Google, le nouveau mal ?

jeudi 17 décembre 2009 à 21:38, par Mister K

Depuis quelques temps, il est devenu à la mode [1] de présenter Google comme un nouveau danger pour la planète internet et surtout pour la vie privée des internautes. Cela n’est certes pas faux. On peut faire, à juste titre, un grand nombre de reproches à Google. Pourtant, Google est un peu le géant qui cache une forêt de risques qui, avec ou sans lui, existeront toujours. Cette forêt, c’est celle d’une société où l’informatisation extrême devient une faiblesse et un danger potentiel.

Depuis l’entrée en Bourse de Google le 19 août 2004, beaucoup craignaient des dérives. Ces craintes étaient fondées. Pour autant, est-ce que Google est devenu le mal ? Certainement pas.

Google n’est pas irréprochable

Google, le nouveau mal ?

Si vous vous amusez à recenser l’ensemble des reproches que l’on peut faire à Google, vous allez très rapidement en trouver des dizaines voir des centaines. Un site comme Google Watch résume très bien l’ensemble de ces reproches. Parmi les plus graves, le fameux Google Chine qui se soumet à la censure du pouvoir local depuis son lancement en 2006. En Chine, Google n’est pas hégémonique puisqu’il n’a "que" 30% de parts de marché, il est largement distancé par Baidu [2] qui est le véritable géant chinois de la recherche sur internet. Pourtant, on aurait pu s’attendre à une éthique irréprochable de la part de la société américaine dont le slogan officieux n’est autre que « Don’t be evil » - Ne soyez pas le mal. Mais les sirènes du gigantesque marché chinois sont décidément plus fortes que l’éthique de la société américaine. Par cette action, Google a déçu et mis en évidence une chose dont peu de gens doutaient : Google n’est pas une société meilleure que les autres et ne fait pas mieux que les centaines ou les milliers de sociétés ou de gouvernements qui travaillent en Chine ou avec la Chine en se moquant des droits de l’homme. Parmi d’autres reproches que l’on peut faire à Google, j’ai noté celui du navigateur Google Chrome qui recueille un grand nombre d’informations personnelles à l’insu de ses utilisateurs en utilisant un identifiant unique permanent lié à l’installation du logiciel. A noter que si l’on a pu détecter la chose, c’est que le logiciel surnommé "Big Browser" est open source...

Des critiques justifiées mais à retardement

Tous ces reproches se trouvent actuellement sous la lumière des projecteurs suite à une bourde de communication du patron de Google qui a fait réagir un responsable de la fondation Mozilla [3] qui en a rappelé à ses utilisateurs la possibilité d’utiliser le moteur de recherche Bing de Microsoft en lieu et place de Google ; selon Asa Dotzler, « Bing respecte mieux votre vie privée que Google ». Ce qui est plutôt amusant dans cette affaire, c’est que Mozilla et Google sont partenaires depuis de nombreuses années. La fondation Mozilla doit même une grande part de son chiffre d’affaire à Google. Il est quand même pour le moins étonnant que des membres de la fondation Mozilla aient attendu cette bourde pour commencer à dénoncer ouvertement la politique de Google concernant la vie privée des internautes... mais peut-être est-ce là le résultat de la concurrence que se livrent Firefox et Google Chrome.
Il serait quand même plus sérieux de critiquer ce que fait Google, et il y a matière, que ce qu’il dit.

Un contexte d’informatisation galopante

Pour comprendre, il faut tenter de resituer Google dans le cadre de l’informatisation galopante de notre société. Une image qui permet de prendre la mesure de l’ampleur du phénomène est celle de la comparaison entre d’une part, le passage de l’ancien franc au nouveau franc en 1960, et d’autre part, le passage du franc à l’euro le 1er Janvier 2002. Le second passage a été bien plus complexe que le premier à cause de l’informatisation qui a tout envahi, des entreprises aux particuliers. Une des grandes étapes de l’informatisation des particuliers a été l’apparition de la micro-informatique dans les années 80 qui a eu certes le mérite de démocratiser l’informatique mais le tort d’envahir petit à petit notre quotidien. La connexion en réseau de l’ensemble des postes informatiques, qui s’est généralisée avec l’apparition d’un internet grand public au milieu des années 90 a amplifié ce phénomène. Des années 80 aux années 2000, notre quotidien a été transformé : de l’ordinateur, à la télévision, au téléphone, vos cartes de transport, de cantine, de paiement, le badge d’accès à l’entreprise, du travail à la maison, tout n’est que traitement automatique de l’information. Cette transformation s’est faite à une vitesse impressionnante et n’a pas laissé le temps à la société de prendre conscience de son impact et de ses risques. Seuls les avantages et les avancées technologiques ont été mises en avant. En France, un des pays du monde les plus avancé au niveau de la protection de la vie privée, la CNIL [4] a été créée en 1978. Mais en 2009, elle n’a guère plus de moyens et de pouvoir qu’à sa création alors que le domaine dont elle s’occupe a littéralement explosé. Et à part la CNIL, c’est le désert. Les français, comme la plupart des citoyens du monde, sont à peu près ignorants de tous ces systèmes d’informations qu’ils utilisent chaque jour sans le savoir. Et c’est bien cela le problème. L’école s’est emparé maladroitement de l’informatique comme d’un outil qu’il faut apprivoiser, sans plus. Personne n’a formé les citoyens aux problématiques de l’informatique dans notre société. D’où le désastre aujourd’hui.

Tout part d’un moteur de recherche

Google est arrivé au milieu de tout cela en 1998, donc relativement tard par rapport à d’autres acteurs éminents de l’informatique et même d’internet. Quel était le but de Google en 1998 ? Référencer le plus de sites web possible et les indexer au mieux afin de guider les internautes à travers la toile qui grandit de façon exponentielle. Google référence des données accessibles à tous. Le fameux googlebot emprunte, pour donner une image, toutes les routes qui lui est possible d’emprunter, sans se poser de questions. Et pour cause, il s’agit d’un programme informatique basé sur un algorithme dont le défaut est d’être secret, mais dont les grandes lignes de fonctionnement sont largement publiques.

