La dette c’est du pipeau

jeudi 25 août 2011 à 05:11, par B. Javerliat

La « dette », la « dette », on entend plus parler que de ça ! Sarko veut une "regle d’or" constitutionnelle pour l’éliminer, le PS veut administrer une purge à la grecque s’il revient au pouvoir. Même l’Agitateur est pollué par la « dette » !

La dette c'est du pipeau

Et si la « dette » c’était du pipeau ? Une astuce bien commode pour faire passer la pilule amère du démantèlement de l’Etat ? Car à chaque fois que des mesures sont prises pour réduire la « dette », c’est toujours au « train de vie de l’Etat » qu’on s’en prend. « Train de vie de l’Etat », bel exemple de novlangue libérale ! Comme si l’Etat était une entité indépendante et parasite, qui passerait son temps entre voyages aux Seychelles et yachts de luxe au frais des citoyens ! En ces temps de haine du fonctionnaire, ça marche à tous les coups ! Alors que si on parlait de « Dépenses de l’Etat », on verrait tout de suite qu’il s’agit de faire des coupes claires dans l’éducation de nos enfants, notre système de santé ou encore les services de police. Le coup de la dette, c’est un remake du coup des retraites : Les gens vivent plus vieux, il faudra donc réduire les prestations nous a-t-on dit. L’Etat est endetté, il faut réduire ses dépenses, nous assène-t-on chaque jour ! A force de répéter une grosse connerie, elle devient une vérité.

L’histoire de la « dette », c’est vraiment du pipeau. Nous serions proche de la faillite, parce que l’Etat serait endetté à 85% du PIB. Ah ? Et le Japon qui est endetté à 200% de son PIB ? Et les USA à 100% ? Ils sont en faillite ? Et d’abord, ça veut dire quoi « endetté à 85% du PIB » ? Ca veut dire que l’Etat doit 85% de ce qu’il gagne chaque année. Et alors ? A ce compte-là, quand vous empruntez 100 000 euros pour acheter une maison par exemple, alors que vous gagnez 25 000 euros par an, vous seriez endetté à 400 % ! Comparer ce qu’on doit aux revenus d’une seule année est débile ! Un taux d’endettement se calcule sur la durée de l’emprunt. C’est le rapport entre ce que vous aller gagner durant cette période et ce que vous allez payer pour rembourser durant cette même période.

Le problème est moins de savoir combien on doit, mais à qui on le doit. Auparavant [1] - avant la main mise du « marché » sur les finances d’Etat - l’Etat se finançait par des emprunts... d’Etat. Les dettes de l’Etat n’étaient donc pas dans les mains de tiers inconnus et apatrides, mais dans les mains de citoyens qui avaient les moyens de souscrire à ces emprunts, moyennant rémunération. La dette restait donc en famille. Mais cela avait un inconvénient majeur et insupportable pour les libéraux : cela faisait des masses d’argent considérables qui échappaient au secteur privé ! Il fallait donc trouver une solution pour arrêter ce scandale. Ce dont les libéraux rêvaient, l’Europe l’a fait : Le traité de Maastricht a définitivement interdit aux Etats membres de se financer ailleurs que sur les marchés [2] . Et voilà, le tour était joué. En votant « oui » au traité de Maastricht, vous pensiez éviter à vos enfants les guerres qui ont ravagé l’Europe au 20è siècle ? En fait, vous avez donné les clés – la souveraineté – du pays aux capitalistes et leur « marché »

Et ce « marché » attaque maintenant les Etats dans une guerre d’un autre genre. Car il ne faut pas oublier que c’est toujours le prêteur qui tient l’emprunteur par les c… !

Sur le sujet, on peut lire « Qui a peur de la démondialisation ? » ou « La dette est un prétexte ».

[1On va se limiter à la période qui nous concerne allant du début de la Cinquième République aux années 1980

[2L’article 104 du traité de Maastricht interdit à la Banque Centrale Européenne et aux Banques Centrales Nationales de consentir des avances ou des prêts aux États ou aux Collectivités Publiques. L’article 123 du traité de Lisbonne reprend mot pour mot le libellé de l’article 104 de traité de Maastricht.


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commentaires
La dette c’est du pipeau - Michel - 31 octobre 2011 à 11:08

Il n’y a pas de crise.
Si il y en a une, la solution est simple. Ouvrir les coffres en Suisse et au Luxembourg et redistribuer tout l’argent volé.
Le trou de la SS ?
Je pense qu’il serait intéressant de revérifier les comptes des années passées à aujourd’hui.
Je suis persuadé que l’argent n’a pas servi que pour rembourser les frais médicaux.


La dette c’est du pipeau - Cyrano - 30 septembre 2011 à 12:41

La dette, la crise, la dette, la crise... Sur France 24, mardi soir 27 septembre, l’éternel combat de la blonde contre la brune
Loin des enfumades qui embrouillent PIB, Dette, Taux d’intérêt, Traité machin, etc. - En prime, un début d’intervention amusant de Markus Kerber, professeur d’économie politique à l’université de Berlin.


La dette expliquée aux ânes que nous sommes - B. Javerliat - 16 septembre 2011 à 08:41

Voici une fable qui court actuellement sur le web[1]...

