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POLEMIQUE

FC Bourges : (quelques) raisons du bordel ambiant

lundi 12 avril 2004 à 21:12, par Charles-Henry Sadien

Ultra minoritaire, le Président du FC. Bourges, Maurice Duvernoir s’accroche toujours à son fauteuil. La fronde lui reproche une mauvaise gestion, une volonté de démantèlement de la politique de formation au club, des choix opaques et une politique de communication interne inexistante. Comment a-t-on pu en arriver là ? Pour vous aider à comprendre, voici une liste non exhaustive des raisons d’un conflit qui se trame de façon sourde, depuis l’été dernier.

La scène prêterait à sourire. Samedi 3 avril, un supporter s’égosillait jusqu’à en devenir aphone, pour encourager son équipe favorite, le FC Bourges. Le président du club, Maurice Duvernoir, lui avait notifié une interdiction de pénétrer dans le stade avec un mégaphone, car il avait eu le malheur de crier joyeusement la semaine précédente, le nom de Pavlé Vostanic, entraîneur de l’équipe première dont l’équipe dirigeante voudrait bien se débarrasser pour le remplacer par François Oman Biyik.

Tout ceci est révélateur de l’attitude du président Duvernoir qui, bien que ultra minoritaire, continue de s’accrocher à son fauteuil et tente, par tous moyens, de faire taire les contestataires. Maurice Duvernoir a-t-il suivi les cours de communication de Jean-Pierre Raffarin ? Toujours est-il qu’il règle ses comptes comme un dictateur sanguinaire : viré, Pascal Dupuis, responsable de la formation et trop ouvertement en désaccord avec la politique du club. Virés, Pierrick Goblet et Jacky Marien, dirigeants contestataires. S’il vire les 200 grévistes du club, il risque de se retrouver bientôt tout seul. Et si les joueurs et entraîneurs anticipaient en démissionnant tous massivement du club, Maurice Duvernoir resterait le président du monde... assis sur une île déserte.

Mais pourquoi diable une telle fronde ? Voici (quelques) éléments de réponses que nous avons pu glaner jusque-là.

L’AFFAIRE BELRADJAA. Licencié pour faute lourde après avoir réclamé avec trop de véhémence une augmentation au cours de la saison 2002-03, le défenseur central Hamid Belradjaa a été réintégré par Maurice Duvernoir à son arrivée à la présidence... pour être à nouveau viré sans ménagement quelques mois plus tard - encore pour faute lourde en raison d’une attitude non professionnelle et de ses absences injustifiées aux entraînements. La réalité semble différente. Certains affirment au club, que Maurice Duvernoir alors qu’il n’était pas encore président, aurait décidé, en toute discrétion de prêter personnellement de l’argent à Hamid Belradjaa. Le second limogeage de Hamid Belradjaa pourrait être lié à un conflit entre les deux hommes quant aux modalités de remboursement de cette somme. Contacté par téléphone, Hamid Belradjaa a formellement démenti ces allégations, tout en contestant également les motifs "d’attitude non professionnelle et d’absences injustifiées" (consulter sa réaction dans l’article "Hamid Belradjaa s’explique"). Tout porte à croire que Maurice Duvernoir, cherchait, dès l’été, à alléger la masse salariale du club et que, déjà, tous les prétextes étaient bons pour celà.

DUVERNOIR N’EST PAS UN MECENE. Pour justifier sa détermination à rester à la tête du FCB malgré sa situation ultra minoritaire, Maurice Duvernoir ne cesse de mettre en avant le fait qu’il a engagé son argent personnel dans le club. En réalité, Maurice Duvernoir n’a pas déboursé un centime d’euros pour le FC. Bourges. Il s’est seulement porté personnellement caution des dettes du FCB avec deux autres dirigeants à un moment où les banques réclamaient des garanties financières. En revanche, si la nouvelle présidence refusait d’honorer les dettes du club, les fonds personnels de Maurice Duvernoir seraient prélevés à auteur de la somme à laquelle il s’est engagé, c’est-à-dire 40.000 euros. Une imprudence qui pourrait lui coûter très cher. La situation actuelle de blocage pourrait se solutionner par un engagement de la part de la future équipe dirigeante, de reprendre les dettes du club. Cela passe donc par un projet de financement crédible pour les prochaines années.

