Michelin : restructuration ou déstructuration ?
Le plan de développement de Michelin a été diversement apprécié dans le Cher qui compte une usine à Saint-Doulchard. Certains s’alarment des centaines de suppressions de postes tandis que les autres ont les yeux qui brillent parce que Saint-Doulchard deviendra un site mondial de production de pneus d’avion « de haute technologie »...
Sur son blog, le socialiste Yann Galut a mis en ligne un communiqué dans lequel il dénonce la suppression de 365 postes sur le site de Saint Doulchard : « Une fois de plus, les salariés de Michelin sont victimes d’une restructuration qui n’a qu’un seul objectif, augmenter au niveau du groupe, la rentabilité financière exigée par les actionnaires », écrit-il, se prononçant en faveur d’une loi d’interdiction des licenciements boursiers en cas de victoire de la gauche aux élections présidentielles. Pour le député communiste Jean-Claude Sandrier, l’analyse est la même : « Tout pourrait se résumer à ces simples faits : suppression de 10 000 emplois en Europe, 10 000 en Amérique du Nord et record à la bourse de Paris : les actions de Michelin ont augmenté de 23,68% depuis le 1er janvier 2006 ».
De son côté, le Berry Républicain a adopté la « positive attitude » de Jean-Pierre Raffarin, avec une présentation des faits très orientée (sans doute l’effet « Nuit des Leaders »...), préférant mettre en avant les 17 millions d’euros d’investissement du groupe Michelin et la spécialisation de l’usine de Saint-Doulchard « qui va devenir un centre mondial de production et d’industrialisation de pneus avion radial de haute technologie ». Malgré les centaines de licenciements, ce serait presque une bonne nouvelle, donc. L’explication se trouve dans le magazine Capital qui annonce que « à terme », la capacité du site de Bourges, « sera doublée ».
La Nouvelle République, elle aussi, essaye de voir le bon côté des choses : « Michelin perd 365 postes et sauve sa tête à Saint-Doul’ ». La NR ne met pas en avant les 365 postes supprimés mais le fait que le site de Saint Doulchard « à terme, vers 2010, conservera 450 salariés ». Néanmoins, la NR prend soin de rappeler qu’en en 1985, le site Michelin de Saint Doulchard comptait 3.800 salariés ; puis 1680 en 2001, et qu’il n’en restait plus jusqu’à aujourd’hui que 815. Le journaliste Emmanuel Danielou rapporte par ailleurs que l’annonce de cette « restructuration » a été bien accueillie à la Bourse de Paris puisque l’action Michelin a atteint hier (mardi 10 octobre 2006) son second plus haut niveau de l’année, gagnant 1,37 %, tandis qu’un représentant syndical s’est exclamé : « On nous parle de 17 M€ d’investissement en cinq ans ; c’est la moyenne annuelle de ce qui est investi à Bourges ! »
Sources : Le Berry Républicain, La Nouvelle République, Capital, blog de Yann Galut, blog de Jean-Claude Sandrier.