de la défense de libertés démocratiques de plus en plus menacées, « l’interruption de la continuité avec les espaces où l’ordre est assuré par les forces publiques » est très relative, dès lors que l’université reste un service public sous financement public.
L’alternative à cette dépendance consisterait à pousser jusqu’au bout la logique de l’autonomie financière, ce qui reviendrait à troquer une dépendance pour une autre.
...
Si de plus en plus d’enseignants et de chercheurs sont appelés à se vivre comme des salariés de l’entreprise universitaire, ce qu’écrivaient Bourdieu et Passeron à propos des étudiants vaut en effet pour l’ensemble de cette « communauté » imaginaire : « Plus proche de l’agrégat sans consistance que du groupe professionnel, le milieu étudiant présenterait tous les symptômes de l’anomie si les étudiants n’étaient qu’étudiants et s’ils n’étaient pas intégrés à d’autres groupes (famille ou partis) »17
...
Inversement, en essayant de faire avec réalisme la part des choses, l’Areser assignait à l’université la double tâche de former « des citoyens éclairés », mais aussi « des « travailleurs compétents » par « une vraie formation et de vrais diplômes ». Les auteurs reconnaissaient aller ainsi « sur le terrain de la politique au point même de [se] substituer, au moins sur le papier, aux instances exécutives et législatives et d’agir en législateurs ». Ils prétendaient certes y aller « très strictement en intellectuels autonomes. » C’était reconnaître l’hétéronomie du champ universitaire tout en revendiquant l’autonomie de l’intellectuel au nom de la scientificité de son travail pour soutenir la proposition d’une « autogestion rationnelle du système d’enseignement »20.
Ambition délirante, s’interrogeaient aussitôt les auteurs ? L’enfer libéral est en effet pavé des meilleures intentions démocratiques : quand les rapports de forces sont en faveur du capital, le patronat dicte les critères de la compétence et détermine la valeur des diplômes. L’autogestion rationnelle rêvée se transforme alors en cauchemar bureaucratique, sous la double tutelle de l’État et des marchés.
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Péguy opposait déjà le « dehors » de l’université, le vent du grand large social, à son « dedans » confiné poussiéreux. En 1968, nous voulions l’ouverture sur la société au nom du nécessaire passage « de la critique de l’université bourgeoise à la critique de la société capitaliste ». Avec la contre-réforme libérale et la détérioration des rapports de forces, cette ouverture à la vie est détournée en ouverture au marché.
En plaçant la source de la pensée critique et créatrice tantôt hors, tantôt dans l’espace universitaire, ils auraient ainsi contribué à perpétuer le tourniquet infernal « dedans/ dehors » au lieu de le remettre en cause. Ces oppositions entre l’intérieur et l’extérieur, la science et l’opinion, le travail et l’imposture, rejouent en effet à l’infini la scène originelle de la confrontation entre le philosophe et le sophiste.
...
Comme si les conservatismes, les effets idéologiques, les routines n’opéraient pas aussi « dehors », comme si « l’insurrection des savoirs assujettis » prônée par Michel Foucault ne pouvait éclater que du dehors, et comme si la production sociale des savoirs n’avait pas de multiples sources et ressources, dont notamment celles de l’université, à condition d’en contrarier pied à pied la logique dominante, en matière de programmes, de pédagogie, de division du travail.
...
Cet espace académique, insistait cependant Derrida, n’en doit pas moins subsister « symboliquement protégé par une sorte d’immunité absolue, comme si son dedans était inviolable ». La subtilité du « comme si… » permet d’esquiver la contradiction sans la surmonter. L’université idéale « à venir » « serait ce qu’elle aurait toujours dû être ou prétendu représenter, c’est-à-dire, dès son principe et en principe une cause autonome, inconditionnellement libre dans son institution, dans sa parole, dans son écriture et dans sa pensée ». C’est pourquoi cette idée doit « être professée sans cesse, même et surtout si elle ne doit pas nous empêcher de nous adresser en dehors de l’université ». Nous adresser pour donner, mais aussi pour recevoir ?
...
Dedans/dehors, on n’en sort pas ! Car c’est à sa frontière incertaine « que l’université est dans le monde qu’elle tente de penser ». C’est donc, ni dedans ni dehors, mais « sur cette frontière qu’elle doit négocier et organiser sa résistance. Et prendre ses responsabilités. Non pour se clore et pour reconstituer le fantasme abstrait de souveraineté, dont elle aura peut-être commencé à déconstruire l’héritage théologique ou humaniste, si du moins elle a commencé à le faire. Mais pour résister effectivement en s’alliant à des forces extra-académiques »23. Car « l’université sans condition ne se situe pas nécessairement ni exclusivement dans l’enceinte de ce qui s’appelle aujourd’hui l’université » : elle « cherche son lieu partout où cette inconditionnalité peut s’annoncer ».
