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THEATRE SOCIAL

« Après coups », le théâtre contre la violence économique

mardi 3 mai 2005 à 16:45, par Charles-Henry Sadien

A l’invitation de l’association Emmetrop, la compagne ViesàVies est de retour à Bourges, samedi 14 mai 2005 à la Salle des Fêtes de la Chancellerie (20h). Après le succès de « 501 Blues » où des ouvrières de l’usine Levi’s racontaient comment elles s’étaient faites virer sans ménagement pour cause de délocalisation, la nouvelle création « Après coups » fait le bilan d’une aventure hors du commun avec un constat : rien n’a changé, tout s’amplifie.

« Après coups », le théâtre contre la violence économique

En 1999, le metteur en scène Bruno Lajara découvre à la télévision le « spectacle » d’un conflit social aujourd’hui malheureusement banal : une grande entreprise (Levi’s), envisage de se délocaliser en Turquie afin d’accroître ses profits. Les ouvrières de l’usine luttent pour sauver leurs emplois, mais les voies du libéralisme sauvage sont impénétrables : l’usine ferme ses portes en mars 1999 avec un passif de 541 vies humaines envoyées se faire voir à l’ANPE. Sensible à ce nouveau « drame social » (comme il est coutume de le dire pudiquement), Bruno Lajara organise un atelier d’écriture avec 25 ouvrières de l’usine. Huit mois plus tard, c’est « 501 Blues » qui voit le jour et qui connaît un succès phénoménal, médiatique et populaire. La pièce retrace de manière poignante car authentique, la mésaventure de ces ouvrières laissées sur le carreau, dans un mélange ensorcelant de théâtre, de danse, de musique et de vidéos. La tournée prend fin en septembre 2003. Les couturières sont devenues intermittentes du spectacle et elles découvrent avec stupeur comment sont traités les artistes en France. Merci monsieur Renaud « non de dieu de Jacques Varbres » ministre de la culture en costume de pingouin.

Mais la rage de ces ouvrières n’est pas exorcisée ou tarie. « Après coups » s’annonce comme une suite logique. Comme une manière de ne pas désarmer en criant jusqu’au bout sa haine de ce monde maboule. Car si l’expérience de « 501 Blues » a transformé les comédiennes, le monde autours d’elle n’a pas changé. C’est ce qu’elles racontent dans « Après coups », entre envie d’aller plus loin et l’impossibilité d’avancer. La pièce prend la forme de discussions comme un lendemain de fête ou de défaite. Comme des anciens soldats qui se racontent leurs blessures de guerre. Car on ne passe pas trente ans dans une usine sans y laisser une part de soit lorsqu’elle ferme. Avec cette pièce, Bruno Lajara et ses comédiennes manifestent une volonté d’aller à la rencontre du public en privilégiant des lieux qui ne sont pas forcément dédiés, comme des salle des fêtes, ou des usines désaffectées.

Un passage à Bourges dans le cadre de « Renc’ Arts au Nord » à l’invitation de l’association Emmetrop, paraissait donc obligé. La compagnie ViesàVies retrouvera donc la salle des fêtes de la Chancellerie qu’elle avait découverte en mars 2004 à l’occasion de la représentation de « 501 Blues ». Des retrouvailles sur fond de débat national sur l’adoption de la Constitution Européenne.

Samedi 14 mai 2005 20h - Salle des Fêtes de la Chancellerie, rue Louise Michel, Bourges.
Tarifs : 5 euros /3 euros (chômeurs, Rmistes) /10 euros (prix de soutien) - Organisation : Association Emmetrop.