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Réflexions sur « la rupture tranquille », « l’ordre juste » et autres slogans de campagne.

Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche

L’ordre juste, seconde partie
mercredi 21 mars 2007 à 20:00, par bombix

S’il est un terrain sur lequel Ségolène Royal a voulu marquer « sa différence », c’est bien celui de la sécurité. L’enjeu est de taille, les inquiétudes de la population légitimes. On a dit, mais cela reste à prouver, que d’avoir négligé ce problème fut la cause de la chute de Lionel Jospin en 2002. Concernant les questions de violence et de délinquance, il n’y a pas de recettes miracles ni de solutions immédiates. Cela n’empêche pas de rappeler quelques principes à respecter dans l’analyse de ces problèmes. À mettre au second plan la question de la justice sociale, la gauche s’est enlisée et s’est retrouvée prisonnière de la manière droitière de poser ces problèmes. Elle propose logiquement les mêmes « solutions ». Pourtant, autoritarisme et mesures abracadabrantes ne résoudront rien. Il faut que la gauche ancre à nouveau ses analyses du côté des réalités économiques en vue de l’établissement d’une vraie justice sociale. C’est à cette seule condition que des progrès significatifs en matière de sécurité sont possibles.

Un redoutable problème : pas de réponses simples ni de solution immédiate.

Reconnaissons-le d’emblée : la question de la violence et de la délinquance est redoutable pour la gauche. Non parce qu’elle n’aurait pas les capacités de maintenir l’ordre, mais parce que l’exercice de ce maintien de l’ordre entre à un certain moment en contradiction avec son projet politique de transformation de la société. Marx a eu ce mot profond « La violence est l’accoucheuse de l’histoire » L’histoire peut-elle « accoucher » sans violence, la société peut-elle se réformer sans passer par une phase de séismes et de bouleversements ? C’est le pari réformiste. Mais pour les révolutionnaires, ce pari serait plutôt une ruse de la bourgeoisie. Une façon de maintenir le statu quo en endormant les forces qui seraient seules capables de renverser l’ordre établi.
C’est le premier aspect du problème. Le second, c’est que toute violence n’a pas une signification politique. Il y a des gens qui choisissent la violence non parce qu’ils sont des révolutionnaires mais parce que cette voix leur semble la plus facile. Ils cherchent à obtenir des avantages personnels par le moyen de la force, sans tenir compte ni du bien public, ni des exigences morales qui impliquent le respect de l’autre. De sorte qu’il faudrait démêler dans les phénomènes de violence et de délinquance ce qui relève de la question politique, et ce qui est choix délibéré de contrevenir aux règles communes pour en tirer un avantage égoïste. Cette distinction, dans la plupart des cas, est reconnaissons-le, impossible. Il faut, de plus, considérer les droits des victimes. Même si un acte s’explique, ou plutôt se comprend, par référence aux conditions objectives d’existence de son auteur, il n’en reste pas moins que la victime a subi un préjudice et qu’on lui doit réparation.

On voit qu’à poser la question ainsi, il n’y aura pas de solutions simples et immédiates à ces problèmes. Mais on peut rappeler néanmoins quelques principes dans l’analyse de la question de la violence qui distinguent radicalement la droite et la gauche dans le traitement social de ces problèmes.

Rappel d’un principe fondamental : l’abandon du moralisme.

