L’extrême-droite en tête dans toutes les circonscriptions du Cher
Suite aux récentes élections européennes, on s’attendait à ce résultat : l’extrême-droite représentée par divers candidats du Rassemblement National quasi inconnus dans le département sont en tête dans les trois circonscriptions du Cher. Dans la première circonscription, le désistement du candidat du Nouveau Front Populaire - Hugo Lefelle (NFP) - devrait permettre à François Cormier-Bouligeon (Ensemble) de conserver son siège. Dans la seconde circonscription, Nicolas Sansu (NFP) est en position très défavorable face au RN : son sort sera lié au comportement des électeurs macronistes et des abstentionnistes, cela pourrait être très serré. Dans la troisième circonscription, ce sera également difficile pour Loïc Kervran (Ensemble). Malgré ce triste et historique premier tour dans le département du Cher, le RN n’est certain de gagner dans aucune des trois circonscriptions. Seule une mobilisation exemplaire pourra éviter le pire. Les électeurs ont encore toutes les cartes en main.
1ère circonscription (sortant : François Cormier-Bouligeon)
Abstention : 33,3%
Titulaire | Parti | Nombre de voix | Pourcentage de voix |
---|---|---|---|
M. Ugo Iannuzzi | Rassemblement National | 18100 | 39,94% |
M. François Cormier-Bouligeon | Ensemble | 14961 | 33,01% |
M. Hugo Lefelle | Nouveau Front Populaire | 11432 | 25,22% |
Mme Sylvie Cerveau | Lutte Ouvrière | 680 | 1,5% |
Mme Sandrine Bellon | Décidons nous-mêmes | 149 | 0,33% |
2ème circonscription (sortant : Nicolas Sansu)
Abstention : 35,7%
Titulaire | Parti | Nombre de voix | Pourcentage de voix |
---|---|---|---|
M. Bastian Duenas | Rassemblement National | 17246 | 40,56% |
M. Nicolas Sansu | Nouveau Front Populaire | 12621 | 29,68% |
M. Gabriel Behaghel | Ensemble | 8857 | 20,83% |
M. Philippe Bulteau | Divers Droite | 2705 | 6,36% |
M. Régis Robin | Lutte Ouvrière | 580 | 1,36% |
M. Ludovic Jaulin | Reconquête | 508 | 1,19% |
3ème circonscription (sortant : Loïc Kervran )
Abstention : 32,97%
Titulaire | Parti | Nombre de voix | Pourcentage de voix |
---|---|---|---|
M. Pierre Gentillet | Rassemblement National | 23501 | 43,15% |
M. Loïc Kervran | Ensemble | 16991 | 31,2% |
Mme Emma Moreira | Nouveau Front Populaire | 9334 | 17,14% |
Mme Bénédicte De Choulot | Les Républicains | 3178 | 5,84% |
M. Eric Lougnon | Reconquête | 599 | 1,1% |
M. Éric Bellet | Lutte Ouvrière | 568 | 1,04% |
Mme Christa Chartier | Droite Souverainiste | 290 | 0,53% |
Depuis les victoires électorales du RN, les violences racistes déferlent
"Depuis le 9 juin, de multiples agressions racistes, verbales ou physiques, ont eu lieu dans toute la France. Plus d’une par jour, selon le décompte de Mediapart. Dans de très nombreux cas, les personnes mises en cause ont fait référence au Rassemblement national."
Médiapart, 3 juillet 2024
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" En retour, il reçoit une pluie de coups et de nombreuses insultes racistes. « On est en France », « Descends, sale bougnoule », « Nique sa mère les bougnoules ». Maxime et Adrien ont été condamnés à quatre ans de prison dont un avec sursis.
