Rentrée offensive du député Sandrier
C’est dans le quartier de la Chancellerie que le Député du Cher Jean-Claude Sandrier (PCF) a effectué sa rentrée politique ce 19 septembre en début de soirée. L’ancien maire de Bourges a passé en revue l’essentiel de l’actualité politique locale et nationale avant d’appeler au rassemblement de la gauche du non au référendum sur la Constitution Européenne.
Toute la journée, Jean-Claude Sandrier est allé à la rencontre des habitants du nord de Bourges, pétition contre la hausse du carburant à la main, faisant la sortie des écoles et discutant avec des responsables associatifs. Au moment de terminer sa tournée avec une conférence à la Salle des Fêtes de la Chancellerie, le député communiste est apparu très combatif. Ses premiers mots ont été pour réagir à la défaite de Serge Lepeltier aux élections sénatoriales partielles. Prenant acte de la satisfaction des berruyers sur l’échec cuisant du maire de Bourges, Jean-Claude Sandrier a néanmoins estimé qu’il s’agissait d’un « non-événement » n’y voyant finalement « qu’un UMP qui remplace un autre UMP comme l’a déclaré lui-même Serge Vinçon autre sénateur UMP du Cher ». Jean-Claude estime donc que l’élection de Remy Pointereau ne changera rien : « il votera les mêmes textes que Serge Lepeltier, et fera la même chose », sous-entendu : rien.
« On nous prends pour des cons ! » Concernant la situation de la ville de Bourges, Jean-Claude Sandrier a dressé le portrait d’une ville en grande difficulté. Il s’est tout d’abord inquiété de la situation démographique du chef lieu du département du Cher qui a dégringolé à 66.000 habitants, « soit dix mille de moins que lors du recensement précédent de 1995 ».Citant les prévisions de l’INSEE, Jean-Claude Sandrier a souligné que dans dix ans, la ville de Bourges pourrait perdre à nouveau dix mille habitants pour ne compter plus que 56.000 âmes. Jean-Claude Sandrier est revenu sur la situation de MBDA qui va mettre sur le carreau encore 400 salariés. « Je tiens a dire qu’il s’agit bien du licenciement de 400 salariés dont il est question et non pas d’une réduction à 270 comme certains avaient essayé de le faire croire à l’issue d’une rencontre avec la Ministre Michèle Alliot-Marie ».
Les effets du démantèlement des services publics dans le Cher ont été largement évoqués par le député communiste. Celui-ci a dénoncé la menace de suppression de la ligne du train-corail Lyon-Nantes « alors que des études avaient été menées pour conclure que la transformation du Lyon-Nantes en ligne européenne allant jusqu’à Turin pouvait ouvrir des perspectives formidables pour le fret ». Jean-Claude Sandrier est également revenu sur les menaces de fermetures de la Poste à Graçay : « je me suis vu répondre dans un courrier presque insultant du directeur départemental qu’il ne fallait pas croire les rumeurs... tout en reconnaissant qu’un projet de restructuration était à l’étude ! On nous prends pour des cons ! Et après, je reçois un beau courrier avec le slogan ‘‘Souriez avec la poste’’ ! » Devant une situation sans réelle perspective d’amélioration, c’est le maire de Bourges Serge Lepeltier qui a été l’objet du courroux de Jean-Claude Sandrier : « durant le temps qu’il a été ministre, il n’a rien fait pour Bourges. Il n’a rien fait pour le Cher. Il voulait être ministre, c’est tout, il n’a pensé qu’à lui ».
Pour une politique de rupture, rassemblant la gauche. Au plan national, Jean-Claude Sandrier a exprimé sa crainte que le rôle de l’Etat tende à l’avenir à se limiter à une gestion de la police, de l’armée et de la justice. Tout fout le camp selon Jean-Claude Sandrier qui a relevé ironiquement que « subitement on aurait découvert que 200 médicaments étaient inutiles. Ils ne seront pas remboursés, mais on pourra toujours les acheter ! » Le député du Cher redoute une société sur le modèle des Etats-Unis : « il n’y a plus d’Etat là-bas. La première chose qu’a faite le Président Bush après la catastrophe naturelle à la Nouvelle Orléans, c’est d’envoyer des militaires avec leurs fusils et pas d’envoyer des médicaments et de la nourriture ! ». Pour Jean-Claude Sandrier, les américains comme les français sont « trop gentil » et devraient « se révolter. » (...) « le fric tue. Il tue à la Nouvelle Orléans. Il tue avec les accidents d’avions ».
A en croire Jean-Claude Sandrier, la France et le monde pourraient du jour au lendemain crouler sous l’opulence. « On nous parle des déficits publics en France. Mais ces déficits n’existent pas ! Ils sont fabriqués artificiellement ! Il suffirait de taxer les transactions financières de 0,1% à 0,5% pour dégager des sommes énormes qui régleraient tous nos problèmes. Pourquoi les revenus de la production seraient taxés et pas les revenus du monde de la finance ? » Afin d’éviter la fuite des capitaux, Jean-Claude Sandrier a estimé qu’il était nécessaire que cette taxation soit décidée au niveau mondiale - et d’abord européen - et qu’il soit mis fin aux paradis fiscaux.
Pessimiste sur l’actuel gouvernement, Jean-Claude Sandrier a refusé de différencier Nicolas Sarkozy de Dominique de Villepin en qui il ne voit que des divergences de forme. « Le piège, ce serait de nous faire croire qu’il n’y a qu’un choix entre une politique de rupture de Nicolas Sarkozy et une politique de continuité de Dominique de Villepin. Tous les deux appliquent la même politique ». Enfonçant le clou, Jean-Claude Sandrier s’est amusé du numéro d’équilibriste de Nicolas Sarkozy qui critique l’impuissance et l’inefficacité du gouvernement tout en ayant un statut de premier ministre-bis.
La véritable rupture se situerait donc à gauche. Mais Jean-Claude Sandrier a exhorté les socialistes - sans les citer - à ne pas mettre de côté le résultat du référendum sur la constitution européenne. « Il ne faudrait pas que certains se disent ‘‘on oublie tout, on oublie nos divisions et on repart comme avant’’. Au contraire, il faut que l’on tienne compte du message qui nous a été adressé par les Français. » Jean-Claude Sandrier a prôné un projet de rupture capable de rassembler toute la gauche. « Aujourd’hui, je tiens à le dire, parce que ça me gonfle depuis des mois et depuis des années : j’en ai marre que chacun travaille de son côté et défende sa petite chapelle ! »