Le premier de ces principes pourrait être celui-ci : refuser le moralisme lorsque l’on aborde ces questions. Par moralisme, j’entends cette attitude de pensée qui consiste à référer un acte commis au « bien » ou au « mal », et à ne faire jouer comme seul élément de compréhension que la « volonté » bonne ou mauvaise de celui qui l’a commis. Quoi qu’il en soit de la bonne ou de la mauvaise volonté de l’auteur d’un acte répréhensible, il faut considérer que cet acte peut aussi trouver des éléments de compréhension dans les conditions sociales de son émergence. Il est nécessaire de considérer les conditions objectives d’existence des gens, les perspectives qui s’offrent à eux, et d’analyser ces comportements comme une réponse possible à la violence qui leur est faite. La violence appelle la violence. Il ne s’agit pas d’excuser. D’un point de vue moral, chacun doit être considéré comme responsable de ses actes. C’est même une exigence éthique inconditionnelle. Lorsque l’on demande donc de placer l’analyse de la violence sur le terrain social et politique, on admet simplement que la violence est un problème qui doit s’envisager sous plusieurs angles. La définition d’un fait social, c’est qu’il s’impose aux acteurs sociaux. Cela ne veut pas dire que ceux-ci ont perdu toute liberté. Cela signifie que les conditions d’exercice de cette liberté - leur situation - dépendent de facteurs sur lesquelles les individus n’ont pas prise immédiatement. Un délinquant doit toujours être considéré comme responsable. Mais en même temps il faut admettre que les conditions dans lesquelles il était placé ont compté dans son passage à l’acte. La responsabilité du politique est de réfléchir sur ces conditions et de travailler à les améliorer.

La morale est nécessaire, mais le moralisme est mystificateur ...

L’ennemi à vaincre ici est, répétons-le, le moralisme. La revendication morale est légitime. Mais elle est insuffisante si elle ne s’accompagne pas d’un regard sur la situation des acteurs sociaux ; elle est mystificatrice si elle cherche à faire oublier cette situation. On peut souligner également que le moralisme comme principe de l’action politique est contradictoire. Car si la délinquance et la violence ne relevaient que de la volonté bonne ou mauvaise des acteurs sociaux, on ne voit guère quelle action politique pourrait être efficace. Son champ d’intervention c’est le groupe social, non les délibérations morales du sujet dans son for intérieur. C’est pour cette raison d’ailleurs que la seule réponse politique de la droite - qui se place volontiers sur le terrain du moralisme pour faire oublier ses responsabilités sociales - relève du dressage (en amont) et de la répression (en aval). La réponse politique de la gauche doit être plus exigeante, plus cohérente, et à terme plus efficace.

Quittant le terrain de l’idéologie, dans lequel s’enlise la droite, la gauche doit travailler à déterminer les causes réelles des problèmes et à leur appliquer un traitement adéquat. Plutôt que de dresser, elle cherchera à éduquer ; plutôt que de réprimer, elle cherchera à rétablir par des réformes profondes des conditions d’existence plus justes qui donnent la possibilité aux acteurs sociaux de faire leur chemin dans la société sans passer par la violence et la délinquance.

... et de toutes façons voué à l’échec.

Observons en tous cas les résultats d’une politique qui fait l’impasse sur cette problématique. Non seulement la répression est souvent injuste, mais elle est inefficace. Le fait que personne ne peut contester, c’est que la politique sécuritaire menée par Sarkozy a failli [1]. Non seulement la délinquance n’a pas diminué, mais elle est en constante augmentation - et singulièrement sous sa forme la plus grave, celle de l’atteinte physique aux personnes. L’objectif visé est-il le modèle américain, la guetthoïsation des « populations à risques », et l’incarcération d’une partie toujours plus importante de la population ?

Par l’effet de la même logique, que se passe-t-il quand la gauche oublie qu’il est dans son rôle de réformer en profondeur la société afin que chacun soit placé dans des conditions satisfaisantes pour réussir ? Que se passe-t-il quand elle travaille à maintenir le statu quo de l’ordre capitaliste, trahissant ses bonnes intentions électorales et les noyant dans un discours bien pensant, mais en oubliant de passer aux actes, ce qui en politique (comme en toutes choses) est la seule chose qui vaille ?

De « l’État qui ne peut pas tout » au discours sécuritaire de la nouvelle gauche.

Il y a un lien logique entre un fatalisme économique « l’État ne peut pas tout » [2]et le discours sécuritaire de la nouvelle gauche. L’État qui « ne peut pas tout », c’est l’État qui accepte le diktat du capitalisme mondialisé et refuse de changer en profondeur la donne du problème. Ainsi, ne travaillant plus sur les causes objectives du désordre capitaliste, la gauche traite ses conséquences de la même façon que ses adversaires de droite. Ayant accepté la façon de poser les problèmes de la bourgeoisie et de ses représentants politiques, elle ne peut qu’accepter les solutions qui en découlent. Doit-on s’étonner après cela que les électeurs préfèrent une position franche et qui ne s’embarrasse pas de scrupules dans le traitement de ces questions, à des propos et des politiques en demi-mesure, qui allient l’hypocrisie et l’inefficacité ?

