Le journalisme de données, c’est bien, mais ne miser que là-dessus en récupérant des données bien installé devant son ordinateur, ce n’est pas la panacée non plus.
Oui. C’est bien pour cela que la brève dit « le « warlogs » de Wikileaks est aussi la démonstration qu’il n’y a pas qu’une façon de faire du journalisme ». En clair, récupérer des données est un plus. Ne pas les avoir est pénalisant. Après, tout dépend des sujets. Sur de nombreux sujets, si l’on avait les données, le citoyen serait plus en capacité de juger qu’actuellement. C’est indéniable.
Sinon, on peut être très efficace « bien installé devant son ordinateur » et être inefficace en sortant le cul de son bureau. Il n’y a pas de règles. Les moyens de communication sont désormais multiples. Encenser "le terrain" pour brûler le reste est une connerie. D’autant plus que ce ne sont pas toujours ceux qui encensent "le terrain" qui en font le plus...Bon, c’est vrai, sur le terrain, il y a les bars ;-)
Il n’y a qu’à lire les livres de Denis Robert (Pendant les affaires, les affairent continuent) qui expliquent le cheminement et le travail accompli pour arriver à sortir une info.
Denis Robert qui est un très bon journaliste, s’est quand même bien fait piéger dans l’affaire Clearstream. Pire, dans l’histoire, le vrai sujet, l’opacité des flux financiers a été occulté et étouffé par une sombre histoire toujours pas très claire d’ailleurs. Il n’a donc pas repéré que "l’informaticien" de l’affaire était un peu « chelou ». Personne n’est infaillible. D’où l’intérêt de travailler à plusieurs.
Par ailleurs, les données, c’est bien de les avoir, mais il faut aussi savoir les analyser. En comptabilité, on pourrait me mettre les chiffres les plus scandaleux sur le nez, il est probable que je n’y verrais rien. Donc "travail, volonté, imagination et innovation", oui, mais il faut ajouter, sans doute aussi "compétence". Et j’ajouterai aussi "le temps" pour un non professionnel.
Cet argument est le même que pour les logiciels libres avec l’accès aux sources "encore faut-il savoir les comprendre et les utiliser". Certes. Mais la logique n’est pas une logique individuelle mais une logique collective et collaborative. Si tu ne sais pas lire des chiffres comptables, d’autres savent les lire. Et c’est tout l’intérêt d’un travail collaboratif, c’est que sur la masse, les compétences, ça se trouve. Pareil pour le temps. C’est bien d’ailleurs l’intérêt de l’initiative d’Owni : comme analyser les 90000 documents est un travail de titan, ils essaient de répartir le travail avec toutes les personnes qui le souhaitent. Donc l’argument de la compétence n’enlève rien à l’intérêt des données. Mais malheureusement, c’est un argument souvent employé afin de justifier la non-publication de données publiques : « de toute façon, personne n’y comprendrait rien ». Cet argument est fallacieux et sert surtout aux politiques à justifier l’injustifiable.
Bon, après, nous sommes bien d’accord, les données ce n’est pas tout. Mais ce n’est pas rien, loin de là...