Et c’est là, le grand reproche qui est fait à Google qui tire toute son hégémonie actuelle de la réussite de son moteur de recherche. Pourtant, comme tout programme, ce moteur de recherche n’est pas parfait et connaît bien entendu de nombreux ratés. Et c’est en associant les ratés de Google et le secret de son algorithme que les détracteurs de Google font leur beurre : ils n’hésitent pas à jouer sur les peurs et l’ignorance de la plupart des utilisateurs pour la chose informatique pour transformer sans plus de procès, Google en acteur politique manipulateur. Pourtant, c’est tout le contraire : Google est avant tout un acteur technique, une société d’ingénieurs qui sont à la pointe de leur domaine qui est tout juste naissant. Et c’est bien parce qu’ils n’ont pas pris la pleine mesure de leur rôle politique et du contexte général qu’ils sont critiquables. En effet, ils auraient dû se rendre compte que la plupart de leurs utilisateurs ne sont pas à même de comprendre, malgré les avertissements, l’impact des produits Google sur leur vie privée. Ils auraient dû se rendre compte qu’internet jouant un rôle désormais primordial dans le monde, en être la porte d’entrée principale donnait de grandes responsabilités.

Un acteur technique qui croît sans cesse

C’est l’une des raisons qui font que Google fait peur : on ne voit pas de limites à son appétit. Le nombre d’informations disponibles croît sans cesse et Google avec. Si le coeur de métier de Google est la recherche sur internet [5], il ne cesse de multiplier ses domaines d’intervention : internet, votre poste de travail, votre téléphone portable, les bibliothèques, les rues de la planète et même les satellites sont des terrains de jeux potentiels de Google. Son but, recenser le plus de données possibles et les restituer de façon compréhensible et innovantes à l’ensemble de ses utilisateurs...gratuitement. Ce dernier point peut paraître être un détail, pourtant, il a son importance. Ce service gratuit est bien sûr amplement financé par la publicité et le système Adwords, Google n’est pas une société philanthropique. Mais à l’excellence et l’innovation technique, Google ajoute l’innovation commerciale qui, associées, créer un effet de levier assez incroyable. Chaque semaine, il nous semble que Google présente un nouveau produit. Google est partout. Google est très riche. De la sympathique start-up californienne de 1998, Google est devenu pour beaucoup, un monstre. Pourtant, selon Google, « il est possible de gagner de l’argent sans vendre son âme au diable ».

Google contribue positivement à l’écosystème internet

Et de fait, Google a contribué depuis 1998 à une plus grande ouverture du monde informatique, à une plus grande ouverture des postes utilisateurs qui, il y a peu, étaient totalement aux mains d’un autre géant encore plus décrié, Microsoft [6]. En faisant la promotion et en contribuant à des navigateurs libres, à des systèmes d’exploitation libres, en faisant la promotion d’un internet contributif et pas seulement purement marchand, Google a contribué à ce qu’internet ne soit pas déjà dans les mains de quelques-uns. Google, même si il n’est pas exempt de tous reproches à ce niveau, est un défenseur de la neutralité du net. Il a bâti sa réputation sur cet état d’esprit. Sans cela, il n’aurait certainement pas obtenu la confiance de millions d’utilisateurs. Aujourd’hui, alors que plus que jamais, les projecteurs sont braqués sur le géant américain, il parait difficile pour Google de s’écarter trop ouvertement de cette ligne de conduite sans subir de préjudices. Pourtant, pendant que beaucoup s’acharnent sur Google, des centaines ou milliers de sociétés bien plus opaques ou obscures font leur business sans obéir à aucune loi, et ce en toute tranquillité. Et c’est là un danger non négligeable. Mais pas le seul. Le plus grand risque actuel, c’est bien celui d’une reprise en main d’internet par les gouvernants qui, de toute façon, ne feront, bien entendu, absolument rien pour limiter les dérives liées au business d’internet.

Ne pas se tromper de cible

Google n’est donc pas big brother pour l’instant, loin de là, ce n’est qu’un bout de la partie apparente de l’iceberg informatique. Google a surtout le tort d’être une société hégémonique...et en plus américaine ce qui n’arrange rien aux yeux de beaucoup. Sa visibilité fait qu’une telle société concentre l’ensemble des critiques. Il faudrait en réalité en grande partie imputer les reproches faits à Google à l’ensemble de la société civile et aux changements de comportements et de mentalités. Si Google indexe votre vie privée, c’est que vous l’avez vous même exposé publiquement sans réfléchir aux conséquences. Et si l’exposition de la vie privée se généralise, ce n’est pas Google qui en est la cause. Google se contente de faire son travail : indexer ce qui est public, sans jugement moral. Le reste des données que Google utilise sont des données qui lui permettent de mieux cibler sa publicité et, donc, d’augmenter sa rentabilité. Google est une entreprise comme les autres. Ni meilleure ni pire que les autres. Il faut certes garder un oeil sur le géant américain qui est un risque potentiel. Mais crier haro sur Google sans réfléchir au contexte général de notre société, c’est prendre le problème par le petit bout de la lorgnette. C’est oublier que les utilisateurs de l’outil informatique n’ont pas été éduqués correctement à son usage et contribuent ainsi à faire grossir de façon anarchique, la pieuvre informatique. Crier haro sur Google, c’est finalement se tromper de cible et mal poser un problème qui va bien au-delà de Google.

[1Y compris sur l’Agitateur ici par exemple

[2En chinois : 百度

[3Éditeur du navigateur Firefox

[4Commission nationale de l’informatique et des libertés

[6C’est toujours le cas, mais l’étau se desserre peu à peu

commentaires
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 28 février 2010 à 14:25

En cherchant ce jour des infos sur internet sur un sujet précis, je viens de tomber sur des échanges entre personnes faisant partie de "google groups" : j’ai ainsi leur nom, leur pensées, leurs adresses email.... A ma connaissances l’inscription à une liste de discussion sur google groups n’est pas publique.

Google protège votre vie privée ?

Bien sur je ne mets pas en lien, mais je l’assure.


