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7 septembre : l’ambiguïté - Mozi - 7 septembre 2010 à 17:49

Cette fois-ci on a au moins pu lire des tracts un peu plus offensifs :

On a toujours l’âge de déserter.

Vous avez travaillé. Vous vous êtes trompés. C’est pas grave. Une seconde chance vous est donnée. Aujourd’hui, vous manifestez pour conserver votre retraite à soixante ans. Vous ne voudriez plus travailler. Pourtant, vous avez travaillé. Vous avez attendu que ça passe. Finalement, c’est passé. Et vous avec.

Si vous approchez aujourd’hui la soixantaine, en 68 vous n’aviez pas loin de la vingtaine. Vous avez vu, vous avez su que d’autres mondes étaient possibles que celui qui s’est édifié, avec votre participation, avec notre participation. Vous avez oublié, vous avez fait semblant d’oublier. Vous avez fait comme si travailler était digne, supportable, intéressant ou simplement humain. Les générations qui vous ont suivi ont mimé votre résignation, plus grotesquement : votre enthousiasme.

Une seconde chance vous est offerte. Vous savez dans votre chair que vous ne voulez plus travailler. Que vous n’avez finalement travaillé que sous la contrainte, et que vous vous êtes faits, pour certains, les illusions nécessaires. Laissez vos illusions derrière vous, si vous en aviez. Il en est temps. Vous en avez les moyens. A soixante ans, vous n’êtes pas tout à fait tari. Le gouvernement, la domination en conçoit une certaine terreur. Ils voudraient vous faire rempiler pour deux ans, que vous soyez vraiment vidés. Avant de vous lâcher dans la nature.

Les gestionnaires de la société vous redoutent. Ils craignent qu’étant encore vivants, vous désertiez. Vous en avez les moyens. Plus que quand vous aviez vingt ans, peut-être. Vous avez les moyens de déserter, au prix de renoncer à l’adhésion à l’ordre social qui vous a consumés. Déserter veut dire : agencer les conditions d’épanouissement de rapports moins mutilés que ceux que commande la domination marchande (hostilité grouillante, incompréhension systématique des hommes et des femmes, absence de communauté comme d’intimité et d’amitié véritables, forclusion de la violence, de la folie, de la souffrance, etc.)

Vous avez une dernière chance de ne pas vous trahir, de vivre, finalement. C’est celle de quitter le navire. En un sens, c’est notre dernière chance. Un monde qui va au gouffre veut s’assurer qu’il n’y va pas seul. Il veut nous entraîner dans sa course à l’abîme. Il est prêt à tout pour empêcher, pour anéantir toute sécession sociale. C’est pourtant la seule aventure à hauteur de vie qui nous soit ouverte, pour l’heure.


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