Parachèvement de l’esquisse
Reconnaissance tardive ...

L’Agitateur : Entre-temps vous avez poursuivi d’autres expériences musicales sous différents pseudos...
Franck Lopez : Il y a ma participation à la Collection d’Arnell-Andréa depuis 1991 (fin de la première période d’OMS) [1]. Je suis toujours bassiste, chanteur et guitariste dans ce groupe de Cold wave basé à Orléans. J’ai participé à 5 albums avec eux et nous tournons toujours un peu partout en Europe (Belgique, Suisse, Allemagne, Espagne et Italie) mais très peu en France finalement. Bien qu’un milieu gothique se soit créé à la fin des années 90 en France avec quelques salles de spectacles et des organisateurs, cela reste quand même limité. D’autres expériences musicales parallèles ont eu lieu après la fin de cette deuxième période d’OMS qui s’est achevée avec l’album « Une idylle en péril ». Thy Violent Vanities, est un duo avec Eric où nous mettons en musique des textes poétiques de William Shakespeare... Je participe aussi à une expérience plus électro dans les Three Cold Men avec deux Brésiliens originaires de São Paulo et rencontrés lors de notre tournée là bas. L’un des musiciens était issu du label Manager qui a sorti nos albums brésiliens et l’autre est l’un de ses amis d’enfance, très doué pour le mixage et l’informatique musicale. On travaille essentiellement par Internet interposé.
L’Agitateur : Vous vous rencontrez peu j’imagine…
Franck Lopez : En 2005 et 2006 nous avons effectué deux tournées au Brésil et également une tournée en Europe (Allemagne, Hollande, Espagne…). Il n’y a que comme cela que l’on se voit.
L’Agitateur : Et Patrick , le chanteur d’OMS ?
Franck Lopez : Il ne s’est pas vraiment impliqué dans d’autres projets…
Catherine Marie : À part dans O Quam Tristis un groupe plus « électro-médiéval »qui réunit tous les membres d’OMS... Quand on a arrêté OMS dans la deuxième période, on avait envie de continuer et d’évoluer encore…
L’Agitateur : On retrouve d’ailleurs les mêmes ingrédients... Dans cette formation, vous chantez uniquement en latin je crois.
Catherine Marie : Oui et là encore l’imagerie religieuse est bien présente.On a aussi repris tous les instruments anciens qu’utilisait le groupe Avaric. Nous sommes en quelque sorte retournés aux sources.
Franck Lopez : Mais les textes ne sont pas forcément religieux. On utilise beaucoup de textes du Moyen-Age donc bien sûr du religieux, du liturgique mais aussi des poésies d’amour. En fait avec ces groupes nous abordons tous les styles de musique qu’on aime bien alors qu’avec OMS on avait tendance à faire tous les styles de musique en un seul groupe ! (rires) [2]
L’Agitateur : Quelle votre actualité avec OMS ?
Franck Lopez : Après la réédition de Cathédrale sous format CD fin 2007, il y a eu un coffret trois vinyles produit par un label allemand « Vinyl on demand » qui savait que nous avions sorti dans les années 80 des cassettes à tirages très limités qu’on faisait à la maison. Sur ces cassettes il y avait des morceaux qui ont été réarrangés plus tard pour d’autres albums ou bien des morceaux qui n’ont jamais été exploités. On peut parler de démos…
L’Agitateur : Combien de tirages pour ce coffret ?
Catherine Marie : mille exemplaires, dont six-cent numérotés et cent avec des tee-shirts, des "collectors" ! (rires )
L’Agitateur : C’est un pari commercial ou le producteur est-il un fan ?
Franck Lopez : Oui, c’est un fan de tout ce qui se faisait dans les années 80. Il collectionne des cassettes et possède un fonds d’archives énorme. Il numérise tout ce matériel et a créé ce label sur lequel il produit des vinyles qu’il présente sous des formes luxueuses… Il nous a d’ailleurs donné carte blanche.
L’Agitateur : Comment cela se passe-t-il pour la conception ?
Franck Lopez : Il nous a indiqué le temps dont il avait besoin, le nombre de morceaux, que nous avons sélectionnés et j’ai fait un mastering . On a travaillé les visuels avec son graphiste. On l’a refait dans l’esprit de Cathédrale. C’est vraiment un objet luxueux dont on n’aurait jamais pu rêver à nos débuts.
L’Agitateur : Il existe vraiment un public potentiel pour ce genre de produit ? Vous avez des retours sur ces ventes ?
Catherine Marie : Oui bien sûr. Je pense que tous les collectors sont déjà vendus car c’est un système de souscription. Ses clients sont abonnés et reçoivent systématiquement toutes les nouveautés de son catalogue.
