Exposition d’art contemporain

Osez les Traversées Ren@rde

jeudi 26 octobre 2017 à 08:40, par Mercure Galant

Le centre d’art Transpalette, c’était le lieu où il fallait être, samedi dernier, à l’occasion du vernissage des « Traversées Ren@rde ». Un événement organisé par l’ENSA, Bandits-Mages et Emmetrop, proposant un programme inédit d’exposition d’œuvres émanant en partie du Centre Pompidou qui fête ses 40 ans et enrichi de performances, de projections vidéo et d’artistes invités.

La reconnaissance...

Encore un happening en forme de consécration pour les anciens punks dont on doit reconnaître qu’ils ont parcouru bien du chemin en 30 ans. Si l’on en juge par la foule réunie dans les salles d’exposition du Transpalette et par les discours officiels dithyrambiques, Emmetrop, l’association à l’origine de la friche l’antre-peaux, est indéniablement un acteur incontournable de la culture, et plus particulièrement de l’art contemporain, à Bourges. Frédéric Charpagne, maire adjoint à la Culture de Bourges, Agnès Sinsoulier-Bigot, vice-présidente du Conseil régional et Sylvie Le Clech, directrice de la DRAC, l’ont affirmé en rappelant les efforts financiers consentis par les collectivités territoriales pour assurer l’émergence de ce lieu culturel, tout en soulignant les combats qui restent à mener contre les intolérances de tous bords…

...après les critiques !

Car les attaques à l’encontre d’Emmetrop, n’ont pas manqué durant des années dans les petits milieux culturel et politique locaux.
Aujourd’hui, semblent passés aux oubliettes les griefs contre les « drogués de la friche et du festival Ziva ». Exit, les tirades entendues sur « le porno subventionné ». Terminés, les reproches adressés aux « chasseurs de subventions. »
Evidemment, le temps a passé et le public de la friche a évolué. Il s’est rajeuni pour les uns ou embourgeoisé pour les autres. Et puis, parmi les rebelles d’hier, certains sont maintenant devenus des décideurs, ayant pignon sur rue… la roue tourne !

Annette Messager : Papier peint utérus (détail)

Aux avants-postes de l’Art contemporain ?

Depuis ses débuts Emmetrop entend défendre, sur le territoire berruyer, une culture « à la marge » et « qui parfois dérange ». Damien Sausset, directeur artistique de Transpalette et commissaire de l’exposition évoquait dans son discours inaugural une évolution de l’art n’étant plus désormais rattaché à l’unique « regard de l’homme blanc hétérosexuel dominant ».
Pour autant, peut-on affirmer qu’à l’heure actuelle les esprits s’ouvrent davantage et que les gens se montrent plus curieux de ce qui n’entre pas directement dans leur champ de compréhension du monde ? Tous les publics se sentent-ils concernés par les thématiques du genre, du corps et de l’identité sexuelle et une telle exposition se veut-elle accessible à tous ? Voici dix ans déjà, un article paru dans les colonnes de l’Agitateur se moquait du discours volontiers abscons utilisé par les artistes contemporains du Transpalette... Mais après tout, c’est à chacun de se faire son idée en se rendant sur place, puisque, il faut le souligner, tout est gratuit !

Steven Cohen : 18 paires de chaussons (détail)

Traversées Ren@rde sur trois lieux d’exposition

Il a fallu pas moins de quatre « commissaires » (Erik Noulette, Damien Sausset, Nadège Piton et Julie Crenn) pour mettre en place cette exposition qui interroge donc le public sur les questions liées aux normes, aux modèles et aux pouvoirs avec la volonté « d’en finir avec les catégories trop évidentes qui ne cessent d’enfermer la singularité de certaines voix ».
Le projet a pris pour socle un texte de Paul B. Preciado, « Cartographie queer », qui pense la question des identités aujourd’hui. Son titre, « Traversées Ren@rde », est inspiré de la lecture d’autres philosophes, Antonio Negri et Louis Althusser qui rappellent un concept opposant deux stratégies politiques figurées par des animaux. D’un côté, le lion, dominant, représentant la force, et qui « en abuse pour s’inscrire dans un courant visant à normaliser les identités ». De l’autre , le renard, rusé, qui s’inscrit dans « l’imagination et la mise en place de tactiques plus souterraines ». [1]

Outre l’exposition au Centre d’art Transpalette, accessible jusqu’au 28 janvier 2018, la Box et le Château-d’eau, accueilleront également des artistes émergents ou reconnus. Le programme et la liste des artistes exposés est à consulter sur le site d’Emmetrop

Clarisse Tranchard : La suspension de l’incrédulité (détail)

[1Les deux philosophes s’inspirant d’un concept déjà formulé par Machiavel dans le Prince.


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commentaires
Osez les Traversées Ren@rde - 10 janvier 2018 à 03:40

Comme il est amusant de voir figuré le nom de Machiavel juste en dessous de cette caricature. Cela semble tout à fait approprié au regard de tout ce machiavélisme dont l’incontestable tête pensante d’emmetrop aura su user pour le développement de son projet de vie privé subventionné.

Projet collecrif intéressant à l’origine, on déplore malheureusement l’inexorable descente aux enfers d’une structure au caractère associatif contestable dont les orientations douteuses se sont hélas confondues (une fois n’est pas coutume) avec les névroses d’un créateur devenu autocrate.

Emmetrop a fini par incarner ce qu’elle combattait dans les années 80... Et ce tableau à l’arrière illustre à merveille tous ces individu(e)s et autres contribuables que cette organisation aura cocufié.

Vivement l’inauguration du papier cadeau.