#26018
Google, le nouveau mal ? - 26 janvier 2010 à 07:58

Je suis assez septique que l’on prenne mes informations personnelles, qu’importe le but car c’est une atteinte à la vie privée. Moi je travaille dans la pose de vitre teintée pour voiture, et quand je me connecte sur gmail j’aperçois souvent des pubs liés au contenu de mes mail et c’est assez frustrant de se sentir espionné. Mais bon, des millions d’utilisateurs de services google ont accepté d’être espionné puisqu’ils utilisent leurs applications. Mais tant que cela ne sorte pas des serveurs google ça va !

Fredj


#25521
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 22 décembre 2009 à 21:13

Franchement, j’essaie d’avaler mais ça passe pas.


#25074
Google, le nouveau mal ? - edan - 20 décembre 2009 à 15:30

Le point de vue de Mister k est agréable à lire car c’est le regard de l’informaticien plus que de l’utilisateur l’ambda qui prévaut. Allez découvrir tous les services gratuits et parfois en open-source fournit par google : http://code.google.com/intl/fr/. Cela donne la possibilité aux développeurs d’utiliser toutes les données et services (maps,android,standard de programmation,librairie JS, ...) pour leur propre application ou service. "Google contribue positivement à l’écosystème internet" , c’est vraiment le cas !


#25037
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 18 décembre 2009 à 16:43

A propos des propos tenus par le PDG de Google : " si vous faites quelque chose et que vous voulez que personne ne le sache, peut-être devriez-vous commencer par ne pas le faire".
C’est marrant, l’autre soir sur Arte, mercredi dernier, donc lors d’une nième emission sur la seconde guerre mondiale, on voyait d’anciens soldats de base témoigner de leur patriotisme. Le documentaire commençait par décrire la vie paisible de ces jeunes gens qui allaient devoir partir "sauver le monde". L’un d’eux racontait qu’avant de partir à la guerre, il habitait dans tel Etat, dans telle ville où tout le monde se connaissait. Et, pour signifier l’ambiance qui règnait dans cette petite ville ainsi que les rapports qui existaient entre les habitants, il a dit exactement la même phrase que le PDG de Google.

J’en déduis que cette phrase doit être une sorte de phrase populaire américaine, pleine de morale... américaine. Alors, ce bon Schmidt, soit il ne l’a pas fait exprès, c’est une espèce de bon sens typical américain, un peu épais sur les bords, (pas très refléchi quoi...) soit comme notre bon Sarko, il a fait exprès de sortir une phrase typique de l’américain moyen pour signifier que Google c’est honnête jusqu’au bout des ongles...ethique, etc...

Bon, y’ a aussi que c’est pas parce qu’on a inventé un algorythme qu’on est intelligent.

Et puis ce n’est pas parce que le slogan de Google fait référence au mal, au diable, (comme Bush quoi)
que tous les détracteurs de Google sont aussi manichéens....


#25008
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 18 décembre 2009 à  21:13

oui, enfin je vais peut-être finir par affirmer que Google c’est mal, vraiment mal. Mister K, c’est de l’intox ou de l’info ce truc qu’on voit sur internet, sur différents sites ? Bon, je mets en lien l’Expansion parce que ça fait un peu plus sérieux que d’autres sites où j’ai cru d’abord qu’ils déliraient, mais à force de lire cette info, je vais finir par croire que chez Google ils sont complètement pétés du casque à force de faire des algorithmes...

Encore pire que je croyais...

#25020 | Répond au message #25008
Google, le nouveau mal ? - Mister K - 18 décembre 2009 à  23:14

Moi, je ne sais pas. Je ne travaille pas chez Google. En tout cas, ça ne me parait pas délirant.
Toutes les entreprises d’une certaine taille on un turn-over potentiellement important. Et en général, ce sont les meilleurs qui partent. Toutes les entreprises mettent en place des outils pour tenter de détecter "les talents" qui risquent de partir...et des outils ou moyens pour les retenir : nouveaux projets, rémunération, promotion etc.

Quand vous regardez bien, il n’y a rien d’exceptionnel là-dedans : « La formule mathématique n’a pas été dévoilée en détail, mais elle prend en compte des éléments tels que la rémunération, l’ancienneté et les divers entretiens d’évaluation ». Sauf que Google dont c’est le métier, en a fait un programme. Ce qui choque, c’est que c’est programmé. Mais bon, c’est simplement un automatisation de quelque chose qui est fait habituellement de façon naturelle : tous les responsables d’équipes guettent les signes de démotivation, d’insatisfaction etc. afin d’anticiper dans la mesure du possible. Si vous passez des entretiens annuels, ce n’est pas seulement pour vous noter, c’est aussi pour connaître vos envies, savoir comment vous voyez votre avenir au sein de la société...ou en dehors.

Là où l’article fait peur, c’est avec des formulations du genre « "Pénétrer dans l’esprit" des employés ». Ce genre de formules est totalement abusif. Google ne fait rien d’autres que tenter de gérer au mieux ses ressources humaines, dans l’intérêt de l’entreprise. On a du mal à l’imaginer en France, mais au USA, le rapport de force salariés / employés est, dans de nombreux secteurs, inversé : les entreprises ont du mal à conserver leurs salariés. Et comme ils n’ont pas des préavis de 3 mois, il peuvent se barrer quasiment du jour au lendemain (c’est pour le patronat, le revers de la médaille de la possibilité de licencier sans préavis...).