ECHEC COUTEUX DU MARKETING Bruno Bellamy a été chargé depuis près de deux saisons maintenant, de mettre en place une ambitieuse politique de marketing. Si dans un premier temps Bruno Bellamy ne bénéficiait pas d’un salaire pris en charge par le club, Maurice Duvernoir dès son arrivée à la présidence a souhaité faire un effort particulier sur ce pôle de développement en décidant de lui attribuer un statut de salarié du club. Et il aurait mis « le paquet » : 1830 euros net par mois, auquel il faut rajouter 305euros de frais divers et la mise à disposition d’un véhicule. Bruno Bellamy coûte ainsi environ 3050 euros par mois, charges comprises. Des sommes jugées indécentes par les joueurs (qui n’auraient d’ailleurs pas été payés de leur parcours en Coupe de France) et éducateurs dont certains sont très loin de percevoir un tel salaire et à qui il a été demandé de faire des sacrifices financiers « pour le bien du club » ! « Pour être véritablement rentable, un commercial doit rapporter au moins dix fois ce qu’il coûte », nous confie un spécialiste des finances qui connaît bien le club. Or, sans parvenir à recueillir des données chiffrées précises et vérifiables, il semble que cela soit loin d’être le cas.

AFFAIRE GOBLET : DUVERNOIR SAVAIT. Autre point sensible qui aurait miné les finances du FC. Bourges : « l’affaire Goblet ». Pierrick Goblet, aujourd’hui à la tête de la fronde contre l’équipe Duvernoir, serait arrivé au club avec une promesse d’investissement de 40.000 euros. Or, celui-ci se serait rétracté après que le conseil d’administration du club ait refusé de coopter Laurent Bosman. Parfaitement au courant du retrait de Pierrick Goblet, Maurice Duvernoir aurait néanmoins intégré au budget du club cette somme de 40.000 euros ! M. Duvernoir reproche aujourd’hui à M. Goblet de ne pas avoir versé cette somme. L’intéressé lui fait remarquer qu’il avait annoncé qu’il ne verserait pas cette somme bien avant que le budget soit définitivement bouclé. Dialogue de sourd.

LE ROLE TROUBLE DE MIMO GRECO. Introduit dans la vie du club par le prédécesseur de Maurice Duvernoir, Mimo Greco avait été rapidement écarté en raison de la réputation sulfureuse qu’il traîne avec lui dans le monde du football. A son arrivée, Maurice Duvernoir l’aurait réhabilité. Son rôle dans l’arrivée des deux joueurs de Vérone (Italie), serait important. Il aurait même été rémunéré grassement pour son intervention puisqu’il serait question d’une somme se rapprochant de 6100euros. Et justement : les interrogations se font de plus en plus pressantes. Pourquoi un club comme Vérone prêterait deux joueurs anonymes à un obscur club de CFA en France ? Deux joueurs qui n’ont pas les capacités d’évoluer en équipe première et qui, même en évoluant dans l’équipe réserve du FCB en... division d’honneur régionale, ne sont pas convaincants ? Pire, pourquoi le club de Vérone, dans son infinie bonté, verserait de l’argent au FCB, sans contrepartie ? L’argument d’envoyer deux jeunes joueurs s’aguerrir en France dans un championnat de CFA (cinquième division) pouvait déjà paraître douteux. En Division d’honneur Régionale, il ne tient pas une seconde.