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"un homme a passé la nuit à déambuler dans les rues de la commune de La Grand-Combe, fusil à la main, en tirant plusieurs coups de feu. Selon plusieurs témoins, précise le parquet, « il vociférait des propos du type “À mort les Arabes” », avant d’être interpelé au petit matin. "
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"Le 30 juin, des images montrent une femme portant un voile ciblée par un individu à Paris. « C’est insupportable, il va falloir l’enlever [...]. C’est anti-France, cet islam est incompatible avec la France », lance-t-il alors que la victime précise être née en France. « L’invasion migratoire et l’invasion de l’islam, on n’en peut plus. [...] Vous êtes une ennemie de la France », ajoute-t-il. "
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« Vive le RN » ou « Mort aux bougnoules ». Le 29 juin, d’autres inscriptions racistes étaient constatées sur un mur et sur une route de deux autres villages, relate le Dauphiné libéré. "
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« Ils ont tenté de brûler une affiche du NFP, chanté Maréchal nous voilà, demandé à une militante musulmane de “rentrer dans son pays” en voulant lui “jeter du cochon dessus”. Une honte"
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« C’est extrêmement violent. On me dit que je vais retourner en Gambie, on me traite de singe. Des trucs d’un autre temps », déplorait par exemple le candidat NFP en Seine-Saint-Denis Aly Diouara, faisant référence aux messages reçus sur les réseaux sociaux mais aussi par e-mail.
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"Les mots « nègre », « PD », « dégage » étaient encore lisibles malgré les sept tentatives de départ de feu dénombrées par les enquêteurs. Depuis un an, le patron de la boulangerie employait un apprenti de nationalité ivoirienne."
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"Alors qu’elle se baignait dans la piscine de sa résidence avec sa famille, Sonia* raconte avoir été prise à partie par ses voisines. « Les Arabes qu’est-ce qu’ils vont faire ? Ils vont sortir la kalache ? Bientôt elles seront mortes les voilées », lui auraient-elles notamment lancé."
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"« J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, moi je vote RN, je vais te tuer, je vais te massacrer, je vais vous éradiquer », a-t-il notamment proféré, selon une source policière interrogée par France Info. L’automobiliste serait remonté dans sa voiture avant de percuter délibérément le chauffeur de bus au niveau des jambes. "
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"« Franchement Karim, tu n’as pas compris le vote du 9 juin. [...] La seule et unique raison fondamentale du vote RN, c’est que le peuple français historique en a plein le cul de tous ces bicots, le reste c’est du bla-bla. Le “Souchien” [Français de souche – ndlr] ne t’acceptera jamais, ni toi, ni tes frérots, et même malgré le nombre vous ne posséderez jamais la France », est-il notamment écrit. " (Karim Rissouli de France 5)
D’autres journalistes dont Nassira El Moaddem du site Arrêt sur images et Mohamed Bouhafsi, chroniqueur de l’émission "C à vous" sur France 5, ont aussi publié des messages racistes les visant. "
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"Le 24 juin à Roanne, en marge d’une manifestation contre l’extrême droite, un individu s’en est pris à des manifestants en tenant plusieurs propos racistes et homophobes selon les témoins cités par Le Progrès. « Il a parlé des “bicots”, et laissé entendre qu’il en avait “ras-le-bol des Arabes” », écrit le quotidien. Il a ensuite asséné un coup de poing à l’un d’entre eux avant d’être laissé libre par la police municipale. Il ne sera interpelé que bien plus tard après avoir agressé une personne qui sera hospitalisée."
Le maire LR de cette même ville, Yves Nicolin a été contraint de s’excuser le 2 juillet pour des propos racistes tenus lors d’une conférence de presse lundi. « Ceux qui sortent la nuit sortent plutôt l’été. C’est une race qui aime la chaleur et le beau temps. L’hiver, ils sont plus tranquilles », a déclaré l’édile devant une brigade de police municipale locale de nuit.
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"« Des pompiers veulent rentrer dans une maison pour aller aider quelqu’un de blessé. Et là, on leur dit “Non, vous, vous ne rentrez pas”, parce que le pompier s’appelle Mounir, précisait le candidat communiste Fabien Roussel quelques jours plus tard sur France Info. Ils ont dû rentrer dans leur camion sous les cris “On est chez nous, les bougnoules dehors !” » " + crachats.