Ségolène Royal et « la nouvelle donne » sécuritaire.

S’il est un terrain sur lequel Ségolène Royal a voulu marquer « sa différence », c’est bien celui de la sécurité. L’enjeu est de taille. On a dit, mais cela reste à prouver, que d’avoir négligé ce problème fut la cause de la chute de Lionel Jospin en 2002. Ce qui est certain, c’est que le bilan économique de Jospin n’étant guère attaquable, la droite a appuyé sur le thème sécuritaire pour disqualifier la gauche. Au terme d’une véritable opération de propagande bien digne d’un régime totalitaire ( on se souvient du passage en boucle dans les télés, ad nauseam, des violences infligées à un retraité agressé), les thèmes et les thèses du Front National ont été repris en coeur par les responsables politiques de droite. Le résultat fut la disqualification du candidat socialiste dès le premier tour, évincé pour la plus grande honte de ce pays par le candidat de l’extrême-droite.

En reprenant à son compte les thèses sécuritaires de la droite et de l’extrême-droite, Royal pouvait espérer faire « coup-triple ». D’une part répondre à la crise politique ouverte par la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002 : puisque le système avait failli, les experts s’étant discrédités, c’est par le retour de la parole des « vraies gens », le sentiment vécu des citoyens, la « sortie du système » qu’on pouvait espérer regagner les suffrages perdus des français. Il y a un rapport direct entre la nouvelle « méthode participative » et le contenu des propositions de la candidate [3]. D’autre part doubler Sarkozy sur sa droite, le candidat de l’UMP, premier flic de France, ayant fait de la sécurité son cheval de bataille. Enfin, laisser ouverte la possibilité d’une entente avec Chevènement et la sensibilité autoritaire qu’il représente, de façon à ne pas être gênée sur sa gauche. C’était plutôt bien calculé et il faut reconnaitre que le succès fut au rendez-vous dans une première phase.

Mais il y a un prix politique à payer : quand la gauche décline le refrain de la sécurité sans l’accompagner de mesures réelles pour le rétablissement de la justice sociale - c’est à dire sans agir sur le seul terrain sur lequel des points pourront être marqués sur le long terme, elle perd la confiance de l’électorat populaire et d’une partie de la classe moyenne. La tassement actuel dans les sondages de la candidate socialiste n’a pas d’autre cause : pour l’électorat populaire, s’il s’agit de « rétablir la sécurité » autant aller chez Sarkozy, voire hélas chez Le Pen ... Après tout, le discours droitier n’est-il pas justifié puisque tout le monde le reprend ? Quant à la classe moyenne, une partie se sent menacée par la nouvelle figure qu’a pris le capitalisme mondialisé, et elle ne se reconnaît plus dans un discours populiste oublieux des fondamentaux socialistes. Le cas des enseignants est à cet égard révélateur.

Un arsenal de mesures hétéroclites et inadaptées

C’est au niveau des propositions concrètes que l’on mesure peut-être le plus le caractère idéologique (= coupé de la réalité) des propositions de Ségolène Royal en matière de sécurité.

 L’armée d’abord serait mobilisée pour remplir une nouvelle mission pour laquelle elle est loin d’être préparée. L’idée d’envoyer « dès la première incivilité » les jeunes dans des camps de rééducation placés sous la responsabilité de militaires est tout simplement délirante. Notons que « l’incivilité » n’est pas un concept juridique. Voilà la porte ouverte à tous les arbitraires. Et pourquoi les militaires seraient-ils à même de réussir là où les autres éducateurs ont échoué ? Tout simplement parce qu’ils n’éduquent pas, mais qu’ils dressent. On ne peut pas aller plus loin dans le reniement des valeurs qui fondent la gauche progressiste.