L’Agitateur : Ces rééditions ont t-elles été rentables pour vous, économiquement parlant ?
Franck Lopez : Toutes ces rééditions ont été entièrement financées par les labels qui les ont réalisées. Elles ne nous ont donc rien coûtées, comme tous nos albums depuis 1995. Nous avons, dans les différents cas, touché des avances et nous récupérons les droits de reproduction mécanique, ce qui par rapport à notre première période d’autoproduction est un progrès notable. La majorité des gains réalisés reviennent aux labels qui font les mises de fonds et les prises de risque principales. Ceci dit, les sommes que nous gagnons ne suffiraient pas à faire vivre quatre personnes au quotidien... Raison pour laquelle nous n’avons jamais abandonné nos activités professionnelles. Ceci explique également que nous ayons pu continuer si longtemps à faire vivre notre passion. Le but n’est pas de s’enrichir mais de rester créatif le plus longtemps possible.
... Renaissance possible ?
L’Agitateur : Finalement tout ce phénomène autour des années 80 et ces rééditions qui s’enchaînent vont-elles vous inciter à reformer le groupe ?
Franck Lopez : Alors... nous venons tout juste de recevoir une dernière compilation , un double CD « parachèvement de l’esquisse » qui devrait être la dernière ouvrage d’OMS puisque cela retrace toutes nos années de carrière…La pochette est composée de fragments de chacun de nos albums. Jean-Marie Noël, le graphiste qui a travaillé sur ce projet était percussioniste dans le groupe Avaric autrefois, on lui a toujours demandé de réaliser nos jaquettes.
Catherine Marie : Le label voudrait pourtant que l’on refasse des concerts.
L’Agitateur : Cela fait suite à la sortie de cette compilation ?
Catherine Marie : Oui, tout est déjà vendu au Brésil…
Franck Lopez : La première demande consiste à savoir si nous voudrions sortir un nouvel album pour 2010. Nous n’avions rien demandé allant dans ce sens car nous pensions conclure définitivement l’aventure OMS avec la sortie de cette compilation.
L’Agitateur : Faut-il voir dans tout cela les prémices d’une nouvelle période pour OMS ? Est-ce que tout le monde serait partant parmi vous ?
Catherine Marie : Franck et moi sommes les plus réticents car nous sommes engagés dans d’autres projets (O Quam Tristis, etc…). Patrick et Eric seraient prêts de leur côté… Patrick est même en train d’écrire des textes. C’est étrange car on a l’impression de revenir aux débuts de l’aventure avec ce pari d’écrire des textes !
Franck Lopez : Mes réticences se situent plutôt sur le fait que j’ai tendance à penser qu’on a tourné une page de notre vie et qu’il ne serait pas évident de retrouver l’alchimie… Mais finalement ce ne sera peut-être pas un point final … il faut qu’on en rediscute encore.
L’Agitateur : Quels regrets pourriez-vous avoir par rapport à votre parcours ?
Catherine Marie : Peut-être un regret… Celui de ne pas avoir pu autant se diffuser dans les années 80 que maintenant. On a l’impression d’avoir raté quelque chose.
Franck Lopez : On aurait certainement aimé avoir davantage de reconnaissance lorsqu’on était plus jeunes.
Catherine Marie : Il fallait sans doute qu’on passe par toutes ces étapes pour obtenir, en fait, une petite reconnaissance.
Franck Lopez : Nous sommes aussi conscients que notre style musical nous aura toujours coupés du grand public. Pas de regrets de ce côté-là !
L’Agitateur : Que dire d’autre concernant Bourges, si ce n’est que la ville vous a inspiré à vos débuts ?
Catherine Marie : Eh bien... par exemple, nous n’allons plus au Printemps de Bourges car nous n’y trouvons pas les groupes que l’on écoute…
Franck Lopez : Il est vrai que globalement les groupes qui nous inspirent ne sont jamais invités au Printemps de Bourges sans doute parce que -comme nous - ils sont un peu dans la marge. Même si ces groupes ont un public, un festival comme le Printemps de Bourges ne peut pas se permettre de faire des soirées gothiques pour attirer très peu de gens …
L’Agitateur : Est-ce que vous avez eu l’occasion d’écouter des groupes locaux récemment ?
Franck Lopez : Non pas vraiment… (rires)
Catherine Marie : On s’est un peu coupé du monde local. C’est peut-être lié à notre âge…
[1] ndrl:OMS = Opera Multi Steel
[2] Tous les groupes auxquels participent les membres d’OMS sont accessibles en lien sur le site d’Opera Multi Steel