« Avec l’effondrement de ce lieu de concurrence et de mise en question des savoirs qu’est encore l’enseignement supérieur, c’est une forme irremplaçable d’esprit critique et civique, d’esprit civique critique qui viendrait à disparaître, atrophiant toute réflexion générale capable de passer les limites des spécialisations disciplinaires et des compétences économiquement fonctionnelles, et enlevant à toute une partie de la jeunesse cette part de distance critique à son destin social qui est la condition d’une vie culturelle éclairée et d’une participation active à la démocratie. »
+ Libération, 29 juin 2015 : L’université française dans l’ère de la précarité néolibérale
+ Slate du 14.02.2016 présentant le livre de Christophe Granger : La destruction de l’université française
etc... Ce n’est pas ce qui manque.
Une conférence sur l’Université, à Montréal :
Éric Martin : "Le développement d’une ’World-Class Teaching Profession’"
"Cette communication a été enregistrée le 9 mai 2017 à l’occasion du colloque "Les transformations actuelles des universités", organisé par la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) et le Syndicat général des professeurs et professeures de l’Université de Montréal (SGPUM), lors du 85e Congrès de l’ACFAS à l’Université McGill. Éric Martin est professeur de philosophie au Collège Édouard-Montpetit. Résumé : Notre proposition est d’étudier les transformations de la fonction professorale alors que celle-ci est appelée à se reconfigurer pour correspondre à la globalisation universitaire, elle-même liée à la globalisation du capitalisme financiarisé. Ces dernières années, sous l’impulsion des grandes institutions économiques internationales, notamment la Banque Mondiale et l’OCDE, on a favorisé la création d’universités dites de « classe mondiale (world-class) ». Ces grandes universités de recherche se conçoivent moins comme des institutions, et davantage comme des organisations d’innovation internationales qui, par-delà les frontières nationales, cherchent à concentrer des ressources financières élevées et à attirer les chercheurs et étudiants les plus performants. En conséquence, le professeur et sa profession sont de plus en plus appelés à être pensés comme des producteurs de recherche « de classe mondiale » devant être évalués en fonction d’une « qualité » pensée depuis l’international. Ceci vient redéfinir l’excellence académique, qui est moins basée sur la possession d’un savoir disciplinaire et davantage axée sur la capacité du professeur à générer son propre financement, lequel dépend lui-même de la capacité du professeur à arrimer son travail de recherche aux critères de pertinence et aux « besoins » définis par des « partenaires » économiques externes et autres « stakeholders ». Les professeurs sont même encouragés à engager eux-mêmes des activités commerciales et à développer des entreprises dérivées (spin-offs) à partir de leurs recherches. Tout un système d’évaluation et de contrôle se met en place pour surveiller la production académique et récompenser son adéquation toujours plus immédiate avec le système technico-économique, au détriment de la liberté académique, ce qui soulève des inquiétudes importantes pour le futur."
Tweet Ceteris paribus P. Blanc du 17 novembre :
https://twitter.com/pascalblanc_
Dans une lettre Bourges Plus et Département du Cher datée du 7/11/17 au Président de l’Université d’Orléans : " Le 12 décembre prochain se tient à Bourges la conférence annuelle de l’enseignement supérieur, et vous comprendrez bien que des réponses devront être apportées car nous ne pourrons discourir Ceteris Paribus sans évoquer ces potentielles fermetures. Monsieur le Président, nous pensons qu’une rencontre tripartite, l’Université, l’agglomération de Bourges Plus et le département du Cher s’impose"
Le vote du budget et projet d’établissement au CA de l’Université a lieu en décembre. Date inconnue.
Le site d’Irène Felix présente une pétition pour l’enseignement supérieur à Bourges par un collectif pour l’enseignement supérieur dans le Cher : http://irenefelix.fr/signez-la-petition-du-collectif-pour-lenseignement-superieur-a-bourges/
"Je vous invite très instamment à en prendre connaissance, à la signer et à la diffuser auprès de vos contacts. Elle a été rédigée pour être le plus rassembleuse possible et, au nom des jeunes berruyers, je remercie les élus de différents partis politiques, de droite comme de gauche, qui ont choisi de s’y associer. "
Puisque cette pétition concerne essentiellement des licences professionnelles (non mentionnées, non décrites) de l’IUT, on ne peut qu’en déduire que c’est mort pour la petite fac de droit. Et l’Espé ?