#25024 | Répond au message #25020
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 19 décembre 2009 à  01:34

Non, moi non plus je ne vois pas comment une formule mathématique peut pénetrer dans les esprits des salariés de chez Google (qui ont un statut bien plus élevé que celui d’employé). Par contre, ce qui peut pénétrer les esprits des "employés", c’est de se voir appliquer une formule mathématique. Normalement, ça doit faire réfléchir, déranger. Bon, manifestement effectivement, les "employés" de Google ne se choquent pas de ce genre de méthode, qui , comme vous l’expliquez automatise des critères déjà utilisés "manuellement", techniquement par les chefs de projets etc... et je ne dirai pas "naturellement". Il n’y a rien de naturel là dedans, mais des procédés de gestion des RH. La chose importante aussi c’est que ce ne sont pas de simples employés. C’est une élite qui n’a pas à se soucier des méthodes infligées de motivation. Ils ont manifestement un savoir faire exceptionnel (que je serais bien en mal d’expliquer, car je ne comprends pas ce qu’ils font dans cette boite, ce qu’ils recherchent au juste, ça m’échappe totalement, on dirait qu’ils veulent tout indexer, algorithmer- ce en quoi je trouve que ça finit par relever de la maladie collective , au nom de l’"utile à tous") . Donc, comme ce sont des personnes qui font partie d’une élite, pour l’instant, ils n’ont pas à se préoccuper de la façon dont on les gère. Bien, pas bien, ils s’en foutent, ils peuvent se tirer ailleurs, pour une meilleure place. Le problème c’est que les méthodes de RH (non automatisés par une formule algorithmique) qui auparavant étaient appliqués à une élite s’est ensuite "démocratisée". Bref, qu’on soit balayeur ou chefs de projets maintenant on nous applique tous ces méthodes qu’elles soient pour remotiver, démotiver, "cultiver" du résultat, etc... et licencier. Donc, la petite formule mathématique de google pour calculer la motivation de ses "employés", est dangereuse pour tout le reste du monde du travail. D’autres boites s’en inspireront, puisque c’est utile, pratique.
L’autre jour, j’ai regardé un documentaire où, en France, on forme dans une haute école de commerce, buisness, management, nos futures élites : le formateur leur dit mot pour mot " Quand on restructure, on dégage. On prend un fichier Excel. On met des noms. Des gens que vous ne connaissez pas, donc, c’est pas grave. On s’en fout, d’accord ?". Donc, on n’ est pas loin de la formule mathématique automatisée de Google qui selon ce qui est expliqué, serait au contraire faite pour sélectionner les embauches et ensuite garder les sélectionnés. Mais le petit monde Google n’est pas plus propre qu’un autre. S’ils ont fait une formule mathématiques dans cet objectif, c’est aussi dans un autre. Leurs conditions de travail qui font si proprettes, si soignées, si classes mêmes, ridicules mêmes à la fin, avec leur petit monde enchanté, on se croirait sur l’Ile aux enfants, a quelquechose d’inquiétant. Tout comme cette volonté de tout indexer.

Comme vous le dites dans votre article, ils n’ont peut-être pas au départ réfléchi à la situation de pouvoir sur le net dans laquelle ils allaient se retrouver. Pas plus qu’ils n’ont l’air d’avoir réfléchi aux conséquences de la création d’un algorithme pour mesurer un individu au travail, en se basant sur des procédés qui prouvent chaque jour qu’ils pourrissent l’existence des individus au travail, en ne les considérant que comme des machines de productions. Google n’est pas nouveau mal, en effet, que ce soit dans ses conditions de travail (car appliquer une formule mathématique à un invidu dans le cadre de son travail est une condition de travail) ou dans ce qu’il ouvre comme possibilité d’indexation, d’enregistrement des individus, des choses, c’est juste une conséquence symptomatique d’une déraison propre au net, l’informatique,aux entreprises, qu’elles soient start up (les start up n’ont jamais été des endroits de travail sympathiques, ce n’est pas parce que c’était petit que c’était sympathique, l’esprit d’une start-up est féroce )ou multinationales.

Certes, l’utilisateur lambda de l’informatique, qui n’y connait rien, peut être rendu responsable de ses actes sur le net (comme celui qui balance ses photos de vacances, raconte sa vie privée, etc..) et peut-être il lui manque des explications, un enseignement de l’informatique, mais je me demande dans quelles mesures les informaticiens eux mêmes, donc par exemple ceux de google se sont instruits sur les enjeux de leur profession. Je ne crois pas qu’ils soient en mesure d’expliquer quelquechose sur leur profession. Leur profession n’est pas que technique, (d’ailleurs, peut-être aucun métier n’est que technique,) mais c’est à se demander s’ils réfléchissent. Je ne parle pas du PDG, car si j’ai bien compris ce n’est pas dutout un connaisseur en informatique, c’est juste un PDG. Ce que je me demande c’est ce qu’on leur a enseigné à l’Université, dans les Hautes écoles à ces informaticiens élites de chez Google...

#25027 | Répond au message #25024
Google, le nouveau mal ? - bombix - 19 décembre 2009 à  06:13

Pas plus qu’ils n’ont l’air d’avoir réfléchi aux conséquences de la création d’un algorithme pour mesurer un individu au travail, en se basant sur des procédés qui prouvent chaque jour qu’ils pourrissent l’existence des individus au travail, en ne les considérant que comme des machines de productions.

Ça porte un nom précis. Ça s’appelle "la réification des rapports sociaux". Ça consiste à transformer les hommes en choses — comme telles quantifiables et mesurables, et les choses en marchandises, « cette chose complexe, pleine de subtilités métaphysiques et d’arguties théologiques » (Marx) Incipit numerare incipit errare. Vouloir "nombrer", transformer en unités de compte ce qui ne peut pas l’être, là est le commencement de l’erreur. C’est le projet dément de transformer la qualité en quantité. Ce qui est vivant en ce qui est mort. C’est le coeur et le secret du mode de production capitaliste.« Il est des êtres malheureux qui, sans mourir, sont devenus des choses pour toute leur vie. Il n’y a dans leur journées aucun jeu, aucun vide, aucun champ libre pour rien qui vienne d’eux-mêmes [...] Cette chose aspire à tout moment à être un homme, une femme, et à aucun moment n’y parvient. » C’est Simone Weil qui écrivait ça après son expérience d’ouvrière d’usine. Le monde des bisounours de Google semble plus riant. L’aliénation n’en est pas moins réelle. Elle est même renforcée par l’adhésion du travailleur au projet de l’entreprise. L’esclave perd tout dans ses chaines, jusqu’au désir d’en sortir ...

#25028 | Répond au message #25027
Google, le nouveau mal ? - Mister K - 19 décembre 2009 à  08:14

Je précise juste une chose : créer un algorithme, c’est un peu pompeux comme ça, mais ce n’est rien d’autre qu’écrire un programme, ce n’est jamais qu’un traitement automatique de l’information.

