Internet, danger pour la démocratie et la république ?

samedi 14 novembre 2009 à 12:26

Le président de la république française, Nicolas Sarkozy, souffle le chaud et le froid sur la liberté d’expression sur internet. Dans un discours prononcé le 12 Novembre 2009 à la Chapelle en Vercors dans la Drôme, Nicolas Sarkozy a fustigé les excès « d’une démocratie d’opinion débridée. »

Voici l’extrait du discours :
« Il y a 20 ans tombait le Mur de la honte.
Les valeurs de la démocratie et de la République triomphaient.
Je vois bien depuis à quels excès peut conduire une démocratie d’opinion débridée je le vis tous les jours - où les nouveaux moyens de communication s’affichent comme des zones de non-droit. C’est vrai que c’est un problème que nous n’avons pas encore résolu et qui prend une ampleur croissante.
C’est un défi pour la démocratie, c’est un défi pour la République. Mais je veux prendre mes responsabilités. Je préfèrerai toujours ce genre d’excès à ce que fut le totalitarisme communiste qui de l’autre côté du rideau de fer faisait peser une chape de plomb sur toutes les consciences. Je préfère l’excès de la démocratie d’opinion à ce que l’on a vu au XXe siècle en Europe de l’Est.
 »
 [1]

Si on est rassuré par la dernière phrase du président français, on peut une nouvelle fois légitimement s’inquiéter sur ses intentions concernant internet puisqu’il parle ni plus ni moins d’internet comme « des zones de non droit » et comme d’« un problème que nous n’avons pas encore résolu ». Il rajoute, un inquiétant : « C’est un défi pour la démocratie, c’est un défi pour la république ».

Internet, danger pour la démocratie et la république ? Internet zone de non droit ? Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. En tout cas, de nombreux signes nous montrent une volonté croissante de tout contrôler, y compris internet et la parole des prix Goncourt...

La liberté d’expression serait-elle en danger sur internet et donc au sein de la république française ? Non, puisqu’il préfère les excès de la démocratie d’opinion à ce que fut le totalitarisme communiste... Ouf ! Nous sommes (presque) rassurés...

A noter qu’un peu plus loin dans son discours, Nicolas Sarkozy parle aussi « des excès de la caricature »... pour information, la caricature, c’est excessif par définition.


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commentaires
Internet, danger pour la démocratie et la république ? - La droite nationale - 14 novembre 2009 à 18:47

Je ne sais pas ce qu’entend sarko par "danger" mais si on fait abstraction du fait que ça vienne de lui, on peut réfléchir deux minutes sérieusement et arriver à la conclusion qu’internet pose problème et qu’on peut peut-être s’y attaquer sans tomber dans le déni de démocratie ! Je ne pense bien évidemment pas à la liberté de critique ou au fait qu’une video montrant un ministre tenir des propos raciste en public puisse émerger : ça c’est une bonne chose. quand je parle de problème je pense plutot au droit à l’image, au respect de la vie privé, à l’oubli etc etc. Autre problème : bien que normalement la législation existe déjà en ce domaine, la liberté d’expression se transforme pour beaucoup en occasion de tenir des propos illégaux genre diffamation, racisme antisémitisme etc. En effet le supposé anonymat sur internet (je sais que c’est relatif) fait que beaucoup se lâche dans ce qui s’apparente au final à de bon vieux coups de fil anonyme.

exemple concret, ce soir l’équipe de france de foot, joue contre l’irlande. Demain, allez sur yahoo sport et regarder les messages du forum lié au résumé de la rencontre (et déjà celui qui annonce la rencontre) : vous verrez que niveau racisme, mégret ou lepen^passeraient pour des libertaires à côté des cinglés qui s’exprime dans ce genre de sac poubelle....Donc oui pour la démocratie il faut peut-être se préoccuper de certaines dérives


#24475
Internet, danger pour la démocratie et la république ? - Mister K - 14 novembre 2009 à  22:17

quand je parle de problème je pense plutot au droit à l’image, au respect de la vie privé, à l’oubli etc etc.

