Les inégaux du Dimanche
Dans la grande tradition des lois impopulaires, la loi dite de "dérogation au principe de repos dominicale" a été examinée et adoptée [1] par l’Assemblée Nationale en plein mois de juillet, le 15 Juillet 2009 précisément. Nos députés locaux, Yves Fromion et Louis Cosyns (UMP) ont voté en faveur de cette loi. Jean-Claude Sandrier (PCF) a voté contre. Mais que contient réellement cette loi ?
Une loi trompeuse
Au premier abord, on pourrait croire que les grands principes du travail dominical sont préservés puisque le texte voté par l’Assemblée Nationale affirme dès l’article 1er que « Chaque salarié privé de repos dominical perçoit une rémunération au moins égale au double de la rémunération normalement due pour une durée équivalente, ainsi qu’un repos compensateur équivalent en temps. ». De plus, concernant ce travail du dimanche, la loi insiste bien sur le volontariat des salariés qui doit être affirmé par écrit avec possibilité de changer d’avis.
Le problème, c’est que d’une façon habile, le texte stipule que « les établissements de vente au détail situés dans les communes d’intérêt touristique ou thermales et dans les zones touristiques d’affluence exceptionnelle ou d’animation culturelle permanente peuvent, de droit, donner le repos hebdomadaire par roulement pour tout ou partie du personnel ». Comprendre que le dimanche sera potentiellement un jour de travail comme un autre pour les salariés de certaines communes.
Une loi à géographie variable
Qui sont les heureux élus qui auront "la chance" de travailler le dimanche pour pas un rond de plus ? Déjà, ce ne seront pas les habitants de Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin pour qui la loi ne s’applique pas. Les communes concernées sont les grandes villes (Paris, Lille, Marseille) [2] et les zones touristiques ou thermales. Une liste précise sera dressée par le préfet après avis du comité départemental du tourisme, des syndicats d’employeurs et de salariés intéressés, ainsi que des communautés de communes, des communautés d’agglomération et des communautés urbaines, lorsqu’elles existent. On peut donc s’attendre à tout et n’importe quoi.
Une première étape...
Selon Richard Mallié, le rapporteur UMP de la loi, ce sont 150 000 salariés répartis dans 497 communes qui seraient concernés par la loi. A n’en pas douter, une partie des élus UMP sortiront cet argument à leurs administrés afin de les rassurer : ils ne seront pas touchés par cette loi... On rajoutera malicieusement, "pour le moment". Car évidemment, il s’agit là d’une première étape pour le Président de la République qui a imposé cette loi, y compris à sa majorité. Il tenait personnellement beaucoup à celle-ci afin de pouvoir faire du shopping sur les Champs-Elysées le dimanche... Sérieusement, l’idée est bien évidemment de banaliser le travail le dimanche et en faire un jour comme un autre...
Le travail le dimanche, pourquoi pas ?
Oui, pourquoi pas ? Même si les arguments ne manquent pas pour encadrer le travail le dimanche, on pourrait affirmer cette liberté partout sur le territoire. Mais pourquoi ne pas garantir un paiement double à tous les travailleurs du dimanche ? C’est bien cet aspect de la loi qui en fait une loi libérale et non une loi pour les libertés de travailler le dimanche ; une liberté qui existe d’ailleurs depuis longtemps en France et à qui cette loi n’apporte pas grand-chose si ce n’est un peu plus de confusion encore.
Et la suite ?
Le Sénat devra donner son aval au texte voté par l’Assemblée Nationale, ce qui devrait être une formalité. Mais, au regard du texte, un recours auprès du Conseil Constitutionnel est plus que probable. En effet, les français ne semblent pas tous égaux face à cette loi...