Donc, qu’à fait Google ? Il a écrit un programme qui sert d’outil aux ressources humaines de la société. Et ce ne sont certainement pas des informaticiens qui ont spécifié l’outil (donc écrit l’algorithme), mais des gens dont le métier sont les ressources humaines. Et j’ai peu de chances de me tromper en disant qu’ils n’ont certainement rien inventé et qu’il se sont contenter d’automatiser des choses à leur façon selon leur besoin. Ils se sont servi de l’informatique comme d’un outil comme toutes les entreprises du monde le font.

Je ne travaille pas dans une DRH, mais mes quelques notions me font penser que si les logiciels n’existent pas forcément (quoique je n’en suis pas certain), tout l’arsenal théorique existe. Les théories d’ailleurs sont certainement très diverses et subissent des effets de modes. On sait par exemple mettre en équation l’évolution ***théorique moyenne*** de la motivation des salariés en fonction de leur ancienneté dans un poste. On connait également les facteurs principaux de motivation des salariés (intérêt du travail, reconnaissance, salaire) etc. Tout cela n’est pas spécifique à Google. Tout cela est mis en oeuvre depuis bien longtemps en France et dans le monde entier.

Après, que les logiques de gestion des ressources humaines puissent être remises en question, ce n’est pas nouveau. Chez Google ou ailleurs.

En fait, à la lecture de l’article de l’express, je me pose une question : est-ce que l’évocation du mot Google ne serait pas un bon moyen pour les journaux ou journalistes de faire de "l’audience" sur internet ? Parce qu’à bien y réfléchir, il n’y a vraiment pas lieu de faire un article. Sauf à inclure cela dans un article plus général avec des problématiques de gestion du personnel...

#25029 | Répond au message #25028
Google, le nouveau mal ? - bombix - 19 décembre 2009 à  11:40

créer un algorithme, c’est un peu pompeux comme ça, mais ce n’est rien d’autre qu’écrire un programme, ce n’est jamais qu’un traitement automatique de l’information.

Oui. Le problème, c’est qu’un programme ne travaille pas avec l’employé réel, mais avec des informations qui forment une image du travailleur, et qui sont produites à l’aide d’un modèle. La machine à traiter de l’information travaille sur la "machine" à produire de la valeur ... qui n’en est pas une ... mais ce n’est pas grave. Ou plutôt c’est très grave. L’intitulé même de "ressources humaines" indique assez le glissement de sens : dans "personnel" il y avait encore la notion de personne, c’est à dire l’être humain considéré dans sa dignité, inassimilable à une chose, à un simple moyen dans le procès de production. On est désormais loin de ces naïvetés.

Tout cela n’est pas spécifique à Google [...] je me pose une question : est-ce que l’évocation du mot Google ne serait pas un bon moyen pour les journaux ou journalistes de faire de "l’audience" sur internet ?

Peut-être. Mais peut-être aussi que l’opinion sent confusément la contradiction entre l’image bisounours que veut donner d’elle la société américaine, et l’état d’esprit réel qui l’anime. Qui ne lui est pas propre, on est bien d’accord. Le problème de fond demeure cependant.

#25030 | Répond au message #25029
Google, le nouveau mal ? - Mister K - 19 décembre 2009 à  14:10

Oui. Le problème, c’est qu’un programme ne travaille pas avec l’employé réel, mais avec des informations qui forment une image du travailleur, et qui sont produites à l’aide d’un modèle.

Oui, enfin, le modèle "tourne" et fourni des données en sortie, mais à partir d’informations en entrée, saisies et évaluées par des humains. Les données en entrée, ce n’est pas la réalité mais une perception de la réalité. Le modèle lui même n’est certainement pas parfait voir totalement bidon. Et donc le résultat de tout cela ne donne pas la vérité, mais une aide aux personnes qui sont censés gérer le personnel. Et un peu comme certaines entreprises se basaient sur la graphologie comme outil d’aide au recrutement il y a quelques années (et peut-être encore aujourd’hui je ne sais pas), ensuite, tout est question de croyance aveugle ou non dans l’outil. A priori, beaucoup en sont revenus de la graphologie...

#25033 | Répond au message #25030
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 19 décembre 2009 à  14:53

oui, ils en reviennent, mais ils repartent ailleurs, ou gardent, car ce n’est pas nouveau non plus.... la gestuelle, la morphologie, et la pensée bien évidemment.... l’origine sociale, les activités des parents, etc... des copains, bref, que des trucs dégueulasses. Et bien sûr, le projet individuel d’avenir comme ils disent...
Et bien sûr pour les femmes, si elles désirent avoir des enfants... bref, rien de nouveau, pas de progrès à l’horizon.

Sinon, existe t-il une version française de google watch ? ou l’équivalent ? parce que je comprends pas l’américain....

#25034 | Répond au message #25033
Google, le nouveau mal ? - Mister K - 19 décembre 2009 à  15:41

Sinon, existe t-il une version française de google watch ? ou l’équivalent ? parce que je comprends pas l’américain....

Pas que je sache. Mais il est possible de tenter d’utiliser google traduction... ;-) Bon, en général, les traductions sont (très) mauvaises.

Sinon, en cherchant des traductions de google watch, je suis tombé sur ça : http://www.google-watch-watch.org...en anglais également (désolé).

#25035 | Répond au message #25034
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 19 décembre 2009 à  16:25

merci Mister K. Je vais aller voir ce qu’ils racontent. Ca doit être interessant.

Je ne peux pas résister à mettre en lien les photos connues des intérieurs de Google en Suisse. Parce que pour une boite qui veut indexer les livres, avec un algorithme qui s’appelle dewey en plus ! (Dewey était un bibliothécaire qui a inventé une indexation des livres en bibliothèque.... Et je crois bien qu’il était américain... ou anglais je ne sais plus...) Enfin, à moins qu’ils soient encore passés à un autre mystérieux algorithme ? Bref, faut quand même voir leur bibliothèque.... Que des livres en cartons... vides....Bon, le site est nase, mais y’a les photos. La bibliothèque arrive en dernier.