 Royal propose ensuite la mise en place de centres fermés. S’agit-il de rouvrir les maisons de correction de sinistre mémoire ? De l’idée, on est déjà passé à la réalisation expérimentale. Les résultats sont plus que douteux [4]

 La culpabilisation des parents : les jeunes enfermés, confiés à des « matons » ou à des « juteux », il s’agit de « rééduquer les parents » et de « les placer sous tutelle. » Peut-on imaginer un mépris plus flagrant à l’égard des familles populaires ? Plutôt que de s’interroger sur les conditions de vie réelles des gens qui expliquent les carences éducatives, il s’agit de disqualifier tout bonnement une frange de la population sur critères sociaux. Hier Ministre déléguée à l’enseignement scolaire, elle soutenait « l’enfant qui a toujours raison » ; aujourd’hui candidate droitière d’une gauche tourneboulée, elle stigmatise les parents défaillants. Malgré l’apparente contradiction (laxisme hier, autoritarisme aujourd’hui) il y a une réelle continuité de la pensée Royal : les familles pauvres ne sont pas compétentes. Cette fois-ci, les « vraies gens » n’y connaissent rien, il faut confier les problèmes à des experts.

Répondre à l’idéologie droitière par une analyse des conditions réelles de la vie des gens et travailler au rétablissement de la justice sociale.

Je le disais en débutant cet article, on ne résoudra pas les problèmes de la violence et de la délinquance - dont les premières victimes, il faut le rappeler aussi, sont les populations stigmatisées elles-mêmes - par un coup de baguette magique. L’idée sur laquelle il ne faut pas céder est quand même de remettre l’analyse à l’endroit et de pointer les vraies causes dans l’origine de ces problèmes. Travailler à la justice sociale, pour que l’ordre revienne, il n’y a pas d’autre impératif pour une politique de gauche qui mérite ce nom. Le « problème des banlieues » est à cet égard très significatif. Je m’appuierai donc pour terminer sur un rapport du Conseil d’analyse économique de 2003 [5]qui disait, bien avant les révoltes de novembre 2005, l’état de la situation dans ces territoires qui sont devenus de véritables zones de relégation.

Les auteurs de l’étude - Jean-Paul Fitoussi, Eloi Laurent et Joël Maurice - montrent, en s’appuyant sur de nombreux travaux, le fossé qui s’est établi entre les banlieues déshéritées et les communes riches. « Ainsi, à Paris, les revenus des ménages étaient supérieurs de 15,3 % à la moyenne régionale en 1996, alors que l’écart était deux fois moindre douze ans auparavant. La Seine-Saint-Denis, elle, a subi le phénomène inverse : en 1996, les ressources des familles étaient inférieures de 27,6 % à la moyenne des huit départements franciliens (contre - 18,5 % en 1984). Dans certaines communes défavorisées, comme Grigny (Essonne) ou La Courneuve (Seine-Saint-Denis), « le revenu moyen des foyers fiscaux » s’est écroulé (- 15 % en douze ans). » La cause de cette situation, c’est d’abord le chômage de masse.
« Sous l’effet de « vingt-cinq années de chômage de masse », les ZUS « divergent (...) de manière « catastrophique » », poursuivent les auteurs du rapport. Une tendance d’autant plus préoccupante qu’elle « est entretenue (...) par un véritable système ségrégatif ». Les inégalités sociales ont, en effet, tendance à se perpétuer « à travers les inégalités d’accès à l’éducation et à la formation, au logement et aux équipements collectifs ». Les riches sont de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres. La pauvreté appelle la pauvreté, car elle produit la ségrégation, et conduit à une ghettoïsation de ces territoires. « C’est ainsi que certains quartiers se spécialisent « dans le logement de populations fragiles » et que s’amorce « une dérive vers la formation de « ghettos » », estime le CAE. Cette ségrégation, ajoute-t-il, est accentuée par le « fonctionnement libre du marché » : «  Un ménage aisé est toujours prêt à payer un prix (...) de logement plus élevé qu’un ménage modeste » pour vivre dans des « pôles attractifs » (au regard de l’emploi, du système de soins, des établissements scolaires, etc.). Autour de ces zones privilégiées se forment donc « un premier cercle occupé par les ménages disposant des revenus les plus élevés, puis des couronnes circulaires successives rangées par ordre décroissant de revenus disponibles », analyse le CAE. »

