Lendemains de Fête de l’internet...
Avec quelques euros de budget, le comité d’organisation de la Fête de l’internet à Bourges est parvenu à proposer un programme riche avec des intervenants de qualité, même si le public ne s’est pas déplacé massivement. Stop ou encore ?
La fête de l’internet, initiée par Lionel Jospin en 1998, a décidément bien du mal à se faire une place. Difficile en effet de donner une dimension festive à une activité assez individuelle qui se confine le plus souvent au bureau ou au domicile familial. En France, plus de 1400 activités étaient recensées par l’Association pour la Fête de l’Internet (AFI). A Bourges, malgré un programme assez copieux constitué de conférences, visio-conférences, jeux en réseau, expositions de vieux ordinateurs et autres activités scolaires, le grand public a globalement boudé les différentes manifestations proposées. La fête n’a finalement concerné que des berruyers passionnés, des professionnels et quelques étudiants branchés.
Mais le manque d’attractivité de la Fête de l’Internet n’est sans doute pas la seule raison à ces difficultés d’implantation. Le comité de Bourges souffre d’un manque cruel de moyens financiers. C’est ainsi que les conférenciers de cette édition intervenaient tous à titre bénévole... c’est notamment le cas de Raphaël Rousseau, pourtant vice-chancelor de la Free Software Foundation Europe, ou encore de Jean-Pierre Tailleur, journaliste, auteur de l’essai "Bévues de presse, l’information aux yeux bandés". Un concert qui devait être retransmis sur internet a même dû être annulé pour quelques centaines d’euros manquants alors que 500 à 700 personnes étaient attendues sur la place de la mairie.
Ainsi, le Conseil Général du Cher n’a alloué aucune subvention tout comme la mairie de Bourges. La ville à deux arobases a préféré investir (lourdement) sur sa nuit du jeu en réseau (qui n’est pas de l’internet d’ailleurs...) au détriment du comité d’organisation de Bourges, même si une aide de 900 euros a été « mendiée » et dont il se dit dans le microcosme local qu’elle ne serait finalement pas allouée. Ces institutions n’ont en revanche pas lésiné sur l’argent public pour organiser leurs propres manifestations « en solo », qui s’affiliaient le plus souvent à des opération de communication et de propagande, détournant ainsi l’esprit général de la fête qui veut qu’elle soit l’occasion pour les particuliers, associations, entreprises et institutionnels de se regrouper au service d’un travail en commun. Quant aux partenaires privés ils se sont fait rares, la plupart des partenariats se faisant sous forme de contribution en nature. Dans ces conditions, le déroulement de la Fête de l’Internet à Bourges est presque miraculeux avec une carburation à l’énergie humaine.
Logiquement, les organisateurs, pleins d’idées mais sans argent, se posent des questions car le bénévolat a évidemment ses limites, surtout lorsque l’impression que leur implication n’est pas encouragée. Des réunions de concertation sont prévues dans les jours prochains afin de faire le bilan et d’interroger les collectivités territoriales sur leur véritable volonté qu’une fête de l’internet se déroule à Bourges l’année prochaine. A défaut de signe fort, il se pourrait bien que l’édition 2003 ait été la dernière dans la capitale du Berry...