A remarquer qu’ils n’ont pas non plus de salle de musique où ils pourraient chanter et jouer de l’algorythme and blues.

#25036 | Répond au message #25035
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 19 décembre 2009 à  12:45

loin de moi l’idée de vouloir minimiser le fait de savoir créer un programme. C’est balèze. Tant que c’est par exemple pour construire un pont, ça ne pose pas de souci. Et encore, je suppose que le programme aussi proche de la perfection soit-il, il ne peut prévoir les facteurs humains qui se poseront au moment de la construction du pont. Et même si celui de google pour mesurer la motivation de ses salariés s’inspirent grandement de tout un arsenal de procédures déjà existantes de RH, ça n’a pas dutout la même portée que celui pour construire un pont. Faut-il rappeler l’histoire d’IBM ?

#25032 | Répond au message #25029
Google, le nouveau mal ? - oomu - 20 décembre 2009 à  20:09

il faut comprendre que Google ne pourra PAS vous défendre

ni google

ni AUCUNE entreprise

ne pourra défendre votre vie privée si vous leur aviez confié la garde

parce que la LOI EXIGE qu’ils DONNENT à la Justice (ou l’Etat) _TOUT_ et ABSOLUMENT TOUT si c’est jugé nécessaire pour une enquête.

comprenez ?

le,juge il téléphone à google, google doit TOUT DONNER, ou aller en prison.

 
en france, les entreprises ont pour obligation de conserver les journaux d’activités des ordinateurs. C’est pas simplement qu’on veut les vendre à des spammeurs, c’est que la LOI EXIGE QU’ON LES GARDE au CHAUD ces journaux . pour le jour où la police nous les EXIGERA. (et refuser => prison)

ok ?

alors , le politicien vous fait des limites (genre 6 mois ou 1 an seulement de journaux, c’est rien, c’est pas méchant hein... mais pour la prochain réforme ça sera 2 ans)

mais que ça soit lors du Patriot Act américain ou lors des LOPSSI françaises, les entreprises ont des obligations envers l’Etat et ces obligations sont de mauvaises nouvelles pour votre vie privée. Ca pourrait se retourner contre vous un jour, lors d’une enquête de police. Si cela vous dérange, alors ne faites pas ce qui pourrait vous gêner plus tard.

Si vous ne voulez pas prendre de risques, n’utilisez pas ces outils, ne communiquez pas vos goûts, vos opinions parce que AUCUNE société n’a le droit de garantir leur secret. _aucune_

Pirate bay a détruit des journaux de connexions, c’est l’un des griefs pour lesquels ils ont été condamnés.

Google ne peut PAS donc protéger votre vie privée , il en a pas le droit.

 
le patron de google a rappelé tout bêtement le Patriot Act. ET toutes les entreprises américaines y sont soumises.

 
et si, quand on invente un très bon algorithme, on est intelligent. N’en déplaise au propos populiste qui rassure l’ignare. Mais l’intelligence, c’est vaste. Vous parlez de Sagesse.

#25038 | Répond au message #25008
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 21 décembre 2009 à  12:49

mouais, c’est quand même moyen comme arguments... En gros vous dites que les goûts et opinions de chacun sont présumés coupables d’avance. Ou que l’on doit se sentir éventuellement culpabilisé d’avoir exprimé ses opinions et ses goûts. En somme vous dites que les outils informatiques mis à sa disposition qui lui permettent de s’exprimer ou de prendre connaissance de , eh bien, qu’il ne les utilise pas .
Donc, Internet ne devrait plus servir qu’à acheter ?

Sinon, oui oui, je suis au courant qu’en France les entreprises, ou tout du moins les fournisseurs d’accès, mais si j’ai bien compris les entreprises aussi qui finissent par être considérés comme fournisseurs d’accès à partir du moment où ils donnent accès à internet à leur employés sont sommés de garder pendant tant de temps le journal des connexions.

Il y a même des endroits où internet est à disposition d’un public, et, dans cet endroit public, des personnels sont chargés de regarder ce que le public regarde.... bref, je parle de médiathèque par exemple, qui sont des lieux de sources d’informations, de connaissances, de recherche. Or, il peut y avoir Mein kampf dans une bibliothèque, et ce n’est parce qu’on lit Mein Kampf qu’on est nazi. Et ce n’est pas parce qu’on va voir un site pédophile qu’on est pédophile. Ce peut-être par curiosité. Etc...

Bref, en fait, vous nous parlez d’autocensure, non ?

#25040 | Répond au message #25038
Google, le nouveau mal ? - bombix - 21 décembre 2009 à  15:57

Bref, en fait, vous nous parlez d’autocensure, non ?

Pas forcément. Simplement de prudence. Connaissant une situation, on adapte ses comportements pour se protéger. L’autocensure, ce serait s’empêcher de penser et de dire quelque chose. La prudence, c’est simplement se méfier des canaux qu’on utilise pour s’informer et échanger ... et ce n’est pas inutile de le dire, car je ne suis pas bien certain que le public soit très au fait de tout cela. J’ai découvert par hasard par exemple que dans une administration que je connais bien, un cadre pouvait lire le contenu des boites mails professionnelles, parce qu’il a le statut d’administrateur du serveur de courrier, et qu’il n’a pas besoin de mot de passe pour accéder aux comptes. Je ne suis pas certain que tout le monde le sache. Si l’administrateur est honnête, pas de problème. S’il a des tendances autocrates et qu’il veut surveiller son petit monde, la tentation peut être très forte d’aller surveiller le courrier de ses subalternes. Conclusion : mieux vaut utiliser sa boite pour faire transiter le courrier officiel, et utiliser une autre boite pour le courrier perso (oui, il arrive qu’au travail on échange du courrier perso !) ou les échanges syndicaux ! Pareil pour la photocopieuse centralisée qui conserve les images des travaux effectués, etc. Bref, c’est l’avènement de la société de contrôle. Pas inutile de le faire savoir. Et Google n’est jamais qu’une pièce dans cette grosse machine.

