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Radicalité mal placée - Mister K - 19 décembre 2010 à 09:08

En 2010, environ 15% des foyers du Cher (25000 sur 152000) n’ont pas un accès à internet haut débit. Est-ce grave docteur ? Oui et Non. Non, parce que l’on peut quand même survivre sans avoir accès à internet. Oui, parce que désormais, internet est presque devenu indispensable et ne pas y avoir accès est lourdement handicapant. Paradoxalement, ce sont les gens les plus isolés, et donc, qui auraient potentiellement le plus besoin d’avoir accès à internet qui n’y ont pas accès correctement. La faute à l’évolution de notre société dont l’économie privilégie les zones d’habitation denses beaucoup plus rentables. C’est un fait, cet article en parle très bien. Mais la question qui se pose : devrait-on considérer que chaque citoyen doit pouvoir accéder à internet si il le souhaite et donc inclure cela dans un service public à l’image de l’eau, de l’électricité, du gaz ou du téléphone ? Pour moi, la réponse est oui. Et ce serait bien sûr à l’État de s’occuper de cela. Cet article le dit très bien également.

Si on reste dans cette logique (c’est le boulot de l’État et pas celui des collectivités), on ne fait rien. En effet, c’est le plan France Numérique 2012 qui délègue aux collectivités locales cette charge d’amener 100% de la population à pouvoir accéder à internet haut débit. Et ce que l’on peut reprocher au plan, c’est que sur les 6.5 millions d’euros de subventions, la part de l’État ne soit pas de 100% : le département, la région, l’Europe et les communes sont obligées de co-financer ce plan. Deuxième reproche que l’on peut faire, c’est qu’en délégant cela aux départements, l’État laisse potentiellement s’installer des distorsions d’accès à internet puisque, en fonction des choix qui seront faits ou pas, les habitants des différents départements auront un accès plus ou moins bon et plus ou moins cher. Bref, on est très loin de ce que l’on peut attendre d’un service public.

Pour moi, être radical sur un sujet comme cela, c’est à dire laisser les 25000 foyers sans accès correct à internet sous prétexte que ce n’est pas le rôle du département et que c’est à l’État de s’en occuper, ce n’est pas acceptable. C’est dire aux gens, "vous vivez dans une société libérale qui laisse une partie des gens de coté et c’est comme ça, on n’y changera rien. Si vous voulez un service public internet, vous n’avez qu’à bien voter la prochaine fois !". Bref, sous prétexte de lutter contre le libéralisme, on ne chercherait pas à diminuer ses effets pour ne pas le renforcer...et donc, on laisserait ***volontairement*** des gens de coté en attendant le grand soir. Oui, c’est une façon de voir. Mais je trouve cette radicalité très mal placée. Et au final contre-productive car, que se passerait-il si le CG du Cher ne lançait pas un tel plan alors que tous les autres départements de France le font ? Et bien les habitants ne comprendraient pas et donc, voteraient à droite aux prochaines cantonales...et que ferait la droite ? Elle appliquerait le même plan aux éventuels détails techniques près. Au final, personne n’y gagnerait rien.

Globalement, je trouve ce plan extrêmement raisonnable. Il ne promet pas la lune pour 2020 et du très haut débit partout pour un coût forcément exorbitant. Il va permettre de fournir un service correct immédiat, pour un coût public de 6.5 millions d’euros acceptable...Par contre, il est très regrettable que le coût des abonnements soient si élevés. A 30 euros, les abonnées seront loin d’avoir le service rendu par les box en zone dense. C’est la grande faiblesse de ce plan. Donc quelque part, l’objectif initial n’est pas totalement atteint. Et c’est vraiment dommage.


#30661



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