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Quel avenir pour la presse en ligne ?

2ème partie : vers une nouvelle définition du travail de journaliste

lundi 5 novembre 2001 à 19:45, par Charles-Henry Sadien

Mondialisation ! Le mot est lancé. La presse, confrontée à une crise sévère n’y échappera pas. Son eldorado : le réseau des réseau, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, le web... l’internet, quoi ! Tous les grands patrons de presse s’y préparent, testent différentes formules miracles, et se persuadent que l’internet deviendra un mode de communication majeur de l’information de demain. Au regard de ce qui se passe actuellement, à quoi ressembleront nos journaux électroniques dans quelques années ? Comment fonctionneront-ils ? Comment s’en servira-t-on ? Suivez le guide...

BOUVERSEMENTS DANS LA FORMATION. En France, bien plus qu’ailleurs en Europe, la prise en compte du média internet risque de changer beaucoup de choses dans la formation des journalistes. De part l’influence de grands écrivains français qui ont travaillé dans le milieu de la presse, le travail de journaliste en France est perçu comme une activité « intellectuelle ». La formation y est assurée dans des établissements d’enseignement supérieurs - souvent privés - avec des filières d’excellence. Ainsi, sortir du CFPJ (Centre de Formation et de Perfectionnent des Journalistes) est aussi prestigieux pour un journaliste que sortir de l’ENA pour un homme politique.

En Allemagne, la conception du travail de journaliste est très différente. Celui-ci n’est pas considéré comme « un intellectuel », mais comme un « technicien ». La formation s’effectue le plus souvent par apprentissage. Contrairement à ce qui se passe en France, le journaliste Allemand n’a pas été formé pour faire de belles tournures de phrases ou se prendre pour un aventurier. Tout ce qu’il lui est demandé, c’est de transmettre une information juste, exhaustive et de la hiérarchiser. Si le cas de l’Allemagne est pour l’instant minoritaire en Europe, on peut penser qu’avec l’avènement du web, cette tendance sera amenée à s’inverser.

Déjà, le CFPJ de Paris semble réfléchir à de nouvelles méthodes de formation par l’intermédiaire de la création de contrats de qualification où l’apprenti journaliste travaille dans une rédaction tout en suivant des cours théoriques. Des ateliers ponctuels à thèmes existent également pour former de manière très pointue les journalistes sur certains aspects nouveaux de leur travail.

Ce qui sera demandé au journaliste français c’est d’être moins frivole et bavard, en se positionnant un peu plus comme un technicien polyvalent à la recherche du fond bien plus que de la forme, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui.

Outre les connaissances de bases en informatique (usage d’un traitement de texte, utilisation d’un logiciel de PAO et de retouche d’image), les journalistes web devront être capables de réaliser et de mettre en ligne eux-mêmes leurs pages internet. Il n’y aura plus de véritable séparation entre les journalistes de la presse écrite, ceux de la télévision et de la radio. Un journaliste web devra être capable de se servir d’une caméra, d’effectuer lui même des montages vidéos, de réaliser un reportage audio, et bien entendu d’avoir une bonne plume et un bon sens de l’analyse. Le traitement par les médias du web des tragiques événements survenus aux Etats Unis en est une bonne illustration. C’est par la pluralité de ses compétences que le journalistes en ligne parviendra à se trouver une place ; la télévision, « média de l’émotion et de l’immédiateté » demeurant encore favori auprès du grand public.

NOUVELLES METHODES DE TRAVAIL. L’avènement de la presse en ligne devrait changer beaucoup de choses dans les méthodes de travail des journalistes.

En premier point, il semble que l’on s’oriente vers une « information continue » inspirée de ce qui se passe sur le média radiophonique façon « France Info » avec la disparition de la notion de « bouclage » chère à la presse écrite. Ce qui sera demandé aux rédacteurs de presse écrite convertis au web, c’est une information en temps réel, agrémentée de vidéo, de son, et bien entendu de textes. En un temps éclair, il faudra procéder l’exposé des faits, à la recherche des commentaires, et à leur analyse. Une course à l’information qui n’est d’ailleurs pas sans danger. L’absence de recule est souvent la source de multiples fautes journalistiques en presse écrite, pour les quotidiens et les hebdomadaires, principalement. Cela devrait s’accentuer sur le web, avec la tentation de sauter certaines étapes de base du travail journalistique comme le recoupement et la vérification des sources. Le risque de voir se développer sur le web une information « Mac Do » (rapide, pas cher mais dégueulasse) est bien réel.