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"Un jeune de 19 ans raconte avoir été suivi par une voiture avant qu’elle ne s’arrête à son niveau et que quatre personnes, dont une avec un couteau, le frappent à la tête. « Quatre hommes m’ont ensuite saisi les bras et les jambes et m’ont jeté dans le canal puis m’ont plongé la tête sous l’eau, de force. Ils ont fait ça quatre ou cinq fois tout en me traitant de “sale Arabe”. “Tu n’as rien à faire ici”, criaient-ils. Ils disaient que je venais de Djihad City en faisant référence à Lunel », a témoigné la victime, qui a eu sept jours d’ITT, devant la police."
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"« Je t’en... Les Arabes seront toujours des Arabes, rentre chez toi ! », lance-t-il. « Ta gueule sale bougnoule, rentre chez toi ! », ajoute-t-il selon la victime, avant de projeter au sol son téléphone portable. Si Pierre-Jean Chalençon conteste tous les propos, une plainte a été déposée le lendemain pour injure non publique en raison de l’origine."
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« Plusieurs personnes ont été choquées d’entendre qu’une équipe de participants s’appelait “Sale immigré”. “Cela a été dit plusieurs fois au micro”, a affirmé le militant écologiste Vincent Jeudy, qui a participé à ces festivités rassemblant plusieurs milliers de personnes », précise l’association. "
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"le Parti de la France, groupuscule d’extrême droite, dont un membre, Pierre-Nicolas Nups, est candidat dans la 5e circonscription du département sous l’étiquette « Rassemblement de la droite nationale ». Ses affiches représentaient un enfant blond aux yeux bleus barré du slogan « Donnons un avenir aux enfants blancs ». "
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"Daniel Grenon, député sortant du RN dans l’Yonne, lors d’un débat tenu avec son opposante le 1er juillet, et révélés par L’Yonne républicaine : « Sur 30 ou 40 postes, on ne peut se permettre d’avoir des binationaux. Des Maghrébins sont arrivés au pouvoir en 2016, ces gens-là n’ont pas leur place en haut lieu. » "
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"Le 21 juin, une chanson raciste et pro-RN, « Je partira pas », a été diffusée sur de nombreux réseaux sociaux d’extrême droite et a été relayée par Éric Zemmour, Gilbert Collard ou la militante Mila. « Quand va passer Bardella, tu vas retourner chez toi » ou « Pour toi, fini le RSA/Le bateau n’attend pas », peut-on notamment entendre"
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" « Toi, tu as intérêt à te préparer à rentrer chez toi en Afrique », « On va vous foutre tous dehors », a asséné un passant en croisant sa route."
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"Selon France Bleu, il a été agressé par trois jeunes hommes alors qu’il attendait sa mère. « Il a été insulté de “gratteur d’allocs” et roué de coups », précise la radio."
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"le témoignage de Divine Kinkela, aide-soignante, victime des propos racistes de ses voisins à Montargis (Loiret) et militants RN. « Bonobo ! », « On fait ce qu’on veut, on est en France, on est chez nous ! », lui ont-ils notamment lancé selon la victime.
Devant les caméras de France 2, ladite voisine, fonctionnaire au tribunal judiciaire de Montargis suspendue depuis, chante « on est chez nous », lance « va à la niche » et dénigre la coupe de cheveux de la victime. Des pancartes « avec Marine et avec Bardella », et une casquette « Vivement le 9 juin avec Jordan Bardella » sont aussi visibles, accrochés sur la façade de leur maison."
