Hôpital-Lariboisière, AP-HP, Leroy-Merlin, même ressenti d’absence de sentiments
Début septembre, une vieille dame de 98 ans s’est rendue aux urgences de l’hôpital Lariboisière à Paris pour un examen urgent. La vieille dame n’est pas très contente de son séjour dans cet hosto. Quel rapport avec Leroy-Merlin y voit donc l’Agitateur ?
La vieille dame a fait sur son séjour aux urgences de l’hôpital Lariboisière un petit billet paru sur le site du quotidien La Croix. Un petit extrait :
« Le Samu m’a emmenée à l’hôpital Lariboisière, à midi et demi, le dimanche 4 septembre pour examens. […] Je me suis retrouvée couchée au milieu de malades qui hurlaient de douleur, de rage, d’abandon, que sais-je. Et les infirmières couraient là-dedans, débordées… Elles distribuaient des "j’arrive !" et des "ça marche !". "J’arrive, j’arrive !" Mais personne n’arrivait. Jamais. […]
Moi-même, j’ai attendu douze heures pour obtenir la moitié d’un verre d’une eau douteuse. Tiède. Je suis restée vingt-quatre heures sur le même brancard, sans rien manger, dans un no man’s land. C’était Kafka. […] »
Pour lire l’intégralité du texte de la vieille dame Cliquez ici
Cette parole d’une vielle dame presque centenaire (et devenue aveugle) n’est pas n’importe quelle parole. c’est celle de Madeleine Riffaud, journaliste, auteur en 1974 d’un livre célèbre sur le monde hospitalier, justement, "Les linges de la nuit". Un livre vendu à plus de 1 million d’exemplaires, s’il vous plait. Ce qui nous intéresse, pour ce billet, c’est la réponse que lui a faite l’AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris). On en trouve une partie à la fin de l’article de La Croix.
Dans sa réponse, L’AP-HP regrette « très sincèrement la façon dont la patiente a vécu sa prise en charge et le fait qu’elle ait eu le sentiment d’avoir été insuffisamment accompagnée »
Le texte intégral de la réponse se trouve si vous cliquez là
Voilà, hé, la vieille, t’es pas restée 12 heures sans boire, t’as eu le sentiment que tu ne buvais pas. On n’a pas trimballé ton brancard n’importe où sans s’excuser en feignant de ne pas t’entendre, t’as le sentiment vague, flou, mais non, tout a été fait, bien fait, pour prendre soin de toi.
Le texte entier de la réponse mérite d’être lu : on fait bien remarquer sournoisement qu’elle est arrivée seule, sans accompagnant, donc elle allait pas si mal…
La réponse de l’AP-HP nous fait penser à un message de Leroy-Merlin au sujet d’un article paru dans l’Agitateur. Ho, certes, le problème évoqué n’avait pas la gravité évoquée plus haut. Dans le billet, ça se plaignait d’avoir entendu en vain que le téléfon de Leroy-Merlin décroche. La mise au point de Leroy-Merlin était dans le même genre communicant novlangue : « Je suis navrée de vous lire. Je transmets votre ressenti en magasin afin que cette anomalie ne se reproduise pas »
Ce n’est pas le sentiment en question là, c’est le ressenti. Vous n’avez pas attendu un quart d’heure en vain vous avez ressenti de l’attente… Mais c’était pas de la vraie attente, c’est vous qui ressentez mal. On peut lire tout ça, là
Petits bobos grands maux, le remède devient le même : ce qu’on dit, pour les grands communicants, c’est pas intéressant, c’est du ressenti, du sentiment, votre plainte n’est que bla-bla. Vous avez le sentiment que la vie augmente, mais si on regarde bien, hein, bah… Vous avez un ressenti de trop de boulot, pas assez de personnel, mais eh, voyons, si vous vous organisiez mieux, hein, bah…
Comme me le faisait remarquer un ami, ces communicants pour grands ou petits problèmes sont allés à la même école. Ils ne font en somme que nous réfuser de voir le vrai. Ils ne sont que le lubrifiant qui permet de bien nous en mettre une. Ils ne doivent pas sentir bon.