Plus de détails sur la pétition spéciale IUT sur France Bleue du 24 novembre au soir : https://www.francebleu.fr/infos/education/bourges-une-petition-pour-sauver-les-licences-menacees-1511552253
Berry Républicain du 4/12/17 sur les licences générales et professionnelles dans les antennes.
Le même article à quelque chose près dans la République du Centre du 4/12/17
Ceci explique peut-être cela : le Code de l’Education vient d’être modifié très discrètement ( décret 30 novembre 2017) sur les temps de stages, de formations en milieu professionnel, et de formation pédagogique
Le code de l’éducation est ainsi modifié :
1° L’article D. 124-2 est remplacé par les dispositions suivantes :
« Art. D. 124-2. - Les périodes de formation en milieu professionnel et les stages définis à l’article L. 124-1 font partie d’un cursus de formation dont le volume pédagogique d’enseignement est, au minimum, de deux cents heures par année d’enseignement.
« Les périodes de formation en milieu professionnel ou les stages n’entrent pas dans le décompte de ce volume pédagogique.
« Dans l’enseignement scolaire, le volume pédagogique d’enseignement de deux cents heures est dispensé en présence des élèves.
« Dans l’enseignement supérieur, le volume pédagogique d’enseignement de deux cents heures comporte un minimum de cinquante heures dispensées en présence des étudiants. »
2° Le deuxième alinéa de l’article D. 124-3 est remplacé par les dispositions suivantes :
« Dans l’enseignement scolaire, un même enseignant référent ne peut suivre simultanément plus de seize stagiaires.
« Dans l’enseignement supérieur, un même enseignant référent ne peut suivre simultanément plus de vingt-quatre stagiaires. »
A Chateauroux : Nouvelle République du 30.11.2017
Au 8 mars, ce que l’on sait par les médias du Loiret :
– l’ancien Président de l’Université d’Orléans (et ancien Recteur de Guyane) , Youssoufi Touré, convoqué en décembre par le Ministère pour répondre et se défendre de son niveau de responsabilités dans le déficit de l’Université d’Orléans est donc réintégré à son poste d’enseignant- chercheur à l’IUT de Bourges.
France bleue Orléans du 3/3/17 : http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/14962-03.03.2017-ITEMA_21248509-0.mp3
Ce que l’on ne sait pas :
– que compte t-il faire de cette réintégration ?
– son degré de responsabilités dans le déficit et celui des autres opérateurs : Région, Rectorat, Ministère, précédente gouvernance de l’Université.
– l’intégralité de l’audit réalisé par l’IGAENR et le montant réel du déficit
– de quoi sera fait demain
La République du Centre du 8 mars 2017 : http://www.larep.fr/orleans/education/2017/03/08/lex-president-de-luniversite-youssoufi-toure-de-retour-dans-la-region_12312488.html
Le 11 mars on apprenait que le Ministère demande à ce que ne soit pas rendu public le rapport de l’IGAENR : http://www.larep.fr/orleans/education/2017/03/11/les-conclusions-du-rapport-de-l-inspection-ne-seront-pas-rendues-publiques_12316148.html et autres nébuleux remous.
+ https://www.francebleu.fr/infos/education/universite-d-orleans-le-rapport-d-inspection-sur-le-deficit-ne-sera-pas-publie-1489221766
L’Université d’Orléans, décidément : http://www.magcentre.fr/117998-nouvelles-fraudes-a-luniversite-dorleans-ary-bruand-saisit-le-tribunal/
article du 28 janvier de Mag Centre.