Un homme portant cravate se présenta un jour dans un village. Monté sur une caisse, il cria à qui voulait l’entendre qu’il achèterait cash 100 euros l’unité tous les ânes qu’on lui proposerait. Les paysans le trouvaient bien peu étrange mais son prix était très intéressant et ceux qui topaient avec lui repartaient le portefeuille rebondi, la mine réjouie. Il revint le lendemain et offrit cette fois 150 € par tête, et là encore une grande partie des habitants lui vendirent leurs bêtes. Les jours suivants, il offrit 300 € et ceux qui ne l’avaient pas encore fait vendirent les derniers ânes existants. Constatant qu’il n’en restait plus un seul, il fit savoir qu’il reviendrait les acheter 500 € dans huit jours et il quitta le village.

Le lendemain, il confia à son associé le troupeau qu’il venait d’acheter et l’envoya dans ce même village avec ordre de revendre les bêtes 400 € l’unité. Face à la possibilité de faire un bénéfice de 100 € dès la semaine suivante, tous les villageois rachetèrent leur âne quatre fois le prix qu’ils l’avaient vendu et pour ce faire, tous empruntèrent.

Comme il fallait s’y attendre, les deux hommes d’affaire s’en allèrent prendre des vacances méritées dans un paradis fiscal et tous les villageois se retrouvèrent avec des ânes sans valeur, endettés jusqu’au cou, ruinés. Les malheureux tentèrent vainement de les revendre pour rembourser leur emprunt. Le cours de l’âne s’effondra. Les animaux furent saisis puis loués à leurs précédents propriétaires par le banquier. Celui-ci pourtant s’en alla pleurer auprès du maire en expliquant que s’il ne rentrait pas dans ses fonds, il serait ruiné lui aussi et devrait exiger le remboursement immédiat de tous les prêts accordés à la commune.

Pour éviter ce désastre, le Maire, au lieu de donner de l’argent aux habitants du village pour qu’ils paient leurs dettes, le donna au banquier, ami intime et premier adjoint, soit dit en passant. Or celui-ci, après avoir rétabli sa trésorerie, ne fit pas pour autant un trait sur les dettes des villageois ni sur celles de la commune et tous se trouvèrent proches du surendettement.

Voyant sa note en passe d’être dégradée et pris à la gorge par les taux d’intérêts, la commune demanda l’aide des communes voisines, mais ces dernières lui répondirent qu’elles ne pouvaient en aucun cas l’aider car elles avaient connu les mêmes infortunes.

Sur les conseils avisés et désintéressés du banquier, toutes décidèrent de réduire leurs dépenses : moins d’argent pour les écoles, pour les programmes sociaux, la voirie, la police municipale... On repoussa l’âge de départ à la retraite, on supprima des postes d’employés communaux, on baissa les salaires et parallèlement on augmenta les impôts. C’était, disait-on, inévitable mais on promit de moraliser ce scandaleux commerce des ânes.

Cette bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que le banquier et les deux escrocs sont frères et vivent ensemble sur une île des Bermudes, achetée à la sueur de leur front. On les appelle les frères Marchés.

Très généreusement, ils ont promis de subventionner la campagne électorale des maires sortants.

Cette histoire n’est toutefois pas finie, car on ignore ce que firent les villageois. Et vous, qu’auriez-vous fait à leur place ? Que ferez-vous … ?

[1] On la trouve sur les forums et sur de nombreux sites comme ici par exemple ou . Elle serait due à un « indigné » espagnol.


La dette c’est du pipeau - bombix - 15 septembre 2011 à 20:05

Un bon article de Jean-Jacques Chavigné — qui s’était distingué l’année dernière par des articles très clairs sur le problème des retraites — sur la dette. Qu’est-ce que la dette publique ?
Chavigné sort avec Filoche un petit bouquin : "La dette indigne" dix questions dix réponses, à paraitre en octobre 2011, Ed. JC Gawsevitch.


La dette c’est du pipeau - 1er septembre 2011 à 17:52

ah on à les memes idees que jean luc melenchon , ca commence a ce reveillé ?


La dette c’est du pipeau - maidodo - 25 août 2011 à 06:19

Et d’abord, ça veut dire quoi « endetté à 85% du PIB » ? Ca veut dire que l’Etat doit 85% de ce qu’il gagne chaque année.

C’est completement faux !!


La dette c’est du pipeau - Mister K - 25 août 2011 à  11:05

C’est complètement faux !!

C’est un peu court comme réponse.
Bon, le PIB, c’est "en gros", la richesse produite globalement par le pays. C’est assez compliqué mais il y a 3 axes possibles pour le calculer ou le définir : la valeur ajoutée, la consommation, et l’emploi (les revenus). C’est l’INSEE qui doit calculer ça et le rapport en le PIB de l’année n et de l’année n+1 nous donne le taux de croissance...

Bon, déjà, cet indice économique n’est qu’un indice. Il doit être très compliqué à calculer précisément. C’est un indice très discuté tout comme l’est l’indice de la croissance. Donc, après, rapporter notre endettement au PIB est aussi extrêmement discutable. Mais si on le fait, on peut dire que la dette cumulée de l’état correspond à 85% de la richesse créée par le pays (et pas par l’état) sur une année.

Est-ce que cette comparaison dette / PIB à un sens ? C’est la vrai question. Car si la dette est quelque chose de concret et simple à calculer, ce n’est pas la même chose pour le PIB (c’est même exactement l’inverse, le PIB est compliqué à calculer et est plutôt abstrait). Donc, de mon point de vue, si la formulation n’est pas parfaite dans cet article, l’interrogation que suscite le rapport PIB et dette est totalement justifiée.

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