Le système Sarkozy ou les prodromes d’un état policier
La France est-elle toujours une démocratie ? Est-elle assurée de le rester ? On peut se poser ces questions à quelques jours d’une élection présidentielle de tous les dangers pour les libertés publiques, alors que le prétendant de la droite radicale, Nicolas Sarkozy, multiplie les pressions et fait usage de la force publique pour défendre ses intérêts.
Quand la police est mise au service d’intérêts partisans, le glas sonne pour les libertés républicaines. Jadis, Sarkozy avait réinvesti la place Beauvau pour « se défendre » - comme si c’était là le rôle d’un ministre de l’Intérieur. Pendant les premiers mois de son investiture par l’UMP dans la course à la présidentielle, il n’avait pas manqué d’user et d’abuser de sa fonction pour assurer sa promotion. Aujourd’hui, il continue d’utiliser ses réseaux et de jouer de son influence pour instrumentaliser policiers et gendarmes à son profit.
On se rappelle les mésaventures des militants de R.E.S.F. qui avaient voulu manifester pacifiquement à Sancerre leur désapprobation de la politique Sarkozy à l’encontre des sans-papiers et de leurs enfants. Interpellés puis mis sous surveillance par les C.R.S., ils avaient été empêchés de manifestation [1]. Quelle est donc cette démocratie qui bride l’exercice du droit de manifester, pourtant garanti par la Constitution ?
Aujourd’hui, Sarkozy n’est plus ministre, mais les méthodes éprouvées demeurent. C’est ainsi qu’on apprend que des salariés d’une imprimerie de Meaux, actuellement sous le coup d’un licenciement collectif, n’ont pas pu se rendre à un meeting du candidat de l’UMP, par le fait d’une intervention policière. Sous le prétexte d’un contrôle routier, les gendarmes ont arrêté le bus des ouvriers. A suivi une garde à vue de deux heures environ que rien ne justifiait, en pleine campagne, et sous la menace d’une compagnie de C.R.S. appelée en renfort.
Selon Le Monde [2], lors d’un autre meeting le lendemain, une poignée de militants ont été circonscrits par le service d’ordre de l’U.M.P. associé cette fois à des gendarmes !
On ne peut que dénoncer ces pratiques dignes d’un état policier. Pas question bien sûr de compter sur Sarkozy pour s’expliquer à propos de ces dérives. Est-il possible néanmoins d’espérer que des syndicats de policiers, soucieux de l’honneur et de la neutralité de la police républicaine, sauront élever leurs voix pour que cessent de telles pratiques ? Il leur faudra sans doute du courage, car on devine les pressions et les menaces qui doivent peser sur tout ce petit monde pour qu’il se taise ...
Imaginons en tous cas le sort réservé aux libertés publiques si un personnage comme Sarkozy parvenait un jour à la magistrature suprême. Il se trouve que, par ironie, le même jour et dans le même journal, on rappelait les méthodes de la police politique de l’ex-URSS pour circonscrire et neutraliser les dissidents qui essayaient de manifester pacifiquement à Moscou auprès de la statue de Pouchkine, aux heures noires du despotisme stalinien. Les flics interpellaient les gens avant même leur arrivée sur la célèbre place. En France, on use aujourd’hui des mêmes méthodes. On conviendra que les risques pour les militants ne sont pas comparables. Mais jusqu’à quand ? Et de toute façon, la plus petite attaque à l’encontre des libertés fondamentales est un attentat contre La liberté.
Sarkozy est un homme dangereux. De par ses idées comme de par ses méthodes. Espérons que les électeurs français sauront s’en rendre compte à temps.
[1] voir la brève de l’Agitateur du 26 février : Les gendarmes lèchent les bottes de Sarko
[2] Edition du 18 avril 2007, p.11