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"« Monsieur le Maire, Stop aux Blacks à Chatou ! ». « Nous n’acceptons pas que Chatou devienne la Seine-Saint-Denis. Nous avons choisi d’habiter Chatou parce qu’il n’y avait pas de Blacks », peut-on lire entre autres propos racistes. « Ras-le-bol des Africains qui sont toujours dépendants de la France pour pouvoir survivre. »"
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"Karim* aurait été pris à partie par trois de ses voisins au sujet de l’emplacement de sa voiture. « Sale Arabe de merde, on va te ramener à la frontière… Sale race, votre place c’est pas ici, bande de Sarrasins de mes couilles », auraient-ils proféré, selon l’association. « À ces propos s’ajoutent “Vive Zemmour, Vive Jordan Bardella , je vais t’enculer ta mère, vive Bardella”. » Selon le signalement, les individus auraient frappé le père de famille à la hanche et l’un d’eux aurait menacé la famille avec un chien, « un pitbull sans muselière ». "
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"des ouvriers découvrent des tags racistes et antisémites sur les murs de la nouvelle mosquée de Montauban Es-Salam, en cours de construction. « Sales bougnoules », « rentrez chez vous », ont été inscrits à la bombe de peinture noire en plus de croix gammées, selon France 3 Occitanie. « C’est la cinquième fois que nous retrouvons ce genre de tags racistes, la dernière fois, c’était une tête de cochon », dénonce un membre de l’association musulmane de Montauban."
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"« L’un des hommes m’a dit : “Rentre dans ton pays, sale bougnoule, dégage, rentre chez toi.” J’étais choqué, je n’ai rien dit et je me suis éloigné. Mais il a continué, en me traitant encore de “sale bougnoule de merde” et en disant à Mathilde [Regnaud, suppléante du candidat – ndlr] d’aller “se faire sauter par les bougnoules”. »
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"Le 12 juin, c’est à La Côte-Saint-André, en Isère, que quatorze tags islamophobes ont été découverts sur les murs d’un parc. « Islam hors d’Europe », ou « anti-Arabes », pouvait-on notamment lire sur les clichés diffusés par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes."
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"Le 10 juin, comme le révélait Mediapart, des policiers se lâchaient lors de l’interpellation d’un jeune homme dans le XIe arrondissement de Paris, et enchaînaient les propos racistes et homophobes. « Avec ta casquette de pédé qui se fait enculer par des migrants » ; « Quand ta mère et ta grand-mère se seront fait violer par des migrants, tu comprendras », ont-ils notamment déclaré, avant de diffuser, au commissariat, des chansons à la gloire de Jordan Bardella. "
[...]
"Avec ces trente propos, tags, événements ou agressions racistes en seulement trois semaines, les manifestations de violence semblent considérables et, de l’avis des associations, « évidemment sous-estimées ». « C’est une situation alarmante et inhabituelle. On sent vraiment qu’avec la montée de l’extrême droite, il y a une explosion des agressions racistes non seulement verbales mais aussi physiques », constate SOS Racisme. « On est face à des gens qui se disent que si le RN arrive au pouvoir, ils auront un appui institutionnel pour se comporter de la sorte », ajoute son président, Dominique Sopo. "
[...]
« L’électeur de gauche est le seul à s’asseoir sur ses convictions » : face à l’absence de barrage de la droite, les votants du NFP choqués
Libération, 2 juillet 2024
Législatives : trois pôles en concurrence, mais une seule alternance possible
"La compétition politique est toujours structurée en trois pôles, dont les poids respectifs évoluent. L’extrême droite est la grande gagnante, mais la gauche stagne au même niveau depuis 2017. Le danger pour elle : rester le « tiers exclu » du pouvoir.
[...]
"De fait, en pourcentage des suffrages exprimés, le RN a bondi d’une dizaine de points par rapport à 2022, et même de quatorze points avec ses alliés. En pourcentage des inscrits (les personnes ayant le droit d’aller voter), le parti d’extrême droite a atteint un record pour un premier tour, toutes élections confondues. Il n’a fait mieux qu’à des seconds tours de présidentielle, lorsque Marine Le Pen était seule à faire face à Emmanuel Macron.
