Le retour de Stéphane Branger

Stéphane Branger est un amoureux des voyages. Mais il revient toujours dans « sa » ville de Vierzon qu’il affectionne tant. N’importe qui serait terrifié à l’idée d’atterrir dans cette cité ouvrière, perdue au centre de la France, où les rues sont vides et où les bars sont remplis de chômeurs prisonniers et esclaves du déclin industriel. Mais il faut croire que c’est justement cette impression de « bout du monde » permet à chaque Vierzonnais de se construire son propre univers, et qui l’incite à toujours aller voir ailleurs... pour mieux revenir.

Passionné par la musique des pays de l’Est, Stéphane Branger a énormément bourlingué à travers l’Europe. Mais le parcours artistique de cet « enfant du brouillard », comme il se définit lui-même, est intimement lié à sa ville natale de Vierzon.

En 1992, son premier album « Des matins comme ça », autoproduit en duo piano-chant avec Rodolphe Massé évoque largement le quotidien Vierzonnais avec notamment le titre « Un dimanche matin au buffet de la gare de Vierzon City ». En 1996, il présente un spectacle-hommage au célèbre chansonnier et poète vierzonnais Maurice Mac-nab, « Connaissez-vous Mac-Nab ? ». En 2001, il sort son premier album solo « Strictement Confidentielle », retraçant une histoire d’amour entre Vierzon et la ville Polonaise de Koszalin -ville jumelle de Bourges à côté de Vierzon - située à quelques kilomètres de la mer baltique.

Et s’il prépare aujourd’hui un nouveau spectacle intitulé « Feuilles de route » sur des poèmes de Blaise Cendrars, c’est sans doute aussi parce qu’il est un poète-aventurier, entre ses voyages à Moscou puis jusqu’aux fins fonds de la Chine. Stéphane Branger éprit lui aussi de mots et de voyages, est de toute évidence un des descendants spirituels de Blaise Cendrars. Dans ce spectacle proche de la lecture musicalisée, Stéphane Branger embarque le public sur le paquebot « Le Formose » pour une traversée de l’atlantique de la France au Brésil, du Havre à Sao Polo. Blaise Cendrars est un écrivain du voyage par excellence. Ses nombreuses errances ont inspiré son oeuvre littéraire, tant poétique « La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » (1913), « Feuilles de route » (1924), que Romanesque « L’or », « Bourlinguer » 1948). Le spectacle proposé par Stéphane Branger constitue un voyage troublant chargé d’émotion, à travers le temps et l’espace. Une manière de retrouver la trace de ce génial poète avec une formule légère, faite pour les longues distances : une voix, une guitare, une contrebasse. Qui mieux que Stéphane Branger pouvait réincarner ce goût de l’ailleurs ?

Autre point chaud de l’actualité de Stéphane Branger : la préparation d’un second album. Après la sortie en 2001 de son premier album solo « Strictement Confidentielle » - un album « Des matins comme ça » avait été enregistré en duo piano-chant avec Rodolphe Massé en 1992 - Stéphane Branger a beaucoup trimé, faute de soutien d’une maison de disque. Malgré l’absence de promo et une tournée très courte, « Strictement Confidentielle » avait obtenu un joli succès d’estime. Aujourd’hui, Stéphane Branger s’atèle à un nouvel opus qui sera davantage orienté dans un registre pop / rock, le seul « défaut » du premier album étant un côté trop varié, le rendant inclassable.

Stéphane Branger aime prendre son temps. Depuis de longues semaines, il s’est enfermé en studio pour expérimenter ses nouveaux titres qui ont pour point commun d’être très marqués par une grande exigence au niveau des textes d’où se dégage un univers généreux, emprunt de mélancolie et de poésie à fleur de peau. Parmi les moments forts de ce prochain album, le titre « Il n’est pas encore trop tard », apparaît comme un pur moment pop-rock qui montre chez Stéphane Branger une nouvelle facette de ses talents d’auteur-compositeur. Avec « A dix heures du soir », Stéphane Branger construit patiemment un univers planant dont il a le secret. Une fois que les couplets et les refrains entrent dans les esprits, ils n’en ressortent plus et l’on se surprend à chantonner ces airs comme des classiques de la chanson française.

La sortie de cet album sera accompagnée d’une tournée acoustique à travers la France. Mais auparavant, il faudra accomplir ce fameux « parcours du combattant », en démarchant auprès des maisons de disques. Car cette fois, il n’est pas question d’autoproduction.