L’aventure brésilienne
Nul n’est prophète en son pays...

Franck Lopez : Quelques années sont passées jusqu’en 1995, lorsqu’un label brésilien nous a contacté. Il s’agissait de gens ayant passé des vacances en Europe et ayant acheté notre disque « Cathédrale » en Allemagne et qui se sont ensuite amusés à le passer dans des discothèques à São Paulo … et cela a très bien marché !
L’Agitateur : Un événement assez improbable…
Franck Lopez : Complètement improbable ! Pour nous le groupe était terminé à ce moment là !
Catherine Marie : Ils nous ont demandés s’ils pouvaient faire une compilation de nos titres. Nous avons accepté.
Franck Lopez : Cela ne nous a pas demandé beaucoup de travail puisqu’ils ont tout fait : de la sélection des morceaux à la diffusion des CD. Comme ça s’est bien vendu, ils nous ont proposé de faire un nouvel album. Cette motivation extérieure nous a relancés et nous avons recommencé à nous rencontrer pour répéter. Après la sortie de l’album on nous a proposé dans la foulée d’aller jouer là bas. En une semaine de tournée, on a découvert le Brésil, les brésiliens et le milieu gothique brésilien. C’est là qu’on a pu mesurer un succès qu’on n’imaginait pas !
Catherine Marie : Oui, nous avions des fans, des vrais, qui pleuraient quand ils nous voyaient arriver, des femmes qui voulaient qu’on leur touche le ventre parce qu’elles étaient enceintes… On signait même des tee-shirts de foot ! (rires)
Franck Lopez : Là bas le phénomène des fans est vraiment complètement différent ! On a découvert des gens qui criaient, qui chantaient nos paroles, qui nous couraient après, des services d’ordre mis à notre disposition, des queues se formant pour qu’on organise des séances d’autographes. Tout cela était assez étonnant ! Quand on raconte ça, on nous prend pour des mythos ! (rires)
L’Agitateur : Tout cela a été engendré par la simple diffusion de vos titres dans des boîtes et dans les radios locales ?
Franck Lopez : Oui, mais ce qui a surtout joué, c’est qu’il existait déjà un milieu gothique à São Paulo. On n’en revenait pas !
L’Agitateur : Le retour en France a dû faire un drôle d’effet…
Catherine Marie : C’est vrai ! On se demande ce qu’on fait là ! (rires)
Franck Lopez : De cette période, on a gardé beaucoup de contacts avec les gens qui se sont occupés de la tournée et du label. Je travaille d’ailleurs toujours avec eux pour d’autres projets…
L’Agitateur : À ce moment là, vous êtes repartis dans une phase de création et vous sollicitez donc les mêmes pour cette aventure ?
Catherine Marie : Oui, mais il nous manquait un claviériste pour que Patrick soit vraiment à l’aise sur scène. C’est Carine, avec qui Franck a travaillé entre-temps dans le groupe Collection d’Arnell- Andréa qui nous a rejoints pour l’occasion. Ensuite, les Allemands du label Triton se sont intéressés à nous. Ce label allemand distribuait en Allemagne les disques du label brésilien et ils ont produit nos deux derniers albums. À la disparition du label nous nous sommes arrêtés de nouveau.
L’Agitateur : Cette "période brésilienne" avait relancé le groupe mais paradoxalement vous ne vous êtes plus jamais produits sur Bourges ou la région. Comment expliquez-vous qu’il n’y ait pas eu un regain d’intérêt pour votre musique ici ?
Franck Lopez : Cela vient peut-être aussi de nous qui ne sollicitions plus la presse locale.
Catherine Marie : On n’avait plus de label puisque Orcadia Machina avait disparu donc nous n’avions plus de vie associative. D’autre part, on était produit ailleurs…
L’Agitateur : Finalement personne n’est venu vous chercher.
Franck Lopez : À partir du moment où certaines personnes ont pris en charge tout ce que nous faisions avant, on a lâché du lest.
Catherine Marie : Dans cette deuxième période nous n’avions qu’à nous occuper de création. Cela a dû jouer sur le fait que nous n’avons eu ni l’envie, ni le courage de faire de nouvelles apparitions sur Bourges ou la région. On ne cherchait plus de concerts… on attendait plutôt que les choses viennent à nous.
Franck Lopez : Contrairement aux années 80 où l’on y passait énormément de temps ! Trouver les endroits où déposer les disques, chercher des dates de concert…
L’Agitateur : Pensez-vous avoir bénéficié d’une écoute suffisante au niveau du milieu culturel local ?
Catherine Marie : Nous n’avions pas vraiment sollicité les structures, nous avons juste bénéficié de quelques articles dans les journaux… Et puis nous n’étions plus un groupe jouant sur les scènes de Bourges, nous faisions davantage de diffusion et de promotion au niveau national.
Franck Lopez : Pour nous, tout a changé quand on a trouvé les labels qui ciblaient exactement le public qu’on pouvait toucher. Par exemple, sur une ville comme Bourges, et même sur la région, il n’y a pas de club gothique. Je dis gothique car c’est le genre musical dans lequel on nous classifie dorénavant. À l’époque on avait du mal à s’intégrer dans un style. Maintenant, il existe des « cases »…
L’Agitateur : La presse spécialisée a joué un rôle important ?
Franck Lopez : Oui, car elle a relancé certains groupes des années 80 en les confrontant à un nouveau public. Le développement d’Internet a également tenu une place importante dans ce regain d’intérêt.
Catherine Marie : Nous sommes écoutés un peu partout à travers le monde. Nous recevons des mails de toutes les provenances. C’est impressionnant.
L’Agitateur : Par contre on ne trouve qu’un seul clip d’OMS sur la toile… [1]
Franck Lopez : Tout simplement parce qu’on avait quasiment pas fait de clips depuis nos débuts(et quelques passages sur FR3 à l’époque). Il était inutile de dépenser de l’argent pour des vidéos alors que nous ne pouvions même pas nous faire diffuser. Ou bien alors il aurait fallu aller frapper chez FR3, ou ailleurs, et cela aurait été insupportable. Si on n’était pas dans une grosse boîte cela ne servait à rien. Maintenant c’est effectivement beaucoup plus facile sur Internet.
L’Agitateur : Après cette deuxième période sont apparues un certain nombre de compilations avec des titres d’OMS et des rééditions de vos albums…

Franck Lopez : Oui, l’album Cathédrale a récemment été réédité par un label français qui ressort des groupes français des années 80 en se rapprochant au maximum des éditions originales pour la présentation, pour nous un petit nœud sur chaque exemplaire fait à la main.
Catherine Marie : On a fait 1500 petits trous à la chaîne . Cela nous a rappelé de bons souvenirs de nos débuts ! (rires)
à suivre...