Etre et avoir.
Nicolas Philibert revient sur les écrans avec un documentaire épatant sur l’école primaire. Loin d’être un énième reportage gnangnan sur les instituteurs de campagne façon Jean Pierre Pernaud, c’est un film splendide, frais et tonique, qui nous donnerait presque envie de retourner à l’école.
A travers les saisons qui passent, nous suivons le quotidien d’une école située en ZRP (Zone Rural Profond). Là, un instituteur qui ferait passer Gérard Klein pour un gougnafier s’occupe d’une unique classe d’enfants qui évoluent depuis la maternelle jusqu’au CM2. Sous nos yeux attendris, M. Lopez leur inculque les bases qui leur serviront quand ils seront grands : lire, écrire, compter, mais aussi des "valeurs" comme le respect de l’autre ou la résolution des conflits par le dialogue plutôt que par les poings. C’est dans ces moments que le film devient passionnant car il pose sans en avoir l’air des questions sur l’éducation des enfants (vaste sujet) : quel est le rôle de l’instituteur, quelle est sa place dans la société... ?
Un autre point fascinant du film est la description de la vie des agriculteurs en montagne. En seulement quelques plans, Philibert en fait passer la rudesse mais aussi la chaleur (les diverses scènes des devoirs exécutés avec les parents sont à ce propos très révélatrices), et en quelques plans fixes époustouflants, il révèle la beauté de leur cadre de vie (l’Auvergne profonde). Le film épouse, caresse, montre sans aucun jugement ni mépris mais au contraire avec une grande empathie.
Bref, "Etre et avoir" nous donne de quoi attaquer la rentrée dans la bonne humeur et garder la foi dans un système éducatif si souvent décrié.
Etre et avoir, un film de Nicolas Philibert actuellement sur les écrans. Durée 1h44. Sélection officielle Cannes 2002.