Le Théâtre de Gaza en tournée à Bourges

Après l’espoir né de la « feuille de route » pour la paix entre Israël et le territoire palestinien, une nouvelle vague de violences faisant une soixantaine de victimes en moins d’une semaine a semé à nouveau le doute et l’incertitude sur un règlement à court ou moyen terme d’une guerre qui ne dit pas son nom. Pendant ce temps, la vie rythmée par l’omniprésence de l’armée israélienne continue sur la bande de Gaza.

C’est cette vie, faite de brimades, de frustrations et d’humiliations qui a été mise en scène par la compagnie palestinienne du Théâtre pour tous de Gaza, actuellement en tournée française - qui passera par Bourges - pour une vingtaine de dates seulement, avec une pièce intitulée « Checkpoint ou le voyage immobile ». Cette tournée a pu se concrétiser - malgré des difficultés facilement imaginables - par l’association France-Palestine Solidarité.

En 2002, une tournée française avait déjà été programmée dans le cadre du 8ème Festival International du Théâtre Action, mais la troupe de Gaza avait été empêchée de sortir du territoire par les autorités israéliennes. Cette année, deux membres de la troupe n’ont pu être du voyage en France. Malgré les pressions de nombreux organismes et recours diplomatiques, un comédien et un musicien n’ont pu obtenir leur billet de sortie, selon les dernières informations recueillies par le Collectif 18 à l’origine de la venue à Bourges de la troupe palestinienne avec le concours du Théâtre Avaricum. Pour autant, les dates ont été maintenues et la compagnie du Théâtre pour tous de Gaza se produira à Bourges le 27 juin dans le cadre du Festival El qantara dont l’association du même nom qui fête ses vingt ans d’existence s’efforce d’organiser dans les quartiers-nord, une action culturelle ouverte sur toute la cité de Jacques Coeur.

Pour les protagonistes de la soirée berruyère au premier rang desquels figure Annie Frizon, il s’agit de « montrer la solidarité avec le peuple palestinien qui manque de tout » mais aussi de mettre en lumière la coexistence d’une culture palestinienne qui forge son identité malgré les chars et les hommes du Tsahal. « Aujourd’hui, il n’est question que de fanatiques et de kamikazes. Mais il faut vraiment savoir ce qui se passe en Palestine pour comprendre le désespoir de la jeunesse qui n’a connu que la guerre et qui n’a aucune perspective claire d’avenir. », explique Hamadi Mouelhi de l’association des tunisiens du Cher.

Et c’est justement ce que raconte la pièce. L’histoire est directement inspirée par les membres de la troupe qui ont mis plus de trois heures en voiture pour se rendre de Rafah à Khan Younis, deux villes de Gaza distantes d’une vingtaine de kilomètres. Bloqués à un checkpoint, les acteurs se racontent leur vie quotidienne à travers une succession de scènes très visuelles, racontées en arabe et en français.

Sans prendre parti - sinon celui de la paix - Le collectif 18 estime que « la paix est possible entre israéliens et palestiniens, que l’occupation doit cesser et que le droit à un Etat viable doit être reconnu à chacun de ces deux peuples. » A l’issue de la représentation, une rencontre est prévue avec les acteurs palestiniens et les spectateurs.