Intéressant article dans « Alternatives Économiques » de Janvier intitulé « Une France d’héritiers ». On y apprend qu’après une forte baisse durant le XXe siècle, le poids de l’héritage dans la France d’aujourd’hui remonte en flèche, pour atteindre un niveau jamais vu depuis… 1920 ! Dans une République où les privilèges liés à la naissance ont été abolis il y a plus de deux cents ans, ça fait un peu désordre.
Selon « Alternatives Économiques », les principales raisons sont la faible inflation constatée depuis la fin du 20è siècle (l’inflation grignote la valeur du patrimoine et les rentiers n’aiment pas ça), et la baisse continue sur la même périodes du taux d’imposition sur les successions. En 2006 (avant la loi TEPA, donc), les 93 milliards d’euros transmis n’ont donné lieu en France qu’à 8,5 milliards d’euros de prélèvement fiscal, selon le Conseil des prélèvements obligatoires. Même pas 10% de taux d’imposition ! De plus, les 10% les plus riches ont transmis 50% de ces 93 milliards. La loi TEPA votée en 2007 devrait faire croître encore plus rapidement ces inégalités.
Et « Alternatives Économiques » de conclure : « Cette évolution ne traduit pas seulement un recul du travail et du mérite face à l’héritage et une aggravation correspondante des inégalités. Il en résulte également une perte de dynamisme économique. Si les prélèvements fiscaux sur l’héritage restent modestes, les patrimoines ne circulent pas. L’essentiel des actifs ainsi transmis de génération en génération reste concentré dans les mains d’une petite minorité de familles aisées. Or, rien n’indique que cette minorité ait hérité, en même temps que d’un patrimoine colossal, de capacités exceptionnelles en termes de gestion et d’innovation. Ce retour en force de l’héritage familial pourrait bien annoncer des temps de sclérose de l’économie. »
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Voir en ligne : Une France d’héritiers