Cela confirme que l’électorat du RN est désormais l’un des plus stabilisés du paysage politique, à un haut niveau. Dimanche soir, ce parti est celui qui a enregistré le plus de candidat·es au-dessus de 50 % des voix au premier tour. Il surclasse nettement la gauche et le camp présidentiel au sein des candidatures ayant réuni entre 40 et 50 % des suffrages, mais devance aussi chacune de ces forces au sein des candidatures ayant réuni entre 30 et 40 %.
[...]
« D’authentiques fiefs électoraux ont été construits, commente Florent Gougou. Ce noyau électoral très solide nous indique qu’à l’avenir, même en cas de lourdes défaites, le RN sera en mesure de garder un grand nombre de sièges à son actif. » Sociologiquement, l’enquête postélectorale Ipsosadministrée à 10 000 personnes confirme la nette surreprésentation du RN au sein des milieux populaires (ouvriers en particulier) et peu diplômés. Même chez les cadres ou les « bac+3 et plus », il dépasse cependant les 20 %. Chez les plus âgés aussi, sa sous-représentation s’est largement atténuée.
[...]
« La gauche a résisté dans sa zone de confort, mais elle est siphonnée dans les coins les plus populaires », constate le politiste Rémi Lefebvre. Professeur à Sciences Po Lille, il relève qu’elle a « perdu sa dernière circonscription dans le bassin minier » du Nord-Pas-de-Calais, et « résiste essentiellement dans la métropole lilloise ». Sur l’ensemble du territoire, ajoute-t-il, « sa structuration de vote assez peu homogène fait que les regains de participation ont conforté ses bastions, mais ne lui permettent pas d’emporter beaucoup de nouveaux sièges ».
Ces bastions se trouvent dans les grandes villes-centres et les quartiers à forte proportion de milieux populaires issus de l’immigration. Certains exemples sont éloquents. Dans la 3ème circonscription lyonnaise du Rhône, l’écologiste Marie-Charlotte Garin a ainsi amélioré son score de huit points pour être élue au premier tour. Dans sa circonscription d’Aubervilliers-Pantin, l’insoumis Bastien Lachaud a carrément quintuplé son score en voix, sur la base d’une participation multipliée par deux."
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Mais ailleurs, la gauche peine à progresser pour prétendre emporter des circonscriptions, quand elle n’est pas en danger dans celles qu’elle détient (comme Fabien Roussel éliminé au premier tour dans le Nord, ou François Ruffin en recul de six points dans la sienne, contre une candidate RN ayant progressé de 18 points par rapport à 2022). Deux indices globaux témoignent de ce problème, aggravé par un mode de scrutin qui commande d’accéder à de nombreux seconds tours et de les gagner, et pas seulement de réaliser de bons scores à un niveau global.
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Cette stagnation collective de la gauche a pour contrepartie le maintien d’un pôle central entre elle et le pôle nationaliste et identitaire hégémonisé par le RN. Autrement dit, il n’y a pas eu de bipolarisation du jeu politique entre l’extrême droite et la gauche.
L’électorat macroniste, largement désarticulé et diminué au scrutin européen du 9 juin, s’est partiellement reconstitué. Si le président de la République n’a pas réussi son pari irraisonné de tutoyer la victoire à force de diabolisation des « extrêmes », le recul global de son camp, de cinq points par rapport à 2022, reste contenu – et plus faible que le recul enregistré entre le scrutin européen de 2019 et celui de 2024.
« La performance de la majorité sortante ne doit pas être sous-estimée, analyse Florent Gougou. Le parti présidentiel et ses alliés ont subi une défaite électorale évidente, mais leur niveau électoral reste supérieur à 20 %
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Médiapart, 1er juillet 2024
« Libération » et « L’Humanité » ont eu la même inspiration pour leur « Une » contre le RN
Huff Post, 1er juillet 2024
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"Emmanuel Macron ? « Il faut se souvenir qu’en 2017 et 2022, en face, à gauche, tout le monde a porté ce message (du front républicain). Sans cela, votre serviteur et vous ne serions pas là », a expliqué hier le chef de l’Etat à son gouvernement, ajoutant « qu’aucune voix ne devait aller à l’extrême droite ».
