La NR dérape
Artiste homophobe, Capleton sera en concert durant le Printemps de Bourges. Un comité de vigilance (auquel s’est associé L’Agitateur, Emmetrop, Pictura, Yann Galut et Henri Bernardet) s’est constitué car l’artiste, ne renie rien de ses propos, totalement en dehors de la légalité en France. Le Quotidien La Nouvelle République a fait preuve dans sa réaction d’une désinvolture étonnante avec un billet plein d’aigreur signé de Emmanuel Danielou.
Peut-être un brin vexé par l’article très fourni de Tourterelle des Bois sur L’Agitateur, le journaliste de la NR la joue de manière très puérile sur l’air du « c’est nous qui l’avons dit avant » évoquant le journal du 23 janvier. Il y a une très grande différence entre glisser deux ou trois mots anecdotiques qui passent inaperçus (toutes les études de marché établissent que les lecteurs lisent dans ce type de journal, les gros titres ainsi que les publicités, les petites annonces et les avis mortuaires) et rédiger un article entièrement dédié et complet. N’ayant pas pris la mesure de la controverse possible liée à la programmation de Capleton, la NR prend, comme d’habitude, un air entendu et blasé mais n’en demeure pas moins aussi dynamique qu’un pachyderme.
Peu argumenté, le billet se veut surtout sarcastique. Il pointe du doigt le caractère « grandiloquent » du nom de « Comité de Vigilance ». Pourtant il existe des tas de comités de vigilance sur des tas de thèmes, sans pour cela que les localiers ironisent sur le caractère « grandiloquent » de cette dénomination... qui n’est d’ailleurs pas forcément évident. Nous sommes abreuvés de slogans publicitaires et politiques grandiloquents « la France d’après », « Bourges se transforme », « Bourges ville universitaire » etc... sans que le caractère grandiloquent de ces écrits soit souligné par nos chers journalistes professionnels.
Passons outre la réaction quasi épidermique de la presse locale à la simple évocation du nom de Olivier Rivet, que le quotidien dénigre ouvertement en raison de son passif judiciaire (le groupe Trust dénonçait en son temps le fait qu’en France « un ex taulard reste un voyou même après avoir payé sa dette auprès de la société » : la NR n’évite malheureusement pas cet écueil...).
Le plus choquant est sans doute la désinvolture affichée par le journaliste Emmanuel Danielou. Relevant que le comité demande la présence d’un avocat et d’hommes politiques pour vérifier qu’aucun propos homophobe ne sera tenu, et éventuellement déposer plainte, Emmanuel Daniélou estime que « on est à la limite du dérapage... » ! Ah bon ? Alors comme ça, la politique (et le respect la loi et des valeurs de la république !) n’a pas sa place au Printemps de Bourges alors que chaque année Serge Lapelteuse s’y dandine, que l’on y voit de nombreuses personnalités politiques nationales... ? Voilà une remarque bien curieuse ! D’autant plus que les journalistes de la presse locale ont justement tendance à se comporter comme un troupeau de vierges folles au milieu d’un champ de phallus vis-à-vis des politiques qui fréquentent le Printemps ! N’oublions pas que le Printemps de Bourges est réalisé avec une bonne dose d’argent public. Que c’est le festival musical le plus subventionné de France, dixit le boss Daniel Colling lui-même ! C’est notre pognon ! La moindre des choses c’est que notre pognon ne serve pas à programmer des artistes homophobes ou des nazis. Les politiques ont donc le devoir d’être vigilants et de réagir. Mais cela dépasse sans doute la NR, bien terre à terre pour le coup avec ses sous entendus du style « beaucoup de bruit pour pas grand-chose ! Bref, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.
Source : La Nouvelle République.