Editorial Février 2006

Participer

jeudi 2 février 2006 à 22:48, par Mister K

La grosse tarte à la crème du moment, c’est la démocratie participative. En théorie, rien à dire, une démocratie participative c’est forcément mieux qu’une simple démocratie représentative où le citoyen se contente de mettre un bulletin dans une urne et puis basta. La démocratie participative permet en théorie à tout citoyen de s’impliquer et de participer aux débats et aux décisions politiques. En gros, vous n’êtes plus simple spectateur, vous devenez acteur. Encore faut-il que ce citoyen soit suffisamment éduqué et ait le temps de s’informer, d’étudier les différentes options possibles. S’investir dans la démocratie participative après huit heures de boulot, ce n’est pas donné à tout le monde.

Participer
Gandhi en train d’écrire - 1942
Auteur inconnu - Domaine Public

Une des expérience les plus connues de démocratie participative est celle de la ville de Porto Alegre au Brésil. Evidemment, quand on évoque Porto Alègre, on pense au(x) mouvement(s) alter-mondialiste(s)... ce qui est finalement assez drôle quand, de toute évidence, la démocratie participative paraît plus adaptée à des petites structures locales. Et donc, avant d’être alter-mondialiste, il faudrait peut-être d’abord être "alter-localiste". "Agir local, penser global" est d’ailleurs l’un des crédos de l’association ATTAC. Nul besoin d’être alter pour être séduit par cette idée de participation active à la démocratie. Mais par où commencer ? Car pour l’instant en France, les structures qui permettent de participer à l’action politique et sociale, partis politiques et syndicats, sont de plus en plus désertés. Seules les associations gardent la côte en palliant bien souvent aux insuffisances de l’état ou des collectivités locales dans des domaines trés divers [1].

Peut-être faudrait-il commencer par être mieux informé, ou informé différement. C’est ce à quoi tente de contribuer, modestement, l’Agitateur depuis Novembre 1997. Le premier édito, titré "Aux armes citoyens", pointait du doigt la passivité et appelait à l’action, bien au-delà du vote. Plus de 8 ans après, on peut dire que du chemin a été parcouru. Des quelques dizaines d’internautes aux centaines d’exemplaires papiers du début, l’Agitateur est désormais lu par des milliers d’internautes chaque mois, et c’est déjà une grande satisfaction. Mais, s’il n’était "que" lu, ce serait un échec. Vous êtes aussi des acteurs de ce webzine [2] local. Vous réagissez, souvent avec véhémence, par rapport à son contenu. Vous corrigez les erreurs, vous complétez les informations, quand vous ne proposez pas carrément un article complet. On ne peut que continuer à vous encourager à participer à ce modeste journal en ligne.

Si l’on peut se réjouir de la réussite relative de l’Agitateur, il est aussi nécessaire d’être lucide et de réaliser que de gros progrès restent à faire. Vous n’êtes pas encore suffisamment nombreux à proposer des articles sur la vie locale, de Bourges et du Cher. Vous n’êtes pas encore suffisamment nombreux à nous proposer un article sur vos coups de coeur musicaux, cinématographiques ; sur le dernier livre que vous avez lu ou la dernière pièce de théatre vue. Nous attendons avec impatience vos prochains coups de gueule et vos propositions pour changer le monde ou juste la vie dans votre rue, votre quartier ou votre ville. Sans vous, l’Agitateur ne peut réussir sa mission de mieux vous informer. Son indépendance d’esprit [3], son indépendance financière [4] vous garantissent la liberté de vous engager, de vous exprimer, de vous opposer [5]. Depuis 1997, cette liberté n’est plus à démontrer, vous pouvez la constater. Alors servez-vous en !

Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, les mots de ce modeste webzine se matérialiseront dans la vie locale, donneront vie à des réalisations concrètes, seront une part de la démocratie participative qui tôt ou tard, fera partie de notre quotidien. Et alors, plus que jamais, l’important sera de participer.

[1Hasard ou coïncidence, ATTAC est une association qui a connu un grand succès ces dernières années...même si sa tendance à vouloir se transformer en parti politique lui vaut quelques déboires ces derniers mois.

[2Journal en ligne devrait-on dire...

[3Philosophique, politique et religieuse

[4Pas de publicité, aucune subvention, pas d’argent, que de l’énergie.

[5Tant que vos propos collent plus ou moins à la ligne éditoriale du webzine et ne sombrent pas dans la diffamation.