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Quel humour, ce Général ! - bombix - 20 janvier 2025 à 10:59

Extrait de l’interview de Paul Aussaresses donnée au Monde, en 2000. Robert Lacoste est alors ministre résident en Algérie. Il appartient au gouvernement de Guy Mollet (la gauche à l’époque). Mitterrand est garde des Sceaux. Wikipédia nous apprend : "Il donne systématiquement son aval, en tant que garde des Sceaux, aux nombreuses sentences de mort prononcées par les tribunaux d’Alger contre des militants de la lutte pour l’indépendance, notamment Fernand Iveton, membre du Parti communiste algérien (PCA), guillotiné à Alger le 11 février 1957. Sous son ministère, quarante-cinq militants algériens sont condamnés à mort de manière souvent expéditive pour lesquels Mitterrand ne donne que sept avis favorables à la grâce, refusant de gracier dans 80 % des cas connus, six avis étant manquants. Les témoins cités par son biographe Jean Lacouture décrivent un homme profondément hésitant. Cependant, au risque de s’exposer à l’accusation d’avoir couvert, voire encouragé des pratiques renouvelées de celles de la Gestapo et relevant pour le moins du crime de guerre, il reste au gouvernement, car il veut accéder à la présidence du Conseil, où ses pouvoirs seraient plus importants." Chez Mitterrand, la morale gêne toujours les ambitions politiciennes. ;-) Et puis il y avait aussi ses convictions politiques. En 1954, il avait déclaré à l’Assemblée : « La rébellion algérienne ne peut trouver qu’une forme terminale : la guerre. », puis « L’Algérie, c’est la France. »

Voilà pour les donneurs d’ordre. Revenons à notre Général.

 Il (Lacoste) était parfaitement au courant. Il lisait tous les jours les comptes rendus du cahier manifold. Il y était écrit, par exemple, qu’un militant du FLN avait fait l’objet dans la nuit d’une exécution sommaire. Ce n’était pas marqué en ces termes mais c’était très clair. Je peux vous donner une autre preuve de la connaissance de Lacoste de toutes ces pratiques. Un jour, les membres d’un groupe parlementaire débarquent de Paris pour enquêter sur la torture en Algérie. Lacoste les envoie à Massu. On les fait escorter par le capitaine de Denoix de Saint-Marc, car c’était un officier avec beaucoup de prestance et un excellent contact humain. Pendant leur tournée, les parlementaires tombent sur un officier de renseignement en train d’interroger un fellagha. Le porte-parole du groupe saute sur l’occasion et demande à l’officier français, un colonel malin (qui avait été prévenu de leur visite) : « Qu’en est-il de la torture ? » Et l’autre lui répond : « Eh bien, vous voyez, j’étais justement en train d’interroger un prisonnier." « Et comment procédez-vous ?", demande le parlementaire, soupçonneux. « Eh bien, j’écoute ce que mon prisonnier me dit », répond l’autre sans se démonter. « Et comment êtes-vous sûr qu’il vous dit la vérité ?", insiste le parlementaire. « Eh bien, je le fais jurer sur le Coran ! ", répond l’officier de renseignement, en réussissant à garder son sérieux... Et à ce moment-là, on entend le fellagha qui s’écrie : « Sur un Coran électrique, oui !"... C’est Denoix de Saint-Marc, qui avait assisté à toute la scène, qui me l’a racontée, ce qui m’a fait beaucoup rire !

Ah ah ah. Vraiment très drôle. Notons que Aussaresses s’est vu retiré sa Légion d’honneur. Pas pour ce qu’il avait fait. Pour avoir osé dire ce que tout le monde savait. Malheur à celui par qui le scandale arrive.

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2013/12/04/les-aveux-du-general-aussaresses-je-me-suis-resolu-a-la-torture_3524992_3382.html


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