Alors, concernant le droit à l’image, internet est dans le même cadre juridique que le reste. Le droit à l’image est le même sur internet qu’ailleurs. Par contre, vous avez raison sur les deux autres points : le respect de la vie privée est potentiellement un problème : mais c’est à 99% de la faute des internautes (sauf site malveillant) qui font un peu n’importe quoi sur internet. Et surtout le droit à l’oubli qui là, n’est pas du tout assuré. Nathalie Kosciusko-Morizet s’attaque justement à ce problème qu’aucune loi française ne pourra résoudre puisqu’il s’agit d’un problème mondial...et principalement avec une société américaine du nom de Google qui index tout ce qui bouge...et c’est bien normal, c’est son métier. Mais là encore, les internautes sont co-responsables. Attaquer Google est un peu facile à partir du moment où l’on sait pertinemment comment tout cela fonctionne. Il ne faut quand même pas déresponsabiliser les internautes sur de tels sujets. En France, on peut simplement regretter que la CNIL ait si peu de moyens et de pouvoirs.

Autre problème : bien que normalement la législation existe déjà en ce domaine, la liberté d’expression se transforme pour beaucoup en occasion de tenir des propos illégaux genre diffamation, racisme antisémitisme etc. En effet le supposé anonymat sur internet (je sais que c’est relatif) fait que beaucoup se lâche dans ce qui s’apparente au final à de bon vieux coups de fil anonyme.

Vous l’avez dit vous même, la législation existe et peut-être appliquée. Il n’y a pas de problème spécifique à internet dans ce domaine : on ne met pas un flic dans chaque PMU, derrière chaque citoyen pour relever des propos éventuellement illégaux. Sur internet, ces propos restent, c’est la seule différence. Internet reflète simlplement en bonne partie la mentalité des gens...je vous accorde que ce n’est pas glorieux. Internet et les forums en sont simplement un révélateur, c’est tout.

Conclusion : je ne crois pas que Sarkozy pense aux dangers dont vous parlez. Tout le monde (ou presque) est d’accord là-dessus. Non, il parle bien "des excès de la démocratie d’opinion". Pour lui, c’est par exemple l’affaire qui a touché son fils Jean avec l’EPAD. C’est bien cela qui le dérange. A la limite, il pense également aux droits d’auteur (ce qui le touche de près avec sa femme Carla Bruni). Le fait qu’il parle immédiatement ensuite "des excès de caricature" en est la preuve. Ce qu’il veut protéger, ce n’est pas la république, la démocratie ou les français. Ce qu’il veut protéger c’est lui et son pouvoir. Tout ses propos et ceux de sa majorité sur le sujet vont dans le sens d’un contrôle d’internet. Et je ne dis pas cela parce que c’est Sarkozy. Je suis à peu près sûr que d’autres à sa place penseraient quasiment pareil. Et c’est bien cela qui est dangereux, c’est que la volonté des états de contrôler internet est plutôt partagée. Internet est un contre-pouvoir que de nombreux politiques ne peuvent supporter. C’est le point commun entre pays démocratiques et pays totalitaires... Dans les démocraties, la différence, c’est que l’on prendra les gens par les bons sentiments (lutte contre la pédophilie, contre les fraudes diverses et variées) afin d’imposer des mesures potentiellement liberticides. Mais au final, un filtrage d’internet en France équivaudra, qu’on le veuille ou non, à un filtrage d’internet en Chine.

#24476 | Répond au message #24475
Internet, danger pour la démocratie et la république ? - 15 novembre 2009 à  09:50

Attaquer Google est un peu facile

Et surtout inutile : "Nous sommes présents dans 180 pays, nous ne pouvons pas nous adapter à 180 législations différentes" (Peter Fleischer, responsable de la protection des données personnelles chez Google). Autrement dit "on est là pour faire du fric avec les données personnelles, vos états d’ame sur le droit à l’oubli et votre CNIL on s’en temponne le coquillard".

