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Une école de philosophie à Epineuil Le Fleuriel : une « berrichonnerie » ? - bombix - 15 novembre 2010 à 11:58

Foucault répondit qu’en France, il fallait toujours au moins 20% d’obscurité pour paraître un vrai philosophe. Dans le dernier livre de B. Stiegler, c’est au moins 50% de l’écriture qui est dans ce style obscur et filandreux.

Ce n’est pas propre à Foucault, ni à Stiegler, ni à la French Theory ... Dans la première livraison de l’Etre et le Néant, de Sartre, l’un des folios avait été oublié par l’imprimeur. Personne ne s’en est aperçu. ;-) Preuve qu’on le lisait attentivement et que l’on comprenait tout ce qu’il disait !
Il y a dans la tradition française des auteurs — Clément Rosset par exemple — qui n’ont en rien renoncé à la clarté et à la distinction, et qui se contrefichent absolument de la tradition analytique (qui au passage jargonne autant que la tradition continentale) et que vous dites, à tort, ne pas s’intéresser aux questions de société. John Rawls n’a t il pas renouvelé en profondeur les questions de la philosophie politique ?

« Pourquoi citer cet auteur obscur en grec ? Il faut bien parler de ce que l’on ne comprend pas dans la langue qu’on entend le moins. » Voltaire. ;-)

Ceci dit, c’est une attaque facile est qui est toujours sûre de rencontrer son public que d’accuser les philosophes d’utiliser un langage incompréhensible. Pourtant on l’accepte des scientifiques. On accepte qu’un discours scientifique se fonde sur des concepts qui ne sont pas assimilables immédiatement. Pourquoi le refuse-t-on aux philosophes ? Peut être parce qu’on pense que la philosophie appartient à tous. Il est vrai qu’elle est universelle en droit. Mais en fait, elle exige un travail. Et même beaucoup de travail. Et pas seulement du travail. Suffirait-il alors de commencer par des définitions ? Sans doute, avec cette précision quand même : la définition du concept, quand on l’a achevée, c’est le système lui-même. « Les difficultés qu’on rencontre au cours d’une lecture philosophique tiennent rarement au vocabulaire, quoique ce soit presque toujours au vocabulaire qu’on les attribue. Il est inutile et il serait d’ailleurs le plus souvent impossible au philosophe de commencer par définir - comme certains le lui demandent - la nouvelle signification qu’il attribuera à un terme usuel, car toute son étude, tous les développements qu’il va nous présenter auront pour objet d’analyser ou de reconstituer avec exactitude et précision la chose que ce terme désigne vaguement aux yeux du sens commun ; et la définition, en pareille matière, ne peut être que cette analyse ou cette synthèse ; elle ne tiendrait pas dans une formule simple. Parti d’un sens qu’il n’a pas besoin de définir, parce que c’est celui que tout le monde connaît, le philosophe aboutit à un sens qu’il a parfaitement défini, s’il est maître de sa pensée ; son exposé est cette définition même. » (Bergson)


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