Une consigne claire ? Plutôt une Mélenchon 2017, critiquable parce que floue. Même chose pour Gabriel Attal, plus ferme dans le ton mais cultivant quand même une certaine ambiguïté. Résultat, même si de nombreux candidats Renaissance vont effectivement se retirer du second tour, d’autres, on saura combien ce mardi à 18 heures, ne le feront pas, profitant de consignes de désistement finalement pas si claires. Une question d’opportunité ou de circonstances politiques ? En tout cas d’inconsistance sur les valeurs républicaines."
Les valeurs républicaines perdues dans les brumes du macronisme Libération, 1er juillet 2024
« Les échecs, ça arrive, le déshonneur on ne s’en remet jamais »
Sabrina Agresti-Roubache
« Il ne faut pas mettre de signe égal entre le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire. Faisons tout ce qui est possible, par le désistement, par l’appel au vote républicain, pour battre le RN. J’ai des réticences contre certains candidats, mais la menace concrète pour le pays, ce n’est pas LFI, mais le RN », a-t-il souligné."
Clément Beaune
" Il n’y a aucune nuance à avoir : je ne veux pas de majorité d’extrême droite, donc partout où le RN est présent, il faut le battre, y compris en votant pour des candidats insoumis »
Jean-Marc Zulesi
« Pour moi, il y a un ennemi de la République, c’est le Rassemblement national, contrairement à la gauche qui est un adversaire politique »
Xavier Iacovelli
« Je ne pense pas qu’on puisse mettre le Front populaire et le RN sur un pied d’égalité »
Elisabeth Borne
« Je n’ai aucune difficulté à le dire : si Jean-Luc Mélenchon était candidat en personne dans ma circonscription et qu’il se retrouvait dans un duel face à l’extrême droite, je voterais sans problème pour lui, et pourtant cela fait vingt-cinq ans qu’il m’insulte et je l’abomine totalement ! Mais le problème n’est pas là, il s’agit de voter contre le RN, d’autant qu’en tout état de cause, Mélenchon n’arrivera jamais au pouvoir. »
Bernard Guetta
« J’entends ceux qui disent au sein de la majorité que LFI, c’est trop loin de leur base, assure-t-il. Sur le fond, si on fait un exercice théorique à plat, je comprends leurs réticences. Mais si on parle de démocratie réelle, il n’y a pas à barguigner. Les électeurs de gauche ont fait le job quand il a fallu élire Macron contre le RN, deux fois. Maintenant, aux électeurs du centre de faire le job, quoiqu’ils pensent du candidat X ou Y. L’avenir de la France dépend intégralement de cette capacité collective à faire front. »
Pascal Canfin
Après la confusion, le « tout sauf RN » s’impose doucement chez les macronistes
Médiapart, 1er juillet 2024
Extrême droite : les macronistes irresponsables et coupables
"Alors que le Rassemblement national a mis un pied dans la porte du pouvoir, les dirigeants de la majorité ont été incapables d’appeler clairement à lui faire barrage au second tour. Par calculs politiciens, ils s’apprêtent à lui ouvrir grand les grilles de Matignon.
[...]
"Face à cette situation, les partis de gauche, réunis sous la bannière du Nouveau Front populaire (NFP), ont pris clairement leurs responsabilités, en appelant leurs candidat·es à se désister dans les 115 circonscriptions où ils sont arrivés en troisième position. Une démarche qu’ont été incapables d’entreprendre François Bayrou et Édouard Philippe, l’un prônant pour « que l’on regarde au cas par cas », l’autre pour qu’aucune voix ne se porte sur le RN et La France insoumise (LFI).
