Archives
A propos d’un article du journal "Le Monde".

’Le Monde’ à genoux bouffant dans la gamelle du chien !

jeudi 26 août 2004 à 21:38, par Marie Ange Gaspard

Quand sous couvert d’interrogations concernant la place des religions dans nos sociétés démocratiques, un journaliste dévoile sa profonde xénophobie...

Avant-propos.

Alors que je surfais tranquillement, je suis tombée (oui tombée c’est bien le mot) sur la critique d’un article du monde sur le site oulala.net. Le titre de l’article du journal "Le Monde"
 [1] mis en cause m’ayant interpellé, je décidais donc de m’y intéresser. Et là, quelle ne fut ma stupeur de découvrir qu’il ne s’agissait pas d’un article voulant peut-être me disais-je (avec mon esprit centre-gauche en mal de boy-scoutisme) dénoncer l’Islamophobie galopante qui s’est emparée des esprits les plus en vues de nos vieux journaux parisiens depuis un long moment.

Eh bien non ! Stupeur, enfer et damnation !( rajoutais-je à part moi).

Un article tout ce qu’il y a de plus sérieux dans un journal qui se donne lui aussi des airs on ne peut plus sérieux intitulé "Je hais l’Islam" et qui tente poussivement en se raccrochant à des notions de laïcité et d’émancipation des religions, d’expliquer au long de quelques paragraphes pauvrets les motifs de cette "haine".

Tremblante de rage mal-contenue, je décidais d’utiliser mon droit d’expression de citoyenne pour dénoncer haut et fort cette "escroquerie" intellectuelle qui vise à s’emparer de l’esprit mou et gavé de fraise taggada (j’ai nommé les programmes tv et autres balivernes contemporaines) du lecteur moyen.

Lecteur moyen (ou assidu), tiens toi bien (enlève les doigts de ton nez), j’arrive ! Je vais te filer un coup de main pour démonter les rouages rouillés et édentés du raisonnement du Monsieur !

24 août 2004

Quand sous couvert d’interrogations a propos de la religion et de la démocratie, un journaliste incite tranquillement à la haine raciale et dévoile une profonde xénophobie, doit-on se taire ?

Doit-on, à la lecture d’un papier infâme et répugnant passer à côté, comme lorsque sur un trottoir la présence d’une déjection nous oblige à faire un détour ?

Les idées vicieuses et sournoises qui émaillent cet article doivent-elles être passées sous silence et ignorées ?

Pour une partie il est clair que nul n’a besoin de perdre son temps quand un "scribouillard" qualifie la notion de tolérance de "programmatique" et se plaint qu’aujourd’hui on exige un respect "a priori" de l’être humain.

Il semble tellement absurde de voir un journaleux gavé se plaindre de l’existence de ce que pourquoi des générations de Français ont luttés, combattus et se sont sacrifiés à savoir l’esprit de la démocratie qu’on peine à croire qu’il puisse être publié.

Des citoyens de la Révolution française aux résistants de la seconde guerre mondiale en passant par les premiers socialistes dont les noms sont encore aujourd’hui synonymes de courage ; de Jaurès à Jean Moulin, des plus illustres aux plus inconnus, tous ont luttés pour que l’espace public devienne un lieu d’épanouissement pour tous et non un lieu d’exclusion, d’oppression et de répression.

Et la démocratie jusqu’à preuve du contraire n’use ni de la terreur, ni de la véritable oppression contre les citoyens. Personne n’est réveillé à trois heures du matin par des coups de bottes dans la porte et emmené pour torture dans un local au murs tâchés de sang, sous prétexte qu’il est juif, musulman, catholique ou bouddhiste, que je sache !

On peut donc à juste titre penser et dire que ces combats ont servis et qu’aujourd’hui la loi protège le citoyen du discours haineux et stigmatisant.

Ecrire dans un journal à diffusion nationale que la démocratie provoquerait une somnolence dogmatique ainsi qu’une douce sidération de la pensée est sans conteste la preuve de l’irresponsabilité d’un esprit déliquescent.

De là à penser que pour ce monsieur la dictature et le totalitarisme suscitent à-contrario un "réveil dogmatique" salutaire et une "excitation de la pensée" il n’y a qu’un pas !
On croit rêver.

Continuant la lecture de ce bric-à-brac d’idées toutes plus farfelues, dangereuses et absurdes les unes que l’autre, on lit sous la plume bouffée aux mites de l’auteur (qui en semble assez fier puisqu’il à signé ce ramassis d’inepties), que "haïr" ne se fait plus ! A nouveau on croit rêver !

Là, une question germe soudain dans mon esprit... (dreling !). Mais quand donc est-ce que "la haine" en tant qu’idée politique trouva t-elle écho dans l’esprit des français et pu-t-elle s’exprimer à loisir ?

Mais bon sang mais c’est bien sûr ! Dans les années trente, dans des journaux tels que "je suis partout" ou il était de "bon ton" de dénoncer la délinquance, le mauvais esprit et le "que sais-je encore !" de tel ou tel personnage de confession juive.

Voilà donc de quelle nostalgie il s’agit ! De ces temps misérables ou la société française par l’entremise de sa presse écrite puis de sa police plus tard, défoulait sa haine et sa rage sur des boucs émissaires de confession juive.

La teneur de cet article s’éclaircit. On voit mieux quelles valeurs sont prônées...

Autre chose me dérange et me semble un peu confus. Je lis, parmi nombres de bêtises : "la subjectivité, l’affect, l’émotion voilà ce qui pour les démocrates tient lieu de pensée".