Voilà bien un cercle vicieux. On souhaiterait que sa transformation en « cercle vertueux », expression chère à Ségolène Royal, passe par d’autres recettes que l’appel à des mesures autoritaires abracadabrantes d’un autre âge et qui de toutes façons ne résoudront aucun problème. Il faut que la gauche ancre à nouveau ses analyses du côté des réalités économiques en vue de l’établissement d’une vraie justice sociale. C’est à cette seule condition que des progrès significatifs en matière de sécurité sont possibles.


A lire également :

 La rupture tranquille
 L’ordre juste (1) : Invoquer « l’ordre » n’est pas une idée émancipatrice
 L’ordre juste (2) : Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche

[1Le bilan de la lutte contre la délinquance de Sarkozy a donné lieu à de vifs débats. On a reproché au ministre de l’intérieur de cacher les chiffres qui le dérangeaient : montée de la violence contre les personnes (+ 20 % depuis 2002), intensification des violences scolaires (+ 73,2 %) et explosion des violences urbaines avec plus d’un mois d’émeutes en novembre 2005.

[2cf. la déclaration de Lionnel Jospin en 1999, lors des licenciements chez Michelin alors que la société engrangeait des bénéfices substantiels.

[3Eric Debardieux, dans un article décapant paru dans Le Monde le 16 février dernier, mettait en évidence cette relation : « Une nouvelle figure du mépris politique s’est développée avec la campagne présidentielle en cours : celle du mépris pour les experts, les intellos, les chercheurs en sciences de l’homme [...] Nous avons des programmes qui ne se construiraient que dans le contact participatif, recevant l’onction d’un peuple enfin rencontré [...]Les sciences de l’homme existent justement car elles interrogent sans cesse, et sur le terrain, ce monde des « gens », avec des méthodes qui assurent que leurs pensées et leurs opinions ne sont pas manipulées. Elles ont aussi leur mot à dire sur les politiques proposées, pour éviter déception, perte de temps et mauvaise utilisation des deniers publics. Un exemple ? Si j’affirme que les centres fermés avec militaires sont une stupidité pour traiter la délinquance, ce n’est pas par idéologie antimilitariste, mais parce que la recherche évaluative en a montré l’inefficacité, voire la contre-productivité - sur le plan international. Mais cela a-t-il de l’importance ? La seule science de l’homme qui semble compter désormais est réduite à celle des sondages. »

[4Agnes Franco, secrétaire générale du syndicat de la magistrature : « L’enfermement en tant que tel n’est pas un plus éducatif ... Les bilans, au-delà des chiffres, montrent que plus un CEF est ouvert sur l’extérieur, mieux ça marche, et que ceux qui mettent l’accent sur l’enfermement ont moins de résultat. »

[5Bertrand Bissuel : Ce « système ségrégatif » qui conduit à la « dislocation de la cité », Le Monde, du 06.11.2003

commentaires
Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche - jocelyne - 22 mars 2007 à 16:52

Vous êtres manifestement très averti : merci de donner vos solutions (concrètes bien sûr)


#6887
Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche - bombix - 25 mars 2007 à  09:13

Avant de "donner des solutions" concrètes bien-sûr (que veut dire ce mot au juste ?), regardons un peu si les problèmes sont bien posés. Parce que la solution dépend du problème, et le problème dépend ... de celui qui le pose. Sur le problème de l’insécurité, Sarkozy champion de "l’efficacité" s’est planté. Les chiffres sont là. J’essaie de montrer qu’il est déplorable que la gauche ne se soit pas dégagée de la façon droitière de poser ces questions. Sommes nous tous lepenisés, en matière de sécurité ? C’est la seule question qu’il faut poser.
Ensuite, je ne prétends pas avoir de solutions miracles, ni surtout immédiates. D’ailleurs je ne suis pas ministre. Mais simple citoyen. Les gens qui proposent des solutions miracles mentent. Ce sont des démagogues. Ce que l’on peut dire néanmoins, c’est qu’aucune solution durable n’est envisageable qui ne place le rétablissement de la justice sociale comme priorité première. Les chiffres que je cite à la fin de l’article (c’est du "concret" cela, non ?) sont éloquents. Le capitalisme sauvage fabrique de la misère qui fabrique de la violence. Cette équation admise, on sait dans quel sens il faut travailler pour résoudre ces problèmes de sécurité, qui inquiètent légitimement les citoyens. Je ne l’ai pas nié. Comme je n’ai pas nié la difficulté intrinsèque de ces problèmes.