LA BERRI DERRIERE TOUT ÇA ? La Berrichonne de Châteauroux aurait-elle des visées sur le FC. Bourges ? « Absurde ! » répondent nos correspondants castelroussins. Pourtant, l’équipe de Châteauroux cherche à réduire au maximum le coût de la formation. C’est ainsi que le Centre de formation du club a été transformé en Centre de Formation d’Apprentis pour accaparer les revenus de la taxe sur l’apprentissage. Une pratique, qui, si elle demeure légale, n’en est pas moins très discutable sur le plan du respect de l’esprit de la loi. De même, la Berri aurait conclu un partenariat avec l’équipe de Châtellerault dont les dirigeants seraient très déçus et auraient l’impression qu’il soit à sens unique en faveur de l’équipe de l’Indre. Les dirigeants de Châteauroux tenteraient-ils de placer au FCB un de leurs hommes à la tête de l’équipe première du FCB en la personne de François Oman Biyick, qui entraîne actuellement une petite équipe de division d’honneur dans l’Indre ? Et c’est là qu’est cité à nouveau étrangement le nom de Mimo Greco, qui aurait sous « sa coupole » l’ancien international camerounais. En limogeant Pavlé Vostanic et en nommant François Oman Biyick, les dirigeants du FCB pourraient ainsi mieux contrôler les choix sportifs de l’équipe première, afin que les deux italiens d’Afrique (l’un est d’ailleurs... camerounais) soient titularisés. Quant à ceux de Châteauroux, ils pourraient placer dans l’équipe première, leurs jeunes espoirs (et se dégager ainsi des coûts de formation), qu’ils récupéreraient sans frais dans le cas où l’un d’entre-eux aurait un potentiel supérieur. Le FC Bourges deviendrait ainsi l’équipe réserve de luxe de la Berrichonne de Châteauroux. « Ridicule ! » nous rétorque-t-on du côté de Châteauroux avec un agacement difficilement contenu à l’évocation du nom de Mimo Greco qui a pourtant travaillé avec le manager général de La Berri, lequel fut, dans un passé lointain, dirigeant du... FC Bourges ! « Patrick Trotignon n’a plus aucune relation avec Mimo Greco et ne veut d’ailleurs plus entendre parler de lui ! » nous assure-t-on.

DUVERNOIR EMPECHE L’ARGENT DE RENTRER.Tout cela ne fait pas avancer le club ? C’est ce qu’exprime Maurice Duvernoir qui justifie son attitude dictatorial (des menaces auraient été transmises à plusieurs joueurs et membres de l’encadrement) par la nécessité de parler d’une seule voix pour ne pas effrayer les partenaires. Maurice Duvernoir accuse ainsi les contestataires de couler le club et de ruiner les efforts de recherches de financement. En réponse, Pierrick Goblet et Jacky Marien affirment qu’ils ont eux aussi, un plan bouclé pour la saison prochaine avec des partenaires qui n’attendent que... le départ de Maurice Duvernoir ! Il semblerait en effet qu’à l’heure actuelle, les rôles soient inversés et que le plus grand frein à l’arrivée de nouveaux partenaires soit... Maurice Duvernoir lui-même, qui perdrait tout contrôle sur le club. Selon nos informations, un important partenaire à moyen terme - qui ne fait pas partie à l’heure actuelle du plan de développement du duo Goblet/Marien - qui s’investit déjà dans le football régional, serait prêt à injecter beaucoup d’argent dans le FC. Bourges. Mais il ne le ferait pas tant que Patrick Vetois, Philippe Friaud, Gérard Guillemin et Maurice Duvernoir resteraient au club... De même, la nomination de Roland Chamiot en remplacement de Serge Lepeltier au poste de maire pourrait être rédhibitoire. Alors, qui empêche la progression du club ? Qui est en train de tuer le FCB ?

commentaires
> FC Bourges : (quelques) raisons du bordel ambiant - SEVRET Pascal - 20 avril 2004 à 15:28

Bonjour,

Vraiment marre de voir le bordel ambiant avec des nuls depuis + de 10 ans au FCB.

Aucun projet sportif,seulement un pouvoir pour une minorité, le club et les supporters circulez rien à voir.

En ce qui me concerne je ne fait plus 360 kms A/R pour voir cette dégradation.

Il faut nous rendre le FCB avec un réel projet. Pourquoi ne pas faire une démarche aussi large que possible.


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