Libé du 30 décembre 2016 revient plus particulièrement sur les dérives permises de l’ancien Président de l’Université d’Orléans : http://www.liberation.fr/france/2016/12/30/les-finances-plombees-la-fac-d-orleans-est-aux-abois_1538194
Oui, une telle dérive fait peur. Qui dit argent public devrait dire règles et contrôles. Mais ça doit pas être à la mode, vive l’autonomie... :-)
En 2015, l’IGF (Inspection générale des Finances) et l’IGAENR (Inspection Générale de l’Administration del’Education Nationale et la Recherche) avaient publié un rapport sur la situation financière des universités entre 2011 et 2013. Il y a contrôle et règles mais manifestement ce n’est pas très au point. Le rapport fait 295 pages, quand même. La synthèse d’introduction donne une vague idée de l’organisation bureaucratique de ces règles et contrôles des budgets des universités ; extrait (p. 5) :
"Le contrôle budgétaire des universités s’exerce dans des conditions spécifiques : à la différence des autres opérateurs de l’État , cette responsabilité est confiée aux rectorats, qui s’appuient sur le réseau des directions régionales des finances publiques (DRFiP). L’efficacité du contrôle budgétaire des établissements passés aux responsabilités et compétences élargies (RCE) depuis 2009 s’avère encore inégale et globalement limitée. La mission a constaté une grande hétérogénéité en matière d’exercice du contrôle budgétaire académique dans les sept académies dont dépendent les neuf universités qu’elle a visitées. Les compétences insuffisantes des contrôleurs budgétaires académiques en matière d’analyse financière et la difficulté de porter la parole des recteurs au sein des conseils d’administration pénalisent l’efficacité du contrôle budgétaire. L’amélioration de la prévention et du traitement des difficultés financières des universités appelle une affirmation des recteurs dans leur rôle de contrôleur budgétaire en collaboration renforcée avec les DRFiP. La formalisation d’un avis du recteur prenant en compte l’analyse du contrôleur budgétaire en région et portant sur le budget initial, les budgets rectificatifs et les comptes financiers permettrait de renforcer l’efficacité du contrôle budgétaire. Cet avis devrait être transmis au président de l’université et aux membres du conseil d’administration (CA) à travers les documents préparatoires du CA. Compte tenu de la spécificité de ce schéma d’organisation entre rectorats et DRFiP, une évaluation de l’efficacité du dispositif devrait être conduite dans les cinq années suivant la publication du présent rapport afin de vérifier si les conditions d’exercice du contrôle budgétaire des universités permettent in fine de répondre aux enjeux budgétaires et financiers liés au passage des universités aux RCE.".
Rapport assorti de celui de la Cour des Comptes la même année : https://www.ccomptes.fr/Accueil/Publications/Publications/L-autonomie-financiere-des-universites-une-reforme-a-poursuivre
CONCLUSION ET RECOMMANDATION :
L’appropriation par les universités des responsabilités et compétences élargies
implique une rénovation des méthodes de pilotage du ministère, qui s’est, bien que
tardivement, réorganisé pour y faire face.
La réussite du processus d’autonomie des universités nécessite cependant d’aller plus
loin :
– compte tenu du poids de la masse salariale, de la faiblesse des ressources
propres, et de l’absence de maîtrise de déterminants majeurs de leur activité,
les marges de manœuvre financières des universités apparaissent en réalité
limitées ;
– le contrat pluriannuel, fondé sur un dialogue de gestion rénové avec les
établissements et les sites, doit devenir le cadre de l’allocation des moyens
afin de traduire les objectifs du ministère, de donner aux établissements une
réelle perspective et d’éclairer leurs décisions de gestion ; le contrat de site
devrait ainsi permettre une rationalisation de l’offre de formation et une
mutualisation des moyens, et donc une meilleure efficience du système
d’enseignement supérieur.
La Cour formule la recommandation suivante :
Au ministère chargé de l’enseignement supérieur :
– fusionner les procédures d’allocation des moyens et de définition des
objectifs des universités dans un cadre contractuel unique."
Rationalisation, mutualisation, pilotage, offre, produit, fusion, poids de la masse salariale, etc... Poids de la masse, on sent que c’est lourd à porter.
"Le contrôle budgétaire des universités s’exerce dans des conditions spécifiques : à la différence des autres opérateurs de l’État , cette responsabilité est confiée aux rectorats, qui s’appuient sur le réseau des directions régionales des finances publiques (DRFiP)"
En octobre 2016, le Rectorat d’Orléans Tours affirmait au SGEN CFDT au cours d’une audience sur le déficit de l’Université d’Orléans qu’il avait une toute autre analyse de la situation financière de l’Université que celle de l’IGAENR (qui est donc encore à l’heure actuelle en train d’expertiser la trésorerie) : pour le Rectorat et la Direction Régionale des Finances publiques du Centre Val de Loire, le fond de roulement de l’université était positif et le déficit seulement de 400 000 euros en 2015. Il promettait d’ailleurs au cours de cette audience un rapport consolidé de la DRFiP qui viendrait contredire le premier bilan d’audit de l’IGAENR (voir page 4) : http://www.sgencfdt-orleans-tours.fr/attachments/article/334/Compte-rendu%20de%20l’audience%20du%2018%2010%202016.pdf
Donc 2 institutions publiques chargées du contrôle des finances publiques, l’une ministérielle, l’autre régionale ne font pas du tout les mêmes comptes. C’est intéressant. Ceci dit, le chiffre médiatisé de 12 millions (voire 15 millions) de déficit n’émane pas officiellement de l’IGAENR. Il est impossible de comprendre d’où sort ce montant repris dans les journaux et s’il se rapproche du déficit réel de cette université.
le lien sur l’audience de la CFDT : http://www.sgencfdt-orleans-tours.fr/attachments/article/334/Compte-rendu%20de%20l’audience%20du%2018%2010%202016.pdf
ah. Mais le 16 décembre 2016, le Rectorat avait changé d’avis puisqu’il a refusé le budget présenté d’abord par l’Université qui a dû le revoir pour le présenter au CA : https://www.francebleu.fr/infos/education/le-rectorat-retoque-le-budget-de-l-universite-d-orleans-pour-2017-1481872067.