#6896 | Répond au message #6887
Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche - Smith - 22 mars 2007 à 16:31

Je vous trouve un brin excessif. Ségolène Royal a bien utilisé le slogan Ordre Juste, mais c’était avant tout pour l’opposer aux désordres créés par la droite. Désordres sociaux, économiques, écologiques. Dans ce sens, l’ordre ne peut pas être confondu avec la sécurité des biens et des personnes. Au contraire, l’idée est de montrer que le besoin de sécurité que de nombreuses personnes éprouvent va au-delà des questions de violence et de délinquance. Il faut une sacrée dose de mauvaise foi pour écrire qu’en matière sécuritaire, Royal essaye de double Sarkozy sur la droite... Le pacte présidentiel parle de police de proximité, centres éducatifs renforcés, violences conjugales, moyens pour la justice. Il n’y a pas de dérive sécuritaire chez la candidate Royal (même si on peut lui reprocher sa maladresse sur l’encadrement militaire.

"Plus juste, la France sera plus forte", remarquez que le slogan de campagne met l’accent sur la question de la justice sociale. Education, Logement, Santé, l’analyse des conditions réelles de vie, comme vous écrivez, a bien été menée, notamment par des économistes et sociologues plus ou moins proches du parti socialiste (Piketty, Maurin, Askenazy...). Après la candidate n’est pas parfaite, le tout manque un peu de cohérence, mais le projet du parti et de la candidate socialiste est clairement progressif et le discours prétendument sécuritaire de ce que vous appelez la nouvelle gauche, un fantasme.


Voir en ligne : Voter à Gauche
#6886
Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche - 22 mars 2007 à  20:08

Cher Smith, on est allé sur votre site "Voter à gauche". A 1 mois d’un risque absolu, à 1 mois d’une Apocalypse populiste, une seule solution : tout faire pour éviter Sarko ! Au-delà de nos différences, anti-communiste ou pas, nostalgiques d’une vraie gauche antilibérale, revanchards haïssant le P.C d’avoir sacrifié une candidature unique au profit de ses élus alliés au Parti socialiste, décus d’un P.S. toujours plus anglophile...rassemblons-nous pour éviter le pire !

#6889 | Répond au message #6886
Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche - bombix - 25 mars 2007 à  08:21

Ségolène Royal a bien utilisé le slogan Ordre Juste, mais c’était avant tout pour l’opposer aux désordres créés par la droite. Désordres sociaux, économiques, écologiques.

Non. Elle emploie cette expression pour la première fois dans un contexte bien précis, alors qu’elle est en visite en banlieue, à Bondy, accompagnée des maires de Clichy sous bois et de Bondy. C’était en mai 2006. Petite anthologie "royaliste" :

« Aujourd’hui, il y a un constat d’échec de la politique qui est conduite, il faut d’autres politiques beaucoup plus fermes »

« Si on veut donner une nouvelle chance aux jeunes au premier acte de délinquance, il faut des systèmes d’encadrement à dimension militaire, avec des actions humanitaires, des orientations vers l’apprentissage des métiers, avec le passage du permis de conduire et le réapprentissange de la citoyenneté ».

« Il faut épauler les familles, ne pas les disqualifier et quand les incivilités se multiplient, avoir un système d’obligation pour les parents de faire des stages dans des écoles de parents, avoir des systèmes de mise sous tutelle des allocations familiales, comme c’est le cas aujourd’hui, mais dans des logiques éducatives de réinsertion des parents »

Il faut une sacrée dose de mauvaise foi pour écrire qu’en matière sécuritaire, Royal essaye de double Sarkozy sur la droite...

