Tribune Le droit international a succombé dans les gravats de Gaza
"Pour l’avocat William Bourdon, la déshumanisation des victimes des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, à l’œuvre depuis des décennies, s’est accélérée pour atteindre son acmé depuis le 7 octobre."
Libération, 10 décembre 2023
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"Dans ce monde qui retourne au tragique, et nous avons peine à nous en souvenir, il y a bien eu une fenêtre d’espérance quand les premiers tribunaux ad hoc (ex-Yougoslavie et Rwanda) ont été créés en 1993 et 1994, puis quand a été édifié le premier instrument d’une justice mondialisée : la Cour pénale internationale, la CPI. Nous avons connu un moment plein d’espoir, le début d’une ère nouvelle : l’amorce de la fin de l’impunité des plus grands criminels de sang.
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"La visite faite récemment par le procureur de la CPI, Karim Khan, en Israël et dans les territoires palestiniens et sa promesse d’intensifier ses efforts pour enquêter sur les crimes de guerre commis, est un minimum au regard de leur intensification en cours à Gaza. Il faudra au procureur et ses équipes une ténacité et une mobilisation exceptionnelles pour un jour délivrer des mandats d’arrêt. On en est pour l’instant très loin. C’est certainement une des conditions pour que l’action de la CPI soit perçue comme universelle et non pas à géométrie variable comme elle l’est aujourd’hui."
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L’Orient-Le Jour, 11 décembre 2023
"La bande de Gaza est le théâtre sanglant lundi de raids aériens israéliens et d’intenses combats après des menaces du Hamas de ne pas libérer "vivants" sans négociation les otages qu’il détient. Dans la nuit de dimanche à lundi, un reporter de l’AFP a fait état de puissantes frappes aériennes sur la ville de Khan Younès, nouvel épicentre de la guerre situé dans la pointe sud de la bande de Gaza. Le ministère de la santé de l’administration du Hamas à Gaza a fait état de "dizaines" de morts dans des raids nocturnes.
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Dans la bande de Gaza, la population civile est acculée dans un périmètre de plus en plus exigu et le système de santé menace de "s’écrouler" selon l’OMS. D’après le ministère de la Santé du Hamas, près de 18.000 personnes sont mortes dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre. Les israéliens font état de 1.200 tués lors de l’offensive du Hamas le 7 octobre – sans compter les soldats tombés lors de l’offensive terrestre lancée à Gaza le 7 octobre, quelque 240 otages dont plus de la moitié ont été libérés lors d’une trêve d’une semaine. Une partie d’entre eux sont morts. Selon le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le système de santé est "à genoux" à Gaza, et l’organisation a adopté une résolution réclamant une aide humanitaire immédiate pour le territoire assiégé. Les arrivées de vivres, médicaments et carburant dans la bande de Gaza restent très insuffisantes d’après l’ONU, et ne parviennent d’ailleurs pas à être acheminés au-delà de Rafah."
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"Les magasins et les écoles de Jérusalem-Est, y compris ceux gérés par la municipalité, sont également fermés ce lundi en signe de solidarité avec Gaza, selon le Haaretz. Des activistes palestiniens ont rapporté que la plupart des gens ne sont pas allés travailler et que, dans certains quartiers, des barrières ont même été placées pour les empêcher de partir. Jusqu’à présent, aucun affrontement n’a été signalé.
Cette grève s’inscrit dans le cadre d’une campagne mondiale, sous le slogan #StrikeForGaza, qui a entraîné la fermeture de magasins, de bureaux gouvernementaux et d’institutions publiques en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban, en Turquie et en Bosnie, entre autres."
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