Après la mode du micro-trottoir, qui n’est ni vraiment une interview, ni vraiment un reportage, ni vraiment un sondage d’opinion, une nouvelle pratique journalistique devrait se développer : l’interview par e-mail, avec ses avantages mais aussi ses inconvénients. L’avantage est que la personne interviewé répondra de façon plus posée et réfléchie avec moins de paroles irraisonnées, ou de formulations « sur le vif ». En conséquence, l’interview gagnera à être beaucoup plus riche sur le fond, avec un risque minimisé de déformation ou de mauvaise interprétation des propos qui ont été tenus. A l’inverse, l’interview perdra en sincérité et en spontanéité, mêmes si des questions pourront être posées par rapport aux réponses précédemment formulées. L’alternative pourra être l’interview à distance à l’aide de webcams. Mais à part le gain de temps et d’argent (transport, hébergement), ce type d’interview ne présentera plus les avantages de l’interview par courrier électronique, et s’apparentera finalement à une interview « conventionnelle ».

QUEL STATUT POUR LE JOURNALISTE ? Le journaliste devra aussi se trouver une nouvelle légitimité. Sur le web, tout le monde peut être observateur du quotidien : n’importe qui peut se prétendre journaliste. Ainsi, aux Etats Unis, c’est un particulier, Matt Drudge, qui a sorti l’affaire du Monica Gate. C’est avec un professionnalisme irréprochable que les « vrais » journalistes parviendront à se démarquer. Le web étant une source inépuisable de rumeurs en tous genres, le rôle des journalistes dans la classification et la hiérarchisation de l’information sera également essentiel.

La question de la propriété du travail du journaliste risque de créer de nombreuses tensions. L’internet n’est pas propice à la protection des droits d’auteurs. L’usage veut qu’un texte puisse être réutilisé par une autre source avec l’autorisation de l’auteur, la mention de son nom et la création d’un lien vers le site d’origine. La plupart du temps, ces précautions ne sont pas prises. Ainsi, en faisant quelques recherches sur le web, vous aurez la surprise de voir que des articles et illustrations originales de L’Agitateur ont été reprises par d’autres sites. Parfois, ces sites ne mentionnent même pas l’auteur ni l’origine de l’articles. D’autres fois, des mentions du type « publié avec l’autorisation de son auteur » avec un lien vers le site d’origine, est inscrit... alors qu’aucune demande (et donc aucune autorisation), n’a été formulée !

Si cela est toléré et ne constitue généralement pas une source de conflit pour L’Agitateur (dans la mesure où il n’y a pas d’exploitation commerciale), cela ne sera pas le cas pour les publications de la presse papier débarquant sur le web, qui ont une forte culture du « copyright » et du droit d’auteur.

Alors que sur le web l’état d’esprit est plutôt tourné vers le « partage des connaissances et de l’informations » au sein d’un réseau global qui appartient à tout le monde (ou plutôt à personne), l’arrivée de la vieille génération de la presse papier pourrait bien tendre à l’avenir vers une conception plus marchande de l’information. Les « luttes d’influences » risquent d’être âpres. Mais pour l’instant, le principe de la libre diffusion de l’information reste de mise. En effet, si quelques sites (Le Monde, La Nouvelle République) diffusent une information payante, ceux-ci restent quantitativement très limité et leur succès est plus que mitigé. Quant au problème du « pillage » du contenu de ces sites, il n’a pas fait pour l’instant l’objet de procès suffisamment significatifs dont les jugements puissent faire jurisprudence.

C’est en fait « en interne » que copyright et droit d’auteur posent le plus de problèmes. D’un côté, les éditeurs souhaiteraient qu’à partir du moment ou un journaliste est salarié ou effectue un travail en tant que pigiste pour une publication, ce soit l’employeur, le propriétaire exclusif de tout droit d’auteur sur ce travail pouvant être publié sous n’importe quel support sans que son auteur puisse prétendre à une quelconque rémunération supplémentaire. C’est le modèle d’une loi britannique datant de 1988 qui est mise en avant pour s’étendre à toute l’Europe. D’un autre côté, la Fédération Européenne des Journalistes lutte contre cette conception privant tout journaliste des droits sur son travail. Il s’agit de distinguer le droit de reproduction, le droit de communication au public et le droit de distribution.

En attendant, dans des Pays comme l’Irlande ou les Pays-Bas, les journalistes en sont réduits à négocier des clauses d’exception leur permettant notamment d’avoir un certain contrôle sur la réutilisation de leur travail.