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"La situation est telle qu’elle aurait mérité davantage de clarté. Au lieu de quoi, les macronistes ont ajouté de la confusion à la confusion. Sous couvert de défendre les « valeurs républicaines », aucun d’entre eux n’a appelé explicitement au front républicain, lui préférant des calculs politiciens en vue d’une future – et à cette heure improbable – coalition. Car sans désistement général, faut-il le réécrire, l’extrême droite obtiendra une majorité absolue."
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" En renvoyant dos à dos le RN et la gauche unie, il [ Macron ] a chauffé à blanc toute une partie de l’électorat qui ne parvient même plus à faire la différence entre le rejet et l’émancipation. En refusant d’appeler clairement au barrage, il finit le travail."
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À quelques rares exceptions, il y avait quelque chose de pitoyable dimanche soir à observer certains macronistes parler de Jean-Luc Mélenchon comme du principal problème de la France, à les regarder se pincer le nez à l’évocation de certains candidats NFP qui ont fait de la lutte antifasciste le combat de leur vie, à les voir tenter de sauver le peu qui leur reste en martelant que jamais, jamais, ils n’appelleraient à voter pour LFI.
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Médiapart, 1er juillet 2024
"Plusieurs sondages ont parfois surestimé l’alliance des droites extrêmes jusqu’à 37 % des intentions de vote. Selon les résultats définitifs du premier tour, le pacte entre le RN et les candidats « ciottistes » leur a permis d’obtenir 33,15 % des voix.
Alors que les résultats officiels du ministère de l’Intérieur sont tombés, nombreux électeurs de gauche tentaient ce lundi 1er juillet de se consoler en notant que le Rassemblement national fait finalement moins de 30 % des votes (29,25 %), et qu’il est talonné par le Nouveau Front populaire (27,99 %). Soit un écart de 402 616 voix et 1,26 %.
Ce pourcentage du RN ne comptabilise pas les 3,90 % des voix accordées à l’Union de l’extrême droite, la terminologie choisie par le ministère de l’Intérieur pour désigner les LR fidèles à Eric Ciotti dans son alliance avec le Rassemblement national. Grâce à ce contrat, le patron renégat de LR et ses alliés de droite ont pu se présenter sans candidat RN face à eux.
Cette alliance des droites extrêmes fait 33,15 % des bulletins exprimés. Soit un écart avec l’union de la gauche nettement plus marqué de 5,16 %."
[...]
Il s’agit d’un extrait d’un Check news de Libération, en date du 1er juillet 2024.
Le RN a permis à la « GUD connection » de toucher plus de 3 millions d’euros au Parlement européen
"Alors que Jordan Bardella a promis, en cas d’arrivée à Matignon, qu’il dissoudrait le Groupe union défense (GUD), le RN a permis aux sociétés des anciens de ce groupuscule de faire fortune grâce aux fonds publics européens : plus de 3 millions d’euros ont été versés par le groupe du RN au Parlement européen entre 2019 et 2023."
Jordan Bardella l’a promis, s’il accède à Matignon, il dissoudra « toutes les organisations d’ultragauche et d’ultradroite », dont le Groupe union défense (GUD). Cela n’empêche pas le Rassemblement national (RN) de continuer à faire travailler les anciens piliers de ce groupuscule d’extrême droite violent, aux idées inchangées mais reconvertis en chefs d’entreprise.
Selon nos informations, le groupe du RN au Parlement européen, Identité et démocratie (ID), et ses eurodéputé·es, ont versé, entre 2019 et 2023, plus de 3 millions d’euros de fonds publics européens à deux sociétés de la « GUD connection » (3 068 620 euros, dont 796 289 euros de sommes facturées directement par les élu·es)."
Médiapart, 1er juillet 2024
[...]
"Contactés, Axel Loustau et Frédéric Chatillon n’ont pas répondu à nos questions. Celui-ci nous a adressé pour toute réponse une photo de larve accompagnée de ce commentaire : « Bonne journée dans ton compost vilaine petite larve. »"