Mais au final, un filtrage d’internet en France équivaudra, qu’on le veuille ou non, à un filtrage d’internet en Chine.

C’est sûrement, et entre autre, pour apprendre les dernières techniques chinoises, pays à la pointe dans ce domaine, que l’UMP et le Parti Communiste Chinois ont signé un accord de partenariat et d’échange.

#24477 | Répond au message #24476
Internet, danger pour la démocratie et la république ? - Mister K - 15 novembre 2009 à  10:35

Attaquer Google est un peu facile

Et surtout inutile : "Nous sommes présents dans 180 pays, nous ne pouvons pas nous adapter à 180 législations différentes" (Peter Fleischer, responsable de la protection des données personnelles chez Google). Autrement dit "on est là pour faire du fric avec les données personnelles, vos états d’ame sur le droit à l’oubli et votre CNIL on s’en temponne le coquillard".

Je ne suis pas d’accord avec cela. Google est, par définition, présent dans le monde entier et ne peut effectivement s’adapter à toutes les législations de tous les pays. J’irai même plus loin, ils ne doivent surtout pas chercher à s’y adapter. Malheureusement, c’est ce qu’il ont fait en Chine par exemple, en cédant à la volonté du gouvernement chinois et en censurant une partie de leur contenus dans ce pays. C’est un des dérapage que l’on peut reprocher à Google. Google est un moteur de recherche qui index tout ce qui est public. Les données privées, si elles sont disponibles dans l’espace public, ce n’est certainement pas de la faute de Google. Donc, Google ne fait pas du fric avec les données personnelles mais avec les données publiques ou les mots clés que vous entrez dans google pour faire une recherche. Google est une société qui ***pour l’instant*** a une éthique relativement saine.

Maintenant, sur le droit à l’oubli, il y a véritablement un sujet. Mais ce n’est pas forcément Google qui peut régler le problème mais les millions de sites qui sont indexés par Google. Si les données n’existent plus en ligne, Google ne peut plus les indexer...et donc ces données sont naturellement oubliées.

Pour moi, les principaux fautifs dans cette histoire sont véritablement les internautes qui font souvent n’importe quoi. Il faut les responsabiliser : que je sache, quand les gens parlent à la radio ou se montrent à la télévision, en général, ils font un peu attention à ce qu’ils disent ou ce qu’ils font. Et bien il faut qu’ils apprennent à faire pareil sur internet, sinon, il ne faudra pas qu’ils se plaignent que cela se retourne contre eux...

Je suis donc contre une régulation d’internet par les états. Internet doit-être un espace auto-régulé comme il l’a été jusqu’à présent. Cela marche très bien avec des gens responsables et éduqués. Que les états s’occupent de l’éducation ce qui permettra à l’ensemble des populations d’avoir un esprit suffisamment critique face au monde qui les entoure dont internet fait désormais partie.

#24478 | Répond au message #24477
Internet, danger pour la démocratie et la république ? - B. javerliat - 15 novembre 2009 à  14:53

Google est, par définition, présent dans le monde entier et ne peut effectivement s’adapter à toutes les législations de tous les pays. J’irai même plus loin, ils ne doivent surtout pas chercher à s’y adapter.

Bienvenue dans ce meilleur des mondes où les multinationales n’ont plus à s’occuper des lois qui régissaient autrefois les nations archaïques pour imposer les leurs : consommer et se divertir.

Bienvenue dans l’État mondial où chacun reste bien docilement à sa place et ne réclame jamais autre chose que ce qu’on lui propose

#24479 | Répond au message #24478
Internet, danger pour la démocratie et la république ? - Mister K - 15 novembre 2009 à  15:57

Bienvenue dans ce meilleur des mondes où les multinationales n’ont plus à s’occuper des lois qui régissaient autrefois les nations archaïques pour imposer les leurs : consommer et se divertir.