Ce jour, on apprend que l’ancien Président de l’Université qui avait été nommé Recteur de l’Académie de Guyane en mars 2016 dans une certaine précipitation démissionne de la même manière et est convoqué par l’IGAENR (donc le Ministère de l’Education Nationale, de l’enseignement supérieur et de la Recherche) :
https://www.francebleu.fr/infos/education/l-ancien-president-de-l-universite-d-orleans-youssoufi-toure-quitte-deja-son-poste-de-recteur-en-guyane-1483472212.
Depuis le 5 janvier, pas mal de petits articles sortent dans la presse écrite et audio de la Guyane, du Loiret, en repassant par Libé et le Figaro étudiant sur la démission et convocation de l’ancien Président de l’Université d’Orléans par l’IGAENR. J’en choisis deux qui me paraissent refléter le noeud actuel "des choses". L’IGAENR aurait donc terminé son audit mais dont les conclusions ne sont pas encore parues publiquement. Actuellement, on ne sait toujours pas de combien est le déficit ni la largeur des responsabilités et (in ?)compétences qui ont plongé progressivement l’université dans la situation dans laquelle elle se retrouve.
http://la1ere.francetvinfo.fr/revelations-youssoufi-toure-recteur-guyane-demissionnaire-430857.html
Toujours est-il que pour 2017 50% des postes tous personnels confondus sont gelés (en général quand des postes sont dits "gelés" c’est qu’ils ne dégèleront jamais et il s’agit certainement d’une première vague de froid, d’autres vont suivre les années suivantes) . Que des études vont certainement disparaitre mais on ne sait pas lesquelles. Que les antennes universitaires ont également du mouron à se faire : http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/Actualite/Education/n/Contenus/Articles/2017/01/06/Une-demission-un-deficit-et-des-interrogations-2958323
Les questions qu’il faudrait se poser : à quoi servent les antennes universitaires, et les formations Bac+2 et autres "licences pro" ont-elles de l’enseignement supérieur quelque chose d’autre que le nom (pour le vérifier, il faudrait faire repasser un certificat d’étude de 1950 à un étudiant moyen de BTS ou d’IUT). On ne parlera pas de l’ESPE qui ne produit aucun savoir, qui est une sorte d’école normale, le jargon prétentieux en plus. En limitant à deux ans les cursus post bac, il est évident qu’on ne développe pas en province des "Universités", mais des solutions de pis aller pour accueillir les étudiants sans argent. A Bourges, si on a 18 ans, son bac, et qu’on n’est pas trop idiot, la seule chose à faire est de se tirer. Si on en a les moyens. Pour ne plus revenir. C’est ce que font en masse les jeunes, et on ne peut guère leur en vouloir.
Le reste est affaire de propagande. Nos petits politiciens locaux, avec la complicité de la presse locale dont la vénalité n’est plus à démontrer, tentent de nous faire croire qu’ils servent à quelque chose. En réalité, ils ne sont même pas capables de sauver le centre de tri postal.
"Les questions qu’il faudrait se poser : à quoi servent les antennes universitaires, et les formations Bac+2 et autres "licences pro" ont-elles de l’enseignement supérieur quelque chose d’autre que le nom"
Peut-être des éléments de réponse : les antennes universitaires font de la Recherche. Les enseignements sont couplés à cette recherche : https://www.franceculture.fr/emissions/les-cours-du-college-de-france/la-production-du-savoir-lenseignement-et-la-recherche-110
Localement, ça se décline ainsi :
http://www.leberry.fr/bourges/science/2015/12/12/le-cher-est-aussi-terre-de-recherche-s_11703136.html
http://www.moncherbusiness.com/Le-Cher-berceau-de-la-Mecatronique
http://www.cher.cci.fr/PREBS2016
Pour les Espé, au niveau national : http://www.reseau-espe.fr/
Et sinon, Idiot, plus d’infos ici : https://www.mediapart.fr/journal/france/080212/12-le-fn-et-leducation?onglet=full