Il faut une sacrée dose d’aveuglement pour croire le contraire.

le projet du parti et de la candidate socialiste est clairement progressif et le discours prétendument sécuritaire de ce que vous appelez la nouvelle gauche, un fantasme.

"Progressif", il l’est certes. Il progresse chaque jour un peu plus dans le reniement. On a appris hier qu’il était hors de question d’abroger la loi Fillon. Voir la brève "Tensions".

Quant à mes fantasmes, il faudrait des arguments un peu plus solides pour en établir la réalité. Surfant sur la vague identitaire qui charrie les pires saloperies idéologiques, et alors que Sarkozy fait la chasse aux enfants et à leurs parents, instrumentalise les fonctionnaires de l’éducation nationale pour faire le sale boulot des flics, en inquiète certains avec des procédures judiciaires, Royal ponctue ses meetings avec "La marseillaise". Je préférais le temps ou la Section Française de l’Internationale Ouvrière, origine historique d’un parti qui n’a plus de socialiste que le nom, ponctuait les siens avec "l’Internationale".

#6894 | Répond au message #6886
Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche - tourterelle des bois - 22 mars 2007 à 15:56

Il est toujours juste de confronter les faits réels et d’actualité à des réflexions de fonds sociologiques ou politiques, voire philosophiques...Et le silence assourdissant sur les injustices nationales et locales qui, il fut un temps, auraient fait bondir, sinon la nation tout entière, du moins le peuple dit "de Gauche", est à cet égard confondant...Car en effet, que penser de ce renvoi du deuxième Recteur d’université le plus important de France pour "non respect du devoir de réserve" ? Renvoyer le Recteur de Lyon bien connu pour avoir réussi à éloigner le pire prof néo-nazi du Front national, voilà qui, à quelques encablures de l’élection présidentielle, aurait dû réveiller tout le monde...Sauf que : ce même Recteur courageux anti-facho s’est élevé contre l’ouverture d’un collège-lycée musulman dans la banlieue lyonnaise en criant qu’il était, je cite : "le dernier rempart de la laïcité". Seulement, voilà : le grand Recteur renvoyé avait oublié qu’il risquait la foudre du grand Sarko schizophrène, chasseur d’enfants d’immigrés et défenseur des particularismes religieux en France. Bref, l’Imam (pardon : le Recteur) a été viré par décision du Conseil des Ministres (mais après tout, un Recteur n’est-il pas en quelque sorte un « Imam laïque » ?). Bref, outre l’injustice que représente cette soudaine réactivation du "Devoir de réserve", l’ambivalence de ce Recteur victime de Sarko a provoqué l’immobilisme de la Gauche...très embêtée par ce Janus pourfendeur de fachos d’un côté mais tenant d’une certaine raideur pro-laïque toute droit sortie des tréfonds du XIXème siècle...Localement, c’est pas mieux : dans une ambiance délétère où les « Folies Textiles », dernier avatar de l’organisation du PDB ont finalement connu l’echec, la dernière grève des profs a été lambinarde et finalement, ce qui aurait dû le plus marquer les esprits, est aussi passé à la trape... Une jeune enseignante du collège Littré (collège friqué du centre-ville de Bourges) s’est proposée pour remplacer au pied levé un autre prof gréviste. En d’autres termes, cela s’appelle : casser le droit de grève ! Qu’un jeune enseignant, sans aucune pression, ait volontairement remplacé un prof gréviste...Voilà un véritable événement sociologique que Mme Royal devrait méditer, car on ne mesurera jamais assez la lente progression de la pensée néo-libérale dans les milieux enseignants. En dépit d’un taux de syndicalisation qui se rétrécit comme une peau de chagrin dans un secteur mythologiquement perçu comme le dernier "bastion de gauche", on n’avait jamais assisté à ce genre d’initiative pour casser un mouvement de grève...initiative qui, il fut (encore !) un temps, aurait provoqué une mobilisation importante dans les milieux de la gauche syndicale. Mais, à l’image de ce recteur déjà oublié, ce cas incroyable d’acte