Bienvenue dans l’État mondial où chacun reste bien docilement à sa place et ne réclame jamais autre chose que ce qu’on lui propose

Google respecte déjà, évidemment, les lois des pays dans lesquels cette société est implantée. Votre vision est caricaturale. Mais le sujet, c’est bien la régulation d’internet. Internet est soumise aux lois comme le reste depuis toujours. La question ***concernant les contenus***, c’est bien de savoir si cela doit être régulé par les états ou, comme je le crois, auto-régulé. Sarkozy et la plupart des politiques qui ne comprennent rien, ne réfléchissent pas beaucoup et surtout, se plient aux lobbys en tous genres, cherchent à réguler internet (HADOPI et les lois qui vont suivre vont dans ce sens...). Je persiste à dire que c’est une erreur. De toute façon, je doute qu’ils y parviennent réellement. Et si ils y parvenaient, ce serait une très mauvaise nouvelle avant tout pour la liberté d’expression et la liberté tout court.

Je trouve qu’il est quand même un peu naïf et hypocrite de voir internet seulement comme un espace marchand mondialisé "débridé" quand tout le reste l’est déjà depuis longtemps. Dans une logique de contrôle, il serait quand même bien plus efficace de réguler le monde de la finance, qui lui, est en grande partie auto-régulé...et cela semble beaucoup moins déranger nos gouvernants. Pourtant, c’est bien face au marché de la finance que les femmes et hommes politiques du monde entier ont perdu du pouvoir. Et les citoyens par la même occasion puisque quand les politiques perdent du terrain, c’est aussi la démocratie qui recule. Internet met seulement nos représentants politiques face à leur grande médiocrité. C’est bien moins grave même si c’est beaucoup plus déplaisant pour eux.

Le marché, il est sur internet comme partout ailleurs. Si vous sortez un peu de France, de l’Europe, des Etats-Unis et du Japon, vous vous apercevrez qu’en dehors d’internet, dans la plupart des pays du monde, il n’y a quasiment pas de règles. Et ce n’est pas la faute d’internet...

#24480 | Répond au message #24479
Internet, danger pour la démocratie et la république ? - bombix - 14 novembre 2009 à 13:38

Le danger pour la démocratie, c’est Sarkozy lui-même, le sarkozysme et les sarkozystes. Les arguments contre "la démocratie d’opinion" sont exactement les mêmes que ceux qu’on avait développé contre le suffrage universel. Sarkozy tient la télé et quasiment l’ensemble des médias. L’affaire de sa fausse présence au pied du mur de Berlin en 1989, relayée et bégayée stupidement par TF1, montre assez une nouvelle fois et si c’était nécessaire combien est peu crédible la télé française. Même l’impertinence est instrumentalisée.
Avec internet, c’est plus compliqué pour lui. Il faut donc être très vigilant. Et surtout ne pas compter sur la soi-disant opposition politique à Sarkozy, dont la veulerie n’est plus à démontrer, et qui a les mêmes intérêts que lui à contrôler l’opinion.


#24471
Internet, danger pour la démocratie et la république ? - B. javerliat - 14 novembre 2009 à  14:09

Avec internet, c’est plus compliqué pour lui.

Oui mais non. Si Sarko se permet ce genre de menaces, c’est qu’il sait pertinement que le probleme est planéraire. Sous couvert de lutte contre la contre-façon, les Etats-unis ont initié ACTA (pour Accord de Commerce Anti-Contrefaçon) qui pourrait "obliger les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) à une coopération accrue avec les ayants droit et à la surveillance des communications de tous les clients, d’interdire l’utilisation de logiciels libres pour lire des médias comme l’utilisation des technologies p2p, ou encore de renforcer les pouvoirs de perquisition aux frontières (en permettant par exemple de fouiller lecteurs mp3 ou portables pour rechercher des fichiers qui violeraient le droit d’auteur)." Autant dire, verrouiller le Net. Ce texte est actuellement négocié avec la Commission européenne (qui a pour le moment refusé de rendre public le contenu des négociations) et devrait passer en séance plénière du Parlement Européen d’ici décembre.

Voir en ligne : Libertés et vie privée : ACTA, la menace fantôme

#24472 | Répond au message #24471