#25041 | Répond au message #25040
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 21 décembre 2009 à  17:03

Ah bon, parce que le statut d’administrateur donne forcément le droit d’avoir accès aux comptes des employés, à leurs boites mails (point d’interrogation : mon p i ne fonctionne que quand il a envie, pardon pour la lecture) Ben bravo. Peut-être que les droits et obligations de l’administrateur de cet établissement devraient être redéfinis non ?

Moi aussi je connais une boite où l’administrateur a accès aux boites mails des employés. Les employés en sont informés officiellement. Et, ils trouvent ça normal. Ils trouvent même que c’est honnête de le dire. Bref, que c’est une boite juste. Comme ça la direction de la boite a la garantie que les vilains syndicats ne pourront rien communiquer aux employés. Et que même l’employé va par prudence ne pas lire l’eventuel courrier syndical qu’un syndicat aura envoyé," bravant la prudence. "

Et si on va au delà, puisque les fournisseurs d’accès, google et tutti quanti ont les traces de ce que l’on fait, je ne vois pas pourquoi mon canal privé serait plus sûr que mon canal de boulot. Donc, partout je vais être prudent. Donc partout je vais m’interdir de faire ceci ou cela parce desfois que ce soit "malvu", répréhensible, mais au bout de compte je ne sais plus au nom de quoi c’est répréhensible... Donc je m’autocensure puisque je dois être prudent partout. Donc je deviens paranoîaque...

Donc, je finis par échanger avec mes correspondants des photos de petits chats dans diverses positions,
et aller acheter sur internet des chapeaux , par exemple. C’est plus prudent...

#25043 | Répond au message #25041
Google, le nouveau mal ? - B. Javerliat - 21 décembre 2009 à  18:25

Peut-être que les droits et obligations de l’administrateur de cet établissement devraient être redéfinis non ?

Il y a une confusion sur le terme "administrateur" . Bombix parlait "d’administrateur du serveur", c’est à dire de l’ordinateur qui gère le réseau informatique de l’administration en question. Tout administrateur de serveur doit pouvoir voir ce que fait ce serveur pour des raisons techniques (c’est lui qui répare en cas de panne, et il faut bien qu’il puisse aller voir ce qui se passe). Si c’est juste un technicien, normalement il se fout du contenu. Normalement...

Le seul moyen d’échapper à une éventuelle surveillance de ses mails, c’est de les crypter. Là, même l’administrateur du serveur ne verra rien du contenu des mails. Mais c’est lourd à gérer, et, en sarkosystan où le simple fait de se promener avec une capuche devient un délit, crypter ses communications fait de vous un suspect !

Quant aux enregistrements de toutes les photocopies par les photocopieuses numériques, bien peu de monde en est informé. Et ces enregistrements sont bien sûr accessibles à l’administrateur du serveur.

#25047 | Répond au message #25043
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 21 décembre 2009 à  19:03

oui, merci Monsieur Javerliat, j’ai pas trop de connaissances en informatique mais quand même un administrateur je sais que ce que c’est. Je vous remercie d’avoir précisé que le serveur était un ordinateur, parce que j’aurais pu croire qu’un administrateur de serveur était en fait un patron de café.

#25048 | Répond au message #25047
Google, le nouveau mal ? - Mister K - 21 décembre 2009 à  19:23

Quant aux enregistrements de toutes les photocopies par les photocopieuses numériques, bien peu de monde en est informé. Et ces enregistrements sont bien sûr accessibles à l’administrateur du serveur.

Oui, m’enfin, ça se désactive aussi...

#25051 | Répond au message #25047
Google, le nouveau mal ? - B. Javerliat - 21 décembre 2009 à  20:51

Oui, m’enfin, ça se désactive aussi...

Oui. Par l’administrateur.

#25054 | Répond au message #25051
Google, le nouveau mal ? - bombix - 21 décembre 2009 à  19:13

Ah bon, parce que le statut d’administrateur donne forcément le droit d’avoir accès aux comptes des employés, à leurs boites mails (point d’interrogation : mon p i ne fonctionne que quand il a envie, pardon pour la lecture) Ben bravo. Peut-être que les droits et obligations de l’administrateur de cet établissement devraient être redéfinis non ?

En fait, c’est plus compliqué que ça. Et c’est typiquement un problème lié à une société informatisée. Dans un système de comptes mails, vous avez forcément un administrateur de comptes. Il a un rôle technique, par exemple vous dépanner si vous avez perdu vos mots de passe. Pour simplifier les choses, on délègue localement ces droits d’administration. L’administrateur est ainsi proche des administrés. Il lui est possible d’accéder aux contenus des boites. Il ne le fait pas forcément. C’est comme si quelqu’un avait un passe qui ouvre toutes les boites au lettres physiques et tous les courriers qui arrivent dans un quartier. Ce n’est pas parce qu’il peut le faire qu’il le fera. Et s’il le fait, il faut qu’il intervienne avant que vous ayez vous-mêmes relevé votre courrier.
Revenons à l’informatique et au courrier électronique : souvent les gens ne connaissent pas les pouvoirs de l’administrateur de comptes. Et s’ils n’utilisent pas un client de messagerie, qui rapatrie et traite leur courrier électronique sur leur machine, ils laissent sur le serveur l’ensemble de leur correspondance électronique.
Le danger vient de cette méconnaissance. On devrait les avertir, 1) qu’il y a un administrateur qui a pouvoir de voir le contenu de leurs boites 2) qu’il est plus prudent de travailler avec un client de messagerie plutôt que de laisser traîner du courrier sur un serveur.
L’informatique, c’est bien pratique, mais ça a des inconvénients et ça nécessite des connaissances techniques minimales. Sinon, ce sont les gens qui ont le savoir (et dans le cas de figure, le pouvoir également) qui renforcent encore leurs pouvoirs. Et tout ça c’est lié à la dématérialisation de l’information. Autrefois, pour pirater le courrier de quelqu’un, il fallait lui piquer les clés de sa boite aux lettres, utiliser la vapeur, ça laissait des traces et c’était pas pratique. Aujourd’hui, on peut considérer, outre les pouvoirs d’un administrateur supposé malveillant et qui n’aurait que ça à foutre, que toute information numérisée qui circule sur le réseau peut être interceptée et piratée, si on n’emploie pas des procédures compliquées de chiffrage etc. Et sans laisser aucune trace. Les écoutes téléphoniques du Canard Enchaîné, c’est aujourd’hui de la préhistoire.
Là-dedans, il se rencontrera peut-être des gens malveillants qui pourront utiliser de nouveaux pouvoirs, d’autant qu’ils sont souvent largement ignorés. Et là, il y a un gros boulot d’information des gens à faire. Mais il y a surtout des systèmes d’information qui — en eux-mêmes — ne garantissent rien du tout en terme de confidentialité. C’est une boite noire maîtrisée par des techniciens, ou par ceux qui maîtrisent les techniciens. Plus la technique nous rend service, plus nous sommes liés à elle, et plus donc la technique nous menace. C’est ainsi. Et c’est aussi le problème de Google. Et dans ce sens, Mister K a raison d’orienter l’attention sur le système lui-même plutôt que sur l’un de ses acteurs.

