Urgence d’une vraie politique sportive à Bourges
Pain au chocolat ou croissant ? Thé ou café ? Viande ou légume ? Palais des Sports ou Vélodrome ? Autorisé par la municipalité, lancé par Roland Narboux maire-adjoint à l’urbanisme, relancé par le Berry Républicain (effet de suivisme oblige), le débat sur la construction d’un Palais des Sports ou un Stade Vélodrome arrive comme un cheveux sur la soupe ou une grande tarte à la crème dans la figure des sportifs berruyers, après de nombreuses années d’une politique sportive mise entre parenthèse, aux effets catastrophiques.
C’est en 1991 que le CJM Bourges (rebaptisé Bourges Basket), accéda à l’élite du basket féminin. Son ascension a été fulgurante et depuis, le club fait preuve d’une grande régularité, remportant notamment sept titres de champion de France et trois titres européens. Alors que Jean-Claude Sandrier (PCF) était encore maire de Bourges entre 1993 et 1995, la question avait été posée sur l’opportunité de la construction d’un nouveau Palais des Sports, le fameux Stade du Prado étant assez vétuste. Prudemment, c’est le choix d’un agrandissement et d’une rénovation qui avait été fait. Quelques-uns à l’époque, pensaient déjà qu’il s’agissait d’une erreur. Aujourd’hui, cette erreur semble se confirmer puisque le Bourges Basket qui fut le principal moteur de la professionnalisation du basket féminin Français, a de plus en plus de difficultés à suivre le rythme de ses adversaires, même s’il parvient encore à demeurer parmi les meilleures équipes européennes. « Mais pour combien de temps », s’interroge aujourd’hui, en substance, le président du club de Bourges.
Le maire de Bourges Serge Lepeltier (Parti Radical - UMP) a commencé à envisager la construction d’un nouveau Palais des Sports. Mais ses amis de droite s’interrogent, parfois à juste titre. Ainsi, sur son blog, la réflexion du maire-adjoint Roland Narboux, défini parfaitement la problématique. Il s’exprime en ces termes : « il faut se souvenir (...) que l’on a fait la même chose il y a 20 ans avec le Grand Stade de football, à une époque où le FCB approchait la première division... Et ce fut l’inverse qui se produisit et le stade est un gouffre financier et ne sert pas les berruyers. Alors attention pour le Palais des Sports. » Sur son site « Bourges.infos », un de ses lecteurs s’exprime avec une formulation plus précise : « Le stade Jacques Rimbault, qui a coûté une fortune, ne sert maintenant qu’à occuper une équipe de bras cassés en seconde division de quartier. Par contre, les frais de fonctionnement et d’entretien sont toujours à la charge du contribuable ! »
Sur la forme, et pour être tout à fait honnête face au procès qui semble être fait aux décideurs sur l’inopportunité de la construction du Stade Jacques Rimbault, il convient d’abord de souligner que c’est l’actuelle municipalité à laquelle appartient M. Narboux qui a pris très explicitement la décision que le football de haut niveau était trop coûteux pour Bourges et que le FCB ne devrait pas dépasser le niveau amateur. La dégringolade qui a suivi émane donc d’une volonté politique indiscutable. A l’époque, la Direction Nationale de Contrôle et de Gestion avait d’ailleurs qualifié de choix politique, plutôt que de réalité comptable, la décision d’un dépôt de bilan. Aujourd’hui, il se confirme donc que le choix municipal d’abandonner le football de haut niveau, représentait bien davantage qu’une erreur, mais une véritable faute politique, au regard de la qualité et du coût des installations du stade Jacques Rimbault.
En revanche, dans l’esprit, et avec ses mots un peu maladroits, Roland Narboux, met le doigt sur une idée essentielle : une installation, qu’elle soit sportive ou culturelle, ne doit pas être décidée, sans que derrière il y ait un projet solide. Sinon, effectivement, cela reviendra à gaspiller l’argent du contribuable. Le « mauvais » exemple du stade Jacques Rimbault, ne semble pas avoir servi de leçon à l’actuelle municipalité si l’on en juge la construction de la salle de spectacle « Le Hublot » dans le quartier de la Chancellerie. Cet équipement de très grande qualité a été imaginé sans qu’aucun projet concerté et crédible n’accompagne sa construction. Résultat : un coût de fonctionnement très important avec une programmation municipale inadaptée et très coûteuse (défraiements, cachets d’artistes...) qui ne touche qu’un public extrêmement confidentiel. Pire, la population du quartier ne s’est pas approprié ce lieu qui a récemment été victime d’actes de vandalisme, alors qu’à quelques pas de là, le Hameau de la Fraternité, utilisé par de nombreuses associations ne souffre même pas du moindre graffiti.
Bourges a certainement besoin d’un vrai Palais des Sports. Bourges et le Cher ont certainement besoin d’un vélodrome (il pourrait se faire sans l’aide de la mairie, qui, comme pour la construction du CREPS sera heureuse d’un profiter, mais ne voudra pas débourser un centime. Lamentable...). Bourges et le Cher ont aussi certainement besoin d’un stade d’athlétisme au moins rénové. Mais plus que cela encore, Bourges a besoin d’une politique sportive.
Depuis plus de dix ans, le domaine sportif est le parent pauvre de la politique municipale. Le niveau de nos équipes ne cesse de baisser. Seul le basket féminin parvient à surnager. Le choix ou non de construire un Palais des Sports, donnera une indication sérieuse sur la volonté de la ville de Bourges de délaissement ou non du du basket féminin ; et plus largement, sur la volonté de l’actuelle municipalité, d’élaborer une politique sportive, inexistante jusqu’à aujourd’hui, depuis que Serge Lepeltier a été élu maire de Bourges en 1995.