La situation est assez trouble. En Suède, un journal en ligne Suédois est parvenu à un accord le dispensant du versement de droits d’auteurs lorsque les articles de ses salariés sont publiés sur internet. Mais en ce qui concerne les journalistes indépendants travaillant ponctuellement pour ce journal : à chaque fois un accord contractuel est nécessaire pour permettre la publication sur plusieurs supports.

En Belgique, la réutilisation d’articles pour le web est soumise à une indemnité entre l’auteur et l’éditeur. Une convention existe entre la société des journalistes belges et le groupe Rossel qui permet la reproduction d’articles sur son site ainsi que sur d’autres sites, sans pour autant qu’il n’y ait de « cession des droits d’auteur », simplement un « échange » moyennant rémunération en droits d’auteur calculés sur le chiffre d’affaires.

En France, un journal est une oeuvre collective dans laquelle se fondent des journalistes. La publication sur le web d’articles publiés sur papier est soumise à l’autorisation de leurs auteurs et tend à se rapprocher de l’exemple belge de l’agence Rossel. Mais là encore, les situations divergent d’un journal à l’autre, en fonction de la convention collective et des discussions menées entre les éditeurs et les syndicats de journalistes. Ainsi, Le Monde reconnaît-il entièrement le droit d’auteur pour ses journalistes dans son édition électronique, considérée comme étant entièrement distincte de la version papier. Un accord jugé dangereux par la plupart des grands groupes de presse, qui craignent que leurs marges bénéficiaires ne s’amenuisent avec la baisse d’impact des éditions papiers et ne soient pas compensées par les éditions électroniques. « Les journalistes ne font aucun travail supplémentaire, pourquoi faudrait-il les payer deux fois ? », pensent en substance les principaux patrons de presse.

Ceci-dit, dans les dix prochaines années, la question ne se posera peut-être plus : la tendance ne sera plus à la transposition du papier sur le web, mais à la conception d’un contenu propre au web qui devrait constituer l’essentiel des revenus pour les organismes de presse écrite.

En revanche, il restera toujours le problème des liens hypertextes. Lorsqu’un site renvoie à un article sur un autre site, y-a-t-il légitimité au paiement de droits d’auteurs ? Apparemment pas. Le lien hypertexte relève à la fois du droit de citation et du droit d’auteur. Un site qui serait basé uniquement sur des liens hypertextes relèverait de la contrefaçon (c’est le problème qui a été dernièrement soulevé par L’Agitateur avec la création par le maire adjoint de Bourges délégué aux nouvelles technologie, d’un site appelant au boycott des jeux olympiques de Pékin, quasiment exclusivement basé sur des liens hypertextes). Cependant, en raison de la spécificité du web, dans le cas ou les autorisations des journalistes et de la publication seraient obtenues l’usage voudrait qu’un lien hypertexte ne donne pas lieu à une rémunération et entre dans le cadre juridique du droit de citation.

commentaires
2ème partie : vers une nouvelle définition du travail de journaliste - claire - 17 mars 2006 à 21:51

j’ai un devoir a faire sur les différences et les ressemblances entre le travail du romancier réaliste et celui du journaliste, pourriez vous me donner des infos pour le journaliste s’il vous plait ?


#3676
2ème partie : vers une nouvelle définition du travail de journaliste - elena - 3 avril 2006 à  13:20

salut moi oci je doi faire un trvail comme toi. mon sujet de dissertation c’est "le travail du romancier réaliste et celui du journaliste vous paraissent-ils semblables ou opposés ?" pouré tu me doné d info si tu lé a trouvé stp ? mon mail c ayellowermouse@hotmail.com merci

#3760 | Répond au message #3676
2ème partie : vers une nouvelle définition du travail de journaliste - miss - 11 avril 2006 à  19:13

moi aussi j’ai une dissertation sur les ressemblances et les différences entre le travail du romancier réaliste et celui du journaliste.
si vous pourriez me donner des infos sur se sujet merci.

#3794 | Répond au message #3676
> 2ème partie : vers une nouvelle définition du travail de journaliste - cheick cherif - 18 août 2005 à 13:35

je suis cheick eleve guineen. je vous signle que vous et moi avons le
souci. moi aussi je veux connaitre le role du journaliste au sein des nations
unis.
je sais compter sur votre bonne comprehension.


#2658
> 2ème partie : vers une nouvelle définition du travail de journaliste - peace - 30 avril 2005 à 12:49

salut
je suis entrain de faire actuellement unmémoire qui porte sur le rôle du journaliste dans le respect et la promotion des droits de l’homme.Je voudrais donc avoir votre avis sur la question et si possible de la documentation

merci


#2110