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L’extrême-droite en tête dans toutes les circonscriptions du Cher - epujsv - 2 juillet 2024 à 01:43

Législatives : trois pôles en concurrence, mais une seule alternance possible

"La compétition politique est toujours structurée en trois pôles, dont les poids respectifs évoluent. L’extrême droite est la grande gagnante, mais la gauche stagne au même niveau depuis 2017. Le danger pour elle : rester le « tiers exclu » du pouvoir.

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"De fait, en pourcentage des suffrages exprimés, le RN a bondi d’une dizaine de points par rapport à 2022, et même de quatorze points avec ses alliés. En pourcentage des inscrits (les personnes ayant le droit d’aller voter), le parti d’extrême droite a atteint un record pour un premier tour, toutes élections confondues. Il n’a fait mieux qu’à des seconds tours de présidentielle, lorsque Marine Le Pen était seule à faire face à Emmanuel Macron.

Cela confirme que l’électorat du RN est désormais l’un des plus stabilisés du paysage politique, à un haut niveau. Dimanche soir, ce parti est celui qui a enregistré le plus de candidat·es au-dessus de 50 % des voix au premier tour. Il surclasse nettement la gauche et le camp présidentiel au sein des candidatures ayant réuni entre 40 et 50 % des suffrages, mais devance aussi chacune de ces forces au sein des candidatures ayant réuni entre 30 et 40 %.

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« D’authentiques fiefs électoraux ont été construits, commente Florent Gougou. Ce noyau électoral très solide nous indique qu’à l’avenir, même en cas de lourdes défaites, le RN sera en mesure de garder un grand nombre de sièges à son actif. » Sociologiquement, l’enquête postélectorale Ipsosadministrée à 10 000 personnes confirme la nette surreprésentation du RN au sein des milieux populaires (ouvriers en particulier) et peu diplômés. Même chez les cadres ou les « bac+3 et plus », il dépasse cependant les 20 %. Chez les plus âgés aussi, sa sous-représentation s’est largement atténuée.

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« La gauche a résisté dans sa zone de confort, mais elle est siphonnée dans les coins les plus populaires », constate le politiste Rémi Lefebvre. Professeur à Sciences Po Lille, il relève qu’elle a « perdu sa dernière circonscription dans le bassin minier » du Nord-Pas-de-Calais, et « résiste essentiellement dans la métropole lilloise ». Sur l’ensemble du territoire, ajoute-t-il, « sa structuration de vote assez peu homogène fait que les regains de participation ont conforté ses bastions, mais ne lui permettent pas d’emporter beaucoup de nouveaux sièges ».

Ces bastions se trouvent dans les grandes villes-centres et les quartiers à forte proportion de milieux populaires issus de l’immigration. Certains exemples sont éloquents. Dans la 3ème circonscription lyonnaise du Rhône, l’écologiste Marie-Charlotte Garin a ainsi amélioré son score de huit points pour être élue au premier tour. Dans sa circonscription d’Aubervilliers-Pantin, l’insoumis Bastien Lachaud a carrément quintuplé son score en voix, sur la base d’une participation multipliée par deux."

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Mais ailleurs, la gauche peine à progresser pour prétendre emporter des circonscriptions, quand elle n’est pas en danger dans celles qu’elle détient (comme Fabien Roussel éliminé au premier tour dans le Nord, ou François Ruffin en recul de six points dans la sienne, contre une candidate RN ayant progressé de 18 points par rapport à 2022). Deux indices globaux témoignent de ce problème, aggravé par un mode de scrutin qui commande d’accéder à de nombreux seconds tours et de les gagner, et pas seulement de réaliser de bons scores à un niveau global.

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Cette stagnation collective de la gauche a pour contrepartie le maintien d’un pôle central entre elle et le pôle nationaliste et identitaire hégémonisé par le RN. Autrement dit, il n’y a pas eu de bipolarisation du jeu politique entre l’extrême droite et la gauche.

L’électorat macroniste, largement désarticulé et diminué au scrutin européen du 9 juin, s’est partiellement reconstitué. Si le président de la République n’a pas réussi son pari irraisonné de tutoyer la victoire à force de diabolisation des « extrêmes », le recul global de son camp, de cinq points par rapport à 2022, reste contenu – et plus faible que le recul enregistré entre le scrutin européen de 2019 et celui de 2024.

« La performance de la majorité sortante ne doit pas être sous-estimée, analyse Florent Gougou. Le parti présidentiel et ses alliés ont subi une défaite électorale évidente, mais leur niveau électoral reste supérieur à 20 %

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Médiapart, 1er juillet 2024


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