anti-grève n’a soulevé aucune mobilisation. Une éclaircie dans ce ciel local totalement bouché et désespérant ? OUI !!!! Une initiative originale des profs membres de RESF Bourges qui ont rebaptisé les noms des rues de la cité berrichonne avec de beaux slogans, du type « Rue des Droits de l’Homme ». Mais attention ! Comme le remarque la presse locale : on a bien pris soin de coller au double face ces nouvelles pancartes bien AU DESSOUS de la signalétique officielle. C’est vrai quoi : désormais, les actes de résistance légitimes s’effectuent dans le respect de la Loi. On rebaptise les rues, mais pas trop quand même, il s’agirait pas d’être perçu comme de vilains révolutionnaires. Finalement, Voilà ce qui cloche, peut-être : le respect, le satané respect qui rime si bien avec le « devoir de réserve » face à un pouvoir politique qui, si l’on y regarde bien, est d’une violence inouïe mais ô combien dissimulée par les paillettes de la société du spectacle... Un respect totalement désuet face à cette violence de l’état soumis aux multinationales, un respect qui fait qu’une petite imbécile nouvellement nommée a pris toute seule et sans contrainte l’initiative de remplacer un prof gréviste ! André 18, vieux militant communiste, rappelle sur ce site (voir une de ses belles réponses en dessous de mon article sur un "éventuel renouveau de l’anti-communisme chez les intellectuels français")...que la classe ouvrière qu’il rencontre à Vierzon a la trouille, "la trouille de tout" dit-il et il conclue par un terrible : « GRANDEUR ET DECADENCE DE LA CLASSE OUVRIERE » ; Franchement qu’un vieux militant du P.C. en arrive en 2007 à reconnaître ce terrible fait sociologique, y a de quoi s’inquiéter. Ecoutons-le encore plus dans le détail et Ségolène Royale ainsi que ses amis de gauche devrait un peu plus se pencher sur ce type de désarroi : « Aujourd’hui pour les ouvriers, c’est une corvée une sinécure un bagne, et c’est bien plus facile de rester ce que l’on est plutôt que de s’élever et de progresser. Aujourd’hui ..... Ils te prennent le tract et se débinent parce qu’ils ont la trouille d’écouter, d’entendre des choses qui les dépassent , ils ont la trouille de ne pas avoir d’arguments , ils ont la trouille du chef , la trouille de ne plus pouvoir consommer , la trouille de devoir aller a une réunion de temps en temps, la trouille qu’on leur prenne la tête avec des machins et des trucs, des réunions avec une organisation, des choses a faire, qu’on leur amène « l’HUMA -HEBDO » tous les dimanche , j’en connais même un, qui m’a arrêté sur le pas de sa porte, alors que je venais le lui offrir : " Bof , j’le lirais pas de toute façon " ...Y a des moments ou j’ai envie de passer un savon comme un instituteur à ces gamins qui ne veulent pas apprendre leur leçon. ». Finalement, Cher Bombix : un tel témoignage en dit certainement plus par sa sincérité que toutes nos analyses...


#6885
Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche - bombix - 25 mars 2007 à  08:55

Le témoignage et l’analyse ne forment pas antinomie. Le "témoignage en dit long", à condition, souvent, qu’on le fasse parler. Par exemple comme le faisait Pierre Bourdieu dans "La misère du monde". Par ailleurs tenter très modestement un peu d’analyse ne peut pas faire de mal dans un monde dominé par l’immédiateté des images, les jugements expéditifs et les slogans faciles.

#6895 | Répond au message #6885
Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche - xuedob - 22 mars 2007 à 13:37

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#6883
Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche - RG - 23 mars 2007 à  12:45

Ah ! Ah ! Tu es fait crapule ... on a identifié ton canapé !

#6891 | Répond au message #6883
Critique du discours sécuritaire de la nouvelle gauche - xuedob - 25 mars 2007 à  04:34

OUI , MAIS C’EST UNE VIELLE PHOTO , DEPUIS , J’AI CHANGE DE CANAPE , LE BLANC ETAIT TROP SALISSANT .

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#6893 | Répond au message #6891