Comme ça la direction de la boite a la garantie que les vilains syndicats ne pourront rien communiquer aux employés. Et que même l’employé va par prudence ne pas lire l’eventuel courrier syndical qu’un syndicat aura envoyé," bravant la prudence. "

Bah ... c’est pas forcément la meilleure technique. La meilleure technique, c’est de laisser les syndicats informer. Pis les laisser organiser de grosses manifestations comme l’an dernier, qui ne débouchent sur rien ... parce que de toutes façons il n’était pas prévu qu’elles débouchent sur quelque chose. On canalise la colère ... et on ne fait ... rien. Largement plus efficace.

Donc, je finis par échanger avec mes correspondants des photos de petits chats dans diverses positions, et aller acheter sur internet des chapeaux , par exemple. C’est plus prudent...

Pas forcément. Relire La lettre volée d’Edgar Poe. Si on se cache, on est suspect. Il faut jouer fin. Montrer ce qu’on veut montrer (parfois en faisant croire qu’on cache, ou en faisant croire qu’on ignore que l’autre sait), et cacher ce qu’on veut cacher. Tout système a ses failles. La prudence, c’est jamais qu’un autre nom de l’intelligence stratégique.

#25049 | Répond au message #25043
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 21 décembre 2009 à  20:04

oui, bien si à chaque fois que je me colle sur mon ordi privé ou au boulot, je me dis qu’il va falloir que je sois stratégique, désolée, mais c’est invivable...

Pour les syndicats, vous n’avez qu’à contacter la boite à laquelle je fais allusion, mais que vous ne connaissez pas, et expliquez donc à la direction la technique qu’elle a à avoir. Je ne vous souhaite pas de travailler dans un endroit où les syndicats sont interdits sans qu’on les interdise officiellement, puisque c’est interdit de les interdire. Tout est question de stratégie.

Sinon, oui, oui, les administrateurs sont en première ligne : ils reçoivent des ordres et leur rôle de technicien est utilisé par la direction puisque c’est pour des questions techniques qu’ils ont accès aux boites mails.

La liberté d’expression n’est pas une technique, fort heureusement, ni la liberté d’acceder à des informations, de la connaissance etc...

Bon, les failles du système peut-être, mais la masse d’informations est tellement importante qu’évidemment on se dit " bouh, qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de ma vie ? ". Bien évidemment, c’est pour ça qu’on ne devient pas paranoïaque. Mais n’empêche que toute trace est enregistrée quelque part, et quand on y réfléchit, c’est insupportable. Tout comme il m’est insupportable de voir qu’un site montre là où j’habite avec mon numéro de tel. Alors, je fais quoi ? je me retire de l’annuaire papier pour ne pas être sur un annuaire numérique ? trop tard, je suis enregistrée... et gardée en mémoire. Il n’y a pas que le système numérique en lui même qui est "fautif", il y a des gens pour organiser un tel système. Et se sentir au dessus des lois.... Et pourtant je n’ai rien fait de "risqué". Je n’ai rien fait d’inconscient. Que je connaisse ou non les derrières de l’informatique ne change rien. Pis tiens, à mon boulot, ils m’ont demandé si je voulais être en photo sur le site de mon entreprise. Comme ça, on a ma gueule et mon adresse et mon numéro de tel. Je travaille dans la même ville que mon boulot. Qui est l’ignorant là dedans ?

#25053 | Répond au message #25049
Google, le nouveau mal ? - Eulalie - 22 décembre 2009 à  13:14

Le site interessant d’un informaticien

#25067 | Répond au message #25049
Google, le nouveau mal ? - Mercure Galant - 18 décembre 2009 à 12:38

Un peu sur le même sujet, voici un autre article qui a fait sensation sur internet il y a quelques temps, il est assez impressionnant.


#25007
Google, le nouveau mal ? - Sitenreveuxyenrena - 26 décembre 2009 à  21:53

qui a fait réagir la fondation Mozilla [3] qui en a appelé ses utilisateurs à utiliser le moteur de recherche Bing de Microsoft >>>> Pas de lien... Non, pas de lien, surement parce que mozilla n’a PAS appelé à utiliser bing, arrêtons un peu d’extrapoler, agitons si il le faut pas n’écrivons pas n’importe quoi.

#25139 | Répond au message #25007
Google, le nouveau mal ? - Mister K - 27 décembre 2009 à  01:43

Vous avez totalement raison, je n’ai pas été super rigoureux sur ce coup là. Ce n’est pas la fondation Mozilla qui a appelé à utiliser bing, mais un de ses responsables, le coordinateur de la communauté de Mozilla Asa Dotzler qui a rappelé la possibilité d’utiliser bing avec firefox, en précisant ceci : « Oui, Bing respecte mieux votre vie privée que Google ». Maintenant, le raccourci n’est pas totalement faux, car même si on peux facilement arguer qu’il l’a fait à titre personnel, on peux aussi dire qu’il a forcément voulu passer un message...et qu’un responsable maîtrise forcément sa communication.

Je vais donc modifier l’article en conséquence. Merci de votre intervention.

#25140 | Répond au message #25139