Je voudrais savoir une chose ! L’expression de la haine serait-elle objective ? Si la haine n’est pas une émanation de l’affect qu’est-elle donc alors ? Un raisonnement, une pensée, une argumentation ? Si la haine n’est pas un sentiment qu’est-elle donc encore ? Une idée ? Une conception de l’esprit ? Une opinion ?

Non !

Puisque apparemment la profondeur de l’ignorance de cet homme est incommensurable, je lui ferais remarquer que la haine est un sentiment, une vulgarité de l’affect, une pauvre émotion, une vulgaire et vilaine réaction tripale qui abaisse l’être humain au niveau de son lointain cousin le singe et qui ne peut tenir lieu de pensée, encore moins permettre à une argumentation de se construire, ni à un raisonnement d’émerger sous peine de se voir qualifier de "crapule" intellectuelle !

Voila donc comment quand on est un piètre argumentateur (ou lorsque les sentiments nous aveuglent) on se prend les pieds dans le tapis et on se retrouve à prôner ce que deux lignes plus haut on essaye de dénoncer ! Le recours à l’affect, au sentiment,à l’émotion, pour convaincre. L’auteur se plaint que notre époque ne produit plus de raisonnement éclairé et il a recours dans le même temps à ce qu’il dénonce. A savoir l’utilisation de l’affect !

Comment veut-il que son article puisse être pris au sérieux ! Quand il est incapable de se défaire des ses sentiments pour donner à comprendre un raisonnement qui lui semble juste. Cela ne peut convaincre.

Or un article si je ne m’abuse est censé argumenter une opinion, un avis, faire partager au lecteur un point de vue et non faire l’étalage de ses goûts personnels ni de ses petites préférences. On n’est pas sur le marché que je sache ! Ni à "c’est mon choix !" !

D’autre part, relever ce qui nous déplait dans une religion n’a strictement aucun intérêt. Nous savons tous ce que les religions et l’Islam en particulier recèlent d’aliénant pour l’être humain.

En revanche il me semble difficile de critiquer la foi de ceux qui pratiquent telle ou telle religion. Ne serait-ce que par le plus élémentaire respect des croyances d’autrui.
De quel droit et au nom de quelles valeurs pourrions nous nous permettre d’inciter les autres à "haïr" une religion ? Cela me semble totalement aberrant.

Au nom de la liberté de l’homme ? Mais personne n’ignore que la liberté de chacun est d’abord et avant tout une affaire personnelle.

D’autre part mêler la haine (un sentiment partial et hautement subjectif) à la dénonciation de ce qui lui semble être une aliénation à savoir "l’oppression farouche de toute féminité" ainsi que selon lui la possibilité d’existence de la guerre sainte et de la charia contenue dans l’Islam me semble tout a fait ridicule. Je cite ici le texte : "je hais l’Islam parce qu’en tant que système de pensée et d’être au monde, il permet la guerre sainte et la charia".

La haine ne peut permettre à elle seule d’appuyer un point de vue qui me semble de surcroît extrêmement simpliste.
Un peu comme si quelqu’un disait aujourd’hui que la politique du Premier ministre Israélien envers les Palestiniens était contenue dans le Judaïsme ! Ce sont deux notions qui n’ont rien a voir l’une avec l’autre. Accoler ces deux notions qui sont aussi différentes que la politique et la religion se nomme faire un amalgame. Et l’auteur ne se gêne pas pour en faire de biens gros ! Il nous prend carrément pour des idiots !

Grâce à quels détours les hommes justifient leur sauvagerie n’a pas de relation avec la religion en elle-même faut-il le rappeler ?

Le Dieu vengeur de l’ancien testament a permis la justification de maints crimes or si en tant que catholique il m’était venu à l’esprit d’égorger mon voisin sous prétexte qu’il était "pêcheur" eh bien c’est ma folie qui aurait été à dénoncer pas la religion !

C’est l’instrumentalisation d’une religion à des fins criminelles ou guerrières qui est à incriminer pas la religion elle-même.

Moi qui ne suis pas journaliste au Monde je sais une chose : les menteurs et les gens malhonnêtes finissent toujours par se trahir.

Ce sale petit raisonnement qui se voulait intellectuel (avec son vernis d’argumentation raisonnée) pêche décidemment autant par l’ignominie des "idées" défendues que par la nullité de l’argumentation.

Je vous fais grâce ici du champs sémantique utilisé, de l’emploi de termes telles que "ennemi" qui "s’organise", "planifie", "égorge" et "décapite" pour désigner l’Islam (!), du mépris que l’emploi de mots tels que "boy-scouts" qui "annonent" révèle pour qualifier les démocrates, vous les lirez vous mêmes si vous avez le courage de lire cet article gentiment mis à la disposition de tous par les responsables du site oulala.net.Si en plus il fallait s’abonner pour lire des âneries pareilles ce serait un comble !

Je terminerais cet article par une citation de Michel Audiard qui est une de mes favorites "les cons ça osent tout... c’est à ça qu’on les reconnaît !".

Eh bien, n’ayez crainte Mr Declerck, je vous ai reconnu ! Et j’espère que je vais contribuer à ma petite échelle à faire que d’autres vous reconnaissent pour ce que vous êtes : un de ceux qui osent tout !

Je vous annonce la rédaction de mon prochain article qui sera intitulé "je hais les carottes" ! Au cas ou quelqu’un voudrait créer un parti politique je l’invite vivement à se faire connaître...Une autre variante est "je hais la soupe de tomates !" et j’invite également ceux qui souhaiteraient gloser sur ce sujet à ne pas se gêner puisque apparemment nos petites préférences en matière de soupe intéréssent les lecteurs !

[1Article du 12 août 2004 paru dans la rubrique "Horizon" du journal "Le Monde" intitulé "Je hais l’islam, entre autres..." signé de Patrick Declerk